Le vendredi 7 juin, le Trésor américain a annoncé avoir imposé de nouvelles sanctions à l’industrie pétrochimique iranienne, notamment à son plus grand holding pétrochimique, en les accusant de soutenir financièrement le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI).
Les nouvelles sanctions ciblent la Compagnie des industries pétrochimiques du golfe Persique (PGPIC) ainsi que son réseau de 39 filiales et agents de vente établis à l’étranger, a indiqué le Trésor américain dans un communiqué. Selon ce dernier, la PGPIC et son réseau de filiales représentent 40 % de la capacité de production pétrochimique totale de l’Iran et sont responsables de 50 % des exportations pétrochimiques totales de l’Iran.
Au cours de ces dernières semaines, Washington a accru la pression exercée sur Téhéran avec une série de sanctions et de menaces militaires. Les autorités iraniennes ont souligné que Téhéran ne participerait pas à des négociations tant que Washington ne cesserait pas d’exercer des pressions sur lui.
Jafar Rabiee, directeur général du holding pétrochimique du golfe Persique, a déclaré en réponse aux nouvelles sanctions de Washington que « malgré tout, nous continuerons nos activités ».
« Dans la conjoncture actuelle, nous sommes confrontées à une guerre économique et les sanctions sont une des armes de la partie adverse. Or nous devons avancer calmement et contenir nos émotions pour ne pas avantager l’adversaire », a-t-il fait remarquer.
Mise en place d’un groupe de travail pour contrer les sanctions visant l’industrie pétrochimique
« À notre avis, l’industrie pétrochimique n’est pas sensible aux sanctions et a une grande résistance. Néanmoins, nous devons nous préparer à toute situation », a déclaré Behzad Mohammadi, directeur général de la Société nationale iranienne de la pétrochimie (NIPC).
« Le commerce des produits pétrochimiques est différent de celui du pétrole. Les règles qui régissent leurs exportations sont différentes. Dans le secteur pétrochimique, il y a au moins 350 types de produits qui sont exportés vers des centaines d’acheteurs et des dizaines de destinations. Par conséquent, c’est un secteur flexible. Les moyens de transport de ces produits sont divers, ils peuvent être terrestres et maritimes. En fait, la diversité des produits et des clients empêche tout régime de sanction. Pourtant, nous avons créé un groupe de travail sur les sanctions en collaboration avec le holding des exportations », a expliqué M. Mohammadi.
Le marketing avant la production
Fariborz Karimayi, vice-président de l’Association des employeurs iraniens de l’industrie pétrochimique, a déclaré dans un entretien avec Tasnim News que, selon la logique commerciale, tous les producteurs pétrochimiques dans le monde pensent à l’étude du marché avant leurs productions.
« Étant donné que le niveau élevé de la production pétrochimique en Iran que, depuis de nombreuses années, certains producteurs de produits pétrochimiques sont dépendants de la production iranienne, je ne pense pas que notre industrie puisse être sanctionnée si simplement. Dans le secteur pétrochimique, pour le producteur, changer de fournisseur n’est pas chose aisée. Les produits pétrochimiques sont des produits de valeur, c’est-à-dire que ce sont des produits qui suivent un long processus de transformation requérant les plus hautes technologies. Ce ne sont pas des réserves minérales dont la matière première proviendrait d’une mine », a-t-il indiqué.
Difficile de sanctionner les produits pétrochimiques pour les États-Unis
M. Karimayi ajoute que « dans le secteur de la raffinerie, il est impossible de changer aussi facilement la source d’approvisionnement en pétrole brut et d’imposer de nombreux coûts à l’industrie ».
« Si vous obligez à un client de produits pétrochimiques de changer de fournisseur, vous lui imposez de nouvelles dépenses. Il vous faut lui présenter des producteurs qui puissent compenser la production pétrochimique iranienne, ce qui représente des millions de dollars, voire des milliards de dollars d’investissements dans ce secteur. »