sourate nasr (première partie)

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sourate nasr (première partie)     

بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ

Bi-smi-llâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi

Par [la grâce du] Nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux,  

إِذَا جَاء نَصْرُ اللَّهِ وَالْفَتْحُ

idhâ jâ’a nasru-llâhi wa-l-fat’hu

lorsque vient le Secours de Dieu ainsi que la victoire

وَرَأَيْتَ النَّاسَ يَدْخُلُونَ فِي دِينِ اللَّهِ أَفْوَاجًا

wa ra’ayta an-nâsa yadkhulûna fî dîni-llâhi afwâjann

et que tu vois les gens entrer par groupes dans la religion de Dieu

فَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ وَاسْتَغْفِرْهُ إِنَّهُ كَانَ تَوَّابًا

fa-sabbih, bi-hamdi rabbika wa-staghfirhu innahu kâna tawwâbann

alors glorifie par la louange de ton Seigneur et demande Son Pardon, car Il est Celui qui

revient sans cesse.

Première approche de la sourate ... en nous aidant des interprétations qui ont été faites, à son propos, par sayyed TabâTabâ’i dans « al-Mîzân », sheikh Makârem Shîrâzî dans al-Amthâl, sayyed Hassan al-Mustafawî dans son « Tahqîq fî kalimât al-Qurân al-karîm» et docteur Mahmoud Bostani dans « at-Tafsîr al-binâ’i li-l-Qurân al-karîm ».

Pour faciliter la compréhension de la sourate, nous allons d’abord procéder par une première lecture globale, en repérant ces petits mots de liaison qui nous donnent de précieuses indications sur la structure et le contenu de la sourate.

Cette sourate comprend trois versets, le « Basmalah »(1)  étant inclus dans le premier verset. Elle est la troisième sourate du Coran composée de trois versets. Elle fut révélée à Médine, avant la conquête de la Mecque et après la conciliation (solh) de Hudaybayyah, selon l’avis de la plupart des commentateurs.

PREMIÈRE APPROCHE GLOBALE

Si on considère la sourate d’une première approche globale structurale, on peut constater que le premier verset est introduit par  une particule indiquant une condition  temporelle  ou  une  éventualité  « idhâ » (=si, lorsque). Il nous faut repérer ce que l’on appelle la réponse de cette condition temporelle ou de cette éventualité, qui est, en général, introduite par la particule « fa ». Elle se trouve au début du troisième verset, et elle est suivie par un verbe à l’impératif.

Le second verset, quant à lui, commence par la conjonction de coordination « wa » qui indique que ce verset est rattaché au premier verset et constitue une autre condition temporelle.

Ainsi cette sourate est composée de trois versets, les deux premiers indiquent des conditions qui, quand elles seront réalisées, impliqueront la réalisation de ce qui est indiqué dans le troisième verset. Ce troisième verset est donc la réponse ou la conséquence de l’arrivée d’évènements évoqués dans les deux premiers versets : (Lorsque.. et lorsque….  alors… )

Voyons de plus près :

Dans le premier verset, il y a une autre conjonction de coordination « wa » qui réunit deux choses de même nature. Ainsi le premier verset renferme deux conditions, annonce l’arrivée de deux évènements.

Le second verset, lié au premier avec cette même conjonction  de  coordination,  donne  la  troisième condition. Il commence par un verbe conjugué à l’impératif  à  la  seconde  personne  du  singulier : une interpellation directe de l’interlocuteur à qui il est demandé de voir, d’observer la réalisation de la troisième condition.

Quelles sont ces trois conditions, ces trois évènements annoncés, qui, une fois réalisés exigent de l’interlocuteur de faire deux choses (liées par cette même conjonction de coordination) ?

Au cœur du troisième verset, on trouve également une particule de confirmation « inna » mettant en valeur le pronom personnel suffixe « hu » auquel il est attaché, comme une justification supplémentaire à ce qui précède.

Cette sourate annonce donc l’arrivée de trois évènements importants qui quand ils se réaliseront impliqueront de la part de l’interlocuteur de faire deux choses.

Voilà ce que l’on peut tirer d’une première approche à partir de la construction de la sourate.

Il est bon de rappeler que, dans cette noble sourate du  Coran, le  Locuteur  est  Dieu  Tout-Puissant (qu’Il soit Glorifié et Exalté) et l’interlocuteur est le Messager de Dieu(s) sur qui est descendu (à qui a été révélé) le noble Coran.         

Récapitulation des particules de cette sourate à retenir par cœur

Idhâ .. fa     la particule qui introduit l’éventualité (= si, lorsque). Si la réponse à la condition est une phrase nominale ou commence par un impératif ou une particule, elle sera précédée de la particule « fa » (= alors)

wa     une conjonction de coordination reliant deux éléments de même nature (= et)

inna   la particule de confirmation qui doit être suivie d’un nom (au cas direct nécessairement, c’est-à-dire se terminant par la voyelle « a ») ou d’un pronom suffixe. Elle est utilisée pour mettre en valeur le terme de départ. Elle est souvent traduite par « certes »

Reste à découvrir le sens des principaux mots présents dans la sourate qui nous permettra de comprendre de quoi il s’agit, même de façon apparente.

ÉTUDE LEXICALE

« jâ’a » : amener, arriver, venir au temps du passé à la troisième personne du singulier.

« an-nasru » : le secours, l’aide, le renforcement d’une chose en elle-même, (le contraire de l’opposition, de la discordance). Si le mot est suivi d’une préposition

« ‘alâ », il indique la supériorité, la victoire,

« al-fat’hu » : l’ouverture (opposée à la fermeture), le fait d’enlever un verrou, de découvrir un voile, de lever un obstacle, de débloquer. Et le sens peut changer selon le sujet auquel il renvoie comme la conquête, le commencement, le fait d’accorder une faveur..

« an-nâs » : les gens en tant que regroupant les individus, non en tant que genre.

« ad-dîn » : fondamentalement : se soumettre et se plier à un programme ou à une décision déterminée = la religion, le jugement. Et « dîni-llâhi » l’Islam selon le noble verset : {La Religion auprès de Dieu est l’Islam}(19/3 Al-‘Imrân)

« afwâjann » : pluriel de « fawj » =  des groupes de gens ou des gens en groupes, bande, foule, « des groupes passant rapidement », selon ar-Râgheb.

« sabbih » : 2e  forme (indiquant l’intensité et la per- manence) du verbe « sabaha » dans lequel il y a deux aspects : la manifestation de la Grandeur de Dieu et Son exemption de toute faiblesse, de tout défaut, de tout ce qui ne convient pas à Sa Sainte Place, au-dessus de toute description, à l’impératif. (= glorifier)

« bi-hamdi » : par l’éloge, la louange faite de façon volontaire (non forcée, ni intéressée)

« istaghfir-hu » : 10e  forme dérivée du verbe « gha- fara »   qui   veut   dire   effacer   les   traces,   les conséquences de quelque chose. Il a un sens plus large que le pardon. Et « staghfir » à l’impératif : demande-Lui (à ton Seigneur) d’effacer les traces de tes péchés.

« inna-hu » : « inna » (particule de confirmation)+ « hu » pronom personnel suffixe    3e  personne du masculin singulier, appelé en arabe « al-ghâ’eb » (l’absent, le caché, l’invisible) qu’on peut traduire par  « Il »  Il  renvoie  à  « rabbika »  ton  Seigneur (c’est-à-dire Dieu qu’Il soit Glorifié).

« tawwâbann » : celui qui se repent, revient (à Dieu) après avoir regretté ses péchés. Cela pour l’être humain. Mais quand il s’agit de Dieu (Très-Elevé), c’est Son Retour vers le serviteur, avec effusion de Sa Miséricorde et de Sa Bonté, pardonnant sans cesse ses péchés et faisant disparaître les ténèbres des péchés de son cœur. Un Bienfait de Dieu sans obligation.

Après avoir dégagé la structure générale de la sourate qui forme un tout, nous allons étudier la sourate, verset après verset, en reprenant le sens des mots et de chaque verset à la lumière des propos des Infaillibles(p) et des nobles savants.

Bi-smi-llâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi 

Le   sens   particulier   que   le   « Basmalah »prend ici est directement lié à la sourate, à l’Annonce divine qui est faite dans cette sourate. C’est par le Nom de Dieu (Allâh) qui est la Vérité regroupante  nominale,  le  Nom  le  plus Grandiose Seigneurial  déterminé   par   la Miséricorde absolue la Toute-Miséricordieuse,

la Très-Miséricordieuse (ar-Rahmâniyyah, ar- Rahîmiyyah),  suite  à  l’apparition  regroupante (ou synthétique) divine, au repliement (qabid) et au déploiement (basat) du Très-Miséricordieux, du   Tout-Miséricordieux,   que   Dieu   annonce de grandes nouvelles à venir qui vont être déterminantes pour l’avenir du Message divin.

Idhâ jâ’a nasru-llâhi wa-l-fat’hu

« Idhâ » : cette particule débute l’information de l’arrivée d’un ordre qui ne s’est pas encore réalisé et qui fera plaisir au Prophète(s) : l’Aide de Dieu et la victoire, l’Aide de Dieu étant un des préliminaires de la réalisation de la victoire, de la conquête (et non pas pour son maintien). Cette information prend la forme d’une promesse divine qui va se réaliser dans un temps plus ou moins proche.

Les  deux  mots  « an-nasru  » et  « al-fat’hu,  » n’indiquent pas le genre englobant l’ensemble des positions où Dieu a soutenu Son Prophète contre ses ennemis, pour faire apparaître Sa Religion contre les religions des associationnistes, mais fait sans doute allusion à un évènement précis. Lequel ? Pour le savoir,  il faut se référer à l’histoire de la vie du Prophète Mohammed(s).

DÉTOUR DANS L’HISTOIRE

A quoi fait allusion cette Promesse d’Assistance divine et de Victoire ? A l’une des guerres ou expéditions militaires victorieuses contre les associationnistes ?  A  la  conversion  à  l’Islam des  habitants  du Yémen ?   A la  Conciliation (ou Traité) de Hudaybiyyah que Dieu a appellee « al-fat’h al-mubin » ({En vérité, Nous t’avons accordé une victoire éclatante})(1/48 La Victoire) ?

En tenant compte du verset suivant (la conversion en masse des gens par groupes), l’évènement qui conviendrait le mieux à cela serait la conquête de La Mecque qui est la « mère des conquêtes » à l’époque de sa vie, et la victoire éclatante qui a détruit les fondements de  l’associationnisme  dans  la  péninsule arabique.

La promesse de cette victoire avait déjà été évoquée dans les trois premiers versets de la sourate  al-Fat’h :  {En  vérité  Nous  t’avons accordé une victoire éclatante, afin que Dieu te pardonne tes péchés, passés et futurs, qu’Il parachève sur toi Son Bienfait et te guide sur une voie droite ; et que Dieu te donne un puissant secours.}(1-3/48 La Victoire).

Aide puissante de Dieu dans ces versets est liée à la victoire de Hudaybiyyah et que la victoire/conquête dont il est fait mention dans cette sourate, est la victoire/conquête de La Mecque. Ainsi la sourate aurait été révélée après la Conciliation de Hudaybiyyah qui a eu lieu en l’an 6 de l’Hégire, deux ans avant la prise de La Mecque.

Il   est   rapporté   d’Ibn   Mas‘ûd :   « Quand   le Prophète entra [à La Mecque] le jour d’al-Fat’h, il y avait autour de la Maison [la Ka‘bah] 360 statues. Il(s) se mit à les détruire avec un bâton, en récitant le verset suivant : {La Vérité est venue et l’erreur a disparu. Car l’erreur est destinée à disparaître.}(81/27 Le Voyage Nocturne).

Certains, s’appuyant sur d’autres propos rapportés,  dirent  que  la  sourate  a  été  révélée après la conquête de La Mecque, en l’an 10 de l’Hégire durant le Hajj d’adieux et que, lorsque le Messager de Dieu(s)  la récita à ses compagnons, ils  en  furent  très  heureux. Abbas,  l’oncle  du Prophète, l’entendit également et se mit à pleurer. Le Prophète lui demanda les raisons de ses pleurs. Il répondit : « Je pense que ta propre mort vient d’être annoncée, ô Messager de Dieu. » Il(s) répondit : « C’est comme tu dis. » (Majma‘ al- Bayyân, vol.10 p554)

Selon l’apparence de la sourate, rien n’indique l’annonce de la mort du Prophète(s), mais plutôt l’Aide  divine  et  la  victoire.  Alors,  comment al-Abbas  a-t-il  compris  l’annonce  de  la  mort du  Messager(s) ?  Sans  doute,  parce  que  cette révélation annonce l’achèvement de la mission du Prophète(s), de la diffusion du Message et la confirmation de  la  Religion.  Ce  qui  inspira  à Abbas la pensée de la proximité du voyage du Messager auprès de son Seigneur.

Curieusement, ces propos rapportés ont été peu retenus, sans doute parce cela signifierait que la sourate annoncerait des faits qui n’ont pas eu lieu durant la vie du Prophète(s) et même qui n’ont pas déjà eu lieu dans le passé. Nous y reviendrons un peu plus tard.

LA VICTOIRE NE VIENT QUE DE DIEU

Revenons à l’étude des mots.

Le mot « an-nasru » a un complément de nom « Dieu » (= Aide de Dieu) et il existe plusieurs versets dans le Coran où l’on trouve l’Aide/ Victoire  en  rapport  avec  Dieu  de  «  nasru  ». Cela signifie que l’Aide/Victoire dans n’importe quelle situation n’arrive qu’avec la Volonté de Dieu. Certes, il est nécessaire de préparer les forces pour l’emporter sur l’ennemi, mais l’Aide/ Victoire ne vient que de Dieu, de par Sa Bonté envers Ses serviteurs croyants sincères.

« al-fat’hu  »  (la  victoire) est  évoqué  ici  de façon « absolue », même si des signes indiquent, comme nous l’avons vu, qu’il pourrait s’agir de la conquête de La Mecque en tant qu’elle a ouvert, en réalité une nouvelle page dans l’histoire de l’Islam et qu’elle a marqué l’anéantissement des espoirs des associationnistes, leur centre étant détruit par cette victoire. Les obstacles sur le chemin de l’Islam avaient disparu pour les gens.

De  là,  il  faut  considérer  la  victoire  de  La Mecque comme le début d’une étape qui fixa les  fondements  de  l’Islam,  le  maintint  dans la  Péninsule  arabique,  avant  de  commencer à  se  répandre  dans  tout  le  monde.  Après l’« ouverture » de La Mecque, les gens de toutes les régions de la Péninsule arabique se rendirent en délégations chez le Prophète(s)  pour lui annoncer leur soumission.

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