Sourate an-Nasr (Le Secours/La Victoire) deuxième partie

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Sourate an-Nasr (Le Secours/La Victoire) deuxième partie

 

بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ

 

Bi-smi-llâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi,

 

Par [la grâce du] Nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux,  

 

 

إِذَا جَاء نَصْرُ اللَّهِ وَالْفَتْحُ

 

idhâ jâ’a nasru-llâhi wa-l-fat’hu,

 lorsque vient le Secours de Dieu ainsi que la victoire

 

وَرَأَيْتَ النَّاسَ يَدْخُلُونَ فِي دِينِ اللَّهِ أَفْوَاجًا

 

wa ra’ayta an-nâsa yadkhulûna fî dîni-llâhi afwâjann

et que tu vois les gens entrer par groupes dans la religion de Dieu,

 

فَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ وَاسْتَغْفِرْهُ إِنَّهُ كَانَ تَوَّابًا

 

fa-sabbih, bi-hamdi rabbika wa-staghfirhu innahu kâna tawwâbann

 

alors glorifie par la louange de ton Seigneur et demande Son Pardon, car Il est Celui qui

 

revient sans cesse.

 

Reprenons verset par verset .. (en nous aidant de l’interprétation de cette sourate de sayyed TabâTabâ’i dans « al- Mîzân », et de celles de sheikh Makârem Shîrâzî dans al-Amthâl, et de sayyed Hassan al-Mustafawî dans son « Tahqîq fî kalimât al-Qurân al-karîm»).

wa ra’ayta an-nâsa yadkhulûna fî dîni-llâhi afwâjann

Alors que le premier verset faisait état d’évènements perceptibles par tous, Dieu (qu’Il soit Glorifié), dans le second verset,  interpelle directement Son Messager pour lui demander de constater de lui- même l’entrée des gens dans la Religion de Dieu. Sans doute parce qu’il(s)  était le mieux placé pour le savoir, les gens se rendant par groupes chez lui(p) pour lui déclarer leur soumission à la Religion de Dieu, l’Islam. Le Prophète(s)  pouvait constater de lui-même qu’il ne s’agissait pas de conversions individuelles, résultat de convictions assurées.

Comme nous l’avons déjà dit, après la victoire de La Mecque, une nouvelle page s’ouvrit dans l’histoire de l’Islam. Les ennemis de l’Islam étaient défaits, écrasés après plus de vingt ans d’opposition. Les gens, voyant ce bouleversement, se sou- mirent au « vainqueur ». En général, les gens sont avec les plus forts, les victorieux, non pas avec les faibles, les vaincus. C’est pourquoi l’entrée des gens dans la Religion de Dieu (c’est-à-dire l’Islam) se fit par groupes, l’un après l’autre. Toute la Péninsule arabique fut purifiée de l’associationnisme et de l’adoration des statues et des fausses divinités (du moins apparemment) et l’Islam se préparait à diffuser son Message dans le reste des contrées du monde.

Sheikh Makârem Shîrâzî cite dans son « Amthal » une autre interprétation de l’entrée en masse des Arabes dans l’Islam. Les Arabes étaient persuadés que le Prophète de l’Islam ne pourrait conquérir la Mecque que s’il était sur la voie juste, que s’il était avec la Vérité. Sinon, le Seigneur de la Maison (de la Ka‘bah) l’en empêcherait comme Il l’avait fait précédemment avec l’armée d’Abrahat. Aussi, quand se réalisèrent l’« ouverture » de la Mecque et l’entrée du Prophète(s) dans cette ville, les Arabes entrèrent dans la Religion de Dieu, comme le prouvait cette conquête.

fa-sabbih, bi-hamdi rabbika wa-staghfirhu innahu kâna tawwâbann

alors glorifie par la louange de ton Seigneur et demande Son Pardon, car Il est Celui qui revient sans cesse. ِ

Après lui avoir annoncé l’arrivée de ces trois évènements très importants (la venue de l’Assistance divine, la Victoire et l’entrée des gens, groupes après groupes, dans la religion de Dieu, l’Islam), Dieu (qu’Il soit Glorifié) ordonna à Son Prophète de faire trois choses qui représentent les moyens de remercier Dieu et qui correspondent à une prise de position croyante convenant à la Victoire divine :

de Le glorifier en Le louant et de Lui demander l’effacement de toute trace des péchés.

Dans ce verset, la Glorification de Dieu est liée à la Louange. La louange à Dieu, Seigneur des mondes, est un effet de la Glorification, un de ses corollaires. L’homme voit la Toute Puissance de Dieu (qu’Il soit Exalté), la Seigneurie, ayant des effets dans l’ensemble des affaires de ce monde et face à la Grandeur du Seigneur (qu’Il soit Exalté), il se voit lui-même petit, humble, soumis, éphémère. Aussi se met-il à glorifier et à louer Dieu Tout- Puissant.

La Louange ne revient qu’à Dieu, le Tout-Misé- ricordieux, le Donateur, le Bienfaiteur, l’Unique, le « Samed » et à personne d’autre.

Et, en se plaçant du point de vue du Bienfait, il convient de remercier Dieu et de Le louer, de faire Son Eloge. C’est pourquoi Dieu demande à Son Messager de Le Glorifier en Le louant, en L’évoquant par Ses Attributs de Perfection.

Par cette Assistance et cette Victoire, Dieu a renforcé le camp de l’Unicité et affaibli, voire humilié les associationnistes. En d’autres termes, Il a fait apparaître la Vérité, l’a rendue victorieuse, et a fait disparaître le faux, l’a anéanti. Dans une telle situation, il convient de glorifier Dieu c’est-à-dire de Lui rendre Hommage, faire Sa louange en L’exemptant de tout ce qui est autre que Lui.

Cette grande victoire a purifié la place des pensées de l’associationnisme et a permis la manifestation de la Beauté de Dieu, de Sa Perfection, plus qu’auparavant, ainsi que celle de la guidance, de la conversion de ceux qui étaient égarés et qui avaient perdu la voie menant à Dieu.

Cette victoire grandiose était comme là pour montrer aux gens que Dieu n’abandonne jamais Ses Compagnons, pour que personne ne pense qu’Il délaisse ceux qui étaient « venus à Son Secours » ({Ô vous qui croyez ! si vous portez secours à Dieu, Il  vous  secourra  et  raffermira  vos  pas.}(7/47)), et  pour qu’ils sachent que la Promesse divine est Vérité ({Certes, la promesse de Dieu est Vérité. Mais la plupart d’entre eux ne savent pas.}(55/10)).

Certains musulmans avaient eu leur poitrine serrée (étaient angoissés) et s’étaient mis à douter de la Promesse divine devant les difficultés rencontrées et l’aggravation de la situation du fait de la divulgation du Message divin, comme Dieu (qu’Il soit Glorifié) l’a Lui-même évoqué dans Son noble Livre : {..les cœurs remontaient aux gorges, et vous faisiez sur Dieu toutes [sortes] de suppositions.}(10/33 Les Partis)). D’où l’ordre de Glorifier Dieu et de Le Louer pour L’exempter de tout manque, de toute déficience et Le qualifier des Attributs de Majesté et de Beauté.

TOUT VIENT DE DIEU  (QU’IL SOIT GLORIFIÉ !)

Dieu a voulu qu’en ce moment grandiose, le Serviteur/adorateur ait bien conscience que tout vient de Lui (qu’Il soit Glorifié), qu’il ressente sa propre déficience, sa petitesse, ses manques et son besoin de Lui (qu’Il soit Loué et Exalté !)

Il se dirige alors, en toute humilité, vers son Seigneur, pour Lui demander pardon, et pour qu’Il fasse disparaître toute trace des effets de ses péchés, de ses manques, en tant que ce besoin est permanent et que lui est adventice. Il demande à Dieu (qu’Il soit Glorifié) de recouvrir ce qu’il y a dans la nature matérielle de l’homme, son penchant vers les passions et le désir de leurs satisfactions, vers l’accomplissement de péchés qui l’éloignent de Dieu. C’est alors que s’achève son remerciement à son Seigneur (qu’Il soit Loué et Exalté !).

Et dans ce mouvement de prise de conscience de son indigence, de son besoin de son Seigneur et de sa demande de pardon et d’effacement de toute trace de ses péchés, il reçoit alors sur lui les effusions divines de Sa Miséricorde sur Ses serviteurs/ adorateurs.

« al-fat’h al-mubin » ({En vérité, Nous t’avons accordé une victoire éclatante})(1/48 La Victoire) ?

 En tenant compte du verset suivant (la conversion en masse des gens par groupes),

POURQUOI LA DEMANDE DE PARDON AU MESSAGER DE DIEU(s) ?

Nous avons vu, après avoir annoncé une victoire certaine et l’entrée en masse des gens dans l’Islam, Dieu (le Très-Elevé) demanda à Son Messager(s), dans ce troisième verset, qu’il glorifiât en louant son Seigneur et qu’il Lui demandât pardon. Nous avons tenté d’esquisser en quelques lignes ce que cela pouvait signifier et nous nous sommes arrêtés à la question suivante : pourquoi Dieu demanda-t-Il à Son Messager de demander pardon à son Seigneur alors qu’il(s) est infaillible ?

Plusieurs réponses ont été données.

Certains ont vu là un enseignement pour toute la nation. Dieu demande à Son Prophète(s)  de faire cela pour que les croyants et tous les Musulmans prennent exemple sur lui(s). Donc cet ordre est adressé aux croyants et aux Musulmans par l’intermédiaire de leur Prophète(s).

D’autres y ont vu une réelle demande de pardon de la part du Messager de Dieu(s) parce qu’une telle demande de la part de Dieu (qu’Il soit Glorifié) n’est pas unique. Elle est évoquée dans d’autres versets. On peut citer en exemple le verset suivant qui décrit une situation qui ne concerne que Dieu et Son Messager(s) : {Nous avons fait descendre vers toi le Livre avec la Vérité, pour que tu juges entre les gens selon ce que Dieu t’a fait voir. Ne sois pas querelleur pour les traîtres* et demande pardon à Dieu car Dieu est certes Très-Pardonneur, Très-Miséricordieux.*}(105-106/4 Les Femmes).

Certains ont constaté que la glorification et la louange sont la coutume de tous les nobles Prophètes au moment où se réalisent l’Assistance divine et la victoire.

Le Prophète Youssef(p), quand il(p)  s’assit sur le trône d’Egypte, après avoir retrouvé ses parents et ses frères après une longue absence, dit : {Mon Seigneur, Tu m’as donné du pouvoir et Tu m’as enseigné l’interprétation des rêves. Créateur des cieux et de la terre, Tu es mon Maître, ici-bas et dans l’Au-delà. Fais-moi mourir soumis et fais- moi rejoindre les vertueux.}(101/12 Youssef).

Il en est de même pour le Prophète Sulayman(p) quand lui(p) fut présenté le trône de la reine de Saba’. Il(p)  dit alors : {Cela est de la Grâce de mon Seigneur, pour m’éprouver : « Est-ce que je serai reconnaissant ou ingrat ? » }(40/27 Les Fourmis).

Par contre, apparemment, il n’y a pas de mention directe de la demande de pardon.

Après la Victoire de La Mecque, quelle serait l’attitude du Prophète(s) et celle de ses compagnons ?

Enfin, certains ont rapproché la demande de pardon à Dieu à ce qui a été dit plus haut, à savoir que l’annonce publique de cette grande victoire prochaine signifiait approximativement l’achèvement de la mission du Prophète(s)  et l’approche de son « voyage » vers le Compagnon le plus Elevé (qu’Il soit Glorifié).

Des propos rapportés, selon lesquels le Messager de Dieu(s), après la révélation de cette sourate (sans doute sentant sa fin proche), répétait beaucoup ces paroles : « Que Tu sois Glorifié, mon Dieu, par Ta Louange ! Mon Dieu ! Pardonne-moi car Tu es Ce- lui qui revient sans cesse, le Très-Miséricordieux », vont dans ce sens. Il reste à se demander si la demande de pardon de la part du Prophète(s) se situait uniquement par rap- port à ses propres actes, ou aussi à ceux de toute sa communauté dont il(s) se sentait responsable dans la mesure où il(s)  avait la charge de lui transmettre le Message divin de Dieu(s), après la révélation de cette sourate (sans doute sentant sa fin proche), répétait beaucoup ces paroles : « Que Tu sois Glorifié, mon Dieu, par Ta Louange ! Mon Dieu ! Pardonne-moi car Tu es Ce- lui qui revient sans cesse, le Très-Miséricordieux », vont dans ce sens.

 Il reste à se demander si la demande de pardon de la part du Prophète(s) se situait uniquement par rapport à ses propres actes, ou aussi à ceux de toute sa communauté dont il(s) se sentait responsable dans la mesure où il(s)  avait la charge de lui transmettre le Message divin.

LE SENS DE LA DEMANDE DE PARDON (al-istighfâr)

Demander à Dieu l’effacement des traces, c’est se réfugier dans « la Station de l’effacement des effets (maqâm al-ghafariyyah) et du recouvrement (assatariyyah) » de l’Essence sainte qui implique le recouvrement des défauts et l’effacement des suites (conséquences) des péchés, parce que les formes immatérielles (malakûtiyyah) sont pour les actes ce que sont l’enfant pour l’homme, même plus proche que cela.

La réalité du repentir [du retour à Dieu] et des mots de la demande de l’effacement des traces (al-istighfâr)  est  de  l’ordre  de  la  malédiction et du renvoi de l’enfant. Dieu (qu’Il soit Béni et Exalté), en effaçant les traces et en recouvrant [les péchés], coupe le lien entre l’enfant (de l’homme)

–  les  images  immatérielles  (malakûtiyyah)  des actes interdits  et l’homme, par l’intermédiaire des « malédictions » de celui qui demande le par- don (l’effacement des traces). Il (qu’Il soit Exalté) dissimule cet acte de désobéissance [aux yeux de] toutes les entités qui regardent les états de l’homme

– les Anges, les scribes des pages des crimes, le temps, le lieu, les membres et les organes de cet homme – et Il leur fait oublier à tous ce péché. »

(L’Imam Khomeynî(qs), in « Arba‘ûn hadîthann » 17e H pp329-330)

Ainsi, demander l’effacement des traces (al-is- tighfâr) à Dieu, c’est Lui demander d’effacer tous les obstacles (quels qu’ils soient, à quels niveaux qu’ils soient) qui empêchent de recevoir les Effusions divines et d’émigrer vers Lui, vers la demeure véritable auprès de Lui.

innahu kâna tawwâbann 

Ce troisième verset s’achève par cette affirmation : { car Il est Celui qui revient sans cesse }, comme pour  justifier et motiver davantage la demande de pardon.

« tawwâbann » : nom verbal de la 2de   forme dérivée du verbe « tâba » (dont le sens fondamental est de revenir et par suite de se repentir) qui exprime l’intensité et la permanence. Il est Celui qui revient sans cesse, avec intensité.

D’autres ont vu dans cette affirmation un appel de Dieu à Son Prophète(s)  (et par conséquent à tous les croyants et à tous les musulmans) de faire preuve d’indulgence envers ceux qui venaient à eux après la grande victoire de La Mecque.

Comme si Dieu (qu’Il soit Exalté) voulait enseigner  aux  Musulmans  le  pardon.  Comme Dieu est Celui qui revient sans cesse, il vous faut accepter le repentir des pécheurs après la victoire de La Mecque, autant que vous le pouvez.

Vous ne devez pas les repousser tant qu’ils ont abandonné leur hostilité et leurs complots à votre encontre. C’est pourquoi le Messager de Dieu(s) prit une position pleine de miséricorde et de bonté avec ces ennemis rancuniers.

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