Par Ghorban-Ali Khodabandeh
La détention arbitraire et illégale de Mahdieh Esfandiari, universitaire iranienne en France, a révélé de nouvelles dimensions de « doubles standards » et d’« hypocrisie politique » dans la prétendue patrie des droits de l’homme et de la liberté d’expression. De l’avis des experts, cette affaire est plus qu’un cas personnel et est devenue un symbole mondial contre l’imposture des puissances occidentales.
Alors que la ressortissante iranienne est détenue depuis plus de sept mois dans une prison en banlieue parisienne sans aucun fondement juridique, la justice iranienne a annoncé lundi 6 octobre « l’acquittement » de Lennart Monterlos, un jeune Franco-Allemand arrêté en juin en Iran et accusé « d’espionnage ».
Cette information intervient alors que des pourparlers sont en cours entre Paris et Téhéran, pour obtenir la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris, emprisonnés en Iran pour espionnage, en échange de la libération de Mahdieh Esfandiari, ressortissante Iranienne poursuivie et détenue pour « apologie du terrorisme ».
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, avait déclaré dans une interview télévisée qu’un accord visant à échanger des prisonniers français contre une universitaire iranienne détenue arbitrairement en France approchait de sa « phase finale ».
L’affaire Esfandiari met en évidence la violation flagrante des droits des femmes et l’absence totale de véritable liberté d’expression en France, malgré les discours creux des dirigeants d’Élysée.
Mahdieh Esfandiari est détenue, depuis le 2 mars, à la prison de Fresnes, au sud de Paris, pour des publications dénonçant le génocide à Gaza et soutenant le peuple palestinien. Cette affaire n’est cependant pas un cas isolé : elle s’inscrit dans le cadre d’une logique d’instrumentalisation de la liberté d’expression, de chantage et de prise d’otage politique.
Détention arbitraire de Mahdieh Esfandiari, exemple flagrant de la prise d’otage politique en France
Le 2 mars 2025, l’universitaire iranienne de 39 ans vivant à Lyon, une ville du centre-est de la France, a été arrêtée par des agents de sécurité français après une descente surprise à son domicile.
Sa famille a décrit l’incident comme un cas d’enlèvement ou de prise d’otage, affirmant que les policiers étaient arrivés à l’improviste, l’avaient emmenée dans une camionnette et l’avaient détenue sans inculpation ni assistance juridique pendant des mois.
Cette arrestation ne relevait ni d’une affaire pénale ni d’une atteinte aux droits civiques. Aucune preuve d’acte répréhensible n’a jamais été produite, et les accusations portées à son encontre – formulées vaguement comme « apologie du terrorisme » – ne reposent sur aucun fondement factuel ou juridique, ce qui rend l’affaire hautement suspecte.
Le seul « crime » qu’elle a commis est d’avoir défendu les droits des Palestiniens de Gaza, qui ont été soumis à un holocauste moderne par le régime israélien, avec le soutien de la France.
En droit français, toute détention de plus de 48 heures sans mandat judiciaire est illégale. Pourtant, Mahdieh Esfandiari a passé 220 jours derrière les barreaux pour des accusations vaguement définies d’« atteinte à la sécurité nationale ».
Aucune preuve concrète n’a jamais été apportée pour étayer ces allégations fallacieuses. Son cas est en violation flagrante des garanties inscrites dans le Code de procédure pénale français et dans la Convention européenne des droits de l’homme.
Après plus de sept mois, il s’est avéré que l’arrestation et les accusations contre Esfandiari sont des accusations sans fondement et fausses, et que Paris a l’intention de l’utiliser comme levier dans un échange de prisonniers avec l’Iran, en échangeant sa liberté contre des ressortissants français détenus à Téhéran pour espionnage.
Les défenseurs des droits de l’homme avertissent que la France arrête désormais arbitrairement des citoyens iraniens sur son sol simplement pour arracher des concessions diplomatiques de la part de la justice iranienne – pour garantir la libération de ses espions condamnés en Iran.
L’incarcération d’Esfandiari révèle de manière flagrante le double langage et les doubles standards flagrants dans l’approche de la France en matière de liberté d’expression et même de liberté des femmes.
Cela prouve que la liberté d’expression n’est tolérée que lorsqu’elle correspond aux intérêts politiques du gouvernement français. Toute critique de l’Occident ou d’Israël est rapidement et violemment réprimée.
L’Iran annonce l’acquittement d’un Franco-Allemand arrêté pour espionnage
Un tribunal iranien a acquitté Lennart Monterlos, ressortissant franco-allemand, accusé d’espionnage.
Le chef du pouvoir judiciaire de la province d’Hormozgan, Mojtaba Ghahremani, a déclaré lundi que le tribunal de la révolution islamique de Bandar Abbas avait prononcé l’acquittement de Monterlos, arrêté pour espionnage lors de l’agression israélo-américaine de juin contre l’Iran.
Il a précisé que le tribunal avait examiné et réexaminé l’affaire de manière approfondie, malgré l’arrestation du ressortissant franco-allemand dans des conditions de guerre particulières et l’inculpation prononcée à son encontre.
« Compte tenu des principes juridiques et des doutes concernant le crime présumé, le tribunal a prononcé un verdict d’acquittement de l’accusé, bien que la loi réserve au procureur le droit de contester cette décision. » Ce responsable a également déclaré que le pouvoir judiciaire iranien s’efforce de faire respecter la loi, de faire respecter la justice et de préserver son impartialité, en dépit du deux poids, deux mesures de certains politiciens étrangers envers la nation iranienne.
Le pouvoir judiciaire de la province d’Hormozgan enquête sur les affaires d’espionnage avec la diligence requise et traitera les condamnés avec fermeté si leur acte criminel est prouvé.
Le 13 juin, Israël a lancé une agression flagrante contre l’Iran, déclenchant une guerre de 12 jours qui a fait au moins 1 064 morts, dont des commandants militaires, des scientifiques nucléaires et des citoyens ordinaires. Les États-Unis sont également entrés en guerre en bombardant trois sites nucléaires iraniens, en violation flagrante du droit international.
En représailles, les forces armées iraniennes ont ciblé des sites stratégiques dans les territoires occupés, ainsi que la base aérienne d’Al-Udeid au Qatar, la plus grande base militaire américaine en Asie occidentale.
Le 24 juin, l’Iran, grâce à ses opérations de représailles réussies, a réussi à imposer l’arrêt de l’attaque illégale.
Au cours de la guerre, les services de renseignement et de sécurité iraniens ont arrêté plus de 700 personnes impliquées dans des réseaux d’espionnage et de sabotage à travers le pays.
Ils étaient accusés d’avoir utilisé des drones d’attaque, fabriqué des bombes, espionné des sites militaires et transmis des informations à Israël.
Ces dernières semaines, plusieurs personnes reconnues coupables de collaboration avec le Mossad ont été exécutées à l’issue d’une procédure légale régulière et après confirmation de leur condamnation à mort par la Cour suprême iranienne.
Concernant les derniers développements dans l’affaire de la dame iranienne emprisonnée en France et des deux Français arrêtés en Iran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a souligné : « Cette affaire concerne deux affaires distinctes. Dans le cas des deux Français arrêtés en Iran, les accusations portées contre eux sont claires. En revanche, dans le cas de la ressortissante iranienne arrêtée en France, nous estimons que son arrestation était illégale et aucun fondement juridique ne nous a été présenté à ce jour pour justifier son arrestation. »
La liberté d’expression, le paradoxe français
L’arrestation par la France de la ressortissante iranienne accusée d’« apologie du terrorisme » pour avoir publié des opinions en faveur du peuple de Gaza est contraire au principe de liberté d’expression, tel qu’énoncé dans l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui stipule que « Toute personne a droit à la liberté de pensée et d’expression... ». L’article 9 de cette même Déclaration universelle des droits de l’homme stipule : « Nul ne sera soumis à une arrestation, une détention ou un exil arbitraires. » Et l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques stipule : « Nul ne sera soumis à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »
Comment la France s’est-elle trouvée face à cette contradiction ? En principe, la liberté d’expression est considérée comme l’un des fondements de la démocratie dans la Constitution française. Mais lorsque le contenu entre spécifiquement en conflit avec une notion appelée « terrorisme » ou « apologie du terrorisme », le système judiciaire français intervient et prend les mesures nécessaires. Par conséquent, ce qui a contraint la France à réagir, ce sont ces accusations vagues : l’« apologie du terrorisme » est une notion considérée comme un crime en droit pénal français. Cependant, la question qui se pose est de savoir si l’expression de sympathie pour la population de Gaza relève nécessairement de cette définition. Le gouvernement iranien soutient qu’une aucune preuve réelle n’a été avancée à cet égard.
Au-delà de la sanction pénale, les dimensions politiques de cette affaire ne peuvent être ignorées. Les conservateurs français ont toujours donné la priorité aux préoccupations de sécurité intérieure.
Or, la pression diplomatique iranienne, conjuguée aux protestations médiatiques, a transformé cette question en un véritable test diplomatique. L’Iran considère la France, d’un côté, comme un défenseur de la liberté, tandis que, de l’autre, elle étouffe les voix dissidentes – créant un paradoxe majeur en matière de diplomatie et des droits humains.
Le gouvernement français a apparemment agi dans le respect de la légalité, mais en réalité, il a sacrifié l’idéal de la « liberté d’expression » ; car même une déclaration de solidarité pour les personnes opprimées, si elle va à l’encontre de la logique de la politique officielle, peut conduire à la détention et à l’isolement à long terme. Ce comportement est la manifestation d’un système qui, dans le monde, parle des droits humains, mais qui, dans la pratique, réprime et empêche les voix qui ne sont pas alignées sur la politique occidentale de s’exprimer librement. En définitive, le cas de Mme Esfandiari illustre le profond fossé entre la rhétorique et la pratique en matière de droits humains et de liberté d’expression.
Aujourd’hui, sous le couvert de la liberté d’expression, le gouvernement français non seulement ne parvient pas à défendre l’humanité et la liberté des individus, mais condamne avec une hypocrisie éhontée les défenseurs de la dignité humaine et les critiques du génocide le plus scandaleux de l’histoire aux peines les plus sévères.
La France accusée de vouloir réduire au silence les voix dissidentes en Europe
Le fondateur de Telegram, Pavel Durov, a accusé le 28 septembre les services de renseignement français de lui avoir demandé par le biais d’un intermédiaire de censurer certaines chaînes moldaves de l’application de messagerie, avant l’élection présidentielle organisée en Moldavie l’année dernière, en échange d’une aide dans le cadre de son procès en France.
Pavel Durov a déclaré que, lorsqu’il était bloqué à Paris, les services de renseignement français étaient passés par un intermédiaire, qu’il n’a pas nommé, pour lui demander de « censurer » certaines chaînes Telegram pour le compte du gouvernement moldave. Le fondateur de Telegram a ajouté que « quelques-unes qui violaient clairement (les) règles » avaient été supprimées et que l’intermédiaire lui avait dit que les services de renseignement français, en échange, « diraient du bien » de lui au juge ayant ordonné son arrestation. « C’est inacceptable à plusieurs égards », a déclaré Pavel Durov. « Si l’agence a effectivement approché le juge, cela constitue une tentative d’ingérence dans le processus judiciaire. »
« Si elle ne l’a pas fait et qu’elle a simplement prétendu l’avoir fait, elle a exploité ma situation juridique en France pour influencer des développements politiques en Europe de l’Est – un schéma que nous avons également observé en Roumanie. »
En mai, Pavel Durov a déclaré que le chef de l’agence française de renseignement extérieur lui avait demandé d’interdire des voix conservatrices roumaines avant les élections. La direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) avait alors démenti.
Dans son message publié sur Telegram, Pavel Durov a déclaré que les services de renseignement français avaient fourni « une deuxième liste de chaînes moldaves dites problématiques ». « Contrairement à la première, presque toutes ces chaînes étaient légitimes et entièrement conformes à nos règles », a-t-il ajouté.
« Leur seul point commun était qu’elles exprimaient des positions politiques qui déplaisaient aux gouvernements français et moldave. »
De l’avis des observateurs, l’arrestation de Pavel Durov en août 2024 en France était une atteinte aux droits fondamentaux de l’homme que sont la liberté d’expression et d’association ». Ils se sont dits « surpris et profondément attristé que Macron soit descendu au niveau de la prise d’otages comme moyen d’accéder à des communications privées ».
Cet épisode soulève de nouvelles questions sur la pression exercée par certains États sur les plateformes pour contrôler les discours politiques, et sur les limites de la souveraineté dans l’espace numérique.