تقي زاده

تقي زاده

IMAM ALI IBN ABITALIB(as) :

 Selon une opinion largement répandue, le jour 13 Rajab, est le jour d`anniversaire de la naissance d’Ali ibn Abi-Taleb, 23 ans avant l’Émigration, Hijir.

Dieu, le Très Haut, dit dans son Noble Livre: ((Il en est un, parmi les hommes, qui s'est vendu lui-même pour satisfaire à Dieu)) (Coran II, 207). Il dit aussi: ((Vous n'avez pas de maître en dehors de Dieu, de son Prophète et de ceux qui croient: Ceux qui s'acquittent de la prière et versent la zakat tout en s'agenouillant)) (Coran V, 55). Il s'agit bien de 'Ali qui vivait pour servir Dieu. Son mystère est qu'il ne pensait pas à soi-même, mais à Dieu. En parlant aux gens de la différence entre sa propre personne et eux-mêmes, il leur disait: "Je vous veux pour Dieu, mais vous me voulez pour vous-mêmes".

Le Prophète (SAWS) l'a couvé dès son plus tendre âge et lui a donné de sa lumière, de son esprit, de sa raison et de sa personnalité.

Nous savons que ‘Alî a passé son enfance dans le giron du Messager de Dieu (Psl) et non pas auprès de son père et de sa mère. C’est que le Messager de Dieu (P), ayant constaté la pauvreté de son oncle, Abû Tâlib, et le grand nombre de ses enfants qui lui posait des problèmes financiers, avait pris ‘Alî à sa charge. ‘Alî accompagnait le Messager de Dieu (P) dans ses contemplations, ses invocations et son ouverture vis-à-vis de Dieu. Il était avec lui à la grotte de Hirâ’ lorsqu’il pratiquait ses contemplations, car le Prophète (psl) s’exerçait à éduquer sa raison, son cœur et tous les aspects de sa vie pour pouvoir s’élever vers Dieu, le Très-Haut. Selon les biographes, on a demandé à ‘Alî lorsqu’il a adhéré à l’Islam pourquoi n’avait-il pas consulté son père comme le font les enfants lorsqu’ils optent pour une chose d’une si grande importance.

Il a répondu : « Dieu n’a pas consulté mon père lorsqu’Il m’a créé ».

Alî (p) a vécu avec le Messager de Dieu (P). Il a appris sa science et le Prophète (P) a dit : « Je suis la cité de la science et ‘Alî en est la porte ».C’est lui qui s’est vendu à Dieu. C’est à son sujet que le Verset : ((Il en est un parmi les homes qui s’est vendu lui-même pour plaire à Dieu. Dieu est bon envers les serviteurs)) (Coran II, 207) a été révélé lorsqu’il a passé la nuit dans le lit du Messager de Dieu (P) afin de couvrir sa sortie de la maison pour émigrer vers Médine.

Le Messager de Dieu (P) l’a loué. Il a dit à son compte : « ‘Alî est avec la vérité, et la vérité est avec ‘Alî ; elle tourne avec lui là où il tourne ». Il lui a dit : « Ô ‘Alî, ne t’est-il pas suffisant que tu sois par rapport à moi ce qu’Aaron a été par rapport à Moïse, sauf qu’il n’y a pas de prophète après moi ? ». Lorsque le Prophète (P) parlait de ‘Alî (p), il n’y était pas poussé par l’affectivité, car le Prophète (P) ((ne parle pas à partir de la passion. Ce qu’il dit est une révélation qui lui a été faite)) (Coran LIII, 3-4).

Par l'Islam, 'Ali a nourri son enfance et sa jeunesse. Il a consacré sa vie à l'appel à Dieu et à la lutte sacrée sur le chemin de Dieu. Il a habité avec le Prophète (SAWS) et il s'est couché dans son propre lit pour lui permettre de s'enfuir et d'entamer l'Hégire à l'insu des polythéistes qui voulaient l'assassiner. Il est resté à la Mecque pour garder les dépôts du Messager de Dieu (P) et il n'a émigré qu'après avoir remis ces dépôts à leurs propriétaires.

 Il était le premier cavalier de l'Islam à la bataille de Badr, où il a tué la moitié des polythéistes qui sont tombés dans le combat, alors que tous les autres Musulmans ont tué l'autre moitié. C'est à cette occasion que l'ange Gabriel a clamé: "Il n'y a pas de brave homme en dehors de 'Ali, et il n'y a pas de sabre en dehors de dhu-l fiqâr". Son Sabre dhu-l fiqâr ne tuait pas injustement; il était un sabre qui établit la justice.

Il finissait une guerre pour en commencer une autre. Pourtant il n'aimait pas la guerre pour la guerre, mais pour repousser ceux qui voulaient nuire à l'Islam. Aux batailles de "'Uhud", de "Khaybar", des "Factions" et de "Hunayn", 'Ali était un sabre qui défendait l'Islam devant le Messager de Dieu (SAWS ). A la batailla des "Factions", le Prophète (SAWS ) a promis le Paradis à quiconque tuera 'Amr Ibn Widd, et 'Ali a fini par le tuer pendant quele Prophète (SAWS) invoquait Dieu en Disant : ((Seigneur! Ne m'abandonne pas seul, Tu es le meilleur des héritiers)) (Coran XXI 89).

A la bataille de "Khaybar", le Prophète (SAWS) a dit : "Demain je donnerai l'étendard à un homme qui aime Dieu et son Messager et que Dieu et son Messager l'aiment, à un homme qui attaque et ne fuit jamais, qui ne rentre qu'avec la victoire".

Cet Homme était 'Ali (p). Il a conquis Khaybar et le Prophète (SAWS) a dit : " 'Ali est avec la vérité et la vérité est avec 'Ali. Seigneur! Fais que la vérité soit avec 'Ali là où il se dirige!".

En outre, 'Ali avait tellement assimilé la science du Messager de Dieu (SAWS) qu'il disait : "Je suis la cité de la science, 'Ali en est la porte".

 

Dieu, le Très Haut, dit dans son Noble Livre: ((Les croyants sont frères. Faites donc la paix entre vos deux frères et craignez Dieu. Peut-être vous fera-t-on miséricorde)) (Coran XLIX, 10). Selon la plupart des biographies, la première action entreprise par le Prophète (SAWS) à la Mecque, puis complétée à Médine, fut la déclaration des Musulmans comme étant des frères. Il en fut ainsi car les Musulmans n'étaient pas nécessairement liés par des liens de parenté ou autre. Le Prophète (SAWS) a donc voulu, conformément à ce que lui a été révélé par Dieu, établir des liens organiques entre les Musulmans de sorte que la fraternité ou le lien religieux soit aussi fort que le lien de parenté, ou même plus fort encore dans la mesure où il ressemble au lien qui réunit les organes dans un même corps.

Le premier geste fut la fraternisation des Musulmans à la Mecque puis de ceux qui ont émigré avec lui. Chacun d'eux avait été lié avec un autre par ce lien de fraternité. On dit que 'Ali (p) était resté seul car le Prophète (SAWS) ne lui avait pas désigné un frère. Ayant senti sa tristesse à cet effet, le Prophète (Psl) lui a dit: "Ne serais-tu pas satisfait si j'étais ton frère?". Et comme 'Ali (p) a répondu par l'affirmative,le Prophète (Psl) lui a dit: "Tu es mon frère dans ce monde ci et dans l'Autre-Monde".

Lorsque le Prophète (P) a émigré à Médine avec une partie des Musulmans, il a réaffirmé la fraternisation des Muhâjirûn (Emigrés) et établi, en plus, un lien de fraternité entre les Émigrés et les Partisans (Ansar) de Médine. Cette fraternisation impliquait le partage entre ces frères de leurs biens matériels ainsi que la participation de chacun aux problèmes, aux joies et aux malheurs de l'autre. Une fois la fraternisation des Muhâjirûn et des Ansar terminée, 'Ali (p) vint retrouver le Prophète (Psl) pour demander de le fraterniser avec l'un des Ansar. Le Prophète (Psl) lui répéta à Médine ce qu'il avait déjà dit à la Mecque:

 "Ne serais-tu pas satisfait si j'étais ton frère? Tu es mon frère dans ce monde-ci et dans l'Autre monde". Ainsi, le saint Prophète (Psl) a choisi ce jeune homme qu'il avait lui-même élevé avec le sang de son cœur et la lumière de son esprit au point qu'il est devenu un modèle parfait de l'homme dans ce domaine. L'Imam (p) était le premier Musulman après le Prophète (Psl). Il disait à ce propos: "Je suis le premier à avoir entendu et obéi. Personne n'a fait la prière avant moi autre que le Messager de Dieu (Psl)".

Nombreuses sont les Traditions Prophétiques qui évoquent la nature de la fraternité. L'une d'elles dit: "Le croyant se sent à l'aise avec le croyant comme le cœur de l'assoiffé devant l'eau". L'Imam 'Ali (p) a dit en s'adressant à son compagnon Kumayl: "O Kumayl! Les Croyants sont frères et, pour tout frère, rien ne vaut un frère". L'Imam Jafar as-Sâdiq (p) disait: "Le Croyant est frère pour le Croyant, il est son œil et son guide. Il ne le trahit ni le traite injustement. Il ne le trompe ni ne trahit ses promesses envers lui".

 

***************

Quelques hadiths tirés de Târîkh al-Kholafâ', de Jalâl-ul-Dîn As-Suyûtî Concernant les mérites de `Ali

A1-Tabarânî rapporte dans "Awsat" et "Çaghîr" qu'Om Salma a relaté : "J'ai entendu le Messager de Dieu dire : "`Ali est avec le Coran et le Coran est avec `Ali. Ils ne se sépareront pas avant qu'ils arrivent à la fontaine de Kawthar au Paradis

Ibn `Asâkir, citant le témoignage d'Abû Bakr, écrit : "Le Prophète (psl) dit : "Regarder `Ali est un acte de piété".

Muslim dans son sahih rapporte que `Ali a dit : "Par Celui qui a fendu les graines et créé l'âme, le Prophète (psl)  m'a promis que ne m'aimera qu'un vrai Croyant et que ne me détestera qu'un hypocrite

Les deux Cheikhs (Al-Bokhari et Muslim), se référant à Sa`d Ibn Abî Waqqâç, rapportent que le Messager de Dieu, ayant décidé de laisser derrière lui `Ali Ibn Abî Tâlib comme son Lieutenant pendant l'expédition de Tabulk, `Ali lui dit : "Ô Messager de Dieu ! Me laisses-tu derrière, parmi les femmes et les enfants ?" Le Prophète (psl) répondit : "N'es-tu pas content d'être à moi ce qu'Aaron avait été à Moïse, à cette différence près qu'il n'y aura pas de Prophète après moi ?"

Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux

Dieu dit dans Son Noble Livre : ((Dieu ne veut qu’écarter de vous la souillure, ô Gens de la Famille et vous purifier totalement)) (Coran XXXIII, 33). Et parmi les Gens de la Famille, on note L'Imam Mohammad Ibn Ali at-Taqi (le pieux), aussi nommé al-jawâd (le magnanime) ou Ibn al-Rezâ.le 10em Imam de descendant du prophète (psl). I1 est né le 10 Rajab en 195hejir/809 JC à Médine et, est mort martyr  le 29 zul-qad en 220/835.

Imam al-jawâd (p) est l’un des plus jeunes parmi les Imâms. Mais malgré son jeune âge qui a coïncidé avec celui du prophète Yahyâ (Jean Baptiste) (p), il fut ce qui ressemblait à un miracle, ((Nous lui avons donné la sagesse alors qu’il était tout enfant)). Il a vécu à l’époque des Abbassides qui ont tant persécuté les Imâms, car ils les craignaient pour leurs trônes du fait que les Musulmans, de toutes les écoles et tendances, leur vouaient une grande confiance.

Il a atteint en matière de science, de sagesse, de culture et de perfection d’esprit, un  degré qui n’était atteint par aucun des savant de son époque; et çà en dépit de son bas âge.

L'Imam fut le plus grand érudit de son temps, le plus généreux et le meilleur bienfaiteur. Il fut très coopératif, gentil et de bonne disposition, et très éloquent.
Il avait l'habitude de monter sur son cheval en apportant de l'argent et des aliments pour les distribuer aux nécessiteux. Son savoir fut célèbre parmi les gens.

Malgré son jeune âge, lui qui n’a vécu que vingt-cinq ans, l’Imâm al-Jawâd (p) a émis des hadiths qui ont été rapportés par un grand nombre de savants. Comme « Al-Khatîb al-Baghdâdî a écrit dans ‘Târîkh Baghdâd’ –l’Histoire de Baghdâd; le livre intitulé ‘al-Manâqib’  ….

Parlant du fait d’écouter les autres et de faire attention à ce qu’ils disent lorsqu’ils parlent des concepts et des principes, l’Imâm al-Jawâd (p) a dit : « Celui qui écoute quelqu’un qui parle ne fait que l’adorer. Si celui qui parle rapporte ce que Dieu dit, celui qui écoute adore Dieu. Si celui qui parle le fait comme s’il était le Diable, celui qui écoute ne fait qu’adorer le Diable ».

Au sujet des qualités du croyant, l’Imâm al-Jawâd (p) a dit : « Le croyant a besoin de trois qualités : Une bonne direction de la part de Dieu, un bon sermonneur de la part de soi-même et un bon accueil des conseils qu’on lui fournit ». Après cela, l’Imâm (p) dit : « Ne sois pas l’ami de Dieu en public et Son ennemi en secret ».

 Il dit aussi : « L’homme est suffisamment traître lorsqu’il est fidèle aux traîtres ».

L’Imâm al-Jawâd (p) rapporte une Tradition émanant du Commandeur des croyants, ‘Alî (p) qui, pour consoler Abû Dharr le grand compagnon du prophète (psl) ; lorsqu’il a été expulsé de Médine, la ville du Messager de Dieu (P) où il avait passé toute sa vie au service de l’islam, lui a dit : « Tu t’es révolté pour Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire ; aie donc confiance en celui pour qui tu t’es révolté. Ils ont eu peur de toi pour leur vie d’ici-bas, et tu as eu peur d’eux pour ta vie de l’Autre monde. Même si les cieux et la terre étaient complètement fermés devant un serviteur qui craint Dieu, Dieu lui trouverait un moyen d’en sortir. Ne te laisse attirer que par le vrai et n’aie de la répulsion que pour le faux ».

Un certain homme a dit à l’Imâm al-Jawâd (p) : « donne-moi un conseil ». Il lui a répondu : « Tu l’accepterais ? ». Obtenant une réponse positive, il lui a dit : « Que la patience soit ton coussin et que l’indigence soit ton collier ; renonce à tes désirs, lâche tes envies et sache que tu es toujours sous l’œil de Dieu ».

Une quantité d’étoffe de grande valeur a été une fois envoyée à l’Imâm al-Jawâd (p) ; mais des pilleurs s’y sont emparés en route. La personne qui la transportait a écrit à l’Imâm (p) pour le mettre au courant de l’affaire. Pour répondre, l’Imâm (p) a écrit de sa propre main ce qui suit :« Nos âmes et nos biens sont des dons que Dieu nous donne en les déposant en notre possession. Il nous laisse en jouir tout en étant contents et satisfaits, mais Il peut les récupérer et Il nous inscrit des bonnes œuvres pour nous récompenser notre privation. Celui dont la mortification due à leur perte est plus grande que sa patience, se verra perdre la récompense ; nous demandons refuge auprès de Dieu contre une telle perte »

L’Imâm (p) a dit : « Le croyant ne trahit jamais ». Il a prononcé ces paroles en réponse à un homme qui voulait s’établir à la Mecque et à Médine parce qu’il a une dette à rembourser dans un autre pays. « Retourne vers ton créancier, a dit l’Imâm, et fait en sorte que ta dette soit remboursée avant de rencontrer Dieu, car le croyant ne trahit jamais ». L’homme doit être fidèle à ses engagements et ne pas s’acquitter de ses dettes est une trahison et un manque de fidélité alors que la religion consiste dans la fidélité. Dieu dit à ce propos : ((Ô vous qui croyez ! Ne trahissez pas Dieu et le Messager, ce qui serait trahir les dépôts confiés à vous, alors que vous le savez)) (Coran VIII, 27).

ENCORE QUELQUES PAROLES DE L'IMAM AL JAWAD(p)


-La dignité d'un croyant réside dans son indépendance des autres (matérielle).
-Le croyant à besoin de 3 qualités :
-la bonne orientation d'Allah.
-Une exhortation de soi-même.
-l'acceptation des conseils.
-Le jour de la Justice est plus dur pour l'injuste que le jour l'injustice pour l'opprimé.
-L'adorateur n'obtient jamais la plénitude et la vérité de la foi tant que sa religion n'influe pas sur ses propres désirs.

Les biographes de l’Imâm (p) disent qu’il évoquait Dieu en permanence. Il rassemblait les membres de sa famille et leur demandait d’évoquer Dieu de l’aube jusqu’au lever du soleil. Il leur demandait aussi de réciter le Coran. Il a envoyé Khaythama, l’un de ses compagnons, transmettre à ses compagnons le message suivant : « Ô Khaythama ! Passe le salut à ceux que tu vois parmi nos partisans. Dis-leur de craindre Dieu, le Grand ; que ceux parmi eux qui sont riches aident ceux parmi eux qui sont pauvres, que ceux parmi eux qui sont forts aident ceux qui sont faibles, que ceux parmi eux qui sont vivants assistent aux funérailles de ceux parmi eux qui meurent, et qu’ils se rendent visite dans leurs maisons, car cela ravive notre cause. Ô Khaythama ! Dis à nos partisans que nous ne pouvons rien pour eux auprès de Dieu sauf par leurs actions, qu’ils ne pourront avoir notre soutien que par la piété et que ceux qui regretteront le plus au Jour de la résurrection sont ceux qui prescrivent la justice mais qui la contredisent ».

L’Imâm (p) se penchait sur une question connue parmi les croyants, à savoir le cas où l’on demande à une personne aisée d’aider une famille pauvre, mais celle-ci s’excuse disant que les conditions ne le lui permettent pas. Pourtant, cette personne trouve assez d’argent pour faire le pèlerinage pour une deuxième, une troisième ou une quatrième fois dans l’espoir d’avoir la rétribution divine. A ce propos, l’Imâm dit : « Entretenir une famille musulmane, la nourrir, la vêtir et lui permettre de ne pas solliciter les gens, m’est préférable de faire le pèlerinage une fois puis une fois puis une troisième, une quatrième et même une soixante-dixième fois ». Ainsi, le fait d’entretenir une famille pauvre est d’une rétribution plus grande que le fait de faire le pèlerinage pour soixante-dix fois. D’autre part, l’Imâm (p) nous renseigne sur la manière avec laquelle une personne peut savoir quelle est sa valeur aux yeux de Dieu en ces termes : « Si tu veux savoir si tu es un homme de bien, regarde alors dans ton cœur. Si tu trouves qu’il aime ceux qui obéissent à Dieu et qu’il déteste ceux qui Lui désobéissent, sache alors que tu es un homme de bien et que Dieu t’aime. Mais si tu trouves qu’il déteste ceux qui Lui obéissent et aime ceux qui Lui désobéissent, sache alors que tu n’es pas un homme de bien et que Dieu te déteste ». Il dit dans une autre Tradition que l’homme peut savoir avec quelles personnes il se trouvera dans l’Autre monde rien qu’en regardant ceux qu’il fréquente dans ce monde-ci…

Notre engagement dans la voie des Gens de la Famille (P) en un engagement dans la voie authentique de l’Islam qui nous élève vers les lieux où nous rencontrons la satisfaction de Dieu, qui nous procure le salut dans ce monde-ci et dans l’autre Monde. Que la paix de Dieu soit sur l’Imâm Muhammad al-Bâqir (p) et sur ses pères ses fils ainsi que la Miséricorde de Dieu et ses Bénédictions.

Ce mois avec les mois de Sha’aban et de Ramadan sont d’une extrême noblesse et les propos rapportés sur leurs faveurs sont nombreux. Il est rapporté du Prophète(sawas) :
« Rajab est le mois de Dieu Grandiose. Aucun des mois ne l’approche du point de vue de son caractère sacré et de ses faveurs.

Le combat contre les incroyants durant ce mois est interdit. Voyons !
Rajab est le mois de Dieu, Sha’aban est mon mois et Ramadan est
celui de ma Nation ! »
-A celui qui jeûne un jour du mois de Rajab, la plus grande Satis-
faction de Dieu est due, la Colère de Dieu s’éloigne de lui et une des
portes de l’Enfer lui est fermée.
-De Imam Moussa fils de Ja’far(as) :
« [Pour] celui qui jeûne durant un jour de Rajab, le Feu s’éloigne
(de lui) de la distance d’une année. [Pour] celui qui jeûne durant 3
jours, le Paradis (lui) devient obligatoire. »
-Il(as) dit également : « Rajab est un fleuve du Paradis, plus
blanc que le lait, plus sucré que le miel. A celui qui jeûne durant un
jour de Rajab, Dieu (Tout-Puissant) donnera à boire de ce fleuve. »
-As-Sâdeq (que les Prières et la Paix de Dieu soient sur lui) dit :
« Le Messager de Dieu(sawas) dit : «Rajab est le mois de la demande
de pardon [à Dieu] de ma Nation.
Alors, multipliez la demande du pardon [à Dieu] durant ce mois,
car Il est Celui qui pardonne, le Très-Miséricordieux. 

Rajab est appelé 'As-Sabb' (le plus coulant ou déversant) parce que la Miséri-
corde est déversée à flots sur ma Nation durant ce mois. Alors dites
beaucoup [de fois] :

Astaghfiru-llâhawa as’aluhu at-tawbata.
Je demande pardon à Dieu et je Lui demande le Retour.
-Ibn Bâbaweh a rapporté, d’une chaîne de transmission con-
sidérée de Sâlem qui dit : « Je suis entré chez [l’imam] as-Sâdeq(p)
durant Rajab (il restait encore quelques jours de ce mois). Quand
il(p) me vit, il (me dit) : « Ô Sâlem ! As-tu jeûné quelque chose de ce
mois ?
-Non, par Dieu, ô Fils du Messager de Dieu !
-Tu as laissé échapper des récompenses dont seul Dieu Tout-
Puissant connaît l’importance. C’est que ce mois, Dieu l’a favorisé,
en a magnifié le caractère sacré et a rendu obligatoire pour ceux qui
jeûnent durant ce mois, [l’obtention de] son Honneur.
-Ô fils du Messager de Dieu, si je jeûne durant les jours qui
restent de ce mois, est-ce que j’accéderai à une part des récompenses
des jeûneurs durant ce mois ?
-O Sâlem, celui qui jeûne un jour à la fin de ce mois, recevra une
sécurité des difficultés de l’ivresse de la mort, une sécurité des affres
du Jour du Jugement et des tortures de la tombe. Celui qui jeûne 2
jours à la fin de ce mois, aura, pour cela, le passage sur la Sîrât. Et
celui qui jeûne 3 jours à la fin de ce mois, sera à l’abri le jour de la
Grande Peur, de ses affres et de ses difficultés et il lui sera accordée
une immunité du Feu. » »
-Il est mentionné beaucoup de faveurs pour le jeûne durant le
mois de Rajab.
-Il est rapporté que celui qui ne peut pas le faire, alors qu’il glori-
fie Dieu 100 fois par jour, de cette glorification pour recevoir les ré-
compenses pendant ce mois :
Subhâna al-ilâhi al-jalîli, Subhâna man lâ yanbaghî at-tasbî-hu
illâ lahu, Subhâna al-a‘azzi al-alkrami, Subhâna man labisa al-'izza
wa huwa lahu ahlunn.

Gloire à Dieu Très Majestueux, Gloire à Celui qui, Seul,
doit être Glorifié, Gloire au plus Puissant, au plus Noble,
Gloire à Celui qui s’est revêtu de la Puissance et qui en est
Digne !

Bien que l'Imam Muhammad Bâqir (as) n'était pas riche et n’avait
pas beaucoup de biens, et ses coûts de vie étaient grands, il
donnait l’aumône autant qu'il le pouvait.
L’Imam Sâdiq (as) a dit: «Mon père avait moins de biens que ses
proches parents et ses coûts de vie étaient plus, mais il donnait un
dinar en aumône tous les vendredis. Mon père disait: ‘Donner en
aumône le vendredi, c'est mieux que les autres jours.»
Hassan ibn Kathîr dit: «J'ai parlé à l'Imam Bâqir (as) à propos de
mes besoins financiers et l'indifférence de mes amis envers moi.
L’Imam (as) a dit: ‘Comme ils sons mauvais les amis qui viennent à
nous quand nous sommes riches, mais qui nous laissent dans la
pauvreté.’ Puis il a ordonné à son serviteur de me donner un petit
sac où il y avaient sept cents dinars et a dit: «Dépense cet argent et
laisse-moi savoir quand il est fini. »
‘Umar ibn Dînâr et ‘Ubaydullâh ibn ‘Ubayd ont dit: «Chaque fois
nous allions chez l'Imam Bâqir (as), il nous donnait des vêtements et
de l'argent et nous disait: «Je vous les avais déjà préparés».
Suleymân ibn Qaram a dit: «Abû Ja’far Muhammad ibn ‘Ali (as) nous
donnait cinq ou six cents et même parfois mille dirhams et il ne se
lassait jamais de donner en aumône à l’égard de ceux qui lui
demandaient l’aumône avec l’espoir. »
Salmâ, la servante de l'Imam Muhammad Bâqir (as), a dit: « Ceux
qui venaient chez l'Imam Bâqir (as) (pour lui demander l’aumône)
n’en sortaient que lorsqu’ils avaient reçu de l’argent, des vêtements
et de la nourriture. Une fois j'ai demandé à l'Imam (as) d'aider moins
les mendiants, et l'Imam (as) a dit : «La meilleure bonté dans le
monde est de faire la charité à ses frères musulmans ».
L’Imam Sâdiq (as) a dit : «J'étais avec mon père quand il divisait
quatre-vingt mille dinars parmi les pauvres de la Médine. »
Tout cela alors que l'Imam Muhammad Bâqir (as) travaillait dur au
temps chaud de la Médine pour gagner sa vie et celle de sa famille.
Muhammad ibn Munkadir a dit: «Je ne pense pas que ‘Ali ibn
Hussayn (as) aurait un successeur tout comme lui-même, jusqu'à ce
que j'aie vu son fils, Muhammad ibn ‘Ali (as). J'allais le prêcher, mais
c’est lui qui m'a prêché en revanche. Ses compagnons ont
demandé : ‘Comment t’a-t-il prêché?’ Muhammad ibn Munkadir a
dit: ‘Je m'étais rendu à la périphérie de la Médine alors qu’il faisait
chaud. J'ai vu Muhammad ibn ‘Ali (as) – qui était un homme costaud
– s’adossant à ses deux serviteurs. Je me suis dit: ‘C'est bizarre
qu’un noble de Quraych est sorti dans un temps si chaud pour
gagner sa vie. Je vais le prêcher. Je me suis approché de lui et l'ai
salué. Il m’a salué, transpirant et haletant. Je lui ai dit : ‘Un noble
Quraychite est sorti pour des raisons mondaines à ce temps
chaud? Que répondras-tu si tu décèdes dans un tel état?’
Muhammad ibn ‘Ali (as) a enlevé sa main sur les épaules de ses
serviteurs et dit: ‘Par Dieu! Si ma mort arrive dans cet état, je suis
mort obéissant à Dieu, parce que j’étais allé travailler pour que je
n’aie pas besoin de toi et d'autres comme toi. Je ne dois avoir peur
que lorsque je meurs en état de péché.’ Muhammad ibn Munkadir a
dit: ‘Que Dieu te bénisse! J'allais te prêcher, mais c’est toi qui m’as
prêché ! »

Comme son père, Zaynul ‘Abidîn (as), l'Imam Muhammad Bâqir (as)
était la meilleure personne de son temps en ce qui concerne le
culte de Dieu, son invocation, sa prière de demande (du’â), son
entretien confidentiel avec Lui, sa supplication et sa crainte de Dieu.
Par exemple, l’Imam Sâdiq (as) a dit: «Mon père invoquait souvent
Dieu. Tout en marchant, mangeant, voire en parlant avec les gens,
il n’oubliait pas d’invoquer Dieu. Il prononçait toujours cette
invocation (thikr): (Il n'y a pas de divinité à part Dieu).
Parfois, il nous rassemblait et commandait d’invoquer Dieu jusqu'à
l'aube. Il conseillait aux gens qui pouvaient réciter le Coran de ne
pas manquer à le réciter. »
L’Imam Sâdiq (as) a aussi dit: «Pleurant et suppliant Dieu au milieu
de la nuit, il Lui disait : ‘Tu m'as commandé (de faire le bien), mais
je n'ai pas obéi. Tu m’as interdit (de commettre un manquement),
mais je n'ai pas écouté. Maintenant, c’est Ton serviteur qui se tient
auprès de Toi, sans aucune excuse ».
Aflah, serviteur de l’Imam Bâqir (as) dit: «Je m'étais rendu à Hadj
avec l'Imam Bâqir (as). Lorsque nous sommes entrés à la Mosquée
Sacrée (Masjidul Harâm à la Mecque), il a regardé la Maison de
Dieu (Ka’ba) et s’est mis à pleurer bruyamment. Je lui ai dit : ‘Que
mes père et mère soient sacrifiés pour vous! Les gens vous
regardent. Si vous pleuriez plus doucement!’ L’Imam (as) a dit:
‘Malheur à toi Aflah! Pourquoi ne dois-je pas pleurer? Peut-être le
Dieu Tout-Puissant a pitié de moi et me sauve dans l'Au-delà.’ Puis
il a accompli la circumambulation (tawâf) de la Ka’ba et a ensuite
prié devant l’oratoire d'Abraham. Après la prosternation, quand il
s’est levé la tête, la terre était humide sous son front à force d’avoir
pleuré. »
Jâbir Ju’fî dit : « L’Imam Muhammad ibn ‘Ali (as) m'a dit : ‘Ô Jâbir! Je
suis inquiet et triste.’ J'ai dit : ‘Pourquoi?’ L’Imam (as) a répondu: ‘Ô
Jâbir! Lorsque la religion pénètre le cœur d’un homme, il le fait
penser à Dieu et le sépare de tout autre. Ô Jâbir! Ce monde n'est
pas digne d'un cheval auquel vous montez, un habit que vous
portez, ou une épouse que tu rencontres dans la vie privée. Ô
Jâbir! Les croyants n'ont pas confiance dans la survie du monde et
ne se considèrent pas à l’abri de la mort et de l'Au-delà. Ce qu'ils
entendent dans le monde ne les détourne pas du souvenir de Dieu.
Le luxe du monde ne les détourne pas de voir la lumière de Dieu;
ils seront accordés la récompense des bienfaisants. Les pieux sont
les gens avec le moindre coût dans la vie, et ils sont les meilleurs
aides pour toi. Si tu oublies Dieu, ils te L’rappellent. Si tu invoques
Dieu, ils t’aideront. Leurs langues profèrent la vérité au sujet de
Dieu. Ils obéissent aux commandements divins. Ils purifient leur
affection seulement pour Dieu; leurs cœurs sont pleins de Son
amour. En obéissant à leur véritable Souverain (Dieu), ils craignent
le monde. Et ils considèrent ce comportement comme leur devoir.
Les pieux voient le monde comme une demeure transitoire qui doit
être laissée bientôt, ou comme un bien qui est gagné en rêve, mais
qui n'existe pas dans la réalité. Efforce-toi dans le maintien de la
religion et de la sagesse de Dieu! »
L’Imam Sâdiq (as) a dit : « Toute nuit, je fais le lit de mon père et je
l’attends venir s’y reposer, ensuite, je vais à mon propre lit. Une
nuit, je l'ai attendu longtemps, mais il n'est pas venu. Je suis allé le
chercher, quand tout le monde dormait, et je l'ai trouvé dans une
mosquée. Je l'ai vu en état de prosternation. Je l'ai entendu gémir
en disant : «Ô Dieu! Gloire à Toi! Tu es vraiment mon Seigneur; je
me prosterne pour Toi, alors que je suis Ton serviteur. Ô Dieu!
Certes, mes bonnes œuvres sont peu, augmente-les pour moi. Ô
Dieu! Sauve-moi de Ton châtiment le Jour où Tu ressusciteras Tes
serviteurs. Pardonne-moi ! C’est toi qui es Miséricordieux et
acceptes le repentir. »
L’Imam Sâdiq (as) a dit: «Quand mon père s’attristait à propos d’une
chose, il réunissait les femmes et les enfants. Il priait et ils disaient
Amen! »
Abân ibn Meymûn Qaddâh dit : « L’Imam Abû Ja’far (as) m'a dit de
réciter le Coran. Je lui ai demandé à partir de quelle sourate ?
L’Imam (as) m'a dit de réciter la neuvième sourate. Quand j'ai voulu
trouver la neuvième sourate, l'Imam (as) m'a dit de réciter le Coran
par la sourate Yunus. Lorsque je suis arrivé au verset ci-dessous :
لِلَّذِينَ أَحْسَنُوا الحُسْنى وَزِيادَةٌ وَلا يَرْهَقُ وُجُوهَهُم قَتَرٌ وَلا ذِلَّةٌ
« A ceux qui agissent en bien est réservée la meilleure
(récompense) et même davantage. Nulle fumée noircissante, nul
avilissement ne couvriront leurs visages. »
L’Imam Bâqir (as) m’a dit: «Ça suffit ! »
L'Envoyé de Dieu (sawas) a dit : « Je me demande pourquoi je récite le
Coran et mes cheveux ne blanchissent pas ! »

Thierry Meyssan poursuit son étude des politiques étrangères nationales. Après avoir analysé celle de la France, il en vient à celle du Royaume-Uni. Si la première est considérée comme le « domaine réservé » du président de la République et, à ce titre, échappe au débat démocratique, la seconde plus encore est élaborée par une élite autour du monarque, en dehors de toute forme de contrôle populaire. Le Premier ministre élu ne peut que mettre en œuvre les choix de la Couronne héréditaire. Face à l’échec du projet états-unien de monde unipolaire, Londres tente de restaurer son ancien pouvoir impérial.

Global Britain

Le 13 novembre dernier, Theresa May profitait du discours annuel du Premier ministre à la mairie de Londres pour donner un aperçu de la nouvelle stratégie britannique, après le Brexit [1]. Le Royaume-Uni entend rétablir son Empire (Global Britain) en promouvant le libre-échange mondial avec l’aide de la Chine [2] et en écartant la Russie des instances internationales avec l’aide de ses alliés militaires : les États-Unis, la France, l’Allemagne, la Jordanie et l’Arabie saoudite.

Rétrospectivement, tous les éléments de ce que nous voyons aujourd’hui furent abordés dans ce discours, même si nous ne l’avons pas immédiatement compris.

Revenons un instant en arrière. En 2007, le président russe, Vladimir Poutine, intervenait à la Conférence sur la sécurité de Munich. Il observait que le projet de monde unipolaire porté par l’Otan était par essence anti-démocratique et il appelait les États européens à se désolidariser de ce fantasme états-unien [3]. Sans répondre à cette remarque de fond sur l’absence de démocratie dans les relations internationales, l’Otan dénonçait alors la volonté de la Russie d’affaiblir la cohésion de l’Alliance afin de mieux la menacer. 
Cependant, un expert britannique, Chris Donnelly, a depuis affiné cette rhétorique. Pour affaiblir l’Occident, la Russie tenterait de délégitimiser son système économique et social sur lequel est fondé sa puissance militaire. Ce serait le mobile caché des critiques russes, notamment à travers ses médias. Observons que Donnelly ne répond pas plus que l’Otan à la remarque de fond de Vladimir Poutine, mais pourquoi débattre de démocratie avec un individu que l’on suspecte a priorid’autoritarisme ?

Je pense tout à la fois que Donnelly a raison dans son analyse, et la Russie dans son objectif. En effet, le Royaume-Uni et la Russie sont deux cultures diamétralement opposées. 
Le premier est une société de classe avec trois niveaux de nationalité fixés par la loi et figurant sur les papiers d’identité de chacun, tandis que la seconde —comme la France— est une Nation créée par la loi, où tous les citoyens sont « égaux en Droit » et où la distinction britannique entre droits civiques et droits politiques est impensable [4]. 
Le but de l’organisation sociale au Royaume-Uni est l’accumulation de biens, tandis qu’en Russie il est de construire sa personnalité individuelle. Ainsi, au Royaume-Uni la propriété foncière est massivement concentrée entre quelques mains, au contraire de la Russie et surtout de la France. Il est quasi-impossible d’acheter un appartement à Londres. Tout au plus peut-on —comme à Dubaï— souscrire un bail de 99 ans. Depuis des siècles, la ville, dans sa presque totalité, n’appartient qu’à quatre personnes. Lorsqu’un Britannique décède, il décide librement à qui ira son héritage, et pas nécessairement à ses enfants. Au contraire, lorsque un Russe meurt, l’Histoire recommence à zéro : ses biens sont répartis à égalité entre tous ses enfants quelle que soit la volonté du défunt. 
Oui, la Russie tente de délégitimiser le modèle anglo-saxon, ce qui est d’autant plus facile que c’est une exception qui horrifie le reste du monde lorsqu’il le comprend.

Revenons à la politique de Theresa May. Deux mois après son intervention au banquet du Lord Mayor, le chef d’état-major de Sa Majesté, le général Sir Nick Carter, prononçait le 22 janvier 2018 un très important discours, entièrement consacré à la guerre à venir contre la Russie, où il se fondait sur la théorie de Donnelly [5]. Tirant les leçons de l’expérience syrienne, il décrivait un ennemi doté d’un nouvel arsenal, extrêmement puissant (c’était deux mois avant que le président Poutine ne révèle la modernisation de ses armes nucléaires [6]). Il affirmait la nécessité de disposer de troupes terrestres plus nombreuses, de développer l’arsenal britannique, et de se préparer à une guerre où l’image qu’en donneraient les médias serait plus importante que les victoires sur le terrain.

Le lendemain de cette conférence choc au Royal United Services Institute (le think tank de la Défense), le Conseil de sécurité nationale annonçait la création d’une unité militaire de lutte contre la « propagande russe » [7].

Où en est le projet britannique ?

Bien que la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des Communes ait mis en doute la réalité du projet de Global Britain [8], plusieurs points ont avancé, malgré un gros écueil.

Il importe de comprendre que Madame May ne tente pas de changer de politique, mais de réordonner la politique de son pays. Au cours du dernier demi-siècle, le Royaume-Uni a tenté de s’intégrer à la construction européenne, perdant progressivement les avantages hérités de son ancien Empire. Il s’agit désormais, non pas d’abandonner ce qui a été fait durant cette période, mais de rétablir l’ancienne hiérarchie du monde, lorsque les fonctionnaires de Sa Majesté et la gentry vivaient dans des clubs, aux quatre coins du monde, servis par les peuples locaux.

- En voyage en Chine la semaine suivant le discours de Sir Nick Carter, Theresa May y négocia de nombreux contrats commerciaux, mais entra en conflit politique avec ses hôtes. Beijing refusa de se distancier de Moscou, et Londres refusa de soutenir le projet de route de la soie. Le libre échange, oui, mais pas à travers des voies de communication contrôlées par la Chine. Depuis 1941 et la Charte de l’Atlantique, le Royaume-Uni partage la charge des « espaces communs » (maritimes et aériens) avec les États-Unis. leurs deux flottes sont conçues pour être complémentaires, même si celle de l’US Navy est beaucoup plus puissante que celle de l’Amirauté. 
Par la suite, la Couronne a activé le gouvernement de son dominion australien pour reconstituer les Quads, le groupe anti-chinois qui se réunissait sous le mandat de Bush Jr. [9]. Il est constitué, outre de l’Australie, du Japon, de l’Inde et des États-Unis. 
D’ores et déjà, le Pentagone planche sur les possibilités de créer des troubles à la fois sur la route de la soie maritime dans le Pacifique et sur la route terrestre.

- L’Alliance militaire annoncée a été constituée sous la forme du très secret « Petit Groupe » [10]. L’Allemagne qui traversait une crise gouvernementale n’y a pas participé au début, mais il semble que ce retard ait été réparé début mars. Tous les membres de cette conjuration ont coordonné leur action en Syrie. Malgré leurs efforts, ils ont échoué par trois fois à organiser une attaque chimique sous faux drapeau dans la Ghouta occidentale, les armées syrienne et russe ayant saisi leurs laboratoires d’Aftris et de Chifonya [11]. Toutefois, ils sont parvenus à publier un communiqué commun anti-Russe sur l’affaire Skripal [12] et ont mobilisé à la fois l’Otan [13] et l’Union européenne contre la Russie [14].

Comment cela peut-il évoluer ?

Il est évidemment étrange de voir la France et l’Allemagne soutenir un projet qui a explicitement été énoncé contre eux : Global Britain, dans la mesure où le Brexit n’est pas tant un retrait de la bureaucratie fédérale de l’Union européenne, qu’une mise en rivalité.

Quoi qu’il en soit, Global Britain se résume aujourd’hui à : 
- la promotion du libre-échange mondial, mais exclusivement dans le cadre thalassocratique, c’est-à-dire avec les États-Unis contre les voies de communication chinoises ; 
- et à la tentative d’exclure la Russie du Conseil de sécurité et de couper le monde en deux, ce qui implique les manipulations en cours avec des armes chimiques en Syrie et l’affaire Skripal.

Plusieurs conséquences incidentes de ce programme peuvent être anticipées :

- La crise actuelle reprend des éléments de celle de la fin du mandat Obama, sauf que Londres —et non plus Washington— est désormais au centre du jeu. Le Royaume-Uni qui ne peut plus s’appuyer sur le secrétaire d’État Rex Tillerson, va se tourner vers le nouveau conseiller national de Sécurité US, John Bolton [15]. Contrairement aux allégations de la presse états-unienne, celui-ci n’est pas du tout un néo-conservateur, mais un proche de Steve Bannon. Il refuse que son pays soit soumis au droit international et hurle contre les communistes et les musulmans, mais en réalité il n’a pas l’intention de lancer de nouvelles guerres entre États et souhaite uniquement être tranquille chez lui. Il ne manquera pas de signer toutes les déclarations qu’on lui proposera contre la Russie, l’Iran, le Venezuela, la Corée du Nord, etc. Londres ne pourra pas le manipuler pour exclure Moscou du Conseil de sécurité car son objectif personnel n’est pas de le réformer, mais de se débarrasser de l’Onu. Il sera par contre un fidèle allié pour conserver le contrôle des « espaces communs » et lutter contre la « route de la soie » chinoise, d’autant qu’il fut, en 2003, l’initiateur de l’Initiative de Sécurité contre la prolifération (Proliferation Security Initiative - PSI). On devrait donc voir surgir ici et là, sur le tracé des voies chinoises, de nouvelles pseudo-guerres civiles alimentées par les Anglo-Saxons.

- L’Arabie saoudite prépare la création d’un nouveau paradis fiscal au Sinaï et en mer Rouge, le Neom. Il devrait remplacer Beyrouth et Dubaï, mais pas Tel-Aviv. Londres le connectera avec les différents paradis fiscaux de la Couronne —dont la City de Londres qui n’est pas anglaise, mais dépend directement de la reine Elisabeth— pour garantir l’opacité du commerce international.

- La multitude d’organisations jihadistes, qui reflue du Levant, est toujours contrôlée par le MI6, via les Frères musulmans et l’Ordre des Naqchbandis. Ce dispositif devrait être redéployé principalement contre la Russie —et non contre la Chine ou dans les Caraïbes comme actuellement envisagé—.

Après la Seconde Guerre mondiale, nous avons assisté à la décolonisation des Empires européens, puis après la guerre contre le Vietnam à la financiarisation par les Anglo-Saxons de l’économie mondiale et enfin, après la dissolution de l’Union soviétique à la tentative de domination du monde par les seuls États-Unis. Aujourd’hui, avec la montée en puissance de la Russie moderne et de la Chine, le fantasme d’un monde culturellement globalisé et gouverné de manière unipolaire s’estompe tandis que les puissances occidentales —et particulièrement le Royaume-Uni— reviennent à leur propre rêve impérial. Bien sûr, le haut niveau d’éducation actuel dans leurs anciennes colonies les oblige à repenser leur mode de domination.

[1] “Theresa May speech to the Lord Mayor’s Banquet 2017”, by Theresa May, Voltaire Network, 13 November 2017.

[2] Ce faisant Madame May confirmait mon pronostic au lendemain du Brexit, seize mois plus tôt : « La nouvelle politique étrangère britannique », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 juillet 2016. Mais, comme je vais l’expliquer dans la suite de cet article, cette vision s’est heurtée à l’alliance russo-chinoise.

[3] « La gouvernance unipolaire est illégitime et immorale », par Vladimir Poutine, Réseau Voltaire, 11 février 2007.

[4] Cette question est fondamentale. Elle a été largement débattue par Edmund Burke et Thomas Paine. C’est cette différence irréconciliable qui oppose les Droits de l’homme anglo-saxons (définis par la Déclaration de Marie II d’Angleterre en 1689) et le système de monarchie parlementaire qui en découle, d’un côté, et de l’autre les Droits de l’homme français (définis par la Déclaration de l’Assemblée nationale constituante de 1789) qui met fin aux trois ordres de l’Ancien Régime.

[5] “Dynamic Security Threats and the British Army”, by General Sir Nick Carter, Voltaire Network, 22 January 2018.

[6] “Vladimir Putin Address to the Russian Federal Assembly”, by Vladimir Putin, Voltaire Network, 1 March 2018.

[7] « L’armée britannique se dote d’une unité contre la propagande russe », Réseau Voltaire, 24 janvier 2018.

[8] “Global Britain inquiry”, Foreign Affairs Committee, UK House of Commons.

[9] « Les Quads préparent un contre-projet à la route de la soie », Réseau Voltaire, 20 février 2018.

[10] « Syrieleaks : un câble diplomatique britannique dévoile la "stratégie occidentale" », par Richard Labévière, Observatoire géostratégique, Proche&Moyen-Orient.ch, 17 février 2018.

[11] « Deux laboratoires d’armes chimiques découverts chez les "rebelles modérés" syriens », Réseau Voltaire, 13 mars 2018.

[12] « Attentat de Salisbury : Déclaration conjointe chefs d’État et de gouvernement de la France, de l’Allemagne, des États-Unis et du Royaume-Uni », Réseau Voltaire, 15 mars 2018.

[13] « Déclaration du Conseil de l’Atlantique Nord sur l’emploi d’un agent neurotoxique à Salisbury », Réseau Voltaire, 14 mars 2018.

[14] « Conclusions du Conseil européen sur l’attaque de Salisbury », Réseau Voltaire, 22 mars 2018.

[15] « John Bolton et le désarmement par la guerre », Réseau Voltaire, 30 novembre 2004.

L’Afrique a longtemps été sous l’influence des colonisateurs européens, notamment la France et le Royaume-Uni, et ces pays ont toujours tenté de maintenir leur présence sur le continent, mais, ces derniers temps, le débat sur la présence militaire américaine dans la région, notamment en Tunisie et en Algérie, a suscité de nombreuses rumeurs.

Alors que les responsables officiels tunisiens et algériens démentent la présence militaire américaine sur leur sol, certains médias nationaux de ces deux pays, en se référant aux rapports publiés dans les médias américains, accusent les autorités de leurs pays respectifs d’avoir caché la réalité.

Le mois dernier, le site d’information francophone algérien TSA, citant un article du Washington Post, a rapporté que les militaires américains en Algérie, en Égypte, en Tunisie, au Tchad, à Djibouti et en République démocratique du Congo reçoivent une prime de risque de 225 dollars par mois pour des missions dans des zones dangereuses.

De son côté, le New York Times, citant un député démocrate du Connecticut, a rapporté en mars dernier que les troupes américaines en Algérie, au Tchad, en Égypte et au Kenya touchaient déjà cette prime.

TSA a également affirmé que cette prime de risque existe pour les soldats américains sur le territoire algérien depuis le 7 mars 1995.

Une chose est étonnante, bien que le gouvernement algérien démente la présence des forces américaines sur son territoire, les médias américains publient fréquemment des rapports sur ledit sujet, et cela alors que l’ambassadeur des États-Unis à Alger, John P. Desrocher, a nié tout déploiement de soldats américains sur le sol algérien.

En ce qui concerne la présence militaire américaine en Tunisie, le colonel Mark Cheadle, un porte-parole du commandement américain pour l’Afrique, a déclaré qu’un certain nombre des forces américaines travaillent avec les forces de sécurité tunisiennes pour combattre le terrorisme et échanger des informations.

Les autorités tunisiennes ont cependant nié à plusieurs reprises l’existence d’une base militaire américaine sur leur territoire.

Concernant la présence militaire US en Afrique, il faut retenir quelques points : premièrement, il y a une différence entre la présence d’une base militaire et la présence de forces militaires américaines dans ces pays, et apparemment, les États-Unis ne possèdent pas une grande base militaire dans la région.

Deuxièmement, il semble que la présence des Américains en Afrique vise plus à gérer leurs drones, et la gestion des drones dans un pays ne nécessite pas une importante présence militaire.

Le troisième point est qu’aucun média n’a encore publié un rapport sur la présence d’avions de combat sophistiqués américains (à part des drones) en Tunisie et en Algérie.

Le quatrième point est que la plupart des équipements militaires de l’armée algérienne sont russes et, par conséquent, le pays devrait avoir des relations militaires avec la Russie et non avec les États-Unis.

Enfin, un dernier point important est que la plupart des plans militaires et la coopération militaire entre les différents pays sont confidentiels et si un pays a une coopération militaire et sécuritaire avec un autre, les détails n’en seront pas divulgués, sauf en cas de nécessité.

« Beaucoup disent que la situation est pire que ce qu’elle était durant la Guerre froide, parce qu’à l’époque il y avait certaines règles qui étaient respectées », a martelé Sergueï Lavrov dans une conférence de presse, sans manquer de dire que la présence des militaires américains en Syrie est illégale.

Le chef de la diplomatie russe n’a pas manqué de dire que les relations actuelles avec les États-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays européens étaient pires que ce qu’elles étaient durant la Guerre froide.

Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères. ©Reuters

Se disant fâché contre la décision de la République tchèque d’extrader aux États-Unis un citoyen russe, il a souligné que Moscou n’était pas responsable de la dégradation des relations entre la Russie et les gouvernements occidentaux.   

Le chef de la diplomatie russe a également accusé le Royaume-Uni, les États-Unis et leurs alliés d’avoir « abandonner toute décence » et de « recourir à des mensonges et à de la désinformation pure et simple », dans l’affaire Skripal

Il a ajouté que son pays avait de nombreuses questions concernant cette affaire et que « l’incapacité du Royaume-Uni à y répondre signifiera que tout cela n’est qu’une invention et plus concrètement une provocation flagrante ».

Dans une autre partie de ses propos, Sergueï Lavrov s’est attardé sur la décision du président américain Donald Trump de se retirer de Syrie, affirmant que les États-Unis cherchaient à renforcer leur présence en Syrie.

« Le fait que le président américain ait parlé de l’avancée de la date du retrait des troupes US de Syrie est au moins en conformité avec ses anciens propos qui disaient qu’après l’échec de Daech, les USA se retireraient de Syrie. Cependant, nous remarquons que les États-Unis ont sérieusement renforcé leur présence sur la rive orientale de l’Euphrate et sont présents dans de nombreuses régions du territoire syrien jusqu’à la frontière irakienne », a déclaré M. Lavrov.

« Non seulement, ils y ont déployé leurs forces et multiplié leurs bases militaires, mais encore, ils gèrent les groupes locaux qu’ils soutiennent tout en leur accordant des aides financières », a-t-il ajouté.

Il a également déclaré que « la présence des troupes américaines en Syrie est illégale et viole la Charte de l’ONU ».

Les conseillers à la sécurité nationale du président américain examineront ce mardi 3 avril, le retrait américain de la Syrie. L'administration US est-elle sérieuse ou s'agit-il d'une manœuvre de diversion de plus? 

Cet examen intervient après que Donald Trump a annoncé, lors d’un discours prononcé jeudi dernier à Richfield dans l’Ohio, un retrait « très rapide » des troupes américaines déployées en Syrie.

 

À cette fin, l’équipe de Trump chargée de la sécurité se réunira ce mardi.

D'après The National, magazine anglophone qui paraît à Abou Dhabi la décision de Trump pour un retrait anticipé de la Syrie sera au menu des discussions. Les conseillers du président américain se pencheront également, toujours selon le magazine, sur le lourd bilan de morts et de blessés, infligé jeudi dernier à Manbij à coalition américaine. La Grande-Bretagne a reconnu avoir perdu l'un de ses militaires au cours de cette attaque tout comme les Américains qui affirment avoir perdu l'un de leurs militaires. D'autres informations ont fait état de la mort de 6 militaires de la coalition internationale, au cours de cet incident provoqué, reconnaissent les USA, par l'explosion d'une bombe au passage d'un convoi militaire à Manbij. Cette attaque aurait-elle décidé les USA de changer de tactique? 

Contradictions

Un membre du département d’État américain a confié au magazine que tout retrait des troupes US de la Syrie dépendrait de la "défaite totale de Daech dans la région", ce qui revient à dire que les Américains comptent mettre encore à profit la carte Daech pour justifier leur présence militaire prolongée. Cette autorité diplomatique américaine n’a fourni aucun autre détail sur un éventuel changement de cap US en Syrie ni sur une stratégie de retrait « rapide » initiée par Trump.

« Nous allons bientôt quitter la Syrie et laisser les autres s’en occuper », avait dit Donald Trump selon qui les Américains sont sur le point de vaincre Daehc et qu'il est désormais temps pour eux de « partir très vite, vraiment très bientôt ».

Trump a également insisté sur ce retrait anticipé lors de ses récentes discussions avec ses conseillers chargés de la sécurité nationale, ont annoncé ce vendredi plusieurs autorités américaines à l’agence Reuters.