Le commentaire du verset de la Lumière

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Le commentaire du verset de la Lumière
* الله نُورُ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ*
Partie(1)
 
*’Allâmeh Tehrâni a effectué un commentaire du verset de la lumière au cours de dix conférences données dans la mosquée de Qâ’em, à la fin de sa période de résidence à Téhéran. Ces conférences ont ensuite été retranscrites par écrit et publiées. [6]*
 
*Au-delà de sa simplicité apparente, le verset de la lumière renferme un haut contenu gnostique et peut être considéré comme exprimant les aspects les plus subtils de l’unicité divine. Pour cette raison, il a fait l’objet de nombreux commentaires de grandes personnalités intellectuelles de l’islam, dont Mollâ Sadrâ. Le choix d’un tel sujet par ’Allâmeh Tehrâni, et surtout celui de le rendre accessible par une transmission orale dans une langue simple et un lieu ouvert à tous, répond à sa recherche permanente de lutter contre les représentations erronées du monothéisme répandues chez le commun des fidèles, afin qu’ils n’adorent plus "ce dieu qu’ils ont eux-mêmes façonné et créé " [7] selon leurs propres penchants personnels, mais Dieu tel qu’Il est. Sa démarche répond à une volonté de rétablir un lien d’amour et de proximité avec Dieu dans le cœur des croyants en le basant sur une vision juste de l’unicité et de la présence divine dans le monde.*
 
*Seyyed Hâshem Haddâd, l’un des maîtres spirituels de ’Allâmeh Tehrâni*
*Dans la prolongation de la présentation de la pensée de ’Allâmeh Tabâtabâ’i [8], cette adaptation française du commentaire de ’Allâmeh Tehrâni s’inscrit dans une même démarche visant à faire connaître aux lecteurs francophones certains aspects du riche patrimoine spirituel et intellectuel iranien contemporain. Ce travail n’est pas une traduction stricte des propos de l’auteur, mais correspond davantage à une retranscription des principales idées évoquées, en adaptant certains exemples et expressions.*
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*Verset et signification de la Lumière : les racines d’un débat*
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*اللَّهُ نُورُ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ*
 
*"Dieu est la Lumière des cieux et de la terre." (24:35)*
*____________________Partie(2)____
 
*Le début de ce verset, d’apparence simple, amène néanmoins certaines questions : que signifie exactement que Dieu est la Lumière des cieux et de la terre ? Parle-t-on ici de lumière sensible, que l’on "voit" lorsqu’il fait jour ? Dans ce cas, doit-on en déduire que lorsque les cieux et la terre sont dépourvus de lumière, Dieu n’y serait plus présent ? Cela ne signifierait-il pas plutôt que Dieu est Celui qui donne la lumière des cieux et de la terre ? La lumière serait alors non pas une chose qu’Il est, mais qu’Il donne, faisant de Lui un éclaireur, Celui qui éclaire (munawwir).*
 
*Face à ces interrogations, nous pouvons distinguer trois grandes tendances dans la façon d’interpréter ce genre de versets coraniques.*
 
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*L’interprétation matérialiste et littérale*
*____________________Partie (3)________*
 
*L’une de ces tendances consiste à proposer une interprétation exclusivement matérielle et littérale du sens des termes employés dans les versets. Selon les tenants d’une telle école, le vocabulaire coranique ne dépasse pas un niveau de signification sensible :*
*la "Lumière" évoquée dans le verset de la Lumière ne désigne que la clarté du jour issue du soleil. De même, le verset évoquant que "le Tout* *Miséricordieux S’est établi sur le trône." (20:5) signifie que Dieu s’est littéralement assis sur une chaise matérielle et siège à la manière d’un roi, tandis que "son trône déborde les cieux et la terre" (2:255) veut dire qu’il est tellement grand que sa taille dépasse celle de notre monde. De même, "Ton Seigneur viendra ainsi que les Anges, rang par rang" (89:22) signifie qu’au Jour de la Résurrection, Dieu viendra tel un homme, en marchant, aux côtés de ses anges, et "la main de Dieu est au-dessus de leurs mains" (48:10) indique que Dieu a des mains…
 Cette tendance, conduisant à une représentation anthropomorphique de Dieu et le réduisant à une réalité sensible, est particulièrement répandue au sein du courant wahhabite.*
 
*De telles affirmations peuvent aisément être réfutées : affirmer que la "Lumière" dont il est question dans ce verset est une réalité sensible impliquerait que là où sont les ténèbres, Dieu ne "soit" pas. Il faudrait alors postuler l’existence d’un autre créateur à l’origine des ténèbres et de tout ce qui est dépourvu de lumière sensible… Ceci montre à quels résultats contraires mêmes à l’esprit du monothéisme peuvent mener les interprétations littéralistes, alors que l’ensemble du Coran lance une même interrogation dont la réponse est évidente et distillée tout au long des différents versets qui le composent :* *"Existe-t-il en dehors de Dieu, un créateur ?" (35:3). De nombreuses paroles du prophète Mohammad(sawas)  et des Imâms d'Ahlulbayte, insistent également sur le fait que Dieu n’est pas une réalité matérielle, Il n’est pas un corps : "Celui qui L’a décrit L’a limité, et celui qui L’a limité l’a compté [9], celui qui L’a compté a infirmé Son éternité. Celui qui demande : "Comment est-Il ?" L’aura décrit, et celui qui demande :*
*"Où est-Il ?" L’aura situé dans un lieu particulier." [10]*
 
*La suspension de l’intellect et de la compréhension*
*Une seconde tendance consiste à dire qu’étant donné que la signification du terme "lumière" dépasse le sensible, nous ne pouvons pas en comprendre le sens. Selon la même logique, "le Tout Miséricordieux S’est établi sur le trône" (20:5) signifie bien que Dieu s’est assis sur son trône, mais nous ne pouvons savoir de quel type de trône il s’agit, et ce que veut dire par là ce verset. De même, Dieu ne peut bien évidemment pas avoir des mains comme celles des hommes, mais nous ne pouvons pas pour autant comprendre ce que signifient les versets évoquant une "main de Dieu". 
Cette tendance mène donc à la suspension de l’intellect : nous lisons, mais sans pouvoir comprendre.*
 
*Elle fut un temps répandue chez un groupe de savants religieux musulmans, les akhbâris [11], et continue de se manifester ponctuellement chez certains penseurs.*
 
*Le recours au sens figuré*
*Pour éviter de tomber à la fois dans les impasses du littéralisme et de la suspension de l’intellect, une troisième tendance consiste à dire que le terme* *"lumière" doit s’entendre non pas dans un sens littéral qui réduit Dieu au statut d’être matériel, ni dans un sens qui échappe à notre compréhension, mais dans un sens figuré (mâjâzi) : la "Lumière" ne qualifie pas réellement et directement Dieu, mais signifie que Dieu est l’éclaireur (munawwir) du ciel et de la terre, Celui qui donne la lumière sans se confondre pour autant avec elle.*
 
*De même, "Ton Seigneur viendra ainsi que les Anges" (89:22) ne veut pas dire que Dieu lui-même viendra, mais que Son ordre (amr) viendra. Par conséquent, les versets du Coran ne véhiculent pas de sens propre (ma’na haqiqiyya), mais constitue un type d’expression détournée en ayant constamment recours au sens figuré.* *"Quiconque espère rencontrer son Seigneur, qu’il fasse de bonnes actions et qu’il n’associe dans son adoration aucun autre à son Seigneur" (18:110) signifie en réalité "quiconque espère rencontrer les grâces de son Seigneur" : selon cette interprétation, "la rencontre de Dieu" doit s’entendre dans un sens figuré comme étant celle des attributs et bienfaits divins, et non celle de Dieu lui-même.*
 
*Le problème majeur de cette troisième tendance repose sur une question très simple : Dieu ne pouvait-Il pas s’exprimer directement au lieu d’avoir recours à des sens figurés, susceptibles de fausser la compréhension du Coran et d’être interprétés de façon diverse et erronée ? L’envoi d’une guidance ne doit-il pas être synonyme de clarté ?*
 
 
*En outre, la signification précise de chaque sens figuré ne peut être comprise que sur la base d’un indice et d’une preuve. Or, dans le verset "Dieu est la lumière des cieux et de la terre", d’où et sur quels base et indice reposerait le fait que "Dieu est lumière" signifie "Dieu est celui qui donne la lumière" ? Sur quelle base pourrait-t-on interpréter le fait que "lumière" signifie ici "donner la lumière" ?*
 
*Cette troisième tendance ouvre la voie à une grande liberté d’interprétation et à la libre création d’indice et d’analogie. Poussée au bout de sa logique, elle permet d’associer à peu près n’importe quelle signification aux versets, et donc à faire dire au Coran ce que l’on veut. Elle conduit donc, comme nous l’avons vu dans les exemples précédents, à identifier sans raison valable la "rencontre de Dieu" avec celle de Ses bienfaits et attributs, ou encore avec celle de Ses anges. Or, aucun indice susceptible de fonder une telle interprétation figurée ne se trouve dans le Coran*
 
*À suivre.....*
 
*Commentaire du verset de la Lumière de ’Allâmeh Tehrâni, publié en Iran aux éditions Maktab-e vahi*
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En présence de Saint Coran

Sourate 4, verset 112
Sourate 4, verset 112
وَمَنْ يَكْسِبْ خَطِيئَةً أَوْ إِثْمًا ثُمَّ يَرْمِ بِهِ بَرِيئًا فَقَدِ احْتَمَلَ بُهْتَانًا وَإِثْمًا مُبِينًا Et quiconque acquiert une faute ou un péché puis en accuse…