Les traductions en latin du Coran au Moyen-âge

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Les traductions en latin du Coran au Moyen-âge

La première traduction médiévale du Coran en latin date de 1143. Cette version, qui remonte au milieu des Croisades, a été effectuée par Robert de Ketton (probablement le même Robert de Chester), érudit anglais qui avait étudié la langue arabe en Espagne et qui a traduit, également pour la première fois, les traités d’algèbre du grand mathématicien iranien Khãrazmi, conjointement avec Gérard de Crémone. C’est également lui qui a traduit le premier traité d’alchimie en latin.
Cette première traduction assez tardive par rapport à l’apparition de l’islam est grandement faussée et comporte de nombreuses erreurs, car elle est avant tout le produit de l’époque des grandes guerres entre les deux religions, mais aussi parce qu’elle est la première traduction. Comme toute autre première, cette œuvre est marquée par des défauts et lacunes, aussi bien qu’entachée d’interprétations personnelles ou mal élaborées.

En fait, cette traduction faisait partie du Corpus de Tolède (en latin Corpus Toledanum), une collection de traductions de textes islamiques en latin réalisée par une commission composée de cinq traducteurs: Pierre de Tolède, Pierre de Poitier, Herman le Dalmate, Robert de Ketton et un certain musulman nommé Mahomet. Cette collection fut réunie par Pierre le Vénérable, en 1142, et comprenait quatre autres livres.

La collection a continué à être utilisée jusqu’au XVIe siècle, avant d’être imprimée à Bâle par Théodore Bibliander et préfacée par Martin Luther. A noter ici que le rôle de l’Ecole de Tolède, l’une des plus anciennes écoles mondiales pour la traduction, fut considérable et fort efficace dans ce mouvement intellectuel. Il est cependant probable que l’Abbaye de Cluny ait financé ce projet, déclenchant alors un combat idéologique contre les communautés juives et musulmanes.

Il est vrai aussi que l’Ecole de traduction (ou de traducteurs) de Tolède fût l’un des premiers berceaux de la Renaissance européenne, cette école qui, au milieu du XIIIe siècle, c’est-à-dire presque deux siècles après la récupération du territoire de Tolède par les chrétiens, était le principal centre des recherches orientales. C’est la raison pour laquelle on parle souvent de la renaissance du XIIe siècle, terme qui concerne essentiellement l’Espagne musulmane et la Sicile.
La deuxième traduction médiévale du Coran en latin fut celle de Marc de Tolède, réalisée en 1209 et 1210 par cet autre savant de l’école de Tolède ayant également traduit des livres de médecine.

Ludovico (Louis) Marracci, prêtre, traducteur et orientalise italien (1612-1700) fut le troisième savant médiéval qui entreprit la traduction du Coran en latin. Cette traduction élaborée longtemps après les deux précédentes fut suivie par une réfutation, des commentaires, et des notes de références. Résultat d’une quarantaine d’années de travail, cette traduction présentait par conséquent une production plus acceptable que les deux autres, surtout sur le plan textuel et linguistique. Quant au traducteur, il s’agissait d’un prêtre érudit et polyglotte.

C’est la même personne qui participa à la traduction des Evangiles en arabe, de 1645 à 1650, cette version ayant été publiée en 1671 à Rome. Il occupait également la Chaire d’arabe à l’Université de la Sapienza à Rome depuis 1656. Cette traduction aussi, bien que beaucoup plus complète et précise que la première, portait les marques naturelles de son caractère polémique et révélait les propres objectifs du traducteur, surtout que la tâche avait été commandée par le Pape de l’époque.
Ces trois traductions, surtout la première et la troisième, eurent une influence sur la connaissance européenne de la religion musulmane, non seulement par elles-mêmes, mais également et plus sensiblement, par le biais des traductions réalisées à partir d’elles en tant que texte-source du Coran. La première version en particulier (et la collection dont elle faisait partie) resta pour longtemps la seule source connue pour l’étude de l’Islam et des paroles du Prophète.

Source:

- Maayerdji, Hassan, «Nokhostin Tardjomehaye Latini e Ghor’an Karim, va Tassir e an bar Tarjomehaye Ghor’an be Zabanhaye Oroupaei» (Premières traductions latines du Saint Coran et leur impact sur les traductions du Coran en langues modernes européennes), article en deux parties, traduit par la Fondation Be’ssat).

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