24 du mois Dhil Hajja : L’événement de la Mubāhala (L’exécration réciproque)

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24 du mois Dhil Hajja : L’événement de la Mubāhala (L’exécration réciproque)
Dans les dernières années de la vie du Prophète le plus noble (Que le salut de Dieu soit sur lui et sur sa famille), la renommée de l’Islam était répandue dans tous les coins du monde d’alors. En expédiant des lettres aux dirigeants de différents pays et régions, l’Envoyé respecté de l’Islam tâcha se développer. L’une des lettres écrites par l’Envoyé honoré de l’Islam à différentes régions et aux dirigeants de pays, était celle envoyée en dixième année de l’hégire aux chrétiens de Najrān. Dans cette lettre, on lit :

« … Je vous invite à adorer Dieu plutôt que ses serviteurs. Je vous invite à vous soumettre à l’autorité de Dieu plutôt qu’à celle de ses serviteurs. Si vous refusez cette invitation, vous devez acquitter à l’Etat islamique un impôt en échange duquel il protégera vos vies et biens. Si vous refusez encore, je vous déclare la guerre. »

Certains considèrent que le verset 64 de la sourate ‘Ali ‘Imrān fait partie de cette lettre. Dans ce verset, Dieu le Très Haut dit : « Dis : ‘‘Ô vous qui aviez reçu le Livre ! Venez à une parole commune entre vous et nous : n’adorons que Dieu, ne Lui associons rien, ne prenons point les uns les autres des maîtres à la place de Dieu.’’ S’ils tournent le dos [à cette invitation], dites : ‘‘Soyez témoins que nous, nous sommes soumis’’. »

Après avoir reçu la lettre, les chrétiens de Najrān délibérèrent et prirent leur décision ; ils envoyèrent une délégation de leurs notables à Médine pour qu’elle entre en négociation avec l’Envoyé de Dieu (saw). Ibn Hishām écrit à ce propos : « Une délégation des chrétiens de Najrān composée de 60 personnes entra à Médine pour rendre visite au Prophète et négocier avec Sa sacro-sainteté. Parmi elles, il y avait 14 personnes, et parmi ces 14 personnes, il y avait 3 personnes qui avaient la qualité de dirigeants et de notables de leur peuple, et qui étaient respectés parmi les chrétiens de leur temps. L’un d’eux était surnommé « ‘Aqib » et, en ce temps-là, il s’appelait « ‘Abd al-Masīḥ ». L’autre était surnommé « Sayyid » et il s’appelait « ‘Ayham ». Et le troisième était « évêque » et s’appelait « Abū Ḥāritha Ibn al-‘Alqama ».

A propos de la manière dont cette délégation entra à Médine et dont le Prophète (saw) les reçut, Ibn Sa’d écrit comme suit :
« Les chrétiens, revêtus de tuniques de brocart et de soie du Yémen, entrèrent dans la mosquée et accomplirent leur prière cultuelle en s’orientant vers l’ouest. Le Prophète (saw) dit aux musulmans : ‘‘Laissez-les libres.’’ Puis, ils vinrent chez le Prophète dans les mêmes habits. Le Prophète refusa de les recevoir… Le lendemain, ils vinrent en habit de moines et saluèrent. Le Prophète y répondit et les invita à embrasser l’Islam. Ils n’acceptèrent pas, et un long débat s’ensuivit. »

Les chrétiens engagèrent une discussion avec l’Envoyé de Dieu (saw) au sujet de la véracité de leur religion. Les chrétiens de Najrān disaient que Jésus (Que la paix soit sur lui) est Dieu, et un autre groupe parmi eux le considérait comme le fils de Dieu, et le troisième groupe croyait à la Trinité « le Père, le Fils et le Saint-Esprit ». Ibn Hishām écrit à ce propos :
« Les chrétiens dirent au Prophète (saw) : ‘‘Si Jésus (as) n’est pas le fils de Dieu, qui est alors son père ? …’’ Les versets coraniques furent révélés qui présentaient sa création comme celle d’Adam, le Père des hommes. »

Les débats continuèrent entre Les chrétiens de Najrān et le Prophète le plus noble (saw). En s’appuyant sur des arguments précis et des preuves décisives, le Prophète le plus noble (saw) réfutait leurs vains discours et répondait à leurs questions. Pourtant les chrétiens niaient toujours la vérité et insistaient sur leurs fausses croyances. A ce moment-là, le verset 61 de la sourate ‘Ali ‘Imrān fut révélé qui invita les chrétiens de Najrān à la Mubāhala
Il fut dit dans ce verset :
« Faman Ḥājjaka Fīhi Min Ba’di Mā Jā’aka Mina Al-‘Ilmi Faqul Ta’ālaw Nad’u ‘Abnā’anā Wa ‘Abnā’akum Wa Nisā’anā Wa Nisā’akum Wa ‘Anfusanā Wa ‘Anfusakum Thumma Nabtahil Fanaj’al La’nata Allāhi ‘Ala Al-Kādhibīna » (‘Ali ‘Imrān/61).
« Après ce que t’est venu de science [au sujet de Jésus], si quelqu’un dispute [encore] avec toi, dis : ‘‘Venez, appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nos propres personnes et les vôtres  , puis faisons une exécration réciproque, appelons la malédiction de Dieu sur les menteurs. »
آل عمران
فَمَنْ حَاجَّكَ فِيهِ مِن بَعْدِ مَا جَاءَكَ مِنَ الْعِلْمِ فَقُلْ تَعَالَوْا نَدْعُ أَبْنَاءَنَا وَأَبْنَاءَكُمْ وَنِسَاءَنَا وَنِسَاءَكُمْ وَأَنفُسَنَا وَأَنفُسَكُمْ ثُمَّ نَبْتَهِلْ فَنَجْعَل لَّعْنَتَ اللَّهِ عَلَى الْكَاذِبِينَ(٦١) 


Le verset de la Mubāhala fut révélé, et Dieu s’adressa au Prophète 
(saw) en lui disant : « A ceux qui te querellent et qui refusent d’accepter la vérité, dis : ‘‘Venez, appelons nos enfants, nos femmes et nous-mêmes. Puis, invoquons Dieu et maudissons les menteurs tout en implorant Dieu. Le groupe qui sera atteint de la malédiction de l’autre, s’avère être dans la fausse voie, et de cette façon , nous mettons fin à ce différend.’’ » 

Quand les délégués des chrétiens de Najrān entendirent la proposition de la Mubāhala de la part du Prophète le plus noble (saw), ils se regardèrent et restèrent interdits. Ils demandèrent un délai pour y réfléchir et délibérer. Quand les chrétiens s’adressèrent à leurs notables et leur demandèrent conseil, l’évêque leur dit : « Demain, voyez, si Mohammad (saw) vient accompagné de sa famille et enfants, évitez la Mubāhala mais s’il vient avec ses Compagnons, faites la Mubāhala, car il n’y pourra rien. »

Selon le verset de la Mubāhala, le Prophète (saw) devait amener avec lui ses enfants, femmes et ceux qui étaient comme sa propre personne. Et ces personnes n’étaient autres que Ḥasan Ibn ‘Alī (as), Ḥusayn Ibn ‘Alī (as), Fāṭima al-Zahrā (as) et ‘Alī Ibn Abī-Ṭālib (as).

Le lendemain matin, le Prophète respecté (saw) vint pour faire la Mubāhala alors qu’il avait pris l’Imam ‘Alī (as) par la main et que l’Imam Ḥasan (as) et l’Imam Ḥusayn (as) marchaient devant eux et Dame Fāṭima (as) les suivait. Les chrétiens vinrent aussi, alors que l’évêque était à leur tête. Quand ils virent arriver le Prophète le plus noble accompagné de ces personnes, ils demandèrent que l’on présente les accompagnants du Prophète. Ils reçurent cette réponse : « Hādhā Ibni ‘Ammahu Wa Zayji Ibnatahu Wa ‘Aḥabba al-Khalqi ‘Ilayhi Wa Hādhāni Ibnā Bintahu Min ‘Alī Wa Hādhihī al-Jārīyahu Bintahu Fāṭima ‘A’aza al-Nāsi ‘Alayhi Wa ‘Aqrabihim ‘ilā Ghalbihī. »
« C’est le cousin et le gendre du Prophète et la personne la plus aimée de lui, et ces deux garçons sont les petits-fils du Prophète, les fils de sa fille et de ‘Alī, et cette femme est Fāṭima, sa fille, qui est la personne la plus chère chez le Prophète saws. »

Quand arriva le jour de la Mubāhala, le Prophète respecté de l’Islam, main dans la main avec l’Imam Ḥasan (as) et l’Imam Ḥusayn (as), et accompagné de Sa sacro-sainteté ‘Alī (as) et Fāṭima al-Zahrā (as), se rendit au lieu convenu pour la Mubāhala. A la vue de cette scène, les chefs des gens de Najrān furent saisis de frayeur. L’un d’eux dit à son entourage : « Par Dieu ! Je vois des visages qui, s’ils prient Dieu pour qu’Il déplace une montagne, Il le fera. » L’un d’eux dit à Abū Ḥāritha : « Approche-toi pour faire la Mubāhala. » Ce dernier répondit : « Je vois, en effet, un homme si décidé à engager dans la Mubāhala que je crains, en vérité, qu’il ne soit sincère, et s’il en est ainsi, même un chrétien ne restera pas vivant sur la terre avant cette année. »

Les chrétiens renoncèrent à la Mubāhala et acceptèrent de faire la paix avec l’Envoyé de Dieu (saw) et de payer l’impôt. Il fut écrit alors un traité de paix selon lequel les chrétiens étaient tenus de payer chaque année 2000 robes, en tant qu’impôt, à l’Etat islamique. Ainsi, les chrétiens de Najrān et leurs parents et alliés seraient les protégés tributaires de Dieu et de son Envoyé. Leurs vies, culte, biens et terres seraient donc en sécurité. Ensuite, les chrétiens demandèrent au Prophète le plus noble (saw) d’envoyer avec eux un gouverneur pour que celui-ci assure l’administration (juge) entre eux. Le Prophète le plus noble (saw) envoya « Abū ‘Ubayda al-Jarrāḥ ». Peu de temps après, ‘Aqib et Sayyid vinrent à Médine et embrassèrent l’Islam. 

L’ordre divin de la Mubāhala fut décrété par Dieu pour que la vérité s’éclaircisse  et que les partisans de la vérité se distinguent de ceux de la fausseté. La Mubāhala entre les chrétiens de Najrān et le Prophète le plus noble (saw) rendit évident la véracité de la religion de l’Islam. Les chrétiens de Najrān, du fait qu’ils s’étaient aperçus de cette véracité, refusèrent de faire la Mubāhala. Par ailleurs, la révélation du verset de la Mubāhala fournit une autre occasion pour que les vertus des Gens de la Maison (as) s’expriment une autre fois par le Coran et que le statut éminent de la Famille immaculée du Prophète fut présenté à l’humanité.

Ensuite, le Prophète (saw) avança et s’assit sur les talons. Abū Ḥāritha, leur évêque, dit : « Je jure par Dieu que cet homme est assis à l’instar des prophètes » ; alors ils ne consentirent pas à la Mubāhala. L’un des notables des chrétiens dit : « Ô Abū Ḥāritha ! Approche-toi et fais la  Mubāhala. » Abū Ḥāritha dit : « Par Dieu ! Je ne ferai pas la Mubāhala car je le vois résolu à faire la Mubāhala et je crains qu’il ne soit sincère, puisqu’en ce cas, je jure par Dieu qu’aucune force ne saura nous protéger. Je vois des visages qui, s’ils prient Dieu pour qu’Il arrache les montagnes de leur place, certes Il les arrachera. Ne faites pas la Mubāhala avec lui sinon vous périrez, et il ne restera même pas un chrétien sur la terre. »

Puis, l’évêque dit au Prophète (saw) : « Ô Abu al-Qāsim ! Nous ne faisons pas la Mubāhala ; mais nous sommes prêts à faire la paix. Fais la paix avec nous. » Le Prophète (saw) fit la paix avec eux sous la condition qu’ils paient deux mille robes, chacune à quarante dirhams, et aussi sous la condition qu’ils prêtent aux musulmans trente cuirasses, trente lances et trente chevaux pour que, si une guerre ou une insurrection se produisaient au Yémen, les musulmans puissent les utiliser. Et l’Envoyé de Dieu (saw) se porta garant du fait que l’on leur rendra intacts les objets empruntés, et ils écrivirent ce traité. Il est relaté que, à cause de cet événement, deux d’entre les notables des chrétiens, nommés ‘Aqib et Sayyid, se convertirent et embrassèrent l’Islam.
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