
تقي زاده
Achoura, un jour majeur de l'Histoire
A l'occasion de la commémoration du martyre de l'imam Hussein ibn Ali , nous présentons nos condoléances les plus attristés à tous les musulmans du monde entier et aux opprimés.
L'imam Hussein est le deuxième fils sorti de la sainte union entre le commandeur des croyants Ali Ibn Abi Talib et la dame la plus prestigieuse du monde, Fatima Zahra fille du Prophète Mohammad(pslf).
L'imam Hussein est né le 3 Chabane de la 4ème année de l'hégire à Médine. Il fut assassiné le Vendredi 10 muharram en l'an 63 de l’Hégire., à Karbala, au cours de la bataille de l’Âchourâ', après avoir subi la soif et l'oppression pendant plusieurs jours.
L'imam Hussein a vécu six ans à côté de son grand père, le saint Prophète Mohammad(pslf). Après la mort de ce dernier, l'imam Hussein resta avec son père, le commandeur des croyants Ali ibn Abi Talib. Après le martyre de son frère aîné l'imam Hassan ibn Ali, sur ordre divin, l'imam Hussein devient imam de la communauté islamique, une communauté qui fut fondée et dirigée pour la première fois par son grand père.
Lorsque Yazid fils de Mouaviya accéda illégalement au califat, il ordonna au gouverneur de Médine d'obtenir le serment d'allégeance de l'imam Hussein. En cas de refus, il devait lui couper la tête et l'envoyer à Damas.
Après avoir été informé par le gouvernement de Médine sur cette demande, l'imam Hussein partit avec sa famille vers la maison de Dieu à la Mecque, où il resta au moins quatre mois.
Cette nouvelle s'était propagée dans toute la communauté islamique, beaucoup des gens qui étaient contre les califats de Moawiya et de son fils Yazid avaient écrit des lettres à l'imam pour lui exprimer leur affection et soutien. Plusieurs personnes étaient prêtes à se soulever contre le gouvernement de Yazid. C'est pourquoi les habitants de la ville de Koufa en Irak, avaient invité l'imam chez eux pour qu'il soit leur chef. La situation était devenue dangereuse pour Yazid.
Avant de quitter la Maison de Dieu, l'imam Hussein avait accomplit le pèlerinage, mais il du écourter les rites de ce dernier, car il avait comprit que les espions de Yazid étaient venus à la Maison de Dieu en pèlerins afin de le tuer pendant les rites de ce devoir sacré.
Quand l'imam, sa famille et ses partisans arrivèrent à Karbala (nom d'un désert près de la ville de Koufa), ils furent encerclés par une armée composée de trente mille hommes, comme disent plusieurs historiens. Ils restèrent affamés et assoiffés durant toute cette période.
Au neuvième jour du mois de Moharram, l'armée ennemie lança un dernier ultimatum à l'imam Hussein, afin de choisir entre : prêter le serment d'allégeance et la mort. L'imam leur répondit que : " Je ne vois en la mort que le bonheur, et en la vie avec les oppresseurs que l'angoisse ". Et leur demanda un délai pour prier son Seigneur. L'imam Hussein passa la nuit du neuf au dixième jour par des prières.
Ses qualités sont innombrables. Il est «La fleur du Prophète(pslf)» comme l'a dit le Prophète(pslf) lui-même de lui et de son frère Hassan: «Ils sont mes fleurs dans le monde». En outre, le Prophète(pslf) déclara: «Hussein est de moi et je suis de Hussein».
Le credo islamique et la religion de son grand-père ont survécu grâce à son attitude courageuse et incomparable. En réalité, il a permis, par cette attitude, au monde entier de survivre jusqu'à la Fin. Il est le Maître des martyrs et le meilleur de tous après son frère.
Les cérémonies marquant la commémoration de Achoura, réunissant la foule des fidèles, ont lieu dans le mausolée du défunt fondateur de la République islamique d'Iran, l'Imam Khomeiny,dans Les mosquées,....
La foule portant le deuil de l'Imam Hossein organisent des processions, et participent dans différentes villes d'Iran aux cérémonies du grand deuil de l'Achoura.
L’Imam Hussein fut inhumé à Karbala en Irak où son mausolée se dresse encore de nos jours où de nombreux fidèles continuent à venir se recueillir.
l'Imam al-Husayn (p) et le Jour d'Achoura
Ya Aba Abdillah
L’Imam Ali (que la paix soit sur lui) a rapporté cette histoire ; un jour, en entrant chez le Messager de Dieu (Prière et paix sur lui), j’ai vu que ses yeux débordaient de larmes. Je lui ai demandé :
-Qu’est-ce qui vous fait pleurer, ô ! Messager de Dieu ?
-L’ange Jibrail vient de me quitter répond-il, il m’a informé que Houssayn serait tué prés de l’Euphrate …
Veut-tu sentir la terre ou il sera tué ?
Il tendit la main, ramassa une poignée de terre et me la donna. Alors, je n’ai pu empêcher mes larmes de couler… » (Rapporté par Ahmed Ibn Hanbal).
L’imam al-Houssayn et le Jour D’achoura
Pour certains, le jour d’Achoura (10 Muharram) est un jour de jeûne et de fête. Pour d’autres, c’est un jour de deuil et de douleur. Pour les premiers, ce jour de fête a pour origine une fête juive qui célèbre la sortie d’Egypte du Prophète Moussa (paix sur lui) et les fils d’Israël, à l’époque préislamique, Quraish jeûnait ce jour. Selon certains hadiths, le Prophète Mohamed (P) aurait perpétué cette tradition. Pourtant, le Prophète ne nous a-t-il pas ordonné de nous distinguer des juifs ?
Les seconds, ceux pour qui c’est un jour de deuil, se rappellent en ce jour, le martyr du petit-fils du Prophète, tué en compagnie de sa sainte famille et de ses compagnons par les soldats du pouvoir en place yazid fils de Muawiyah, le tyran omeyyade.
Cet événement tragique, qui a eu des conséquences importantes pour l’évolution et la construction sociale et politique de la Umma, n’a cessé de peser sur la conscience de cette nation. Mais la dynastie tyrannique et sanguinaire des omeyyades et ses apologistes ont tout fait pour nous rendre amnésiques.
Les rapporteurs et compilateurs de hadiths, à la solde des princes et des rois, ont tout fait pour que l’on oublie, et qui est plus l’on ignore cette tragédie.
A la mémoire, et en l’honneur, de l’Imam Al Houssayn (que la paix soit sur lui), nous sommes heureux de vous présenter cette modeste page qui, nous l’espérons, contribuera à informer les musulmans soucieux de vérité historique et désireux de comprendre les maux qui affectent le monde musulman.
Qui est l’Imam Al Houssayn (as) ?
Al Houssayn (as) est le fils du prince des croyants l’Imam Ali fils d’Abu-Talib et de Fatima Al Zahra, la fille chérie de notre noble Prophète (Paix et prière sur lui et sa famille).
IL naquit à Médine le 25 Sha’aban de l’an 4 Hégirien. C’est le Prophète lui-même qui lui donna son nom. A son sujet le prophète (saw) a dit :
-« Husayn fait partie de moi et je fais partie de Husayn, Dieu aimera celui qui aura aimé Al Husayn »[1]
-« Celui qui aime Al Husayn m'aura aimé, et celui qui le déteste m'aura détesté »[2]
-« Al-Hassan et Al Husayn sont les deux maîtres de la jeunesse du paradis »[3]
Au sujet du verset de la purification (Tat-hir) : « ô vous, les gens de la maison ! Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement ».[4] A Propos de ce verset, le Prophète(saw) a dit qu’il fut révélé au sujet de lui-même, Ali, Fatima, Al Hassan et Al Husayn[5].
Le verset de Mawaddah (affection, amour) : « Dis, je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n’est votre amour envers les proches », le Prophète (saw), lorsqu’on lui demanda :
-« Qui sont les proches que nous avons obligation d’aimer ? » Répondit : Ali, Fatima et leurs fils.»[6]
Al Husayn (as) est aussi un des Ahlul-bayt (que la paix soit sur eux), au sujet desquels le Prophète (saw) a dit : « Je vous laisse deux charges (al thaqualayn), si vous les suivez, vous ne serez jamais égaré, le Livre d'Allah et les gens de ma maison (Ahlul-bayt). Ils ne se sépareront jamais jusqu’à ce qu’ils me rejoignent prés du Bassin. Faites donc attention à la façon dont vous les traiteriez après moi. »[7]
Qui était Yazid
Yazid est le fils de Muawiyah, fils d’Abou Soufiane, Fils d’Omaya. Omaya était un aristocrate mecquois polythéiste, ennemi acharné du Prophète (saw) et de sa famille. Son fils Abou Soufyan, fut également un farouche ennemi du Prophète et commandait l’armée des polythéistes mecquois contre les musulmans, il se convertit à l’islam, plus par calcul politique que par conviction. Son fils Muawiyah, élevé dans le giron de cette famille hostile au Prophète et à l’islam, se rebella contre l’Imam Ali (as), alors qu’il était calife et lui fit la guerre pour lui prendre le pouvoir.
Après le décès d’Ali (as), Muawiyah continua la guerre contre l’Imam Al Hassan (as) qu’il fit empoisonner, et nomma son fils Yazid comme son successeur, Il instaura ainsi la monarchie.
Le règne de Yazid a duré trois ans. La première année, il fit assassiner Al Husayn et une grande partie de la descendance du Prophète (sa). La deuxième année, il fit attaquer Médine ou ses soldats tuèrent plus de 17.000 personnes et violèrent plus de 1000 femmes, la troisième année, il fit attaquer la Mecque ou ses soldats incendièrent la Kaaba et détruisirent un de ces murs.[8]
L’Imam Al Houssayn (as) a dit à son sujet : « yazid est un libertin qui ne cache pas son libertinage, un ivrogne et un assassin »[9]
Que la paix soit sur lui le jour où il naquit, le jour où il mourra, et le jour où il sera ressuscité vivant !
Notes :
[1] Tirmidhi
[2] Tabari
[3] Tabari
[4] Coran : 33/33
[5] Muslim, Tirmidhi, Ibn-Hanbal, Tabari, Ibn-Kathir et Suyuti.
[6] Muslim, Tirmidhi, Ibn-Hanbal, Tabari, Ibn-Kathir et Suyuti.
[7]Tabari, Tabarani, Ibn Hanbal, Zamakhchari, Al Razi, Ibn Hajar…
[8] Ibn Kathir, Mawdoudi…
[9] Ibn Kathir « istish had al-houssayn »
Pourquoi pleurer le martyre de l'Imam Hussein (p)
Chaque année les musulmans shiites commémorent le martyre de notre troisième Imam Hussein (que le salut soit sur lui). Ce martyre représente un évènement fondamental dans l’histoire de l’humanité.
La commémoration de la tragédie de Karbala (ville où l’Imam a été martyrisé) dure en général treize nuits. Les musulmans mettent l’accent sur l’évènement historique et ils en retiennent les leçons en comparant le passé avec le présent.
La présentation de la tragédie de Karbala se fait sous plusieurs formes :
Par les discours prononcés devant une assemblée, les majlisses Hussaynis ou cérémonies de récit de la tragédie, les poèmes décrivant les scènes qui déchirent le cœur de tout homme épris de liberté,...
Ce qui est important dans ces présentations, c’est de faire ressentir l’amour que portait l’Imam Husayn (que le salut de Dieu soit sur lui) pour l’humanité et qui s’est manifesté par son soulèvement contre l’injustice et les forces du mal. De nombreux hadiths évoquent les bienfaits qu’apporte la commémoration du martyre de l’Imam (que le salut de Dieu soit sur lui) : le Pardon de Dieu, Sa Miséricorde et Ses Bénédictions.
L’Imam Hussein disait de lui même :
"Je suis le tué qu’on pleure de larmes intarissables. Aucun croyant ne m’évoque sans qu’il ne se mette à pleurer. "
Le sixième Imam, l’Imam as-Sadiq (as) rapporte de son père l’Imam al Baqir (as) " Celui qui verse une larme, même de la taille d’une aile de mouche, sur ce qui est arrivé à l’Imam Hussein (as), Dieu lui pardonne ses péchés même s’ils étaient de la grandeur de l’écume de mer ".
Ce n’est pas sans raison que nos Imam (que le salut de Dieu soit sur eux) ont dit ; que celui qui pleure ou qui fait pleurer quelqu’un obtient le Paradis et que celui qui s’efforce de pleurer obtient également le Paradis. La question n’est pas de pleurer ni de faire semblant, mais nos Imams désirent grâce à leur clairvoyance et leur profonde vision divine que les rangs du peuple s’unifient et se mobilisent par différentes voies pour se protéger des malfaisances.
Il s’agit d’éduquer notre cœur et de le vivifier à travers notre amour pour l’Imam Hussein (as), pour ce pourquoi il s’est battu et par quoi il s’est battu. Il s’agit de s’attendrir devant l’intolérable évocation du massacre de l’Imam Hussein, de ses enfants, ses frères ainsi que ses cousins et ses compagnons.
Comment ne pas pleurer quand le ciel et la terre pleurèrent l’Imam Hussein (que le salut de Dieu soit sur lui), au moment de la tragédie de Karbala.
Les Captifs
La clarté de la lune ne parvenait guère à traverser l'épais manteau de poussière qui avait envahi le ciel. La nuit était sombre sur la plaine de Karbala, où les tentes du campement de l'Imam Houssein achevaient de brûler.
Peu après le Martyre de l'Imam, la horde sans âme s'était ruée à l'assaut. Tout avait été pillé, dévasté. La Famille du Prophète n'accumulait pas les parures ni les objets de valeur, et les pillards avaient été frustrés du butin qu'ils escomptaient. Ils avaient quand même arraché aux veuves et aux orphelins tout ce qu'ils avaient pu leur prendre, et s'étaient vengés de leur déception en les frappant, en les fouettant...
Avant de quitter le campement qu'ils avaient mis à sac, les suppôts de Yazid avaient incendié les tentes. Zaynab, à qui l'Imam Houssein avait confié les survivants du massacre, s'était précipitée vers Ali Zayn Abidine, qui gisait sans connaissance. Elle l'avait secoué, réveillé, lui avait demandé:
-O fils de mon frère ! O notre Imam ! Les monstres ont mis le feu au campement. Devons-nous rester dans les tentes, et abréger ainsi nos souffrances, éviter les outrages, les humiliations? Ou devons-nous sortir pendant qu'il est encore temps ?
Rassemblant ses faibles forces, Ali Zayn Abidine s'était redressé:
- Ma tante, c'est notre devoir religieux de faire tout notre possible pour rester en vie, aussi pénible et peu désirable que puisse être ce qui nous attend!
Maintenant, ce qui restait de la Famille du Prophète s'était regroupé dans les débris d'une tente à moitié épargnée par l'incendie. Zaynab avait rassemblé les enfants, environ une quarantaine, et les femmes les comptaient, les identifiaient un par un pour s'assurer qu'aucun ne manquait.
Quelle ne fut pas la consternation de Zaynab, d'Omm Rabab, et de tous les survivants en s'apercevant que Soukeina n'était pas là ! Laissant le campement à la garde des autres, Zaynab et Kolsoum se lancèrent à sa recherche. Longtemps elles errèrent dans la nuit sombre, marchant au hasard dans le désert. Elles appelaient:
- Soukeina! Où es-tu? Soukeina! Réponds!
Mais seule la plainte du vent répondait à leurs appels.
En désespoir de. cause, Zaynab se dirigea vers l'endroit où reposait le corps de l'Imam Houssein. Avant même de l'atteindre, elle cria, des sanglots dans la voix:
-Houssein, mon frère! Je ne parviens pas à retrouver Soukeina! Houssein, mon frère! J'ai perdu ta fille chérie, que tu m'avais confiée! Houssein, mon frère! Dis-moi où elle est!
Comme Zaynab arrivait près du corps sans vie de l'Imam, la lune parut dans le ciel. A travers une déchirure dans les nuages de poussière, elle éclaira le champ de bataille endormi. Zaynab vit alors sa nièce. Soukeina dormait, serrée contre son père, le visage reposant sur sa poitrine.
- Soukeina! Soukeina! Réveille-toi ma chérie! Soukeina! Soukeina! Que fais-tu ici?
Soukeina leva vers sa tante son visage encore plein de sommeil. Sous la sombre clarté des rayons de lune filtrés par les nuages de sable, Zaynab vit les yeux de sa nièce. On aurait dit que tout son cœur, toute sa vie avaient été emportés par les larmes que l'enfant avait versées. Zaynab éloigna Soukeina du cadavre décapité de son père.
La petite fille lui raconta comment, après la ruée sauvage des hommes de main du tyran, elle n'avait eu qu'une pensée: retrouver son père, pour lui confier sa peine. Elle avait marché droit devant elle, en l'appelant. Elle s'était laissé guider par le murmure du vent. Quand elle avait ainsi découvert le corps de l'Imam Houssein, elle lui avait tout raconté. Tout! Tout ce qu'elle avait souffert après son départ.
Et tout ce que chacun avait enduré. Et comment un soudard lui avait arraché les boucles d'oreille que son père lui avait offertes, déchirant le lobe des oreilles, couvrant son visage de sang. Et comment cette brute inhumaine, rendue furieuse par les pleurs de l'enfant l'avait fouettée, fouettée, fouettée! A la fin, épuisée, Soukeina avait posé sa tête sur la poitrine de son père, comme elle l'avait fait tant de fois par le passé.
Elle s'était endormie. Zaynab montait la garde. Tout le monde dormait dans ce qui restait de la tente à demi consumée. Les femmes formaient un cercle. Les enfants étaient au centre. Soudain, des pas! Des silhouettes, éclairées par des torches, approchaient.
-Que voulez-vous encore? Vos gens nous ont déjà tout volé. Laissez-nous! Laissez les pauvres enfants prendre un peu de repos. Si vous tenez vraiment à vous assurer qu'il n'y a plus rien à dérober, revenez demain! Il n'y a ici que des femmes et des enfants sans défense... Nous n'allons pas disparaître pendant la nuit !
Une voix féminine répondit, d'un ton poli et plein de respect:
- Madame, nous ne venons pas ici pour vous voler quoi Que ce soit. Nous savons bien que ce que vous venez de dire est vrai. Nous apportons un peu de nourriture, et de l'eau, pour les enfants et les femmes endeuillées de votre camp.
Le petit groupe approcha encore. Zaynab put distinguer une femme, précédant quelques soldats portant des récipients pleins d'eau et de grands paniers remplis de pain. Zaynab demanda à la visiteuse qui elle était:
- Madame, je suis la veuve de Hor. Mon époux était général dans l'armée de Yazid. Il commandait un millier d'hommes. Hier il est venu rejoindre votre frère et a combattu à ses côtés. Quelques-uns des soldats d'Omar fils de Saad ont craint que vous ne mourriez de faim et de soif, et de ne pouvoir vous conduire jusqu'à Yazid, comme celui-ci leur a ordonné de le faire. Ils m'ont demandé de les accompagner pour vous apporter à boire et à manger.
-O ma sœur, répondit Zaynab. Nous avons tous une dette envers votre mari, qui a donné sa précieuse vie pour défendre Houssein. Il était notre hôte, et nous n'avons rien pu lui offrir, ni à boire, ni à manger !
Zaynab se souvint de la promesse qu'elle avait faite à son frère, avant qu'il ne les quitte. Elle prit un broc d'eau et alla réveiller Soukeina.
- Soukeina, mon enfant! Il y a enfin de l'eau pour toi. Lève-toi! Bois! Rafraîchis tes lèvres et ta gorge desséchées!
- Ma tante, toi aussi tu es restée sans rien boire depuis des jours. Pourquoi toi-même ne bois tu pas
- Bois, Soukeina! Ni ton père, ni ton oncle Abbas, ni ton frère Akbar n'ont encore bu l'eau fraîche des sources du Paradis! Ils attendent que tu aies d'abord étanché ta soif. Bois, Soukeina, pour qu'eux aussi puissent boire l'eau de Kawsar !
Après la mise à sac du camp de la Famille du Prophète, les officiers de l'armée de Yazid s'étaient réunis autour de leur commandant. Ils cherchaient un moyen d'assouvir leur soif de vengeance. L'un d'eux suggéra de faire piétiner les corps des Martyrs du camp de l'Imam Houssein sous les sabots des chevaux.
Omar fils de Saad trouva l'idée excellente, et ordonna de la mettre à exécution. Mais plusieurs membres du clan des Bani Asad déclarèrent qu'ils ne permettraient pas que l'on profane de la sorte les cadavres de ceux des morts qui étaient leurs parents. D'autres soulevèrent la même objection à propos des compagnons de l'Imam Houssein, qu'ils soient ou non membres de leur tribu. Finalement Omar fils de Saad ordonna que seul le corps de l'Imam Houssein subirait ce traitement.
On ferra spécialement de neuf pour cette occasion plusieurs chevaux. Quand les morts de l'armée de Yazid eurent été enterrés, quand les corps des Martyrs eurent tous été décapités, les cavaliers passèrent et repassèrent sur le corps de l'Imam Houssein, sur le corps de l'enfant préféré du Saint Prophète, sur le corps de l'un des deux Princes de la jeunesse du Paradis...
C'est un soleil de la couleur du sang qui se leva sur le matin du ll Moharram. Etait-ce l'effet de la poussière qui emplissait l'air au-dessus de la plaine de Karbala? Ou bien l'astre du jour avait-il honte de devoir éclairer le spectacle de la profanation des corps des Martyrs, de l'humiliation de la Famille du Prophète? Ou rougissait-il de colère d'être le témoin impuissant de tant de bassesse et d'ignominie?
Omar fils de Saad était parti pour Damas, ne voulant laisser à personne d'autre le soin d'annoncer sa victoire au Calife. Les soldats de Yazid enchaînèrent les femmes et les enfants. Les voiles qui masquaient aux regards les visages des femmes avaient été arrachés. Les cous, les mains, les pieds furent liés de cordes et de chaînes.
Les mains des femmes étaient attachées au cou des enfants. Tous furent hissés sur des chameaux sans selle. La caravane se mit en mouvement. Devant, en procession, venaient les têtes. Les têtes des Martyrs, plantées au bout de piques. Soixante-dix-huit têtes, soixante-dix-huit glorieux combattants de la Foi: outre l'Imam Houssein, dix-sept membres de la Maison du Prophète et soixante fidèles Chïtes.
La tête de l'Imam Houssein précédait les autres. Derrière la caravane, couvert de lourdes chaînes, titubant de fièvre et d'épuisement, Ali Zayn Abidine suivait à pied.
La caravane marchait vite. Quand parfois un enfant glissait et tombait à terre, la femme à laquelle il était lié tombait également. Alors un soudard se jetait sur eux, levait son fouet, et frappait, frappait...
Au milieu de l'après-midi, on arriva sous les murs de Koufa. Pendant qu'un messager était dépêché auprès du Gouverneur Obeidoullah, les soldats se reposèrent à l'ombre, se restaurèrent, se rafraîchirent... Les captifs demeurèrent en plein soleil, sans boire ni manger.
Le messager revint. Obeidoullah fils de Ziyad attendait ses prisonniers au palais. Le cortège devait suivre les principales rues de Koufa et traverser le marché principal. On se remit en marche. Un crieur allait devant:
-Habitants de Koufa ! Houssein fils d'Ali, qui avait refusé de reconnaître l'autorité du Commandeur des Croyants, votre bien-aimé Calife Yazid, a été tué, ainsi que ses Chïtes ! Les femmes et les enfants de sa Famille ont été faits prisonniers. Ils vont être conduits devant le Calife, qui décidera quel châtiment doit leur être infligé. Habitants de Koufa!
C'est le sort qui attend quiconque met en question l'autorité du Calife !.. Habitants de Koufa! Houssein fils d'Ali, qui avait refusé... La foule, muette, accablée, se pressait sur le passage du cortège. Aux fenêtres, sur les terrasses, les femmes et les enfants, les yeux écarquillés, regardaient. Personne ne disait mot. Parfois on entendait un sanglot réprimé.
Le visage masqué par ses cheveux, qui lui tenaient lieu de voile, enchaînée, épuisée, Zaynab se dressa. Elle se tenait droite sur sa monture. Sa voix couvrit celle du crieur qui marchait loin devant:
- Gens de Koufa! Je suis Zaynab, la fille d'Ali, le Commandeur des Croyants, et de Fatima la Resplendissante! Je suis la petite-fille de l'Envoyé de Dieu! Je suis la sœur de Houssein, votre Imam, que vous avez tué! Gens de Koufa! Gens de traîtrise et de perfidie! Vous pleurez maintenant? Que vos larmes ne sèchent jamais!
Que vos cris ne cessent pas! Le mal que vous avez commis est si grand que Dieu est en Colère contre vous. Vous demeurerez immortels dans le Feu! De votre trahison vous ne récolterez que honte et déshonneur. Comment pourriez-vous vous faire pardonner l'assassinat du fils du Saint Prophète, la Preuve de Dieu sur terre, votre Imam? Subissez les conséquences de votre crime! Soyez bannis et écrasés! Soyez humiliés et avilis! Malheur à vous, gens de Koufa! Qu'une pluie de sang s'abatte sur vos tètes! Qu'une torture sans fin soit votre lot dans l'Au-delà !
Les portes du palais du Gouverneur avaient été laissées ouvertes pour permettre à tous de venir féliciter Obeidoullah fils de Ziyad pour sa victoire sur l'Imam Houssein. Il était assis sur son trône, et paraissait joyeux. Il jouait négligemment avec une barre de fer dont il tapotait la tête de l'Imam Houssein, qui avait été déposée à ses pieds. Un vieillard, Compagnon du Saint Prophète, Zayd fils d'Arqam, fut révolté par ce spectacle:
- Ote cette barre de fer de ce noble visage, car j'ai vu de mes yeux les lèvres du Prophète s'y poser je ne sais combien de fois!
Et Il sanglota :
Obeidoullah se mit en colère:
- Si tu n'étais pas un vieillard sénile qui a perdu la raison, je t'aurais fait décapiter à l'instant!
Zayd fils d'Arqam sortit, accablé, se rappelant l'heureux temps où le Prophète jouait avec son petit-fils, le serrait contre lui l'embrassait...
Les captifs furent conduits en présence du Gouverneur, qui se les fit présenter un par un. Quand arriva le tour d'Ali Zayn Abidine, Obeidoullah demanda:
- Qui es-tu?
- Je suis Ali fils de Houssein.
- Mais Ali fils de Houssein n'a-t-il pas été tué?
- J'avais un frère qui portait aussi ce nom. Les gens l'ont tué.
- C'est plutôt Dieu Qui l'a tué!
- Dieu accueille les âmes au moment de leur mort...
- Comment oses-tu me parler sur ce ton? Tu vas voir! Aucun fils de Houssein ne restera en vie! Bourreau, décapite-le!
Zaynab bondit, elle s'accrocha au fils de son frère. Elle cria:
- Ne crois-tu pas que tu as déjà suffisamment répandu notre sang? Par Dieu, je ne le quitterai pas. Si tu le tues, tue-moi aussi avec lui!
Obeidoullah hésita:
- Quel touchant tableau de famille! Tu voudrais que je te tue, Zaynab? Eh bien, je ne te ferai pas ce plaisir! Après tout, le Calife Yazid décidera du sort du fils de Houssein... Tu sais, Zaynab, quand vous êtes entrés, j'ai eu mal à croire que j'avais devant moi la Famille du Prophète... Je pensais plutôt que toi et les autres femmes n'étiez que de vulgaires esclaves qu'on avait achetées au marché!
Zaynab répondit à l'insulte:
- Fils de Ziyad! Nous sommes les sœurs de Houssein, les petites-filles de Mohammad, que tu reconnais comme ton Prophète! Toi et les autres larbins de Yazid, vous avez foulé aux pieds les Principes de l'Islam en échange de quelques menus avantages matériels. Aujourd'hui tu te pavanes, et tu t'enorgueillis de la victoire de tes cinq mille soudards sur une poignée de héros! Tu te crois puissant parce que tu peux insulter impunément des femmes et des enfants sans défense. Mais je te préviens.
fils de Ziyad! Bientôt la mort va s'abattre sur toi! Il te faudra alors rendre compte de tes crimes! Il te faudra payer pour l'assassinat du petit-fils du Prophète et de tous ceux qui étaient avec lui. et à qui tu reprochais de refuser l'autorité religieuse d'un ivrogne et d'un débauché!
Les paroles de Zaynab produisirent l'effet d'un coup de tonnerre. Obeydoullah, en l'écoutant parler, observait les réactions des présents. Il vit que tous écoutaient attentivement. Certains semblaient approuver de la tête, certains essuyaient furtivement une larme qu'ils n'avaient pu empêcher de couler.
Obeydoullah vit que tous, presque sans exception, admiraient le courage de cette femme, et il se dit qu'elle était bien capable de soulever la ville entière contre lui! En hurlant, il lui ordonna de se taire, menaçant des pires châtiments elle-même et les autres captifs si elle n'obéissait pas. Zaynab continua de plus belle. Elle parla des mérites de son frère, l'Imam Houssein, qu'elle mit en parallèle avec les vices du fils de Moawiyah. Elle dénonça les, atteintes que le dictateur omayyade portait à l'intégrité du Message de l'Islam. Elle décrivit en détail les atrocités commises par les hommes de main du Calife à Karbala.
Obeydoullah appela ses gardes, leur dit de faire sortir immédiatement les prisonniers. Il ordonna à Chamir dé prendre à l'instant même la route de Damas, sans laisser un moment de plus Zaynab et les autres a Koufa. Et lui-même, fou de colère, sortit du palais pour aller à la Mosquée.
Du haut de la chaire, Obeidoullah regarda la foule qui était massée à ses pieds. Il était ivre d'orgueil d'être Gouverneur de cette ville, autant que de la perfide victoire que ses troupes venaient de remporter. Il voulait chasser la fâcheuse impression que lui avait laissée le discours de Zaynab. Cette femme lui avait gâché le plaisir qu'il pensait tirer de son succès. Il prit la parole, s'adressant aux habitants de Koufa:
- Gloire à Dieu, Qui a fait triompher la Vérité et ses partisans, Qui a donné la victoire au Commandeur des Croyants, Yazid, et Qui a tué le menteur, Houssein, fils du menteur, Ali, ainsi que ses Chïtes!
Une voix lui répondit. faisant trembler les murs de la Mosquée:
- Tais-toi, ennemi de Dieu! Cesse de blasphémer! Tu es un menteur, de même que ton père, et de même que celui qui t'a nommé à ce poste et que le père de celui-ci! Tu as assassiné les descendants des Prophètes, et maintenant tu oses monter à leur place ici, sur cette chaire!
- Obeidoullah pâlit, incapable de poursuivre:
- Attrapez-le!
Les soldats se saisirent de l'homme, Abdallah fils de Afif, qui était un Chïte de l'Imam Ali. Mais Abdallah lança le cri de guerre de sa tribu, les Azd. Immédiatement sept cents guerriers se rassemblèrent, l'épée à la main. Obeidoullah fut contraint de relâcher Abdallah. Mais la nuit venue, ses hommes de main s'introduisirent chez le courageux Chïte. Ils le tuèrent, et le crucifièrent sur la porte de sa maison.
La caravane des captifs s'était remise en marche, toujours précédée des têtes des Martyrs. Mais plus question de procession triomphale! Obeidoullah avait ordonné aux gardes d'emprunter les pistes les moins fréquentées, de peur que des Chïtes de l'Imam Houssein ne tentent de délivrer les prisonniers et de venger les Martyrs. Les gardes avaient aussi pour instruction d'être sans pitié avec les femmes et les enfants.
L'Imam Ali Zayn Abidine, qui était toujours malade, suivait difficilement. Une lourde chaîne reliait ses pieds à son cou. S'il essayait d'allonger le pas, ou de marcher plus vite, il tombait immanquablement. Alois une brute descendait de cheval, levait le fouet, et frappait...
Pendant cette interminable traversée des déserts de Mésopotamie et de Syrie, il arriva que Soukeina tomba de son chameau. Zaynab, qui se trouvait sur le chameau voisin donna l'alarme. Les gardes ne lui prêtèrent aucune attention. En désespoir de cause, Zaynab dirigea son regard vers la tête de l'Imam Houssein, toujours en tête du cortège, toujours au bout d'une pique:
-Houssein mon frère, tu m'as demandé de veiller de mon mieux sur Soukeina. Mais elle est tombée de sa monture, et je ne puis rien faire pour lui venir en aide!
Après quoi elle demanda à Dieu d'avoir pitié d'elle, et de secourir la malheureuse enfant.
La caravane n'avait pas fait trois pas que la pique supportant la tête de l'Imam Houssein échappa aux mains de l'homme qui la portait. Elle se planta droit dans le sol. L'homme sauta de cheval pour la reprendre et repartir. Il ne parvint pas à l'arracher du sable. C'était comme si elle y avait été cimentée. Cet homme était pourtant un colosse.
Il comprit que si ce qui était en train de se produire venait à s'ébruiter, ta panique risquait de gagner les autres gardes, et que ceux-ci s'enfuiraient de tous côtés.
Sans perdre une minute il alla confier à Chamir ce qui venait de se passer. Chamir réfléchit un instant puis, le fouet à la main, se dirigea vers l'Imam Ali Zayn Abidine.
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire? Qui est responsable de tout cela?
L'Imam Zayn Abidine regarda vers la tête de son père, puis dans la direction de sa tante Zaynab. Celle-ci raconta la chute de Soukeina, et l'indifférence des gardes. Chamir rebroussa chemin. Il découvrit la fillette inanimée. Elle avait été blessée dans sa chute. Dès qu'elle eut été installée dans les bras de Zaynab, la pique supportant la tête de l'Imam Houssein put être retirée du sable, sans le moindre effort.
La traversée du désert de Syrie, parsemé de buissons épineux, fut pour l'Imam Ali Zayn Abidine un supplice épouvantable. D'autant plus que les monstres à forme humaine qui menaient la caravane le forçaient à lutter de vitesse avec les chameaux marchant d'un pas soutenu! La nuit, on s'arrêtait à peine quelques heures, et pendant que les gardes festoyaient, les malheureux captifs recevaient à peine de quoi ne pas mourir de soif et de faim.
Une nuit, la caravane fit halte près d'un ermitage. Le moine qui vivait là avait passé toute sa vie en prière et en méditation, et dans l'adoration de Dieu. Chamir confia les têtes à sa garde, certain qu'elles ne risqueraient pas d'être volées. Un simple regard au visage de l'Imam Houssein convainquit l'ermite qu'il s'agissait là de la tête d'un Saint. Il la prit avec lui et la garda à son chevet pendant qu'il prenait quelque repos. Il vit en songe tous les Prophètes et les Anges descendre du Ciel et se promener sur la tête qui reposait près de lui...
Il s'éveilla, et se demanda ce qu'il devait faire. Il décida d'interroger le chef de la caravane au sujet de l'identité des personnes décapitées et des femmes et des enfants qu'ils détenaient prisonniers. Il sortit donc de son ermitage, réveilla Chamir, et le questionna. Chamir lui révéla que c'était le petit-fils du Prophète Mohammad, qu'il avait refusé de reconnaître l'autorité religieuse de Yazid, et qu'il avait été tué pour cette raison, en même temps que ses parents et ses partisans. Il lui dit que les captifs étaient les survivants de la Famille du Prophète, et qu'ils étaient conduits auprès de Yazid qui déciderait quel châtiment devait leur être infligé. Au comble de l'indignation le saint homme s'écria:
- Que la Malédiction de Dieu soit sur vous! Ne réalisez-vous pas l'horreur du crime dont vous vous êtes rendus coupables en décapitant le petit-fils de votre Prophète? Nul doute que cet homme était un grand Saint! Honte à vous, lâches! Non contents de l'ignominie que vous avez commise, vous brutalisez des femmes sans défense et des enfants innocents!
Chamir, qui était déjà de fort mauvaise humeur d'avoir été réveillé en pleine nuit, fut pris d'un accès de rage.
Il saisit son épée et, d'un coup, trancha la tète de l'ermite. Il n'eut pas le moindre respect pour les injonctions du Saint Prophète concernant la protection qui doit être accordée à ceux qui se retirent du monde et vouent leur existence à la prière et à la pénitence. Mais celui qui avait montré tant de mépris pour la vie du petit-fils du Prophète, pouvait-il accorder quelque importance aux Commandements de l'Envoyé de Dieu?
Progressant à marche forcée, la caravane atteignit bientôt Damas.
Elle fit halte devant les remparts qui ceinturaient la ville. Un messager fut envoyé au palais du Calife, pour recevoir les instructions de Yazid. Celui-ci avait été averti par Obeidoullah des incidents qui s'étaient produits à Koufa. Il avait juré prudent de ne pas dévoiler l'identité des captifs, et avait fait répandre la rumeur qu'un prince arabe s'était révolté contre son autorité, qu'il avait affronté son armée invincible et avait été défait, avec ses quelques partisans.
Un crieur public confirma officiellement cette nouvelle, précisant que pour servir d'exemple les têtes des coupables avaient été tranchées et apportées devant le Calife, en même temps que la famille du prince félon. La journée d'aujourd'hui était proclamée jour de fête, pour célébrer la victoire du Commandeur des Croyants.
On décora la ville à la hâte, on prépara le festin offert au peuple, et tous les courtisans et les ambassadeurs en poste à Damas furent convoqués à la grande réception qui devait avoir lieu le soir même au palais. Pendant que les préparatifs battaient leur plein. les captifs attendaient. en plein soleil. Des groupes de curieux approchaient pour apercevoir les prisonniers qu'on menait au Calife.
Le spectacle de ces femmes, et surtout des enfants, à moitié morts de faim et de soif, maigres à faire peur, enchaînés, couverts de poussière et de sang séché émut plus d'un témoin. Quelques-uns des curieux lancèrent aux enfants des dattes sèches, qu'on utilisait alors pour faire l'aumône.
Les malheureux enfants affamés se saisirent des dattes et s'apprêtaient à soulager leur faim, mais Zaynab et les autres femmes leur interdirent d'en manger une seule, et leur ordonnèrent de les renvoyer à ceux qui les lançaient. Zaynab, le visage toujours caché derrière ses cheveux, prit la parole:
- Je vous remercie de votre sollicitude envers nos enfants affamés. Mais nous sommes la Famille du Prophète, et l'Envoyé de Dieu nous a interdit de manger les aum6nes. En aucun cas il ne nous est possible de transgresser ses ordres.
Les gens étaient abasourdis d'entendre cette réponse. Ils ne savaient ce qui était le plus étonnant, du refus de laisser manger les enfants ou du fait que des membres de la Famille du Prophète soient captifs et dans un tel état. La rumeur s'enfla en ville, les interrogations et les suppositions allaient bon train.
L'ordre arriva enfin de conduire les captifs au palais. Quand ils parurent devant lui, Yazid ne put croire que c'était là la Famille du Prophète. Quoi, ces gens hagards, décharnés, presque des fantômes... Ces squelettes en haillons recouverts de poussière, saignant par endroits des dernières blessures infligées par les chutes ou les coups de fouet... Ces spectres enchaînés, affamés, épuisés...
- Omar fils de Saad! Tu t'es moqué de moi! Ce ne sont pas là les sœurs et les filles de Houssein... Où as-tu acheté ceux-ci, et où as-tu caché les autres?
Yazid était ivre. Il était assis sur un trône élevé. A ses pieds, dans un plat d'or massif, il avait fait placer la tête du petit-fils du Prophète. A la main, il tenait une coupe de vin qu'un échanson remplissait avant qu'elle soit vide. Yazid écumait de rage, les yeux injectés de sang. Omar fils de Saad se jeta à ses pieds.
- Aie pitié de moi, Commandeur des Croyants! Ton humble esclave a agi exactement selon tes ordres.
Ceux qui sont devant toi sont bien Zaynab et Kolsoum, les sœurs de Houssein, Omm Layla et Omm Rabab ses veuves, Soukeina et Rokayya ses filles, et les autres sont les parentes et les orphelins de ses proches et de ses Chïtes. Et devant toi j'ai amené aussi Ali Zayn Abidine, le fils de Houssein.
Yazid regardait les captifs. Il ne pouvait dévisager les femmes qui, toutes, cachaient leur visage derrière leurs cheveux. L'une d'elles semblait en outre se cacher derrière une très vieille femme. Yazid la désigna du doigt:
- Celle-là là-bas qui se cache! Qui est-ce?
- Majesté, c'est Zaynab, répondit Omar, qui s'était relevé. C'est la fille d'Ali et de Fatima. La vieille qui la cache s'appelle Fizza. Elle se glorifie de se nommer elle-même l'esclave de Fatima et de Zaynab!
Yazid éructa:
- Je ne permets à personne de cacher mes prisonniers à ma vue. Chamir! Fais dégager la vieille, que je puisse contempler à loisir la fille de Fatima!
Chamir approcha, le fouet levé. Fizza, avisant les esclaves abyssins qui se tenaient, sabre au poing, derrière le trône du Calife, les interpella:
- O mes frères! Qu'est il advenu de votre sens de la fraternité et de votre honneur? Laisserez-vous molester devant vous, sans réagir, une vieille dame de votre peuple, une princesse de votre pays, alors que chacun de vous tient une arme à la main?
A ces mots de Fizza, plusieurs esclaves firent un pas en avant. L'un d'eux s'adressa à Yazid:
- Commandeur des Croyants! Dis à cet homme de ne pas lever son fouet sur notre princesse. Sinon le sang va couler à flots dans ton palais! Il avait beau être ivre, Yazid se rendit compte que l'homme parlait sérieusement. Ses esclaves se révoltaient! Le couard déguisé en prince paniqua. Il répondit, avec un large sourire:
- Mes fidèles serviteurs! Je suis fier de voir à quel point vous avez su conserver le sens de l'honneur. Je vous promets que personne ne maltraitera votre compatriote.
Yazid calma son angoisse en avalant encore un peu plus de vin. Il tremblait de fureur. Comment laver l'affront qu'il venait de subir publiquement? Autour de lui, près de mille courtisans et ambassadeurs étaient rassemblés. Tous avaient été témoins de son humiliation. Dans la main qui ne tenait pas la coupe de vin, il avait une canne, ornée d'un pommeau en or. Il s'en servit pour frapper les lèvres de l'Imam Houssein. Il ricana:
- Ah, les jolies lèvres qu'a embrassées Mohammad! Comme mes ancêtres seraient heureux de contempler ce spectacle! Tous mes valeureux ancêtres qu'a tués Mohammad, de Badr jusqu'à Honayn! Leurs âmes doivent être contentes aujourd'hui en voyant que moi, Yazid, je les ai vengés en détruisant la famille de leur ennemi!
Les captifs restaient silencieux. Ni Zaynab, ni Ali Zayn Abidine ne voulurent s'abaisser à donner la réplique à l'ivrogne. Mais l'ambassadeur d'un pays étranger, écœuré, révolté par tant d'ignominie, se leva. Il s'appelait Abdoul-Wahab:
-O roi ! J'aimerais savoir qui était l'homme dont la tête est à tes pieds, et quels crimes impardonnables il a commis pour que tu traites ainsi sa dépouille et sa famille, même après sa mort!
- Ce sont les gens de la Famille du Prophète de l'Islam! Ils ont osé défier mon autorité. Ces femmes et ces; enfants sont mes esclaves, et je vais leur faire subir un traitement que personne encore n'a jamais fait subir à un être humain. Ainsi, plus personne n'osera plus jamais lever le petit doigt contre moi!
Abdoul-Wahab était un homme instruit. Il avait aussi beaucoup étudié la vie et les Enseignements du Saint Prophète et de ses Descendants. Il réfléchit un moment. Pleinement conscient de ce que lui vaudrait ce qu'il allait dire, il laissa de côté toute diplomatie:
- O roi! Tu as commis le plus odieux des crimes contre ta Religion et contre l'humanité. Tu as massacré de la façon ta plus odieuse la Famille de ton propre Prophète, des gens qui étaient pieux et qui vivaient saintement! Tu traites leurs survivants plus brutalement que tu ne traiterais des animaux! Les gens de mon peuple me montrent du respect pour la seule raison que je suis le descendant de l'un de leurs Prophètes. Mais toi, tu es tombé dans la plus basse abjection!
Se tournant alors dans la direction d'Ali Zayn Abidine, Abdoul-Wahab poursuivit:
-Ali fils de Houssein, ce que j'ai vu et entendu aujourd'hui m'a convaincu que ton père était la plus noble âme sur toute la surface de la terre, et le plus courageux des hommes pour avoir ainsi combattu l'injustice, la tyrannie et l'oppression. Je déclare ma Foi dans la Religion de ton père, cette Religion pour la défense de laquelle il a versé son sang. Je te choisis comme témoin de ma profession de Foi!
Un flot d'injures sortit de la bouche de Yazid. Il ordonna que l'on arrête l'ambassadeur et qu'on l'exécute séance tenante. Un silence pesant régnait maintenant. Tous les témoins étaient restés muets d'admiration devant le courage d'Abdoul-Wahab et la vérité de ses paroles...
Yazid essayait de calmer ses nerfs en buvant coupe sur coupe. Il fallait absolument qu'il rétablisse son autorité en se vengeant sur quelqu'un. Il se leva, tendit le bras vers Ali Zayn Abidine. Il hurla:
- Toi ! C'est toi qui es responsable de tout cela! C'est toi qui as encouragé ce fou à m'insulter! Il se tut un instant, comme s'il essayait de réfléchir à travers les vapeurs de l'alcool.
- Je vais te faire trancher la tête ici même, devant moi! Devant tout le monde! Devant ta mère, et tes soeurs, et tes tantes, et tous les autres!
Il vida encore une coupe.
-Non, cette mort serait trop douce pour toi! Je vais te torturer pour que tu meures à peu. Je vais te faire souffrir ce que personne n'a encore jamais souffert. C'est toi-même qui viendras me supplier de t'achever! A ces mots, Yazid éclata de rire. C'était le rire hystérique d'un démon ivre, qui avait perdu tout contrôle de lui-même.
L'Imam Ali Zayn Abidine répondit, d'une voix faible mais claire et ferme:
- Yazid! Les tortures que tu nous as déjà infligées ne peuvent pas être surpassées en honneur par tout ce que ton esprit malade pourrait imaginer. Pour moi, la pire des tortures, c'est être en ta présence, avec les femmes de la Famille du Prophète sans voile pour préserver leur visage de ton regard vicieux. Ne crois surtout pas que ni moi ni mes proches soyons effrayés ou intimidés par tes menaces. Nous, Gens de la Famille du Prophète, sommes éduqués depuis l'enfance pour être à même de supporter toutes les épreuves, toutes les souffrances. Ceux que Dieu aime, IL les soutient dans toutes les épreuves et, dans l'Au-delà, ils jouiront de Ses Faveurs!
Des murmures d'admiration s'élevèrent dans l'assistance. Tous étaient forcés de reconnaître qu'Ali Zayn Abidine était bien le digne descendant de l'Envoyé de Dieu. Yazid se rendit compte des sentiments qui animaient les gens présents. Il craignit que certains ne songent à le renverser pour installer sur le trône le fils de l'Imam Houssein. Le caractère rusé qu'il avait hérité de son père vint à son secours. Il éclata de rire.
- Ali, tu me blâmes! Mais n'est-ce pas Dieu Lui même Qui a fait mourir ton père? N'est-ce pas Dieu Qui l'a puni pour s'être rebellé contre le Commandeur des Croyants?
- Non tyran! Ne déforme pas les Versets coraniques. Ne change pas leur signification! Dans Son Infinie Sagesse, Dieu donne à chacun le temps et les occasions pour agir en bien ou en mal, avec justice ou en oppresseur. Le Châtiment Divin atteint toujours les tyrans, tôt ou tard! Le Saint Coran ne raconte-t-il pas les tribulations des Prophètes, qui ont souffert mille maux de la part des peuples auxquels ils avaient été envoyés?
Yazid ne savait que répondre. Son esprit était trop imbibé d'alcool pour trouver une réplique. Un courtisan, toujours à l'affût d'obtenir une faveur, eut une idée pour faire baisser la tension qui montait dangereusement: Il s'avança vers le trône et, se prosternant aux pieds de Yazid, demanda:
- O Commandeur des Croyants! O mon Maître! J'implore ta Majesté de m'accorder une récompense pour les services que je lui ai rendus. Offre-moi en esclave Soukeina, la fille de Houssein.
Zaynab serra Soukeina dans ses bras. Elle répliqua:
- Pour qui te prends-tu, minable larbin de Yazid? As-tu perdu tout sens de la mesure? Crois-tu être d'une si haute naissance que l'on te donne en esclave la petite-fille du Prophète?
- Tais-toi, coupa Yazid! C'est moi qui décide ici, et je fais ce que je veux!
- Non, Yazid. Ce n'est pas toi qui commandes! Ni ici, ni ailleurs! Dieu ne te laisserait commettre une telle abomination que si tu rejetais publiquement l'Islam et embrassais une autre religion.
- C'est à moi que tu parles de la sorte? A moi, le Commandeur des Croyants? C'est ton père, qui est sorti de la Religion, et aussi ton frère!
- Tu mens, ennemi de Dieu! Tu te prétends le Commandeur des Croyants alors que tu ordonnes l'injustice, que tu combats la vertu, que tu opprimes les faibles sans défense!
Le courtisan insista:
- Donne-moi cette fille...
Yazid le repoussa:
- Reste plutôt célibataire! Que Dieu te donne la mort!
Le cachot était plongé dans l'obscurité. Pourtant au dehors, brillait un soleil éblouissant. L'Imam Ali Zayn Abidine priait, le front posé sur le sol. Les autres survivants de la Famille du Prophète aussi priaient, dans les ténèbres de la prison. Zaynab priait assise, tant ses forces avaient décliné. La nourriture était si mesurée qu'elle laissait sa maigre part aux enfants, se contentant pour elle-même d'un peu d'eau. Elle était trop faible maintenant pour tenir debout.
Les heures passaient. Les prisonniers priaient toujours. Ils n'interrompaient leurs actes de dévotion que pour pleurer amèrement au souvenir des êtres chers qu'ils avaient perdus à Karbala. Dehors la nuit avait succédé au jour, mais qu'est-ce que cela changeait dans la nuit du cachot ?
Un cri et des pleurs redoublés attirèrent Zaynab près de Soukeina.
- Ma tante! Dans mon rêve j'ai vu mon père! Je ne l'avais pas vu depuis qu'il m'a quitté, ce jour horrible... Alors je lui ai tout raconté. Tout ce que nous avons enduré jusqu'à aujourd'hui. Il m'a dit : "Soukeina, tes souffrances ont assez duré! Soukeina, ma fille chérie, je suis venu te chercher!"
Soukeina éclata en sanglots. Alors toutes les femmes, et les enfants aussi se mirent à sangloter. Yazid, qui passait à ce moment-là près d'un soupirail de la prison, demanda ce qui se passait. Des gardes lui dirent que Soukeina, la fille de l'Imam Houssein voulait voir le visage de son père. Yazid donna des ordres.
Des gardes entrèrent bientôt dans le cachot. L'un d'eux portait un plateau d'argent recouvert d'une étoffe de soie. Le garde déposa le plateau devant Soukeina. Il retira l'étoffe. La torche qu'il brandissait éclaira la tête de l'Imam Houssein.
Soukeina s'empara de la tête de son père. Elle la serra contre elle, l'embrassant comme elle l'avait embrassée des milliers de fois quand il était vivant. Au bout d'un moment ses sanglots se calmèrent.
Zaynab s'approcha de Soukeina qui était immobile, recroquevillée autour de la relique de l'Imam.
- Soukeina ma fille, ne reste pas ainsi courbée sur la tête de ton père.
Soukeina ne répondait pas. Zaynab voulut secouer doucement l'épaule de l'enfant. Mais Soukeina avait cessé de vivre. Son père tant aimé avait tenu la promesse qu'il lui avait faite en rêve. Maintenant elle était avec lui, au Paradis.
Les rapports de sa police ne laissaient pas de préoccuper Yazid. Trop de gens murmuraient contre lui. Trop de rumeurs circulaient à propos du sort cruel qu'il avait infligé à la Famille du Prophète. Des femmes allaient même jusqu'à traiter de lâches leurs maris parce qu'ils ne s'opposaient pas au tyran.
Yazid avait perdu le sommeil. Il craignait maintenant sérieusement d'être renversé. Malgré presque cinquante ans de présence omayyade, malgré un quart de siècle de pouvoir absolu, aux mains de son père d'abord, ensuite entre .les siennes, malgré tous les efforts déployés pour inculquer aux masses la haine de la Famille du Prophète, d'Ali, de Hassan, de Houssein, malgré la crainte, à défaut d'amour; qu'éprouvaient les gens pour les descendants d'Abou Soufiane, malgré tout cela, dans son fief de Damas, Yazid tremblait pour son trône!
Alors il décida de faire sortir de prison les survivants du massacre. Il affirma publiquement qu'on l'avait trompé, que Houssein n'était pas aussi rebelle qu'on le lui avait dit.
Il jura que jamais il n'avait ordonné qu'on tue le petit-fils du Prophète et que si lui, Yazid, avait été présent à Karbala, il n'aurait pas permis qu'on lui fasse ce qu'on lui avait fait. Il offrit à Ali Zayn Abidine, à Zaynab, à Kolsoum, à toutes et à tous de leur donner tout ce qu'ils pourraient souhaiter. La seule chose qu'Ali Zayn Abidine et les Gens de la Maison du Prophète demandèrent fut qu'on leur restitue les pauvres biens qu'on leur avait volés.
Ils emportèrent avec eux ces reliques, et aussi les tètes des Martyrs.
Voyageant de nuit, et accompagnés d'une escorte qui éloignait d'eux tous les importuns, ils revinrent sur le lieu du Sacrifice, dans la plaine de Karbala. Ils enterrèrent les têtes auprès des corps des Martyrs. Des pasteurs nomades avaient vaguement recouvert de sable les cadavres mutilés, et un Compagnon du Saint Prophète, Jaber fils d'Abdallah Ansari, leur avait donné une véritable sépulture.
L'Imam Ali Zayn Abidine, et les femmes et les enfants de la Famille du Prophète, regagnèrent ensuite Médine. Ils y arrivèrent le 8 du mois de Rabioul-Awwal de l'an 61 de l'hégire... Médine qu'ils avaient quittée six mois et demi plus tôt, le 28 Rajab de l'an 60, derrière l'Imam Houssein.
Islam grace a Imam Hussein (AS)
I - NAISSANCE
L'Imam Houssain (A.S) est né à Médine le 3ème jour du mois lunaire de Cha'bane de l'an 4 de l'Hégire. Il est le fils de Hazrat-é-Ali ibn-é Abu Talib et de Hazrat-é-Fatéma bint-é Mohammad (S.W.A.), donc petit-fils de notre Saint Prophète Mohammad (S.A.W.).
Pour bien connaître la vraie personnalité de l'Iman Houssain (A.S) il est nécessaire de voir le milieu dans lequel ce saint enfant a vu le jour.
Le grand-père maternel de l'Imam Houssain (A.S) qui est le Saint Prophète Mohammad (S.A.W.) est bien connu de tous les musulmans. Il est envoyé de Dieu et le propagateur de l'Islam.
Il a sacrifié toute sa vie pour l'Islam dans le total dévouement à Dieu. L'illustre père de l'Imam Houssain (A.S), Hazrat-é Ali (A.S) est né à Beytullah à la Mecque. Possédant une très grande piété et un courage inégalé, Hazrat-é-Ali (A.S) donna sa vie dans le chemin d'Allah, avant d'être assassiné à la Mosquée de Koufa.
Hazrat-é-Fatéma (A.S), la mère de l'Imam Houssain (A.S) est la fille unique et bien aimée de notre Saint Prophète qui disait : "Fatéma est une partie de mon âme."
Ainsi l'Iman Houssain (A.S), qui a reçu son nom de Mohammad (S.A.W.) est issu de la Sainte Famille de notre Prophète dont le seul but sur cette terre était d'apporter le message de Dieu qui est l'Islam. Le frère aîné de l'Imam Houssain (A.S) est l'Imam Hassan (A.S) qui est le premier fils de Hazrat-é Ali (A.S).
Par sa lignée, nul ne peut se comparer à la place de l'Imam Houssain (A.S) dans l'Islam. En effet, son grand-père paternel fut Abou Talib, le tuteur et le protecteur du Saint Prophète (S.A.W.), son grand-père maternel fut le Saint Prophète lui-même, son père fut le lion d'Allah, le héros incomparable de l'Islam, Ali (A.S), sa mère fut la Dame du Paradis Fatema Zahra (A.S)
II - ENFANCE
L'amour et l'affection interne que le Saint Prophète (S.A.W.) avait pour l'Imam Houssain sont indescriptibles.
Les historiens rapportent que quand l'Imam Houssain était petit et qu'en jouant, s'il montait sur le dos du Saint Prophète en pleine prière (Salât), Mohammad (S.A.W.) prolongeait ses prosternations pour laisser l'Imam Houssain comme il l'entendait
Abou Huraira rapporte qu'un jour, il vit le Saint Prophète (S.A.W.) prendre les deux mains de l'Imam Houssain (A.S) tandis que ses pieds étaient sur ceux du Saint Prophète.
Ensuite l'Imam Houssain (A.S) monta sur lui de sorte que ses pieds étaient sur la poitrine de Hazrat-é Mohammad (S.A.W.). Il demanda ensuite à son petit-fils d'ouvrir la bouche et l'embrassa.
Par ailleurs, on peut voir dans le Mishkat que l'Envoyé de Dieu disait souvent : "Houssain est de moi et je suis de Houssain. Celui qui aime Houssain est à son tour aimé par Allah et celui qui hait Houssain est à son tour haï par Allah."
III - ADOLESCENCE
Le Saint Prophète (S.A.W.) s'est occupé personnellement de montrer à l'Iman Houssain (A.S) à affronter tous les dangers pour la sauvegarde de l'Islam et il a donné l'exemple au moment de "Moubahela" qui fut une sorte de confrontation de l'Islam avec le Christianisme.
Moubahela fut une épreuve pour l'établissement de la vérité entre les musulmans et les chrétiens, dans la mesure où il s'agissait de venir avec les enfants, les femmes et les membres de la famille de chaque partie et d'invoquer la malédiction de Dieu sur ceux qui n'étaient plus sur le droit chemin (citation du Coran).
Le Saint Prophète y est venu avec Hazrat-é Ali, Hazrat-é Fatéma, l'Imam Hassan et l'Imam Houssain, bénis soient-ils, pour montrer au monde qu'il était prêt à risquer tout ce qui lui était cher sur la terre pour l'Islam et que ces personnalités étaient celles sur qui on pourrait compter pour sauver l'Islam contre tout danger.
L'Imam Houssain (A.S) vivait de manière simple à l'exemple de son père Hazrat-é Ali (A.S) et de son grand-père Mohammad (S.A.W.) et enseignait de manière subtile les pratiques de l'Islam aux musulmans. Ainsi un jour, alors qu'il se préparait à faire la prière (Salât), il a vu qu'un vieil homme a fait ses ablutions (vozou) d'une manière erronnée.
Pour ne pas porter atteinte à l'honneur de ce vieil homme et afin de pouvoir lui montrer que son "vozou" n'était pas correct, il s'approcha de lui et lui demanda de voir si son propre "vozou" était bon. Puis il se mit à le faire. Le vieil homme, regardant comment l'Iman Houssain (A.S) faisait le "vozou" comprit de lui- même que le "vozou" de l'Imam était correct, mais que le sien était faux.
Les exemples sont nombreux pour apprécier la philosophie profonde de l'Imam Houssain (A.S) en ce qui concerne le côté humanitaire dont il usait dans sa vie courante. le petit-fils du Saint Prophète de l'Islam était un homme très pieux, que ce soit en actions, en pensées et en paroles.
Un jour, après une des guerres saintes, Hazrat-é Ali (A.S) avait ramené les prisonniers de guerre. Parmi ces prisonniers se trouvait un homme nommé Chimre.
Cet homme appela l'Imam Houssain (A.S) et lui demanda de faire une intervention auprès de son père Hazrat-é Ali (A.S) en faveur de sa libération. Quand l'Imam Houssain (A.S) fit part de cette demande à son père, celui-ci lui demanda s'il connaissait bien cet homme.
L'Imam Houssain (A.S) savait, grâce à sa sainteté que Chimre était l'homme qui le tuera à Karbalà. Néanmoins, il insista auprès de son père pour obtenir la libération de Chimre.
IV - IMAMAT (Khalifat)
L'Imam Houssain (A.S) est le Saint qui a sauvé l'Islam de l'extermination par son sacrifice.
Au cours des siècles, la religion de Dieu a toujours rencontré des difficultés qui ont failli la faire disparaître. Pour comprendre le comment de "l'Islam grâce à l'Imam Houssain (A.S)", il faut remonter dans le temps.
Le Prophète Adam (A.S) affronta le premier ennemi de Dieu qui est Iblis (le Satan). Iblis désobéit à l'ordre de Dieu de se prosterner devant le Prophète Adam sous prétexte que lui-même a été créé du feu, et que le Prophète de la terre. Iblis, ennemi de Dieu, a depuis toujours continué sur la terre de détourner les hommes du chemin d'Allah.
Ainsi , à travers l'histoire des Prophètes de Dieu, on trouve Iblis sous d'autres formes, telles que Nemrod, contre le Prophète Ibrahim (A.S) (Abraham), Pharaon contre le Prophète Moussa (A.S) (Moïse), Judas contre le Prophète Issa (A.S) (Jésus), Abou Soufian contre le Prophète Mohommad (S.A.W.) et on a encore retrouvé le même Iblis sous le manteau de Yazid contre le Saint Imam Houssain (A.S)
Après la mort de Hazrat-é Ali (A.S), les choses changèrent complètement, Moawiya devint calife et il transféra la capitale islamique de Médine à Damas. Avant sa mort, Moawiya, qui voulait perpétuer sa dynastie, nomma son fils Yazid comme son successeur.
Cette action était le coup de grâce pour le principe islamique.
Yazid s'adonnait librement à toutes sortes de vices et ne pratiquait aucun culte religieux. Il n'était nullement apte à devenir un gouverneur ni à être le chef religieux de l'Islam.
L'Iman Houssain (A.S) qui était alors à la tête de la Sainte Famille du Prophète Mohammad (S.A.W.), remplissait toutes les conditions d'un chef temporel et spirituel à l'image même du Saint Prophète de l'Islam comme son successeur légal.
V - BEY'AT
Comme Yazid n'avait pas les qualités nécessaires pour devenir Calife, il essaya de renforcer sa position et de maintenir son autorité par la force et par la brutalité.
Yazid savait que des mécontents existaient parmi les Musulmans quant à son khalifat et que la seule façon de rétablir l'ordre était de faire l'Imam Houssain (A.S) lui jurer fidélité (bey'at).
Une fois l'Imam Houssain (A.S) aurait offert le "bey'at" à sa personne, la position de Yazid deviendrait sûre et légale.
Alors, il envoya une lettre à Walid qui était son gouverneur à Médine, lui ordonnant de demnder la fidélité (bey'at) de l'Imam Houssain (A.S), et en cas de refus de sa part lui trancher la tête. Cette obsession de Yazid pour obtenir la fidélité (bey'at) de l'Imam Houssain (A.S) était due au fait que celui-ci représentait directement le Saint Prophète Mohammad (S.A.W.) à cette époque.
Il portait avec lui tout l'héritage des prophètes précédents, en particulier celui du Saint Prophète Mohammad (S.A.W.), à savoir la responsabilité pour la protection, la sauvegarde et la préservation de la justice, le bien et la vertu dans les formes islamiques. En effet, l'Imam Houssain (A.S) qui était alors l'aîné des descendants vivants du Saint Prophète à l'époque, avait l'obligation de prendre en charge ces responsabilités et il le fit comme l'aurait voulu le Saint Prophète.
L'Imam Houssain (A.S) savait que jurer fidélité (bey'at) à Yazid signifiait la signature de la mort de l'Islam. En voulant cette fidélité, Yazid cherchait la carte blanche de la part de l'Imam Houssain (A.S) comme chef suprême des affaires religieuses.
Une fois cette carte obtenue, Yazid aurait pu effectuer tout changement ou transformation relatifs aux commandements, lois, principes et aux pratiques de l'Islam et de sa Shari'a.
L'Imam Houssain (A.S), qui était venu au monde par l'Islam, comment pourrait-il signer la mort de cet Islam si cher à son grand-père le Saint Prophète Mohammad (S.A.W.) et à lui- même, en accordant le "bey'at" à Yazid.
L'Imam Houssain (A.S) refusa donc de jurer fidélité à Yazid tout en sachant que celui-ci aura recours à la plus grande violence pour accomplir sa décision.
VI - VOYAGE INFINI
D'une part, l'Imam Houssain (A.S) n'ignorait pas que le refus de "bey'at" à Yazid risquait de dégénérer en lutte armée à Médine, ville sainte de l'Islam. Il se décida donc à quitter Médine pour éviter une guerre fratricide entre les Musulmans là où le Saint Prophète reposait.
L'objectif de l'Imam Houssain (A.S) n'était pas de faire la guerre, car si telle était son intention, il aurait levé une armée pour partir en expédition. Il prit la direction de La Mecque avec 72 personnes composées de ses proches parents, femmes et enfants, pour accomplir le pèlerinage et clarifier les raisons de ses différents avec Yazid pour les habitants de la Mecque.
D'autre part, les habitants de Koufà savaient très bien que Yazid était indigne de devenir le dirigeant des Musulmans. Ils demandèrent à l'Imam Houssain (A.S) d'accepter d'être leur chef suprême en lui envoyant des émissaires, des représentants, des délégations et des centaines de lettres. L'Imam Houssain (A.S) consentit à leur demande, mais ne voulait nullement devenir un homme de pouvoir politique. Son seul vœu était de vivre selon les principes islamiques.
Avant de partir pour Koufà (Iraq) l'Imam Houssain (A.S) envoya son cousin Hazrat-é Mouslim (A.S) en émissaire pour étudier la situation sur place. Peu de temps après son départ, ce dernier lui envoya un rapport très favorable.
Pour que l'Imam Houssain (A.S) ne puisse parvenir à Koufà, Yazid envoya ses agents pour le tuer secrètement à la Mecque même. Celui-ci apprenant cette intention de Yazid, et pour ne pas souiller de sang l'enceinte sacrée de la Mecque, précipita son départ vers Koufà.
Entre temps, Yazid envoya un gouverneur nommé Obeidollah Ben Ziad à Koufà, y vit renverser la situation contre l'Imam Houssain (A.S) et fit assassiner son cousin Hazrat-é Mouslim (A.S). Cette dernière situation était encore méconnue par l'Imam Houssain (A.S) qui était en route pour Koufà suite au rapport favorable de Hazrat-é Mouslim (A.S)
VII - DESERT DE KARBALA
La petite expédition familiale de l'Imam Houssain (A.S) composée de 72 personnes était encore en route vers Koufa lorsque toute une armée comprenant 30.000 hommes envoyée par Obeidollah sur l'ordre de Yazid et sous le commandement d'un certain officier Hour força l'Imam Houssain (A.S) et ses compagnons à camper dans le désert brûlant de Karbalà.
L'armée ennemie campa près du fleuve Euphrate (Fourate). Obeidollah Ben Ziad envoya un autre contingent, recueilli de Koufà, à Karbalà sous le commandement d'Omar Saad qui augmenta le nombre de l'armée ennemie à environ 100.000 hommes.
Pour éviter l'effusion de sang, l'Imam Houssain (A.S) négocia avec le chef de l'armée de Yazid pour lui permettre de quitter la Mésopotamie et même l'Arabie pour pouvoir vivre suivant les principes islamiques soit aux Indes, soit ailleurs.
Cela montrait qu'il désaprouvait le gouvernement de Yazid, mais Obeidollah Ben Ziad refusa en disant que l'Imam Houssain (A.S) devait reconnaître Yazid comme Khalife de l'Islam à titre temporel ou bien il devait être mis à mort.
Comme l'Imam Houssain (A.S) refusait à tout prix d'accepter Yazid comme Khalife de l'Islam, Omar Saad commença à appliquer la violence qui débuta avec le blocage du fleuve Euphrate. A partir du 7ème jour du mois de Moharram, l'Imam Houssain (A.S) et ses compagnons n'avaient plus aucune goutte d'eau, et Omar Saad espérait que sous l'atroce effet de la soif l'Imam Houssain (A.S) changerait d'avis.
L'Imam Houssain (A.S) ne craignait point le sort de sa propre personne, mais il se souciait du massacre des femmes et des enfants qui l'accompagnaient. Devait-il se soumettre aux exigences de l'ennemi? Mais alors, ce serait accepter Yazid comme guide de l'Islam face au Saint Prophète.
Un Saint homme comme l'Imam Houssain (A.S) pourrait-il vendre l'Islam, religion d'Allah contre sa vie et celle de ses compagnons? Penser que l'Imam Houssain (A.S) abdiquera en faveur de Yazid, ce serait mal le connaître.
Par ailleurs, il faut comprendre que l'Imam Houssain (A.S) a voulu négocier avec Yazid, non pas parce qu'il cherchait un moyen quelconque pour sauver sa vie, mais qu'il a voulu laisser le temps de réfléchir à ses ennemis qui prétendaient être Musulmans et admettaient que le Saint Prophète Mohammad était l'envoyé de Dieu, mais qui feignaient d'ignorer que l'Imam Houssain (A.S) était le vrai successeur du Saint Prophète.
Celui qui penserait que l'Imam Houssain (A.S) était allé vers le suicide collectif à Karbalà, se trompe lourdement dans la mesure où l'Imam avait usé de tous les moyens pour éviter cet affrontement que désormais Yazid lui imposait pour pouvoir maintenir son pouvoir politique dont il n'avait pas les capacités intellectuelles et religieuses.
Le 9ème jour de Moharram, Obeidollah Ben Ziad envoya un ultimatum à l'Imam Houssain (A.S) pour réclamer le bey'at avec Yazid et mettre un terme aux négociations.
Voyant le refus inconditionnel de l'Imam Houssain (A.S), Omar Saad ordonna une attaque immédiate, en réponse à laquelle l'Imam Houssain (A.S) envoya son frère Hazrat-é Abbas pour demander une nuit de repos, l'Imam voulait ainsi procurer une occasion à ses compagnons qui voudraient éventuellement le quitter et une chance aux hommes de l'armée ennemie de réfléchir une dernière fois et peut-être de vouloir venir de son côté.
Il voulait aussi passer cette nuit en offrant des prières et invocations à son Créateur pour la gloire duquel il se trouvait dans cette situation. Il faut remarquer que l'Imam Houssain (A.S) n'a oublié aucun détail pour qu'après cette historique journée d'Achourà, le 10ème jour de Moharram de l'an 61 de l'Hégire, on ne puisse l'accuser de n'avoir pas essayé telle ou telle situation pour sortir de la crise, sauf bien entendu celle de vendre l'Islam.
VIII - ACHOURA
Après l'aube de 10ème jour de Moharram (Achourà) pour accomplir son dernier devoir, avant l'éventuel engagement des deux armées largement disproportionnées, l'Imam Houssain (A.S) monta sur son chameau, considéré comme un animal de paix contrairement au cheval, pour venir devant les rangs ennemis et délivra un long sermon dans lequel il clarifia sa position sur sa personnalité en tant que le petit-fils du Saint Prophète (S.A.W.) qu'il représentait, le dernier membre vivant des "cinq purifiés" (Pandjatan) et les raisons pour lesquels il avait refusé le "bey'at" à Yazid.
Ainsi, aucun des hommes de l'armée ennemie ne pourrait dire qu'il ne savait pas la raison exacte de cet affrontement. L'Imam Houssain (A.S) rentra ensuite à son camp.
Hour, l'un des commandants de l'armée ennemie, qui avait intercepté l'Imam Houssain (A.S) sur sa route vers koufà, réalisa que l'Imam Houssain (A.S) était le vrai chef de l'Islam. Il quitta aussitôt l'armée de Yazid, vint demander pardon à l'Imam Houssain (A.S), se convertit à son idéal et rejoignit son camp avec son fils et son esclave.
Le soleil était déjà haut dans le ciel quand Omar Saad tira la première flèche vers le camp de l'Imam Houssain (A.S) déclarant ainsi le commencement de la bataille. Malgré la soif et la fain de trois jours, imposées par l'armée de Yazid, la petite formation de l'Imam Houssain (A.S) s'installa dans la position défensive.
Les premiers qui furent volontaires pour engager les combats, étaient les amis de l'Imam Houssain (A.S), notamment Hour qui partit le premier vers le champ de bataille et qui inscrit courageusement son nom sur la liste des Martyrs de Karbalà.
Ce fut ensuite le tour des autres amis comme Zobayr Ibn-é Quain, Mouslim Ibn-é Awsadja, Habib Ibn-é Mazahire, ainsi que les autres volontaires qui ont donné leur âme au bénéfice de l'Islam et qui ne voulaient qu'aucun membre de la Sainte Famille du Prophète aille combattre tant qu'ils seraient vivants.
Lorsque tous les amis furent tués, Onne et Mohammad, deux fils de Djanab-é Zaynab (A.S) et neveux de l'Imam Houssain (A.S) demandèrent l'autorisation d'aller combattre. L'Imam Houssain (A.S) fut obligé de leur accorder son consentement suite à l'insistance de Djanab-é Zaynab (A.S), sa sœur, qui voulait aussi prendre part à la souffrance de Karbalà.
Onne et Mohammad partirent donc au combat et furent tués héroïquement. L'Imam Hassan (A.S), frère aîné de l'Imam Houssain (A.S), marqua sa présence à Karbala par son fils Djanab-é Kassim (A.S) qui fut tué après avoir mené une lutte acharnée contre les ennemis.
Dans le camp de l'Imam Houssain (A.S), de nombreux enfants en bas âge, notamment Bibi Sakina, étaient présents pendant cet affrontement et ils ne pouvaient plus supporter l'effet de la faim et de la soif qui duraient depuis trois jours.
Hazrat-é Abbas (A.S), frère et bras droit de l'Imam Houssain (A.S) était réputé pour sa bravoure, son courage et sa résistance devant les pires situations.
Il demanda à l'Imam la permission d'aller combattre et d'anéantir l'ennemi pour pouvoir apporter de l'eau du fleuve Euphrate (Fourate) pour les enfants. le but de l'Imam Houssain (A.S) n'était pas de gagner la guerre, mais de sauver l'Islam.
Il autorisa Hazrat-é Abba (A.S) à partir, mais uniquement pour aller chercher de l'eau et prit le chemin du retour. A ce moment, l'ennemi reçut l'ordre de tuer coûte que coûte Hazrat-é Abbas (A.S) pour que l'eau ne parvienne pas jusqu'au camp de l'Imam Houssain (A.S).
Hazrat-é Abbas (A.S) a dû se défendre durement à son tour, mais les ennemis étaient trop nombreux et ils ont pu lui trancher successivement les deux bras. Hazrat-é Abbas (A.S) continuait sa route en sauvant l'outre d'eau, quand il reçut une flèche frontale qui traversa l'outre tenue par ses dents et qui le tua. La perte de Hazrat-é Abbas (A.S) fut ressentie très cruellement par l'Imam Houssain (A.S).
Ali Akbar (A.S), le premier fils de l'Imam Houssain (A.S), se prépara à partir pour le combat. Il était âgé de 18 ans seulement et ressemblait tellement au Saint Prophète Mohammad (S.A.W.) que les hommes de l'armée ont cru voir la présence du Saint Prophète au milieu de ce brûlant champ de bataille de Karbalà. Malgré cet effet visuel et psychologique, les adversaires en nombre se sont regroupés et rués sur Ali Akbar (A.S) dont le courage fut exemplaire, et l'ont tué.
Après la mort de ses compagnons, l'Imam Houssain (A.S) était maintenant le seul qui pourrait aller combattre l'ennemi.
Il refusa la permission d'aller lutter à son fils Hazrat-é Zaynal- Abédine (A.S) qui était tellement souffrant qu'il ne pouvait pas monter à cheval. D'autre part, il considérait Zaynal-Abédine (A.S) comme successeur garant de l'Islam après sa mort.
L'Imam Houssain (A.S) prit alors son fils âge de 6 mois nommé Ali Asghar (A.S) et vint devant les rangs ennemis. Il leur dit que cet enfant n'avait rien fait contre eux et qu'ils pourraient au moins accorder un peu d'eau à ce bébé qui meurt de soif.
Devant cette scène, exprimant la plus grande injustice à son égard, les hommes de Yazid furent atteints d'émotion. Omar Saad, craignant un renversement de la situation en faveur de l'Imam Houssain (A.S) donna l'ordre de tuer sur le champ ce Saint enfant.
Aussitôt, une flèche tirée par Harmalla arriva en plein cou de l'enfant qui fut ainsi tué pour l'Islam. L'Imam Houssain (A.S) regagna son camp. Il était maintenant seul contre tous. Même le soleil semblait tester la force morale de l'Imam qui n'avait pas arrêté d'essuyer les coups les plus durs depuis le matin.
La cruauté des ennemis dépassait l'imagination. Le spectacle autour de lui était désolant. Sur le sable brûlant jonchaient les corps inertes des siens, dans les tentes, les femmes et les enfants pleuraient. Mais l'Imam Houssain (A.S) avait avec lui, sain et sauf, l'Islam.
Dans cette situation qui démoraliserait n'importe quel être humain, l'Imam Houssain (A.S) garda une présence d'esprit inégalée. Il se prépara pour la dernière du combat, pris congé des siens et partit vers le champ de bataille. Il a conduit un combat exemplaire et sans merci face à l'ennemi qui, malgré la supériorité numérique, ne parvenait pas à sa fin dans un combat légal.
Les ennemis décidèrent alors de s'y mettre tous, lâchement. Malgré une résistance inexprimable, l'Imam Houssain (A.S) subit un assaut désordonné et tomba de son cheval, épuisé. Chimre, celui que l'Imam Houssain (A.S) avait fait libérer de la prison, s'approcha de lui pour accomplirl'abominable acte.
L'Imam Houssain (A.S), ensanglanté, demanda à Chimre de lui donner un peu d'eau avant de le tuer, mais celui-ci refusa impitoyablement. L'Imam Houssain (A.S) demanda alors de lui permettre d'accomplir la prière (Salât) ce que le bourreau accepta. Mais Chimre n'a pas laissé à l'Imam Houssain (A.S) le temps de finir complètement sa prière et le frappa, en position de prosternation, sur la nuque avec un sabre mal aiguisé.
L'atrocité cruelle de l'ennemi ne s'arrêta pas là. Après avoir été décapité, la tête tranchée de l'Imam Houssain (A.S) fut montée sur une lance et son corps foulé aux pieds des chevaux des ennemis dans le but volontaire de le déshonorer.
Après le Martyre de l'Imam Houssain (A.S), les tentes où se trouvaient les femmes et les enfants dans le camp de l'Imam furent mises à feu par les ennemis qui ont pillé et maltraité la Sainte Famille, et enlevèrent le tchàdar des femmes, avant de les envoyer, les mains liées au cou, sur les chameaux sans palanquin, ainsi que les têtes tranchées montées sur les lances à Damas auprès de Yazid pour y subir le déshonneur le plus extrême et se faire prisonnières pendant plus de douze mois.
IX - CONCLUSION
A travers ce bref résumé biographique de l'Imam Houssain (A.S) et en particulier le sacrifice qu'il a effectué sur l'autel de l'Islam, il faut bien dire que l'Imam Houssain (A.S) a donné sa vie pour la cause de la vérité et pour les principes de l'Islam.
Si l'Imam Houssain (A.S) avait accepté le "bey'at" à Yazid, l'Islam aurait été de passage sur la terre. Grâce donc à l'Imam Houssain (A.S), l'Islam put subsister pour prendre ensuite de l'ampleur sur notre planète.
Les bases du soulèvement "Je ne me suis pas soulevé par l'orgueil, corruption et iniquité. En vérité, je me suis soulevé pour réforner l'Ummat de mon grand-père. Je veux ordonner le recommandable, interdire le blâmable et agir comme mon père et mon grand-père."
(Extrait du testament de l'Imam Houssain, béni soit-il, à Mohammad Hanifa-Moghtel Khwarazmi)
Le tracé du destin "La mort est pour le fils d'Adam, comme un collier à l'instar de la parure portée par les jeunes filles. J'aime avec ardeur mes ancêtres comme Jacob a aimé Joseph.
Ils ont choisi l'endroit où ils me tueront et je me rendrai à ce rendez-vous. Je vois mon corps déchiqueté que les loups du désert déchirent entre Karbalà et Navaviss, et dont ils rassasient leurs ventres affamés. Point de recours contre ce que la plume du destin a tracé pour cette journée.
Dieu est satisfait de notre soumission, nous, les membres de la famille du Prophète. Nous nous résignons aux maux décrétés par Lui car Il nous accordera la récompense accordée aux résignés." (Extrait dus discours prononcé par l'Imam Houssain, béni soit-il, avant de quitter la Mecque pour l'Irak, Maghtal al-Houssain).
Pourquoi Al-Hussayn s`est-il souleve ?
Dans une lettre adressée à son frère Muhammad Ibn al-Hanafiyyah ainsi que dans d'autres occasions, al-Hussayn évoque les raisons de son départ de Médine, de son refus du pouvoir de Yazid, et de sa révolution contre lui.
Il y explique le sens de son mouvement et les fondements de sa confrontation avec le nouveau régime Omayyade. Ci-après l'essentiel de cette lettre:
«Je ne me suis pas soulevé de gaieté de coeur, ni pour une quelconque insatisfaction personnelle, ni par subversion ni injustement. Je me suis soulevé pour réformer la Umma de mon grand-père, le Messager de Dieu, pour commander le bien et interdire le mal, et pour suivre les traces de mon grand-père et de mon père ... »
Préserver le Message de l'Islam et la Tradition du Prophète, tels sont les deux mots-clé de la Révolution d'al-Hussayn.
Aucun élément d'ordre personnel n'entra jamais dans ses motivations.
Quant à son refus absolu du pouvoir de Yazid, il l'a expliqué clairement à Ibn al-Wâlid, comme nous l'avons vu plus haut: «Yazid est un libertin qui ne cache pas son libertin alcoolique et un assassin de l'âme interdite... Quelqu'un comme moi ne saurait prêter serment d'allégeance à qu comme lui ... »
Le Gardien du Message ne peut aucunement confier celui-ci à son transgresseur. Rien de plus légitime.
Et c'est dans une autre lettre, adressée, celle-ci, au habitants de Kûfa qu'il souligne les conditions requises en Islam pour un prétendant à la direction politique des Musulmans, l'Imamat:
«Par ma religion, l'Imam ne peut être que celui qui gouverne selon le Livre, qui établit l'équité, qui a pour religion la Religion Vraie, qui s'en tient scrupuleusement aux Prescriptions de Dieu...»
Or Yazid était un débauché qui affichait sa débauche. L'essentiel de ses préoccupations étaient: les jeux, les divertissements, les femmes, les boissons alcoolisées, les courses de chevaux, la chasse etc... Comment dès lors, al-Hussayn, ce petit-fils du Prophète, ce gardien du Message, ce membre des Ahl-ul-Bayt dont «Dieu a effacé la souillure», pouvait-il consentir et contribuer à la désignation de quelqu'un comme Yazid pour la direction de la Umma, direction à laquelle ne doit accéder qu'un homme d'une intégrité exemplaire et possédant une connaissance profonde et parfaite des lois et des statuts de la Chari'â?
En appelant les gens à se joindre à lui dans son soulèvement il ne leur promettait qu'une chose: le retour au Message de Dieu et à la Tradition du Prophète.
«... Je vous appelle au Livre de Dieu et à la Sunna de Son Prophète... Car la Sunna est assassinée et l'hérésie, ressuscitée. Si vous écoutiez mes paroles et obéissiez à mes instructions... Je vous conduirais dans la bonne voie... Que la Paix et la Miséricorde de Dieu soient sur vous».
Une situation indigne de l'expérience islamique:
De l'étude de la situation politique, économique et sociale de l'époque qu'avait vécue al-Hussayn, ainsi que de l'examen des lettres, des messages, des correspondances et des discours qu'on connaît de cette époque, il ressort que ce qui prévalait durant cette période du règne des Ommayyades, c'était:
1- Le despotisme et le népotisme du Pouvoir. En effet, une classe politique privilégiée, un parti tribal despotique a monopolisé le pouvoir tout au long de cette période. Il s'agit du parti Omayyade qui s'est réservé le pouvoir et l'administration s'est accaparé des biens de l'Etat, en en privant de la Umma. L'Etat est devenu la chasse gardée des Omayyades, et leur propriété privée.
2- Les assassinats (d'opposants), la terreur et le sang.
3- La dilapidation des biens de la Umma et de la naissance d'une classe de riches dans une société où prévalaient la pauvreté et le besoin. En outre, beaucoup de ceux qui occupaient des postes de responsabilité et des postes-clé étaient incompétents.
4- La déviation dans la conduite: la déviation se développait dans la vie publique et les manifestations de la corruption sociale commençaient à se généraliser dans la conduite des individus et des groupes.
5- L'absence de la loi, et la primauté du tempérament et de l'intérêt personnels des gouverneurs dans la conduite des affaires de la Umma.
6- La naissance d'une classe d'inventeurs et de falsificateurs de Hadiths, et de déformateurs de la Sunna du Prophète que d'écoles théologiques, telles que "Al-Jabariyyah" et "Al-Murji'ah", dans le but de justifier et de légitimer la conduite politique déviationniste du Pouvoir.
La déviation d'un bon nombre des valeurs et des lois de l'Islam était trop évidente pour être ignorée de quiconque se penche sur l'histoire de cette période. Une lecture minutieuse de cette histoire convaincra tout observateur averti que la Révolution d'al-Hussayn était une nécessité islamique historique, et que les mobiles et les causes de cette Révolution ont été engendrés par les conditions très détériorées dans lesquelles vivaient les Musulmans et la Umma.
Prenons un exemple pour illustrer cette dégradation de la situation des Musulmans et de cette déviation de l'expérience islamique: l'Islam avait établi une situation de paix civile et de sécurité dans le territoire islamique, comme en témoigne ce verset:
«Celui qui a tué un homme qui lui-même n'a pas tué, ou qui n'a pas commis de violence sur la terre, est considéré comme s'il avait tué tous les hommes; et celui qui sauve un seul homme est considéré comme ayant sauvé tous les hommes».
(Coran, V, 32)
Or la terreur et la liquidation physique constituaient un trait saillant des Omayyades. Le parti omayyade au pouvoir a fait de l'usage du sabre, du fouet et de la prison une monnaie courante contre les Musulmans et notamment contre les adeptes d'Ahl-ul-Bayt, les dirigeants de l'opposition parmi les partisans de l'Imam 'Ali, d'al-Hassan et d'al-Hussayn.
En témoigne l'un des survivants de cette période de terreur, dans un discours qu'il tint à ses amis et dans lequel il leur rappelait le calvaire qu'ils vivaient et leur reprochait leur résignation: «On vous tuait, on coupait vos mains et vos pieds, on crevait vos yeux, et on vous suspendait au tronc des palmiers, parce que vous aimez les "Gens de la Maison" de votre Prophète (les Ahl-ul-Bayt); et vous restiez pourtant dans vos maisons et obéissiez à votre ennemi ... »
Mu'âwîyah avait entrepris l'éradication des leaders de l'opposition et des notables des partisans et des adeptes d'Ahl-ul-Bayt. Il en a tué un nombre que l'histoire n'a pu précise exactement. Nous pouvons en citer quelques-uns:
1- Hajar Ibn 'Aday, un Comagnon auguste qu'al-Hâkim a décrit, dans "Al-Mustadrak", comme un ascète parmi les Compagnons du Prophète.
«L'Imam al-Hussayn a protesté auprès de Mu'âwîyah l'assassinat de ce Compagnon et de ses amis, dans un qu'il lui adressa:
«N'est-tu pas l'assassin de Hajar, frère de Kindah, ainsi que des fidèles Priants qui refusaient l'injustice, se terrifiaient devant l'hérésie, ne craignaient pas d'être blâmés par " blâmeur" lorsqu'il s'agissait de défendre la Cause de Dieu?... Tu les as assassinés injustement après leur avoir donné toutes les assurances et juré tout de ne leur tenir rigueur ni d'un ancien différend entre toi et eux, ni de rancunes éprouvais à leur égard».
2- 'Amr Ibn al-Hanq al-Khazâ'i: c'était un Compagnon, un Emigrant qui occupait lui aussi une position auguste auprès du Prophète. Il fut décapité à Mouçol et sa tête fut transportée à Damas. C'était la première fois depuis l'avènement de l'Islam qu'on transportait, ainsi, une tête d'une ville à une autre. Par la suite, sa tête fut apportée à sa femme détenue dans la prison de Mu'âwîyah. Lorsqu'on jeta la tête de son mari dans son giron, elle la regarda et dit aux hommes de Mu'âwîyah: "Vous l'avez éloigné de moi pendant longtemps; puis vous me l'avez offert assassiné. Bienvenue donc à ce cadeau qui ne saurait être ni indésirable ni indésiré".
3- 'Abdullah Ibn Yahiyâ al-Hadrami et ses compagnons.
4- Rachid al-Hejri, qui fut démembré vivant.
Nous avons cité jusque là à titre indicatif les noms de quelques Compagnons éminents qui furent assassinés avec leurs amis par les Omayyades. La liste est loin d'être close. Il ne s'agit pas ici de dresser une liste d'assassinats, mais de montrer l'ampleur de la répression et la légèreté avec laquelle le régime omayyade liquidait des Compagnons du Prophète et des Musulmans intègres, pour leur opposition aux transgresseurs de la Sunna et leurs protestations contre les pratiques illégales.
A travers le témoignage suivant sur des événements qui se sont produits à Basrah, Ibn al-'Athir nous permet de nous faire une idée des massacres perpétrés contre les opposants et avec quelle désinvolture et insouciance les hommes de Mu'âwîyah commettaient leurs crimes:
«Lorsque Ziyâd se fit remplacer par Samra - pendant son absence - à la tête du gouvernement de Basrah, ce dernier accéléra le rythme des exécutions. Selon Ibn Sirine, il a tué huit mille personnes pendant l'absence de Ziyâd. Lorsque Ziyâd retour, lui dit: «N'as-tu pas peur d'avoir assassiné un innocent (parmi eux)?» Samra répondit: «Non, si j'en avait assassiné le double, je n'aurais pas eu une telle crainte». Abou al-Sawâri, al-'Adwi témoigne: «Samra a tué quarante sept membres de ma tribu en une seule journée. Ils étaient tous des colligeurs du Coran».
Outre les massacres et les persécutions des opposants et des adeptes d'Ahl-ul-Bayt, les autorités omyyades menaient parallèlement une campagne de désinformation, de falsification et de déformation contre l'opposition conduite par les deux petits-fils du Prophète. On entendait prononcer depuis les tribunes des Omayyades, des discours provocateurs regorgeant de mensonges, d'injures et de contre-vérités à l'encontre l'Imam 'Ali Ibn Abi Tâlib.
Ces agissements ont suscité la colère de la Umma en général, d'al-Hassan et al-Hussayn, de leur partisans, des Compagnons et des Suivants en particulier, ceux-ci ayant bien connu l'Imam 'Ali, sa position, son jihad justice, sa science et sa plume.
Al-Mas'oudi, citant al-Tabari, rapporte un incident entre Sa'ad et Mu'âwîyah, qui montre que ce dernier était l'instigateur de cette campagne de propagande et que les pieux des Compagnons et les avant-gardes de la Umma s'y étaient opposés:
«Mu'âwîyah accomplissait le pèlerinage et déambulait dans la Maison avec Sa'ad. Lorsqu'il termina, il se rendit à Dar al-Nadwa et fit s'asseoir Sa'ad près de lui sur son lit. Il se mit à injurier 'Ali. Sa'ad s'approcha et dit: «Tu m'as fait asseoir auprès de toi sur ton lit et tu t'es mis à injurier 'Ali.
Par Dieu, si j'avais seulement une seule des qualités que possédait 'Ali, je l'aurais aimée mieux que la possession de ce sur quoi le Soleil se lève; et si j'avais les enfants de 'Ali, je les aurais mieux aimés que la possession de ce sur quoi le Soleil se lève! Par Dieu si c'était à mon propos que le Prophète eût dit (ce qu'il avait dit à propos d'Ali), le jour de Khaybar: "Demain je donnerai l'étendard à un homme que Dieu et Son Prophète aiment, et qui aime Dieu et son Prophète; il n'est pas un fuyard; par lui, Dieu donnera la victoire", ce serait préférable pour moi à la possession de ce sur quoi le Soleil se lève.
Par Dieu si c'était à moi que le Prophète eût dit - ce qu'il avait dit à l'Imam 'Ali -: "N'acceptes-tu pas d'être à moi ce que Haroun était à Moïse, à cette différence près qu'il n'y aura pas de Prophète après moi?", ce serait mieux pour moi que la possession de ce sur quoi le Soleil brille. Que Dieu ne me pardonne jamais si j'entrais une seconde fois chez toi pour le restant de ma vie ». Puis il se leva et partit.
Ibn al-'Athir nous relate un autre incident du même genre: «Un jour, Yosr Ibn Arta'ah était chez Mu'âwîyah. Lorsque celui dit du mal de 'Ali, en présence d'Ibn 'Omar al-Khattab et sa mère Om Kalthoum, fille de 'Ali, Yosr leva le bâton sur lui et le blessa». Il raconte encore: «Lorsque al-Moghira fut nommé gouverneur de Kûfa, il confia la région d'al-Ray à Kathir Ibn Chehâb qui s'attachait à injurier 'Ali de la tribune. Kathir à Ray jusqu'à ce que Ibn Ziyâd fût désigné pour être à la tête du gouvernorat d'al-Kûfa». Selon al-Mas'oudi: «Ziyâd rassemblait les gens à la porte de son château et les incitait à maudire 'Ali. Celui qui refusais s'exécuter, il le soumettait, sans autre forme de procès, à l'épée».
Cette campagne de dénigrement contre l'Imam 'Ali ne prit fin qu'avec l'avènement de 'Omar Ibn 'Abdul 'Aziz, lequel en ordonna l'arrêt, et entreprit l'épuration de l'appareil gouvernemental de ses prédécesseurs.
Outre ces facteurs qui ont attisé les flammes de la révolution et galvanisé l'ardeur de l'opposition qui réclamait l'application des statuts de la justice et de l'égalité que l'Islam avait promulgués, ainsi que le respect de la volonté de la Umma et des valeurs et des principes relatifs au gouvernement, à la politique et à la façon de traiter la Umma, il y avait des facteurs économiques et financiers qui justifiaient le Soulèvement des défenseurs de l'Islam vrai. En effet, le régime Omayyade avait suspendu les lois de la distribution économique (promulguées par l'Islam) établissant l'égalité dans les dons distribués, l'interdiction de l'accaparement, l'obligation de la solidarité l'entraide sociales au bénéfice des classes démunies, et la lutte contre la pauvreté. En effet le Coran dit:
«Annonce un châtiment douloureux à ceux qui thésaurisent l'or et l'argent sans rien dépenser dans le chemin de Dieu». (Coran, IX, 34) et «Ce que Dieu a octroyé à Son Prophète comme butin pris sur les habitants des cités appartient à Dieu et à Son Prophète, aux pauvres, au voyageur, afin que ce ne soit pas attribué à ceux d'entre vous qui sont riches. Prenez ce que le Prophète vous donne, et abstenez-vous de ce qu'il vous interdit. Craignez Dieu! Dieu est terrible dans Son Châtiment!» (Coran, LIX, 7).
Les classes défavorisées, constatant jour après jour la détérioration de leur situation économique, ont pris conscience que ces préceptes du Coran n'avaient aucune application réelle, et que face à l'accentuation de leur privation et de leur indigence, la richesse s'accumulait entre les mains d'une catégorie particulière.
L'histoire nous montre clairement la disparité dans le niveau de vie des deux catégories qui composaient la Umma. Une majorité démunie et vivant dans la privation, et une minorité qui ne savait que faire de l'argent dont elle s'accaparait. Ainsi, les historiens ont souligné que la fortune d'Amr Ibn al-'Âç, le gouverneur de l'Egypte sous Mu'âwîyah se composait de 325 mille dinars en nature, de 100 mille dirhams en monnaie, 200 mille dinars en récolte, et d'une propriété célèbre en Egypte, dont la valeur était de 10 mille dinars; que lorsque 'Abdul Rahrnân Ibn 'Awf divisa son héritage en 16 parts, chacune de ses femmes a obtenu 80 mille dirhams».
Selon Ibn al-'Athir, Marwân Ibn al-Hakam obtint 500 mille dinars des revenus africains.
On a estimé la fortune de Ya'li Ibn 'Omayya à 500 mille dinars, auxquels il faut ajouter près de 300 mille dinars composés de prêts et de biens immobiliers , et on affirme que lors de sa mort, il a laissé une fortune de 250 mille dirhams.
Selon Saïd Ibn al-Musayyab, Zayd Ibn Thâbit a légué une quantité d'or et d'argent telle, qu'on fut amené à les effriter avec des marteaux; sans parler de ses propriétés et autres biens estimés à 100 mille dinars.
Ces fortunes colossales pour l'époque ne pouvaient laisser indifférentes la majorité écrasante des masses Musulmanes qui réclamaient l'application des principes égalitaires de l'Islam. En voyant Yazid vautré dans une vie de débauche et préoccupé de ses chiens, de ses singes et de ses boissons, et en constatant que son entourage et ses gouverneurs faisaient de même (c'est l'époque de Yazid que le chant public, la consommation d'alcool et l'apparition des clubs de nuit, ont vu le jour à la Mecque et à Médine), les classes défavorisées soucieuse de voir s'appliquer l'égalité islamique, se sont tourné al-Hussayn, pour qu'il rétablisse la situation en tant que dirigeant capable d'appliquer les statuts et les lois islamiques qu'elles avaient connus à l'époque du Prophète.
Situation politique pourrie où prévalaient corruption, népotisme et déviation, doublée d'une injustice économique flagrante, toutes les conditions objectives et légales étaient pour un soulèvement général que l'Imam al-Hussayn ne pouvait pas légalement ne pas déclencher. Ce petit-fils du Prophète et fils de l'Imam 'Ali, investi qu'il était, par le Texte, de la mission de sauvegarder le Message islamique, ne pouvait pas faillir à cette mission en restant les bras croisés alors que les valeurs de l'Islam étaient bafouées publiquement et ouvertement; même s'il était sans illusion quant à l'issue immédiate de sa révolution. Il lui importait peu qu'il remporte ou non la bataille qu'il devait livrer. Pour lui, ce qui comptait c'était d'accomplir sa Mission divine, et de réaliser la victoire de sa Cause. De là sa grandeur et la noblesse de sa Révolution exemplaire.
A Médine
L'Imam al-Hussayn a mesuré la gravité de la situation et s'est rendu compte de la volonté du parti omayyade de transformer coûte que coûte le califat en un règne héréditaire. Il a constaté que le Traité signé entre Mu'âwîyah et son frère al-Hassan était resté lettre morte et que si Mu'âwîyah lui-même l'avait totalement négligé, ses successeurs ne semblaient guère vouloir être plus royalistes que le roi à cet égard. Il a compris que la Umma ne tarderait pas à connaître un désastre politique effroyable, et que son devoir légal (religieux) lui imposait de ne pas décevoir l'espoir que la Umma mettait en lui pour la sortir du calvaire.
La situation politique à Médine était incertaine et trouble. Al-Wâlid, gouverneur de Médine, et Marwân, l'un des piliers du pouvoir omayyade, que le Prophète avait expulsé de cette ville, et qui y pesait actuellement d'un poids grandissant, n'ont pas désarmé face à son refus de prêter serment d'allégeance à Yazid, et semblaient vouloir l'y contraindre à tout prix, puisqu'ils l'avaient de nouveau convoqué.
Il lui fallait prendre rapidement la décision qui s'imposait pour faire face à la nouvelle situation. Aussi dit-il aux messagers de Wâlid et de Marwân, venus lui apporter la convocation de leurs maîtres: «Attendez jusqu'à demain. Puis, vous verrez et nous verrons».
En examinant une dernière fois les données du problème auquel il était confronté, il estima qu'il ne pouvait accepter légalement le fait accompli pour les raisons suivantes:
1- Yazid s'est emparé du califat en violation des termes du Traité de Réconciliation qui stipulait qu'après la mort de Mu'âwîyah le Califat reviendrait aux ayants droit, soit à al-Hassan ou à défaut, à son frère al-Hussayn.
2- La passation du Califat à Yazid s'est déroulée de façon contraire à celle que les Musulmans avaient connue auparavant, soit le système de «choura» (la consultation).
3- L'incompétence et la disqualification de Yazid pour diriger la Umma.
4- L'emprise du parti et de la famille omayyades sur le Pouvoir.
5- La déviation des principes islamiques de justice et d'égalité, et le pouvoir personnel au lieu de celui de la loi.
Aussi décida-t-il de quitter Médine pour la Mecque, avec sa famille, son entourage et ses compagnons, la deuxième nuit après son entretien avec al-Wâlid. C'était donc le point de départ de la longue et pénible marche historique d'al-Hussayn, d'une cascade de sang qui ne cessera de couler à travers l'histoire, rappelant à tout moment, aux injustes, que l'injustice à des limites, et aux déviationnistes, que le Message a toujours des gardiens dévoués et prêts en toute conscience, à se sacrifier pour le défendre, quelque soient la puissance et la tyrannie de ceux qui veulent le faire dévier de son cours originel.
En décidant de réagir et de ne pas céder aux pressions omayyades, al-Hussayn savait pertinemment qu'il avait affaire à forte partie: Mu'âwîyah avait pu renforcer solidement le pouvoir des Omayyades; et à une partie difficile et intraitable: si lui-même n'avait pour arme que les principes, les valeurs et les idéaux dont il ne pouvait ni ne voulait n'écart, ses adversaires n'hésitaient devant rien: tous les moyens leur étaient bons: la ruse, le mensonge, l'assassinat, la déviation, l'immoralité.
A un pouvoir solidement assis, à la riche fabuleuse de la Umma islamique dont les Omayyades disposaient, et aux moyens perfides qu'ils utilisaient, l'Imam al-Hussayn ne pouvait opposer que sa foi, son intégrité, son prestige moral et ses principes. De là, la valeur de symbole son combat.
Devant la crainte de voir la déviation, déjà largement entamée, se généraliser et se banaliser, et la civilisation islamique s'engager définitivement dans une voie qui s'écartait Message, al-Hussayn estimait que seule une autorité morale, une force morale, était capable de faire mouvoir et d'émouvoir la conscience de la Umma et de rappeler à celle-ci la gravité sa situation déviationniste.
Or il n'y avait que lui-même pour incarner cette force morale, et faire face courageusement à la puissance des Omayyades, contester légalement leur idéologie déviationniste, s'opposer légitimement à leurs agissements déviés, et atteindre, quelque soit l'issue de sa bataille, les objectifs de sa Révolution: s'il l'emportait sur les ennemis, il pourrait diriger la Umma et rétablir les lois du Coran et de la Sunna du Prophète, et s'il mourait pendant sa Révolution et que celle-ci venait à avorter, son sang de martyr, celui du fils de l'Imam 'Ali et du petit-fils du Prophète, jaillirait à tout jamais et rappellerait à ses contemporains et à toutes le générations futures que la sauvegarde et l'intégralité du Message ne sauraient faire l'objet de compromis et de marchandage.
En fait, en décidant d'affronter les Omayyades, al-Hussayn espérait moins obtenir une victoire matérielle et immédiate contre eux, que les empêcher de porter injustement le titre de la légitimité et de la légalité. Mieux, tout porte à croire que lorsqu'il décida d'engager la lutte contre Yazid et son empire, il savait préalablement qu'il y perdrait sa vie.
Ainsi lorsque quelques-uns de ses proches - tels 'Omar Ibn 'Ali Ibn Abi Tâlib (son frère), Om Salama (la femme du Prophète) et Mohammad Ibn al-Hanafiyya - essayèrent de le convaincre de revenir sur sa décision d'affronter les Omayyades en arguant de l'issue désespérée de cet affrontement, il restait inébranlable, leur expliquant qu'il n'ignorait pas ce qui personnellement l'attendait. La preuve en est ce témoignage de 'Omar Ibn 'Ali Ibn Abi Tâlib: «Lorsque mon frère al-Hussayn refusa de prêter serment d'allégeance à Yazid, à Médine, j'entrai chez lui et le trouvai seul. Je lui dis: "Que Dieu me sacrifie pour toi, ô Abou 'Abdullah! Car ton frère Abou Mohammad al-Hassan m'a raconté". Mes larmes m'empêchèrent de terminer et je me mis à pleurer. Al-Hussayn m'étreignit et me dit:
- On t'a dit que je serais mort...!
- A Dieu ne plaise, ô fils du Messager de Dieu! dis-je.
- Par ton père, je t'ai demandé, s'il t'a parlé de mon assassinat? insista al-Hussayn.
- "Oui", répondis-je. "Ne veux-tu pas bien prêter serment d'allégeance?"
- "Mon père m'a dit que le Messager de Dieu prédit assassinat et le mien et prévit que mon tombeau serai du sien", dit al-Hussayn. " Crois-tu donc que tu savais ce que je ne savais pas?!" ajouta-t-il».
Lorsque Om Salma, la femme du Prophète le pria d'abandonner son projet en lui disant que son grand-père, le Prophète, avait prédit son assassinat dans le combat qui l'attendait, il ne dit pas autre chose: «Oui, mère, je sais que je tué».
Adieu, Messager de Dieu!
Al-Hussayn quitte Médine
Al-Hussayn tenait à se rendre au tombeau de son grand-père le Messager de Dieu, comme si cette visite d'adieu devait annoncer un voyage de non retour. Il pressentait sans doute qu'il n'aurait plus l'occasion de visiter de nouveau ce tombeau béni. Il accomplit alors, près du tombeau deux rak'ah de prière et se mit à adresser des supplications à Dieu:
«Ô mon Dieu! Ici se trouve le tombeau de Ton Prophète, et je suis le fils de la fille de Ton Prophète. Tu sais ce qu'il m'arrive. Ô mon Dieu! J'aime le bien et je renie le mal. Je Te demande, Ô Toi qui es plein de Majesté et de Munificence, par ce tombeau et celui qui y gît, de ne me faire faire que ce qui Te satisfait et satisfait Ton Prophète».
Al-Hussayn et ses compagnons sortirent de Médine et se dirigèrent vers la Mecque en l'an 60 hégirien. Le cortège se composait de quelques membres de sa famille, de quelques proches, de ses femmes et enfants et de sa soeur Zaynab. Ils avaient à parcourir un désert aride d'environ 450 Kms avant d'arriver à la Mecque. Al-Hussayn se mit en route en récitant ce verset coranique:
Il sortit de la ville, inquiet et regardant de tous côtés, il dit: «Mon Seigneur! Délivre-moi de ces gens injustes». (Coran, XXVIII, 21)
Sur la route, 'Abdullah Ibn Muti' vit le cortège et fut pris d'inquiétude lorsqu'il apprit qu'al-Hussayn quittait Médine, car son absence de cette ville serait durement ressentie par tous ceux qui mettaient tous leurs espoirs en lui, en tant que seul dirigeant capable de s'opposer aux autorités de Yazid. Il lui exprima son inquiétude en ces termes:
«... Si tu vas à la Mecque, prends garde de la quitter pour Kûfa, car c'est une ville funeste dans laquelle ton père a été tué, et ton frère y a reçu un coup de poignard qui a failli lui coûter la vie. Reste à la Mecque, car tu y es le maître des Arabes. Personne, parmi ses habitants ne saurait t'égaler; les gens s'appelleront les uns les autres pour venir vers toi de tous côtés. Ne quitte pas la Mecque. Que mon oncle paternel et mon oncle maternel te soient sacrifiés! Par Dieu! Si tu mourais, nous serions asservis après toi».
Mais al-Hussayn et son cortège continuèrent leur route. Le trajet était long, très long. Les sables et les cailloux du désert étaient rendus comme une fournaise par la chaleur brûlante du Soleil. Cette longue marche périlleuse vers l'inconnue (la Mecque n'était qu'une étape), qui entraînait avec elle des femmes et des enfants, se voulait être surtout la marche du défi. Elle rappelait un peu la marche de son père l'Imam 'Ali lequel (contrairement à la plupart des Muhâgirine - les Emigrants - qui empruntaient, à la faveur de l'obscurité de la nuit, des chemins déserts pleins de détours, pour éviter d'être vus par les polythéistes) étaient sorti de Médine en plein jour pour se diriger vers la Mecque, défiant ainsi l'orgueil et l'arrogance des Quraîch.
Les courage de l'Imam 'Ali habitait toujours les tréfonds de son fils l'Imam al-Hussayn qui refusait les implorations de sa famille et de ses amis le priant d'éviter la route publique et d'emprunter un trajet discret, pour échapper à la poursuite des Omayyades. Al-Hussayn insistait pour que sa marche soit une marche d'information, un mouvement d'opposition, une protestation publique. Il voulait que les Musulmans assistent eux-mêmes à son départ afin qu'ils prennent conscience de la gravité de la situation, et qu'ils se demandent pourquoi al-Hussayn quitte la ville de son grand-père, le Prophète, alors qu'il est le maître, le fils et l'enfant le plus chéri de cette ville. Il voulait que sa marche soit le sujet de conversation de tout le monde, le déclenchement d'un mouvement de protestation, la levée du rideau de la peur.
Effectivement, après son départ, les gens de Médine, y compris les fils des Muhâjirine et des Ansars, des Compagnons et des Suivants, commencèrent à se réunir, à discuter, à le plaindre: «Le fils du Messager de Dieu est parti! Il a quitté sa ville. Il entreprend à Yazid et de se soumettre à son pouvoir! Qu'attend la Umma!?»
Pendant ce temps, la nuit et le silence planait sur les maison d'al-Hussayn et de sa famille. Un climat de désolation et de tristesse doublée d'une atmosphère de peur et d'inquiétude régnait sur la ville. Les gens avaient peur pour al-Hussayn. Ils craignaient la défection de ses partisans et la trahison de ses ennemis. Al-Hussayn mourrait! Ce serait une étoile sans pareille qui disparaître du Ciel de la ville!
Dans L'Enceinte Sacrée et Sûre
(La Mecque)
Al-Hussayn arriva au "Lieu de la descente de la Révélation", la Mecque, Ville de la Paix, pendant la nuit du troisième vendredi du mois de Cha'bân. Il y entra en récitant ce verset coranique:
«Il dit, tout en se dirigeant vers Madian: "Il se peut que mon Seigneur me guide sur la Voit Droite». (Coran, XXVIII, 22)
Il descendit dans la demeure de 'Abbas Ibn 'Abdul Muttalib et s'y établit pour mener son action politique avec l'immunité légale de la Maison Sacrée de Dieu.
Sa venue à la Mecque ne manqua pas de susciter l'étonnement et la surprise. Les Mecqois et les pèlerins de cette cité l'accueillirent chaleureusement. La nouvelle de son départ de Médine pour la Mecque et son refus de prêter serment d'allégeance à Yazid se rependit rapidement. Des délégation et des lettres affluèrent vers lui de partout.
Al-Hussayn s'attacha pour sa part à envoyer partout des messagers et des messages, appelant à la révolution contre Yazid, et au retrait de sa désignation au califat, obtenue par la force, la terreur, les pots-de-vin et les mensonges, contrairement aux statuts et aux règles islamiques de la désignation du gouvernant. Des rassemblements et des réunions commencèrent à se former dans les quatre coins du monde islamique. Les masses populaires musulmanes se félicitèrent du mouvement d'al-Hussayn et organisèrent des débats politiques sur la situation.
La lecture des correspondances d'al-Hussayn nous permet de constater que la raison de son départ de Médine pour la Mecque comme première étape de son mouvement se résumait dans les points suivants:
- Attirer l'opinion publique, la sortir de sa léthargie, la mouvoir, la surveiller de plus près, et la tester.
- Commencer la mobilisation et la préparation du soulèvement général; exposer le problème politique selon les principes islamiques de gouvernement, de politique et de direction.
- Planifier en vue de diriger les masses et définir les points de départ de la confrontation, sur les plans de temps, de lieu et de conjoncture.
- Amorcer la confrontation pour déchoir le gouvernement de Yazid et instaurer un Etat bien dirigé sous la direction d'al-Hussayn, fondé sur les principes du Coran et de la Sunna du Prophète.
Ses contacts et correspondances avec les différentes communautés de la nation islamique ne tardèrent pas à porter leurs premiers fruits. En effet, l'esprit de la révolution se mit en branle en Irak, centre du mouvement politique partisan des Ahl al-Bayt à cette époque. Les chefs de l'opposition, parmi les partisans de l'Imam al-Hussayn, se réunirent à Kûfa, dans la maison de Sulayân Ibn Çard al-Khazâ'î pour examiner les situations politiques et sociales, la mort de Mu'âwîyah et la passation du pouvoir à Yazid. Ils discutèrent du projet d'al-Hussayn, de son refus du califat de Yazid et de son départ pour la Mecque.
Ils prient la décision de la soutenir, de se mettre sous sa direction et à sa disposition. A la clôture de ces débats Sulaymân Ibn Çard al-Khazâ'î se leva et fit ce discours:
«Mu'âwîyah est mort. Al-Hussayn appelle les Musulmans à lui prêter serments d'allégeance. Il est parti pour la Mecque. Vous êtes ses chiites (partisan) et les chiites de son père. Si vous êtes de sûrs de vouloir le soutenir et de combattre son ennemi, de vous sacrifier pour lui, écrivez-le-lui et faites-le-lui savoir. Mais si vous craignez l'échec et la faiblesse, ne l'appâtez pas inutilement.
- Non, Nous combattrons son ennemi et nous nous sacrifierons pour lui, répondirent les assistants.
- Ecrivez-lui donc, leur dit Sulaymân»
Les gens présents à ce rassemblement écrivirent la lettre suivante à al-Hussayn:
«Au Nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux. Que la paix soit sur toi. Nous remercions Dieu, en dehors de Qui il n'y a pas d'autre dieu.
»Louange à Dieu qui a brisé ton ennemi tyrannique et têtu qui s'empare de cette Umma, soutira son "affaire" usurpa ses butins, la gouverna sans qu'elle l'y autorise, assassina ses pieux, et conserva ses méchants. Il n'est donc pas Imam. Viens! Nous espérons que Dieu nous réunirait (avec toi) dans le bon droit. Quant à al-Nu'mân Ibn Bachir qui se trouve dans le palais d'Imarah, nous ne nous réunirons avec lui ni les vendredis, ni les jours de fête.
Et quand nous apprendrons que tu viendras auprès de nous, nous l'expulserons vers Damas, si Dieu le veut. Que la Paix, la Miséricorde et les Bénédictions de Dieu soient sur toi».
Ils expédièrent cette lettre par 'Abdullah Ibn Saba' al-Ramadân et 'Abdullah Ibn Wâl. Deux nuits plus tard, ils envoyèrent une deuxième lettre accompagnée d'environ cent cinquante pages écrites par la population, pour le prier de venir à Kûfa. Cette deuxième lettre fut suivie d'un autre messager dépêché pour presser al-Hussayn de se diriger vers l'Irak.
Puis des personnalités irakiennes, tels Chabth Ibn Rub'i, Hajjar Ibn Abjar, Yazid al-Hârith, Yazid Ibn Rouim, 'Urwah Ibn Qais, 'Omar al-Zubaidi et Muhammad Ibn 'Amir al-Temîmi lui envoyèrent des messages dans le même sens. Les lettres continuèrent à affluer vers al-Hussayn; elles lui apportaient les cris de secours des Irakiens: «Nous n'avons pas d'Imam! Viens vers nous»! ou «Les gens t'attendent. Ils n'ont que toi. Viens vite, viens vite, viens vite, viens vite».
Conscient de la gravité de sa responsabilité et de l'importance de sa mission, tenant compte de l'expérience malheureuse et douloureuse de son frère al-Hassan et de son père l'Imam 'Ali avec les Irakiens, al-Hussayn ne pouvait prendre une décision de cette importance que prudemment, et ne voulait réagir positivement aux requêtes pressantes et réitérées de ses partisans en Irak qu'après avoir obtenu des assurances suffisantes quant au sérieux de leur soutien.
Aussi leur écrivit-il une lettre dans laquelle il leur rappela le contenu de leurs missives et leur demanda d'accueillir son représentant et cousin Muslim Ibn 'Aqil afin qu'il apprécie la situation sur place et prépare sa venue:
«Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. (...) J'ai reçu vos lettres et vos messagers (...). J'ai pris note de tout ce que vous avez écrit et exprimé dans ces lettres. (...) Je vous envoie mon frère et cousin, mon homme de confiance, quelqu'un de ma famille: Muslim Ibn 'Aqil. S'il m'écrivait qu'il y avait un consensus unanime de la population sur ce que vous avez écrit dans vos lettres... je viendrais auprès de vous bientôt; si Dieu le veut...»
En même temps, al-Hussayn prit soin de préparer et de mobiliser les habitants de Basrah. Il adressa la lettre suivante aux chefs de cette ville et à ses leaders de l'opposition:
«Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux... Dieu a élu Mohammad parmi Ses créatures pour lui accorder l'honneur de la mission prophétique. Il l'a choisi pour communiquer Son message. Puis Il l'a appelé vers Lui. Le Prophète a conseillé les serviteurs de Dieu et a communiqué ce pourquoi il fut choisi comme Prophète... Nous étions sa famille, ses amis, ses héritiers présomptifs, ses légataires et les premiers ayants droit à le représenter auprès des gens. D'aucuns parmi notre peuple nous ont usurpé notre droit. Et cependant, nous n'avons rien dit, car nous détestions la division et nous avons voulu favoriser la sécurité, tout en sachant que nous avions plus de droit au califat que ceux qui l'ont confisqué.
»Je vous envoie cette lettre avec mon messager et je vous appelle au Livre de Dieu et à la Sunna de son Prophète (P), car, en effet, celle-ci a été assassinée, et l'hérésie ressuscitée. Je vous invite à écouter ma parole, obéir à mes ordres; je vous conduirais vers la bonne voie. Que la Paix, la Miséricorde et les Bénédictions de Dieu soient sur vous».
De cette façon Basrah apprit la nouvelle du mouvement d'al-Hussayn. Cette ville était l'un des fiefs de l'action politique de l'opposition, et le plus grand centre islamique après Kûfa, en Irak, à cette époque-là. Elle comptait des leaders de l'opposition et connaissait une opinion publique hostile au régime Omayyade. Elle avait beaucoup souffert des gouverneurs de Mu'âwîyah. Avec l'arrivée de cette lettre, les notables de la ville se sont réunis à la maison d'une femme de l'opposition et ont décidé de soutenir le mouvement d'al-Hassayn.
Ibn al-'Athir nous fait un compte rendu de cette réunion dans son livre: "Al-Kâmel fil Târikh" (Tom. VI, p. 21):
«Des Chiies se sont réunis dans la maison d'une femme de la famille Abdul Qaïs. Elle s'appelait Mariya Binta Sa'dah. Elle était devenue chiite, et sa maison un lieu de réunion et de débats pour les Chiites... Yazid Ibn Banit, lui aussi de la famille de 'Abdul Qaïs, décida d'aller à la rencontre d'al-Hussayn. Il avait dix fils. Il leur demanda: «Lequel de vous viens avec moi». Deux d'entre eux se sont présentés: 'Abdullah et 'Obeidullah. Ils partirent à la Mecque... et ils furent tués avec lui plus tard».
D'autres réunions et d'autres débats ont eu lieu pour donner suite à la lettre d'al-Hussayn. Ainsi, Yazid Ibn Mas'oud rassembla les Bani Temim, les Bani Handhalah et les Bani Sa'ad. Il leur tint un discours dans lequel il les incita à soutenir al-Hussayn et les mit en garde contre toute velléité de faire défection. Voici quelques extraits du discours:
«... Yazid, cet alcoolique et cette tête de la débauche prétend au califat des Musulmans et s'impose comme leur chef sans leur consentement. Pourtant il manque de clémence et de savoir, il est ignorant du bon droit. Je jure donc avec force, par Dieu, que le jihad contre lui est préférable pour la religion au jihad contre les polythéistes.
Et voici al-Hussayn fils de 'Ali et fils du Messager de Dieu; il est d'un honneur authentique, d'une opinion enracinée, d'une grâce indescriptible, et d'un savoir inépuisable. Il a la priorité pour cette affaire (le califat) en raison de ses bons antécédents, de son âge, de son ancienneté, et de sa parenté. Il est tendre avec les cadets et bienfaiteur pour les aînés.
Il est donc le meilleur pasteur pour ses ouailles et l'Imam d'un peuple. (...) Ne manquez donc pas de voir la lumière du vrai et n'errez pas dans l'abîme du faux. Çakhr Ibn Qaïs a été trahi par votre défection le Jour (de la bataille) de Jamal. Effacez donc cette faute en soutenant le fils du Messager de Dieu. Par Dieu, personne parmi vous ne pourrait manquer à le soutenir sans que Dieu n'humilie ses enfants et réduise sa tribu. (...) Me voilà en habit de guerre. Celui qui n'est pas tué dans la guerre, mourra naturellement; et celui qui fuit, n'échappera pas à son sort. Essayez donc - que Dieu vous couvre de sa miséricorde - de me donner une bonne réponse».
Les Bani Handhala ont répondu les premiers: «Ô Abou Khâled, nous sommes les flèches de ton carquois et les cavaliers de ta tribu. Si tu tirais avec nous, tu atteindrais la cible, et si tu attaquais avec nous, tu conquerrais. Par Dieu tu ne livrerais pas une bataille sans que nous ne la livrions, et tu ne rencontrerais pas une difficulté sans que nous ne la partagions. Par Dieu nous te soutiendrons avec nos sabres, et te protégerons avec nos corps. Fais et nous te suivrons».
Puis ce fut autour des Banou Sa'ad Ibn Yazid de prendre la parole: «Ô Abou Khâled, ce que nous détestons le plus, c'est de nous opposer à toi et d'avoir une opinion différente de la tienne. Si nous avions abandonné le champ de bataille (de Jamal) c'était parce que Çakhr Ibn Qaïs, nous l'avait demandé... Aussi avons-nous conservé notre force. Donne-nous donc un peu de temps pour nous concerter et t'apporter notre réponse ».
Enfin ce fut le représentant des Bani 'Âmer Ibn Temîm qui intervint: «Ô Abou Khâled! Nous somme la tribu de ton père, et tes alliés. Nous ne resterions pas indifférents si tu es en colère, ni ne demeurerions ici, si tu pars. L'affaire est entre tes mains. Appelle-nous, nous te répondrons et ordonne-nous, nous t'obéirons...»
S'étant assuré du soutien de ces tribus, Yazid Ibn Mas'oud écrivit à al-Hussayn:
«Au nom de Dieu... J'ai reçu ta lettre et compris ce que tu m'as chargé de faire et l'appel que tu m'as lancé pour obtenir mon soutien. Dieu ne laisse jamais une terre sans un facteur de bien ou un guide pour la voie du salut. Vous êtes la preuve de Dieu à Sa créature, et Son Dépôt dans Sa terre. Vous vous ramifiez d'un olivier d'Ahamd (un autre nom du Prophète Muhammad), dont celui-ci est le tronc et vous, les branchages. Viens donc, tu es le bienvenu...»
De son siège de la Mecque, al-Hussayn a donc pu faire remuer l'opinion publique, galvaniser le sentiment de révolte des Musulmans, diriger le mouvement de l'opposition. Pendant les mois de Cha'bân, Ramadân, Chawwâl, Thil-Qa'dah et une partie de Thil-Hajjat, il a pu déterminer le lieu, le temps et la conjoncture politique du déclenchement de sa bataille.
La révolution sera déclenchée en Irak.
Al-Hussayn, a travers de brefs temoignages du Prophete
Al-Hussayn, à travers de brefs témoignages du Prophète(pslf) et de quelques grandes figures du monde musulman
Al-Hussayn: un être purifié, donc infaillible
- Selon al-Samhoudi (et selon Anas cité par Ahmad ibn Hanbal):
"Le Prophète (pslf) venait chaque matin à la porte de Ali, Fatima al-Hassan et al-Hussayn, et, tenant les deux poteaux (de la porte), il s'écriait trois fois "A la prière, à la prière, à la prière", et de réciter ce verset coranique:
"Ô vous les Gens de la Maison (Ahl al-Bayt): Dieu veut éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement". (Coran, XXXIII, 33)
Cité par Abbas Mahmoud al-Aqqad (et par Ibn Kathir)
Le Prophète (pslf), al-Hussayn et le Jour de la Résurrection
L'Imam Ali, cité par Ahmad ibn Hanbal, a raconté:
"Un jour le Messager de Dieu est entré chez moi, alors que je dormais (...). Fatima, al-Hassan et al-Hussayn étaient là. I1 dit alors à Fatima: "Moi, toi, ces deux-là et ce dormeur, nous occuperons ensemble une même place le Jour de la Résurrection".
Le Maître de la Jeunesse du Paradis
Abi Sa`ïd al-Khidri, cité par Ahmad ibn Hanbal, témoigne: "Le Prophète (pslf) a dit: al-Hassan et al-Hussayn sont les deux maîtres de la jeunesse du Paradis".
cité par Ibn Kathir
Ibn Sâbit, cité par Ahmad ibn Hanbal, témoigne: "Al-Hussayn Ibn Ali entra un jour dans la mosquée. Jâbir Ibn Abdullah dit alors: "Celui qui aimerait voir le maître de la jeunesse du Paradis, qu'il regarde celui-ci (al-Hussayn). C'est ce que j'ai entendu du Prophète".
Le Prophète(pslf): le premier à pleurer du martyre d'al-Hussayn
L'Imam Ali , cité par Ahmad ibn Hanbal a raconté:
"Un jour, en entrant chez le Messager de Dieu (pslf), j'ai vu que ses yeux débordaient de larmes. Aussi lui demandai-je: - Qu'est-ce qui te fait pleurer Ô Messager de Dieu? -L An e Gabriel, dit-il, vient de me quitter. I1 m'a informé qu'al-Hussayn serait tué près de l'Euphrate. Et me demandant, "veux-tu sentir la terre où il sera tué"?, il tendit sa main, ramassa une poignée de terre et me la donna. Je n'ai pu alors empêcher mes yeux de déborder de larmes".
cité par Ibn Kathir
Les larmes d'al-Hussayn fendaient le cœur du Prophète(pslf)
Lorsque le Prophète(pslf) entendait al-Hassan ou al-Hussayn pleurer, il disait à sa fille Fatima:
- Pourquoi cet enfant pleure-t-il? Ne sais-tu pas que ses pleurs me font mal?
cité par Abbas Mahmoud al-Aqqad
Le Prophète (pslf)et al-Hussayn: Deux êtres d'une même essence
A1-Tarmadi, citant Ya`li Ibn Marrah, rapporte ce témoignage: "Le Prophète (pslf)dit: "Hussayn fait partie de moi et je fais partie de Hussyan. Dieu aime qui aime al-Hussayn. Al-Hussayn est un saint (sibt) parmi les saints".
Cité par Ibn Kathir
Soutenir al-Hussayn est un devoir
Le père de Ach`ath Ibn Samih a dit: "J'ai entendu le Messager de Dieu(pslf) dire: "Mon fils c'est-à-dire al-Hussayn - sera assassiné sur une terre dénommé Karbalâ'. Quiconque l'y verra, qu'il le soutienne".
cité par Ibn Kathir
Al-Hussayn: critère de la fidélité au Prophète(pslf)
Abou Hurayrah, cité par Ahmad ibn Hanbal témoigne: "Le Prophète, (P) regardant al-Hassan, al-Hussayn et Fatima (leur mère), dit: Je serai en guerre contre quiconque aura été en guerre contre vous et en paix avec quiconque aura été en paix avec vous".
cité par Ibn Kathir
Mon Dieu: Aime al-Hussayn
Selon Ibn Ahmad: "Le Prophète (pslf)étreignait al-Hassan et al-Hussayn en disant: Mon Dieu, je les aime. Aime-les donc"!
cité par Ibn Kathir
Aimer al-Hussayn, c'est aimer le Prophète
Ahmad ibn Hanbal rapporte le témoignage suivant d'Abi Hurayrah: "Le Prophète(pslf) a dit: "Celui qui aime al-Hassan et al-Hussayn, m'aura aimé, et celui qui les déteste m'aura détesté".
cité par Ibn Kathir
Al-Hussayn et les occupants du Ciel
Selon al-`Izâr Ibn Harith: "Un jour, alors que `Amr Ibn al-`Âç était assis à l'ombre de la Ka`ba, et qu'il vit venir al-Hussayn, il dit: - Voici parmi les habitants de la terre le plus aimé des habitants du Ciel.
cité par Ibn Kathir
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Un Symbole Universel
C'est cette tendresse dont a fait preuve le Prophète(pslf) à l'égard d'al-Hussayn, qui a élevé ce dernier au rang de ces personnages exemplaires dont les nations et les peuples font le symbole de 1'amour et de la fierté, ou celui de la douleur et du sacrifice, et qui deviennent, de ce fait, les bien-aimés de tout un chacun l'objet de sympathie et de tendresse de tout le monde comme si l'on était lié à eux par un lien d'amour et de parenté".
Abbas Mahmoud al-Aqqad
Un courage inégalable
I1 n'y a pas dans le genre humain un seul exemple de courage qui puisse équivaloir au courage de cœur dont a fait preuve l'Imam al-Hussayn à Karbalâ.
Abbas Mahmoud al-Aqqad
Un martyr sans égal
I1 n'y a dans le monde aucune famille qui ait engendré autant de martyrs, aussi puissants et réputés qu'en a engendré la famille d'al-Hussayn. Rappelons simplement qu'al-Hussayn est unique dans l'histoire de ce monde à avoir été à la fois martyr, fils de martyr, (frère de martyr) et père d'une lignée de martyrs qui se sont succédés à travers plusieurs centaines d'années.
Abbas Mahmoud al-Aqqad
Une fierté sans égale
A1-Hussayn a acquis une fierté sans égale dans l'histoire de l'humanité, ancienne et moderne, arabe et non arabe.
Abbas Mahmoud al-Aqqad
Le Bon Droit Evident
I1 est difficile de concevoir un conflit dans lequel le bon droit et la vertu de l'un des deux protagonistes puissent être aussi évidents et aussi incontestables que le furent le bon droit et la vertu d'al-Hussayn dans le conflit qui l'opposait à Yazid.
Abbas Mahmoud al-Aqqad
Personne ne peut rester indifférent à l'assassinat d'al-Hussayn
"Tout musulman devrait se sentir affligé par l'assassinat d'al-Hussayn; car il fait partie des plus nobles des Musulmans et des plus savants des Compagnons, et il est le fils de la meilleure fille du Prophète. En outre, il était un serviteur pieux, courageux et sublime".
Ibn Kathir
Un Soulèvement irréprochable
"Nous ne connaissons pas un seul Compagnon ou Suivant qui ait dit, du vivant d'al-Hussayn ou après son assassinat, que le soulèvement de ce dernier avait quelque chose d'illégal".
Al-Mawdoudi
Yazid: Commanditaire de l'assassinat d'al-Hussayn
"Lorsqu'on a dit à Ahmad ibn Hanbal qu'il y avait des gens qui disaient: "Nous aimons Yazid", il répondit: - Mais comment peut-on aimer Yazid tout en croyant en Dieu et au Jour de la Résurrection?
cité par Ibn Taymiyyeh
Mu`âwiya, père de Yazid: Tel père, tel fils
"La primauté de la politique sur la religion, et l'inobservance, pour des raisons politiques, des "peines prescrites", - ces pratiques instituées par Mu`âwiya, -ont porté leurs fruits les plus pourris à l'époque de son successeur, son fils Yazid qu'il avait lui-même choisi. En effet à cette époque trois événements sont intervenus qui ont secoué le monde islamique tout entier:
1 - L'assassinat d'al-Hussayn Ibn Ali
2 - La guerre d'al-Harra, dans laquelle l'armée de Yazid a marché à la fin de l'année 63 H. sur la cité du Prophète, Médine, où elle assassina sept mille musulmans parmi les dignitaires et dix mille parmi la population, et où elle viola les femmes. On dit que "MILLE FEMMES TOMBERENT ENCEINTES" à la suite de ces viols.
3 - L'armée de ce même Yazid, marcha, après Médine, sur la Mecque, détruisit l'un des murs de la Sainte Ka`ba et y mit le feu".
Aboul a`la al-Mawdoudi
Le Crime et le Châtiment
"Rares ont été ceux qui, parmi les assassins d'al-Hussayn, ont pu échapper à un funeste sort: Aussitôt se tiraient-ils d'un malheur ou d'une adversité dans ce bas monde qu'ils tombaient malades, et la plupart d'entre eux ont été atteints de folie".
Ibn Kathir
Du'â 'Alqamah (L`invocation après le ziyarat de Imam Hussein(p))
(on le récite après la prière de la ziyârah de ‘Âchûrâ’)
Yâ Allâhu Yâ Allâhu Yâ Allâh-u
يا اَللهُ يا اَللهُ يا اَللهُ،
O Allah ! Oh Allah : O Allah :
Yâ mujîba da‘wati-l-mudh-tarrîn-a
يا مُجيبَ دَعْوَةِ الْمُضْطَرِّينَ،
Ô Toi qui réponds aux prières des désemparés
Yâ kâchifa kurabi-l-makrûbîn-a
يا كاشِفَ كُرَبِ الْمَكْرُوبينَ،
Ô Toi qui soulages la peine des affligés
Yâ ghiyâth-al-mustaghîthîn-a
يا غِياثَ الْمُسْتَغيثينَ،
Ô Toi qui viens au secours de ceux qui appellent au secours
Yâ çarîkh-al-mustaçrikhîn-a
يا صَريخَ الْمُسْتَصْرِخينَ،
Ô Toi qui viens à l’aide de ceux qui appellent à l’aide
Wa yâ man huwa aqrabu ilayya min habli-l-warîd-i
وَيا مَنْ هُوَ اَقْرَبُ اِلَيَّ مِنْ حَبْلِ الْوَريدِ،
Ô Toi qui es plus proche de moi que ma veine jugulaire,
Wa yâ man yahûlu bayna-l-mar’i wa qalbihi
وَيا مَنْ يَحُولُ بَيْنَ الْمَرْءِ وَقَلْبِهِ،
Ô Toi qui Te places entre l’homme et son coeur
Wa yâ man huwa bi-l-mandhari-l-a‘lâ wa bi-l-ufuqi-l-mubîn-a
وَيا مَنْ هُوَ بِالْمَنْظَرِ الاَْعْلى وَ بِالاُْفـُقِ الْمُبينِ،
Ô Toi qui Te trouves au site le plus élevé et à la séparation de l’horizon
Wa yâ man huwa-r-Rahmânu-r-Rahîmu ‘ala-l-‘arch-istawâ
وَيا مَنْ هُوَ الرَّحْمنُ الرَّحيمُ عَلَى الْعَرْشِ اسْتَوى،
Ô Toi qui es le Clément, le Miséricordieux dominant le Trône.
Wa yâ man ya‘lamu khâ’inata-l-a‘yuni wa mâ tukhfi-ç-çudûr-u
وَيا مَنْ يَعْلَمُ خائِنَةَ الاَْعْيُنِ وَما تُخْفِي الصُّدُورُ،
Ô Toi qui reconnais la traîtrise dans les regards et ce qui est caché dans les poitrines
Wa yâ man lâ yakhfâ ‘alayhi khâfiya-tun
وَيا مَنْ لا تَخْفى عَلَيْهِ خافِيَهٌ،
Ô Toi à qui on ne peut rien cacher.
Yâ man lâ tachtabihu ‘alayhi-l-açwât-u
يا مَنْ لا تَشْتَبِهُ عَلَيْهِ الاَْصْواتُ،
Ô Toi pour qui aucune voix ne ressemble à une autre
Wa yâ man lâ tughallituhu-l-hâjât-u
وَيا مَنْ لا تُغَلِّطُهُ الْحاجاتُ،
Ô Toi pour qui aucun besoin ne se confond avec un autre
Wa yâ man lâ yubrimuhu ilhâh-ul-mulihhîn-a
وَيا مَنْ لا يُبْرِمُهُ اِلْحاحُ الْمُلِحّينَ،
Ô Toi qui n’es jamais importuné par l’insistance des solliciteurs.
Yâ mudrika kulli fawtin wa yâ jâmi‘a kulli chaml-in
يا مُدْرِكَ كُلِّ فَوْتٍ، وَيا جامِعَ كُلِّ شَمْلٍ،
Ô Toi à qui rien n’échappe, qui peux atteindre tout ce qui échappe et qui réunis tout ce qui est épars,
Wa yâ bâri’-an-nufûsi ba‘d-al-mawt-i
وَيا بارِئَ النُّفُوسِ بَعْدَ الْمَوْتِ،
Ô Toi qui donnes une nouvelle vie aux âmes après la mort,
Yâ man huwa kulla yawmin fî cha’n-in
يا مَنْ هُوَ كُلَّ يَوْم فِي شَأن،
Ö Toi qui es Celui qui chaque jour accomplit une œuvre nouvelle
Yâ qâdhiya-l-hâjâti ! Yâ munaffis-al-kurubâti ! Yâ mu‘tiy-as-su’ulât-i !
يا قاضِيَ الْحاجاتِ، يا مُنَفِّسَ الْكُرُباتِ، يا مُعْطِيَ السُّؤُلاتِ،
Ô pourvoyeur des besoins ! Ô Toi qui soulages les peines ! Ô Toi qui accèdes aux demandes !
Yâ waliyya-r-raghabâti ! Yâ kâfiyya-l-muhimmâti ! Yâ man yakfî min kulli chay’in wa lâ yakfî minhu chay’un fi-s-samâwâti wa-l-ardhi !
يا وَلِيَّ الرَّغَباتِ، يا كافِيَ الْمُهِمّاتِ، يا مَنْ يَكْفي مِنْ كُلِّ شَىْءٍ وَلا يَكْفي مِنْهُ شَيءٌ فِي السَّماواتِ وَالاَْرْضِ،
Ô Toi qui satisfaits les désirs ! Ô Toi qui subviens aux besoins ! Ô Toi qui se passes de toute chose alors que rien dans les cieux et sur la terre ne peut se passer de Lui.
As’aluka bi-haqqi Muhammadin Khâtim-in-nabiyyîna wa ‘Aliyyin Amîr-il-mu’minîna wa bi-haqqi Fâtimata binti Nabiyyika wa bi-haqqi-l-Hasani wa-l-Husayn-i
اَسْاَلُكَ بِحَقِّ مُحَمَّدٍ خاتَمِ النَّبِيّينَ وَعَلِيِّ اَميرِ الْمُؤْمِنينَ، وَبِحَقِّ فاطِمَةَ بِنْتِ نَبِيِّكَ، وَبِحَقِّ الْحَسَنِ وَالْحُسَيْنِ
Je Te demande par le droit de Mohammad, Sceau des prophètes, et de ‘Ali, Prince des croyants, par le droit de Fâtimah, fille de Ton Prophète, et par le droit d’al-Hasan et d’al-Husayn.
Fa-innî bihim atawajjahu ilayka fî maqâmî hâthâ wa bihim atawassalu wa bihim atachaffa‘u ilayka
فَاِنّي بِهِمْ اَتَوَجَّهُ اِلَيْكَ فِي مَقامي هذا وَبِهِمْ اَتَوَسَّلُ وَبِهِمْ اَتَشَفَّعُ اِلَيْكَ،
Par eux je me tourne vers Toi depuis cet endroit (Haram Moqaddas), par eux je Te supplie, et par eux je demande intercession auprès de Toi.
Wa bi-haqqihim as’aluka wa uqsimu wa a‘zimu ‘alayka wa bi-ch-cha’ni-l-lathî lahum ‘indaka wa bi-l-qadri-l-lathî lahum ‘indaka wa bi-l-lathî fadh-dhaltahum ‘alâ-l-‘âlamîn
وَبِحَقِّهِمْ اَسْأَلُكَ وَاُقْسِمُ وَاَعْزِمُ عَلَيْكَ، وَبِالشَّأنِ الَّذي لَهُمْ عِنْدَكَ وَبِالْقَدْرِ الَّذي لَهُمْ عِنْدَكَ، وَبِالَّذي فَضَّلْتَهُمْ عَلَى الْعالَمينَ،
Par leur droit, je Te demande et Te conjure avec force et détermination, par le haut statut dont ils jouissent auprès de Toi et par la valeur qu’ils ont auprès de toi et par laquelle Tu leur as donné la préséance sur les mondes !
Wa bi-smika-llathî ja‘altahu ‘indahum wa bihi khaçaçtahum dûn-al-‘âlamîna wa bihi abantahum wa abanta fadhlahum min fadhl-il-‘âlamîna hattâ fâqa fadhluhum fadhl-al-‘âlamîna jamî‘an.
وَبِاسْمِكَ الَّذي جَعَلْتَهُ عِنْدَهُمْ وَبِهِ خَصَصْتَهُمْ دُونَ الْعالَمينَ، وَبِهِ اَبَنْتَهُمْ وَاَبَنْتَ فَضْلَهُمْ مِنْ فَضْلِ الْعالَمينَ، حَتّى فاقَ فَضْلُهُمْ فَضْلَ الْعالَمينَ جَميعاً،
Et par Ton Nom que Tu as placé auprès d’eux et que Tu leur as particulièrement attribué à l’exclusion des mondes et par lequel Tu les as distingués et Tu as distingué nettement leur mérite de celui des mondes au point qu’il a surpassé le mérite de (tous) les mondes réunis !
As’aluka an tuçalliyya ‘alâ Muhammadin wa Âle Muhammadin wa an takchifa ‘annî ghammî wa hammî wa karbî wa takfiyanî-l-muhimma min umûrî wa taqdhiya ‘annî daynî
اَسْاَلُكَ اَنْ تُصَلِّيَ عَلى مُحَمَّد وَآلِ مُحَمَّد وَاَنْ تَكْشِفَ عَنّي غَمّي وَهَمّي وَكَرْبي، وَتَكْفِيَنِي الْمُهِمَّ مِنْ اُمُوري، وَتَقْضِيَ عَنّي دَيْني
Je Te demande de prier sur Muhammad et la famille de Muhammad et d’enlever mes soucis, mon angoisse et mon désarroi, de subvenir au plus important de mes affaires, et de régler ma dette,
Wa tujîranî min-al-faqri wa tujîranî min-al-fâqati
وَ تُجيرَني مِنَ الْفَقْرِ وَتُجيرَني مِنَ الْفاقَةِ
de me protéger de la pauvreté, de me protéger de l’indigence,
Wa tughniyanî ‘an-il-mas’alati ilâ-l-makhlûqîna
وَتُغْنِيَني عَنِ الْمَسْأَلَةِ اِلَى الَْمخْلُوقينَ،
de me dispenser d’avoir à demander aux créatures
Wa takfiyani hamma man akhâfu hammahu wa ‘usra man akhâfu ‘usrahu wa huzûnata man akhâfu huzûnatahu wa charra man akhâfu charrahu wa makra man akhâfu makrahu wa baghya man akhâfu baghyahu wa jawra man akhâfu jawrahu wa sultâna man akhâfu sultânahu wa kayda man akhâfu kaydahu wa maqdurata man akhâfu maqduratahu ‘alayya
وَتَكْفِيَني هَمَّ مَنْ اَخافُ هَمَّهُ، وَعُسْرَ مَنْ اَخافُ عُسْرَهُ، وَحُزُونَةَ مَنْ اَخافُ حُزُونَتَهُ، وَشَرَّ مَنْ اَخافُ شَرَّهُ، وَمَكْرَ مَنْ اَخافُ مَكْرَهُ، وَبَغْيَ مَنْ اَخافُ بَغْيَهُ، وَ جَوْرَ مَنْ اَخافُ جَوْرَهُ، وَسُلْطانَ مَنْ اَخافُ سُلْطانَهُ، وَكَيْدَ مَنْ اَخافُ كَيْدَهُ، وَمَقْدُرَةَ مَنْ اَخافُ مَقْدُرَتَهُ عَلَيَّ،
D’écarter de moi le souci de celui dont je crains le souci, la rigueur de celui dont je crains la rigueur, la peine de celui dont je crains la peine, le mal de celui dont je crains le mal, la ruse de celui dont je crains la ruse, l’injustice de celui dont je crains l’injustice, l’oppression de celui dont je crains l’oppression, le pouvoir de celui dont je crains le pouvoir, la fourberie de celui dont je crains la fourberie, la puissance de celui dont je crains la puissance sur moi.
Wa tarudda ‘annî kayd-al-kayadati wa makr-al-makara-ti
وَتَرُدَّ عَنّي كَيْدَ الْكَيَدَةِ وَمَكْرَ الْمَكَرَةِ،
Et de détourner de moi la ruse des rusés et la fourberie des fourbes.
Allâhumma man arâdanî fa-arid-hu wa man kâdani fa-kid-hu
اَللّـهُمَّ مَنْ اَرادَني فَاَرِدْهُ، وَمَنْ كادَني فَكِدْهُ،
Ô mon Dieu, à celui qui me veut du mal retourne-le-lui, et celui qui veut me tromper retourne-lui sa tromperie
Wa-çrif ‘annî kaydahu wa makrahu wa ba’sahu wa amâniyyahu
وَاصْرِفْ عَنّي كَيْدَهُ وَمَكْرَهُ وَبَأسَهُ وَاَمانِيَّهُ،
et détourne de moi sa ruse, sa fourberie, son adversité et ses machinations.
Wa-mna‘hu ‘annî kayfa chi’ta wa annâ chi’ta
وَامْنَعْهُ عَنّي كَيْفَ شِئْتَ وَاَنّى شِئْتَ،
Écarte-le de moi comme Tu veux et quand Tu veux.
Allâhumma-ch-ghalhu ‘annî bi-faqrin lâ tajburuhu wa bi-balâ’in lâ tasturuhu wa bi-fâqatin lâ tusudduha wa bi-suqmin lâ tu‘âfîhi wa thullin lâ tu‘izzuhu wa bi-maskanatin lâ tajburuhâ
اَللّـهُمَّ اشْغَلْهُ عَنّي بِفَقْر لا تَجْبُرُهُ، وَبِبَلاء لا تَسْتُرُهُ، وَبِفاقَة لا تَسُدّها، وَبِسُقْم لا تُعافيهِ، وَذُلٍّ لا تُعِزُّهُ، وَبِمَسْكَنَة لا تَجْبُرُها،
Ô mon Dieu! Détourne-le de moi en l’accablant d’une pauvreté que Tu ne colmateras pas, d’une tare que Tu ne pallieras pas, d’un dénuement que Tu ne combleras pas, d’une maladie dont Tu ne le guériras pas, d’une humiliation dont Tu ne le remettras pas et d’une indigence dont Tu ne le sortiras pas.
Allâhumm-adhrib bi-th-thulli naçba ‘aynayhi wa-d-khil ‘alayhi-l-faqra fî manzilihi wa-l-‘illata wa-s-suqma fî badanihi hattâ tach-ghalahu ‘annî bi- chughlin châghilin lâ farâgha lahu
اَللّـهُمَّ اضْرِبْ بِالذُّلِّ نَصْبَ عَيْنَيْهِ، وَاَدْخِلْ عَلَيْهِ الْفَقْرَ فِي مَنْزِلِهِ، وَالْعِلَّةَ وَالسُّقْمَ فِي بَدَنِهِ، حَتّى تَشْغَلَهُ عَنّي بِشُغْل شاغِل لا فَراغَ لَهُ،
Ô mon Dieu! mets-le face à l’humiliation et fais entrer la pauvreté dans sa maison, la maladie et le mal dans son corps afin que Tu le détournes de moi en l’accablant d’une préoccupation obsédante et sans répit.
Wa ansihi thikrî kamâ ansaytahu thikraka wa-khuth ‘annî bi-sam‘ihi wa baçarihi wa lisânihi wa yadihi wa rijlihi wa qalbihi wa jamî‘i jawârihihi
وَاَنْسِهِ ذِكْري كَما اَنْسَيْتَهُ ذِكْرَكَ، وَخُذْ عَنّي بِسَمْعِهِ وَبَصَرِهِ وَلِسانِهِ وَيَدِهِ وَرِجْلِهِ وَقَلْبِهِ وَجَميعِ جَوارِحِهِ،
Fais-lui oublier mon souvenir comme Tu lui as fait oublier le Tien. Éloigne de moi son ouïe, sa vue, sa langue, sa main, son pas, son coeur et tous ses membres,
Wa-d-khil ‘alayhi fî jamî‘i thâlika-s-suqma wa lâ tuchfihi hattâ taj‘ala thâlika lahu chughlan châghilan bihi ‘annî wa ‘an thikrî
وَاَدْخِلْ عَلَيْهِ فِي جَميعِ ذلِكَ الْسُّقْمَ وَلا تَشْفِهِ حَتّى تَجْعَلَ ذلِكَ لَهُ شُغْلاً شاغِلاً بِهِ عَنّي وَعَنْ ذِكْري،
fais pénétrer la maladie dans chacun d’eux, et ne le guéris pas afin que ce soit pour lui une préoccupation qui le détourne de moi et de mon souvenir.
Wa-kfinî yâ kâfiya mâ lâ yakfî siwâka fa-innaka-l-kâfî lâ kâfiya siwâka wa mufarrijun lâ mufarrija siwâka wa mughithun lâ mughitha siwâka wa jârun lâ jâra siwâka
وَاكْفِني يا كافِيَ مالا يَكْفي سِواكَ، فَاِنَّكَ الْكافِي لا كافِيَ سِواكَ، وَمُفَرِّجٌ لا مُفَرِّجَ سِواكَ، وَمُغيثٌ لا مُغيثَ سِواكَ، وَجارٌ لا جارَ سِواكَ،
Et protège-moi, Toi qui protèges de ce que nul autre que Toi ne protège, car Tu es le Protecteur et nul autre protecteur que Toi, Tu es le Libérateur et nul autre libérateur que Toi, Tu es le Secoureur et nul autre secoureur que Toi, Tu es le Défenseur et nul autre défenseur que Toi.
Khâba man kâna jâruhu siwâka wa mughîthuhu siwâka wa mafza‘uhu ilâ siwâka wa mahrabuhu ilâ siwâka wa malja’ahu ilâ ghayrika wa manjâhu min makhlûqin ghayrika
خابَ مَنْ كانَ جارُهُ سِواكَ، وَمُغيثُهُ سِواكَ، وَمَفْزَعُهُ اِلى سِواكَ، وَمَهْرَبُهُ اِلى سِواكَ، وَمَلْجَأُهُ اِلى غَيْرِكَ، وَمَنْجاهُ مِنْ مَخْلُوقٍ غَيْرِكَ،
Est perdant celui qui prend pour protecteur autre que Toi, pour secours autre que Toi, pour refuge autre que Toi, pour abri autre que Toi, pour asile autre que Toi et pour sauveur une créature au lieu de Toi.
Fa-anta thiqatî wa rajâ’î wa mafza‘î wa mahrabî wa malja’î wa manjâya
فَاَنْتَ ثِقَتي وَرَجائي وَمَفْزَعي وَمَهْرَبي وَمَلْجَئي وَمَنْجايَ
Tu es ma confiance, mon espoir, mon refuge, mon abri, mon asile et mon salut.
Fa- bika astaftihu wa bika astanjihu wa bi-Muhammadin wa âle Muhammadin atawajjahu ilayka wa atawassalu wa atachaffa‘u
فَبِكَ اَسْتَفْتِحُ وَبِكَ اَسْتَنْجِحُ، وَبِمُحَمَّدٍ وَآلِ مُحَمَّدٍ اَتَوَجَّهُ اِلَيْكَ وَاَتَوَسَّلُ وَاَتَشَفَّعُ،
C’est par Toi que je commence, c’est par Toi que je recherche le succès, et c’est par Muhammad et les Âle Muhammad que je me dirige vers Toi, c’est par eux que je Te supplie et c’est leur intercession auprès de Toi que j’invoque
Fa as’aluka Yâ Allâhu Yâ Allâhu Yâ Allâh-u! Fa-laka-l-hamdu wa laka-ch-chukru wa ilayk-al-much-takâ wa anta-l-musta‘ân
فَاَسْاَلُكَ يا اَللهُ يا اَللهُ يا اَللهُ، فَلَكَ الْحَمْدُ وَلَكَ الشُّكْرُ وَاِلَيْكَ الْمُشْتَكى وَاَنْتَ الْمُسْتَعانُ
Aussi Te demande-je, O Allah, O Allah, O Allah!à Qui reviennent la louange et le remerciement, vers Qui se dirigent les plaintes et à Qui on adresse la demande d’aide
Fa-as’aluka Yâ Allâhu Yâ Allâhu Yâ Allâh-u ! bi-haqqi Muhammadin wa âle Muhammadin an tuçalliya ‘alâ Muhammad wa âle Muhammadin
فَاَسْاَلُكَ يا اَللهُ يا اَللهُ يا اَللهُ بِحَقِّ مُحَمَّدٍ وَآلِ مُحَمَّدٍ اَنْ تُصَلِّيَ عَلى مُحَمَّدٍ وَآلِ مُحَمَّدٍ،
Je Te demande donc, O Allah, O Allah, O Allah ! par le droit de Muhammad et des Âle Muhammad, de prier sur Muhammad et les Âle Muhammad
Wa an tak-chifa ‘annî ghammî wa hammî wa karbî fî maqâmî hâthâ kamâ kachafta ‘an Nabiyyika hammahu wa ghammahu wa karbahu wa kafaytahu hawla ‘aduwwihi
وَاَنْ تَكْشِفَ عَنّي غَمّي وَهَمّي وَكَرْبي فِي مَقامي هذا كَما كَشَفْتَ عَنْ نَبِيِّكَ هَمَّهُ وَغَمَّهُ وَ كَرْبَهُ وَكَفَيْتَهُ هَوْلَ عَدُوِّهِ،
et d’effacer mon chagrin, mon souci et mon adversité dans cet endroit même comme Tu as effacé le chagrin, le souci et l’adversité de Ton Prophète et comme Tu l’as protégé de la terreur de son ennemi.
Fa-k-chif ‘annî kamâ kachafta ‘anhu wa farrij ‘annî kamâ farrajta ‘anhu wa-kfinî kamâ kafaytahu
فَاكْشِفْ عَنّي كَما كَشَفْتَ عَنْهُ وَفَرِّجْ عَنّي كَما فَرَّجْتَ عَنْهُ وَاكْفِني كَما كَفَيْتَهُ،
Soulage-moi donc comme Tu l’as soulagé, délivre-moi comme Tu l’as délivré, et protège-moi comme Tu l’as protégé,
Wa-çrif ‘annî hawla mâ akhâfu hawlahu wa ma’ûnata mâ akhâfu ma’ûnatahu wa hamma mâ akhâfu hammahu bi-lâ ma’ûnatin ‘alâ nafsî min thâlika
وَاصْرِفْ عَنّي هَوْلَ ما اَخافُ هَوْلَهُ، وَمَؤُونَةَ ما اَخافُ مَؤُونَتَهُ، وَهَمَّ ما اَخافُ هَمَّهُ بِلا مَؤونَةٍ عَلى نَفْسي مِنْ ذلِكَ،
Écarte de moi la terreur de ce dont je crains la terreur, la difficulté de ce dont je crains la difficulté et le souci de ce dont je crains le souci, sans que cela ne me cause de peine.
Wa-çrifnî bi-qadhâ’i hawâ’ijî wa kifâyati mâ ahammanî hammuhu min amri âkhiratî wa dunyâya.
وَاصْرِفْني بِقَضاءِ حَوائِجي، وَكِفايَةِ ما اَهَمَّني هَمُّهُ مِنْ اَمْرِ آخِرَتي وَدُنْيايَ،
Fais que je reparte d’ici avec mes demandes exaucées et ayant obtenu la résolution de ce qui me cause peine et souci pour ma vie dans l’au-delà et ici-bas.
Yâ amîra-l-mu’minîna wa yâ Abâ ‘Abdillâh ‘alaykumâ minnî salâmu-llâhi abadan mâ baqîtu wa baqiya-l-laylu wa-n-nahâru
يا اَميرَ الْمُؤْمِنينَ وَيا اَبا عَبْدِاللهِ، عَلَيْكُما مِنّي سَلامُ اللهِ اَبَداً ما بَقيتُ وَبَقِيَ اللَّيْلُ وَالنَّهارُ
O Commandeur des croyants, O Abâ ‘Abdillâh, sur vous le salâm d’Allah pour toujours, tant que j’existe et que durent la nuit et le jour.
Wa lâ ja‘alahu-llâhu âkhira-l-‘ahdi min ziyâratikumâ wa lâ farraq-Allâhu baynî wa baynakumâ.
وَلا جَعَلَهُ اللهُ آخِرَ الْعَهْدِ مِنْ زِيارَتِكُما، وَلا فَرَّقَ اللهُ بَيْني وَبَيْنَكُما،
Qu’Allah ne fasse pas que ce soit mon dernier engagement à venir vous rendre visite et qu’Allah ne me sépare pas de vous.
Allâhumma ahyinî hayâta Muhammadin wa thuriyyatihi wa amitnî mamâtahum wa tawaffanî ‘alâ millatihim wa-h-churnî fî zumratihim
اَللّـهُمَّ اَحْيِني حَياةَ مُحَمَّدٍ وَذُرِّيَّتِهِ وَاَمِتْني مَماتَهُمْ وَتَوَفَّني عَلى مِلَّتِهِمْ،
Ô mon Dieu! fais-moi vivre comme ont vécu Muhammad et sa descendance et fais-moi mourir comme ils sont morts. Fais que je décède en membre de leur communauté et que je sois ressuscité parmi leur groupe.
Wa lâ tufarriq baynî wa baynahum tarfata ‘aynin abadan fi-d-dunyâ wa-l-âkhira-ti.
وَاحْشُرْني فِي زُمْرَتِهِمْ وَلا تُفَرِّقْ بَيْني وَبَيْنَهُمْ طَرْفَةَ عَيْنٍ اَبَداً فِي الدُّنْيا وَالاْخِرَةِ،
Ne me sépare jamais d’eux un seul instant dans le monde d’ici-bas et dans l’autre monde.
Yâ amîra-l-mu’minîna wa yâ Abâ ‘Abdillâh! ataytukumâ zâ’iran wa mutawassilan ila-llâh rabbî wa rabbikumâ
يا اَميرَ الْمُؤْمِنينَ وَيا اَبا عَبْدِاللهِ اَتَيْتُكُما زائِراً وَمُتَوَسِّلاً اِلَى اللهِ رَبّي وَرَبِّكُما،
Ô Commandeur des croyants!, Ô Abâ ‘Abdillâh, je suis venu vous rendre visite et implorer Allah, votre Seigneur et le mien,
wa mutawajjihan ilayhi bikumâ wa mustachfi‘an bikumâ ilâ-llâhi fî hâjatî hâthihi.
وَمُتَوَجِّهاً اِلَيْهِ بِكُما وَمُسْتَشْفِعاً بِكُما اِلَى اللهِ (تَعالى) فِي حاجَتي هذِهِ
me tournant vers Lui par votre intermédiaire et requérant votre intercession auprès d’Allah pour la satisfaction de mon besoin.
Fa-chfa‘â lî fa-inna lakumâ ‘inda-llâhi-l-maqâma-l-mahmûda wa-l-jâha-l-wajîha wa-l-manzil-ar-rafî‘a wa-l-wassîla-ta
فَاشْفَعا لي فَاِنَّ لَكُما عِنْدَ اللهِ الْمَقامَ الَْمحْمُودَ، وَالْجاهَ الْوَجيهَ، وَالْمَنْزِلَ الرَّفيعَ وَالْوَسيلَةَ،
Alors intercédez pour moi car vous avez auprès d’Allah rang louable, honneur, considération, degré élevé et crédit.
Innî anqalibu ‘ankumâ muntadhiran li-tanajjuzi-l-hâjati wa qadhâ’iha wa najâhiha min-Allâhi bi-chafâ‘atikumâ ilâ-llâh fî thâlika
اِنّي اَنْقَلِبُ عَنْكُما مُنْتَظِراً لِتَنَجُّزِ الْحاجَةِ وَقَضائِها وَنَجاحِها مِنَ اللهِ بِشَفاعَتِكُما لي اِلَى اللهِ فِي ذلِكَ،
Je prends congé de vous en m’attendant que mon voeu soit exaucé, satisfait et réalisé par Allah grâce à votre intercession pour moi auprès de Lui.
Fa-lâ akhîbu wa lâ yakûnu munqalabî munqalaban khâ’iban khâsiran bal yakûnu munqalabî munqalaban râjihan muflihan munjihan mustajâban bi-qadhâ’i jamî‘i hawâ’ijî wa tachaffa‘â lî ilâ-llâh-i.
فَلا اَخيبُ وَلا يَكُونُ مُنْقَلَبي مُنْقَلَباً خائِباً خاسِراً، بَلْ يَكُونُ مُنْقَلَبي مُنْقَلَباً راجِحاً (راجِياً) مُفْلِحاً مُنْجِحاً مُسْتَجاباً بِقَضاءِ جَميعِ حَوائِجي وَتَشَفَّعا لي اِلَى اللهِ،
Que je ne sois pas déçu et que je ne reparte pas avec perte et dommage, mais que je reparte avec l’espoir du succès, de la réussite et de l’accomplissement favorable de toutes mes demandes. Intercédez donc en ma faveur auprès d’Allah.
Inqalabtu ‘alâ mâ châ’a-llâhu wa lâ hawla wa lâ quwwata illâ bi-llâhi mufawwidhan amrî ila-llâhi mulji’an dhahrî ila-llâhi mutawakkilan ‘ala-llâhi
انْقَلَبْتُ عَلى ما شاءَ اللهُ وَلا حَوْلَ وَلا قُوَّةَ اِلاّ بِاللهِ، مُفَوِّضاً اَمْري اِلَى اللهِ مُلْجِأً ظَهْري اِلَى اللهِ، مُتَوَكِّلاً عَلَى اللهِ
Je repars avec ce qu’Allah veut et décide, il n’y a de puissance et de force qu’en Allah, m’en remettant à Allah, prenant refuge en Lui, plaçant ma confiance en Allah.
Wa aqûlu hasbiya-llâhu wa kafâ sami‘a-llâhu li-man da‘â laysa lî warâ’a-llâh wa warâ’akum yâ sâdatî muntahâ mâ châ’a rabbî kâna wa mâ lam ycha’ lam yakun wa lâ hawla wa lâ quwwata illâ bi-llâhi.
وَاَقُولُ حَسْبِيَ اللهُ وَكَفى سَمِعَ اللهُ لِمَنْ دَعا لَيْسَ لي وَراءَ اللهِ وَوَراءَكُمْ يا سادَتي مُنْتَهى، ما شاءَ رَبّي كانَ وَمالَمْ يَشَأْ لَمْ يَكُنْ، وَلا حَوْلَ وَلا قُوَّةَ اِلاّ بِاللهِ،
Et je dis : “Allah me suffit, Allah entend celui qui L’invoque, je n’ai en dehors d’Allah et de vous, O mes maîtres, d’autre but final. Ce qu’Allah veut est et ce qu’Il ne veut pas n’est pas. Il n’y a de puissance et de force qu’en Allah!”
Astawadi‘ukumâ-llâha wa lâ ja‘alahu-llâhu âkhira-l-‘ahdi minnî ilaykumâ.
اَسْتَوْدِعُكُمَا اللهَ وَلا جَعَلَهُ اللهُ آخِرَ الْعَهْدِ مِنّي اِلَيْكُما،
Je vous fais mes adieux et qu’Allah n’en fasse pas mon dernier engagement envers vous.
Inçaraftu yâ sayyidî yâ Amîra-l-mu’minîna wa mawlâya wa anta yâ Abâ ‘Adbillâh yâ sayyidî wa salâmî ‘alaykumâ mutaççilun mâ-t-taçala-l-laylu wa-n-nahâru wâçilun thâlika ilaykumâ ghayru mahjûbin ‘ankumâ salâmî inchâ’-Allâh.
اِنْصَرَفْتُ يا سَيِّدي يا اَميرَ الْمُؤْمِنينَ وَمَوْلايَ وَاَنْتَ يا اَبا عَبْدِاللهِ يا سَيِّدي وَسَلامي عَلَيْكُما مُتَّصِلٌ مَا اتَّصَلَ اللَّيْلُ وَالنَّهارُ واصِلٌ ذلِكَ اِلَيْكُما غَيْرُ مَحْجُوبٍ عَنْكُما سَلامي اِنْ شاءَ اللهُ،
Je prends congé, ô mon Maître, ô Commandeur des croyants, et toi, O Abâ ‘Abdillâh, sur vous mon salâm tant que se suivent la nuit et le jour. Que mon salâm soit perpétuellement sur vous et qu’il soit, si Allah le veut, l’objet de votre agrément,
Wa as’aluhu bi-haqqikumâ an yachâ’a thâlika wa yaf‘ala fa-innahu hamîdun majîd.
وَاَسْأَلُهُ بِحَقِّكُما اَنْ يَشاءَ ذلِكَ وَيَفْعَلَ فَاِنَّهُ حَميدٌ مَجيدٌ،
et je Lui demande par votre droit de vouloir cela et de l’accomplir car Il est digne d’éloges et Glorieux.
Inqalabtu yâ sayyidayya ‘ankumâ tâ’iban hâmidan li-llâh châkiran râjiyan li-l-ijâbati ghayra âyisin wa lâ qânitin, tâ’iban ‘â’idan râji‘an ilâ ziyâratikumâ ghayra râghibin ‘ankumâ wa lâ min ziyâratikumâ bal râji‘un ‘â’idun inchâ’-Allâh wa lâ hawla wa lâ quwwata illâ bi-llâh-i.
اِنْقَلَبْتُ يا سَيِّدَيَّ عَنْكُما تائِباً حامِداً للهِ شاكِراً راجِياً لِلاِْجابَةِ غَيْرَ آيِسٍ وَلا قانِطٍ تائِباً عائِداً راجِعاً اِلى زِيارَتِكُما غَيْرَ راغِب عَنْكُما وَلا مِنْ زِيارَتِكُما بَلْ راجِعٌ عائِدٌ اِنْ شاءَ اللهُ وَلا حَوْلَ وَلا قُوَّةَ اِلاّ بِاللهِ،
Je prends congé de vous, O mes Maîtres, ayant fait acte de repentir, louant et remerciant Allah et espérant l’exaucement. Sans être désespéré ni découragé, de nouveau, je reviendrai vous rendre visite sans me lasser de vous ni de vous visiter. Si Allah veut, je reviendrais vous voir. Il n’y a de puissance et de force qu’en Allah.
Yâ sâdâtî raghibtu ilaykumâ wa ilâ ziyâratikumâ ba‘da an zahida fîkumâ wa fî zitâratikumâ ahlu-d-dunyâ.
يا سادَتي رَغِبْتُ اِلَيْكُما وَاِلى زِيارَتِكُما بَعْدَ اَنْ زَهِدَ فيكُما وَفِي زِيارَتِكُما اَهْلُ الدُّنْيا
O mes Maîtres, je suis venu pour vous et pour vous rendre visite avec désir et empressement après que les gens du monde d’ici-bas ont renoncé à votre visite
Fa-lâ khayyabaniya-llâhu mâ rajawtu wa mâ ammaltu fî ziyâratikumâ innahu qarîbun mujîb.
فَلا خَيَّبَنِيَ اللهُ ما رَجَوْتُ وَما اَمَّلْتُ فِي زِيارَتِكُما اِنَّهُ قَريبٌ مُجيبٌ.
Qu’Allah ne me prive donc pas de ce que j’espère ni de ce que je souhaite en vous rendant visite car Il est proche et Il exauce les demandes.
Lien Relatif :
l'Invocation de "Alghameh" Avec les voix des Panégyristes Arabes et Persans
La journée du 10 Moharram
C'est le jour de l'assassinat de l'Imam al-Hussain (p). C'est un jour tragique et de deuil pour les Imams d'Ahl-ul-Bayt, pour leurs adeptes, et pour tout Musulman attaché au Noble Prophète (P) et aux membres élus de sa sainte Famille et à leurs traditions.
On doit suspendre toute activité commerciale ou professionnelle pendant cette journée, et se consacrer aux cérémonies commémoratives(1), à l'évocation de la tragédie de Karbalâ' où furent assassinés abjectement et tombés en martyrs l'Imam al-Hussain et 72 de ses proches et compagnons, et à toutes sortes de manifestations de deuil et de douleur, comme si on venait de perdre un fils ou un proche parent chéri: porter des vêtements noirs ou arborer de signes de deuil, s'abstenir de rire.
Il est très recommandé d'invoquer la malédiction d'Allah sur les assassins de l'Imam al-Hussain ce jour-ci.
De même, il est très recommandé que les musulmans se présentent réciproquement des condoléances à cette occasion en se disant les uns aux autres:
"Qu'Allah augmente notre rétribution pour notre deuil de l'Imam al-Hussain (p), et qu'Il nous place, nous et vous, parmi ceux qui réclament la vengeance pour lui, sous l'égide de son descendant, l'Imam al-Mahdi (p)".
--Abstinence: il est recommandé de s'abstenir de boire et de manger jusqu'à la fin de l'après-midi, sans toutefois, former l'intention d'accomplir le jeûne. Rompre l'abstinence (vers la fin de l'après-midi) avec les aliments dont se contentent généralement les gens en deuil: lait, yaourt etc. S'abstenir de manger de repas exquis.
--Il vaut mieux s'abstenir de faire le jeûne le 9 et surtout le 10 moharram, comme nous le recommandent vivement les Imams d'Ahl-ul-Bayt (p), car les Omayyades accomplissaient le jeûne pendant ces deux jours, en bénédiction de l'assassinat de l'Imam al-Hussain, tout en attribuant faussement cette pratique, à une tradition du Noble Prophète.
Dans le même esprit d'aberration, les omayyades, faisaient les provisions de l'année et emmagasinaient la nourriture le 10 moharram, ce qui est en réalité très détestable.
En effet selon l'Imam al-Redhâ (p), "Quiconque abandonne la recherche de la satisfaction de ses besoins, le Jour de 'Achoura' (le 10 moharram), Allah, satisfera ses besoins dans la vie d'ici-bas et dans l'Au-delà, et quiconque le vit comme un jour de deuil, d'affliction et de pleurs, Allah fera pour lui le Jour de la résurrection un jour de joie et de contentement", mais "celui qui appelle ce jour, un jour de bénédiction, et y fait par conséquent des provisions pour ses besoins de l'année, Allah dépouillera ses provisions de toute bénédiction, et le placera le Jour du Jugement avec Yazîd, 'Obaidullâh Ibn Ziyâd et 'Omar Ibn Sa'd (les assassins du petit-fils du Prophète, l'Imam al-Hussain).
--Présenter de sincères condoléances, au Prophète (P), à l'Imam Ali (p), à Fâtimah al-Zahrâ' et à l'Imam al-Hassan (p), ainsi qu'à tous les Imams descendants de l'Imam al-Hussain (p), en faisant (en lisant) avec un coeur affligé la visite pieuse (ziyârah) suivante, appelée du'â' Wârith .
Notes :
1. Si on n'a pas la possibilité d'assister aux cérémonies de deuil ('azâ'), on peut se contenter de lire (ou d'écouter) le récit détaillé de la tragédie de Karbala'. Beaucoup de livres et de cassettes sont généralement disponibles chez les Musulmans adeptes d'Ahl-ul-Bayt. Voir, entre autre, "L'Imam al-Hussayn et le Jour de 'Achourâ' ", disponible sur notre page web.
La nécessité de présenter de différentes traductions du saint Coran
Nous devons faire une étude des traductions qui ont été faites ces vingt dernières années et voir si elles ont répondu aux besoins des différents groupes de lecteurs.
Mas'oud Ansari, traducteur du commentaire coranique « Keshaf » de Zomarshari, dans un entretien avec l’Agence Internationale de Presse Coranique, a déclaré que les traductions variaient en fonction de leurs utilisateurs.
« Nous devons faire une étude des traductions qui ont été faites ces vingt dernières années et voir si elles ont répondu aux besoins des différents groupes de lecteurs. Les traductions sont bien sûr différentes selon les différentes possibilités des auteurs et à cause de la grandeur de ce texte.
Une traduction idéale n’est pas possible mais il est possible de s’en rapprocher comme cela a été fait après la révolution grâce aux travaux très sérieux qui ont été faits dans ce domaine », a-t-il déclaré.