
تقي زاده
28 SAFAR: ANNIVERSAIRE DU DÉCÈS DU MESSAGER D'ALLAH, MOUHAMMAD (paix et salut sur lui et sa famille)
La Dernière Prière et le Dernier Sermon du Prophète(P) dans son Masjid
Tôt le lundi matin (le jour de Sa mort), le Prophète, toujours la tête bandée, sortit au Masjid, soutenu par deux hommes. Après les prières, il fit un court sermon, d'une voix qu'on entendait au-delà des portes extérieures du Masjid, lequel était inhabituellement rempli par les gens anxieux qui étaient venus s'enquérir de son état après la crise de la nuit précédente.
Dans son sermon, le Prophète dit que les esprits malfaisants étaient proches et que la plus noire partie d'une nuit noire et tempétueuse s'approchait. A la fin du sermon, Abû Bakr dit: «Ô Prophète! Par la Grâce de Dieu, tu es mieux aujourd'hui!».
Osâmah était lui aussi présent, pour recevoir les bénédictions du Prophète qui lui dit: «Dépêche-toi avec ton armée; que la bénédiction de Dieu soit avec toi». Osâmah retourna au camp et donna l'ordre du départ le même jour. Abû Bakr revint chez lui à al-Souh.
La Mort du Prophète(p)
Le Prophète regagna sa maison et, exténué, se jeta sur son lit. Ses forces le lâchèrent rapidement. Il appela toutes ses femmes près de lui et leur donna les instructions nécessaires en leur ordonnant de rester tranquilles dans leurs maisons et de ne pas se montrer dans un état de l'Epoque de l'Ignorance (Sourate al-Ahzâb, 33: 33).(237)
Fâtimah, sa fille bien-aimée pleurait. Il l'appela, la fit asseoir à côté de lui et chuchota quelques mots dans son oreille. Elle fondit en larmes. Le Prophète glissa encore quelques mots dans son oreille et essuya ses larmes avec ses mains. Elle parut alors réconfortée et sourit.
Puis il appela al-Hassan et al-Hussayn, ses deux fils chéris qu'il n'avait cessé de caresser dans son giron depuis des années, voulant les embrasser pour la dernière fois. Al-Hassan posa son visage sur celui du Prophète et al-Hussayn se jeta sur sa poitrine. Chacun d'eux se mit à sangloter et à crier avec une telle amertume que toute l'assistance vit leurs larmes perler dans leurs yeux. Le Prophète les étreignit et les embrassa avec beaucoup d'affection et ordonna à toutes les personnes présentes de les traiter, ainsi que leur mère avec grand amour et respect, exactement comme il les traitait lui-même (le Prophète avait l'habitude de se lever et de faire un ou deux pas en direction de Fâtimah chaque fois qu'il la voyait venir vers lui. Il l'accueillait toujours avec une joie manifeste. Puis baisant sa main, il la faisait asseoir à sa propre place).
Ensuite, il appela 'Alî qui prit place près du lit. Le Prophète lui ordonna de rendre la somme qu'il avait empruntée à un certain Juif pour couvrir les frais de l'expédition d'Osâmah, et lui enjoignit d'endurer avec patience et résignation les troubles auxquels il serait confronté après sa mort. Il lui demanda de rester patiemment sur son droit chemin menant à l'autre monde, lorsqu'il constaterait que les gens se trouveraient sur celui menant vers le monde d'ici-bas.
Le Prophète prit la tête de 'Alî sous son manteau qui les couvrit tous deux, et ce jusqu'à ce que 'Alî ait sorti sa tête pour annoncer la mort du Messager de Dieu.
Ibn Sa'd et al-Hâkim ont noté que le Prophète avait rendu le dernier soupir, sa tête dans le giron de 'Alî ("Madârij al-Nubuwwah").
Les derniers mots prononcés par le Prophète, selon 'Alî furent: «La compagnie bénie dans le Ciel. Les prières», après quoi il s'est étiré doucement, et puis tout a été fini. Que la paix éternelle soit sur lui et sur les membres de sa famille qui se sont sacrifiés pour la cause de l'Islam et qui nous ont dirigés sur le droit chemin.
Fâtimah, se frappant le visage et se lamentant d'amertume rejoignit les autres femmes qui gémissaient bruyamment.
C'était à peine midi passé, le Lundi 28 Safar que le Prophète rendit l'âme, à l'âge de soixante-trois ans.
Le jour de son décès retenu unanimement est cependant un lundi.
Selon une tradition, avant la mort du Prophète, quelqu'un avait demandé la permission de lui rendre visite, alors qu'il se trouvait dans un état d'inconscience. Fâtimah répondit au visiteur que le moment ne convenait pas à une telle intrusion. Sans prêter attention à la réponse, le visiteur avait demandé encore la permission de se rendre auprès du Prophète, et Fâtimah lui répondit de la même façon. Il réitéra sa demande une troisième fois sur un ton si horrible que Fâtimah en fut terrifiée.
Jibrîl (l'Ange Gabriel) qui était descendu en ce moment-là pour visiter le Prophète dit à ce dernier: «Ô Prophète! C'est l'ange de la Mort. Il te demande la permission d'entrer. Jamais auparavant, il n'a demandé la permission à aucun homme, et jamais par la suite il ne fera preuve d'une telle sollicitude envers aucun autre».
Le Prophète demanda alors à Fâtimah de le laisser entrer.
L'ange de la Mort entra et s'arrêtant devant le Prophète, dit: «Ô Prophète du Seigneur! Dieu m'a envoyé à toi et m'a donné l'ordre d'agir selon ton désir. Ordonne-moi d'arracher ton âme, je le ferai; ou bien ordonne-moi de la laisser, et je t'obéirai».
Alors, Jibrîl s'interposa: «Ô Ahmad! Le Seigneur te désire (auprès de Lui)». «Vas-y donc, dit le Prophète à l'ange de la Mort, et fais ton travail». Jibrîl fit ses adieux au Prophète dans ces termes: «Que la paix soit sur toi, Ô Prophète du Seigneur! Ma descente sur terre se termine avec toi». Le Prophète en décida ainsi et un gémissement de voix céleste s'éleva du convoi funèbre invisible.
Le plateau du Golan sera restitué à la Syrie
Tout en saluant les habitants du Golan occupé pour avoir boycotté l’élection des maires et des conseils municipaux, le directeur du bureau des affaires du Golan auprès du gouvernement syrien a affirmé que cette région serait rendue à la Syrie.
En protestation contre la tentative israélienne de judaïser le Golan, situé dans le sud de la Syrie, les habitants de cette région ont pris part à un sit-in.
Les USA n’envisagent pas d’envoyer du renfort dans le golfe Persique
Le département à la défense vient d'apposer une fin de recevoir catégorique à une demande bien imprudente du général Jospeh Votel, commandant en chef du CentCom US au Moyen-Orient. Fraîchement de retour de sa visite inopinée à al-Tanf en Syrie, le général a demandé au Pentagone un renforcement de la présence militaire US dans le golfe Persique. Ce qui pourrait signifier les inquiétudes au sein du CentCom quant à une possible confrontation avec l'armée syrienne et ses alliés et partant, une possible défaite. la chaîne CNN, elle, affirme que la demande renvoie au rétablissement des sanctions pétrolières contre l'Iran qui pourrait pousser l'Iran "à bloquer le détroit d'Hormuz".
"Cette demande a été formulée par crainte d’une réaction de la part de l’Iran à la nouvelle salve de sanctions rétablies par les États-Unis", a rapporté CNN citant le CentCom. Le Pentagone, lui, a répondu qu'il ne disposait d'aucune information concernant une décision iranienne de représailles militaires.
Tel-Aviv est une menace pour les militaires russe en Syrie (Sergueï Lavrov)
Les frappes de l’aviation israélienne contre la Syrie, effectuées en dépit des mises en garde de Moscou, mettent en danger les militaires russes et ont finalement conduit à la destruction de l’Il-20 le 17 septembre, a annoncé lundi le chef de la diplomatie russe.
Les frappes israéliennes en Syrie ont à plusieurs reprises mis en en danger la vie des soldats russes qui y sont déployés, a indiqué le lundi 5 novembre, Sergueï Lavrov, dans une interview accordée au journal espagnol El País.
Les Nations unies examinent la lettre de l’Iran contre les États-Unis
Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies a affirmé que l'approche de son organisation dans le dossier nucléaire reste la même et que l'ONU a bien reçu la lettre de Téhéran adressée à Antonio Guterres qui porte plainte contre Washington pour avoir rétabli, au mépris du droit international, des sanctions unilatérales contre l’Iran. Cette lettre est en cours d'étude, selon le porte-parole.
« Nous examinons la lettre de l’Iran et nous y donnerons une réponse appropriée », a affirmé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies.

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, a apporté son soutien au PGAC (Accord sur le nucléaire iranien) en appelant toutes les parties à le respecter et à y rester attachées, en vertu de la résolution 2231 du Conseil de sécurité.

Pour de nombreux experts, le retour des sanctions US contre l'Iran est d'ors et déjà un échec: à côté de l’expression « pression implacable sur le régime iranien », scandée lundi par le chef de la diplomatie américaine à propos des nouvelles sanctions contre l’Iran, il faudrait ajouter un astérisque: sauf dérogations.
En effet, huit pays bénéficient néanmoins d’exemptions pour le pétrole. La Chine, l’Inde, la Turquie, le Japon, la Corée du Sud, Taiwan, l’Italie et la Grèce continueront d’importer du brut iranien, sans subir la « pression maximale » promise par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin à toute entreprise étrangère qui « tente[raient] de les contourner ».
Ces dérogations marquent une première victoire de l'Iran dans sa grande bataille contre le régime des sanctions ainsi que le confirmait le président iranien, Hassan Rohani, le lundi 5 novembre: « Nous allons briser fièrement le carcan des sanctions... Nous sommes en situation de guerre économique et nous affrontons une tentative d’intimidation. Je ne pense pas que dans l’histoire américaine il y ait eu jusqu’à présent quelqu’un à la Maison Blanche qui contrevienne à ce point au droit et aux conventions internationales. »
Washington est beaucoup plus isolé qu’entre 2012 et 2015.. Aucun des États parties au PGAC, aucun allié traditionnel des États-Unis, aucune puissance économique majeure, ni aucun des principaux acheteurs de pétrole iranien n’a rejoint les États-Unis en 2018, relevait récemment Elizabeth Rosenberg, qui a supervisé les sanctions contre l’Iran au département du Trésor entre 2009 et 2013.
Mme Rosenberg doutait même de la capacité de Washington à faire respecter les sanctions: « Les États-Unis ont les moyens financiers de faire pression sur tous les pays et les entreprises pour qu’elles restent éloignées de l’Iran, mais beaucoup auront en même temps de nombreux avantages à s'en échapper. Les États-Unis vont devoir faire face à la tâche herculéenne de repousser tous ceux qui tenteront de frauder. »
Le représentant iranien auprès de l'ONU, Gholam Ali Khochrou, a envoyé lundi dernier une lettre à l’adresse de Antonio Guterres, l'appelant à condamner la nouvelle slave de sanctions illégales et unilatérales américaines contre l’Iran.
Le diplomate iranien s’est dit étonné de voir que l’ordre international et les intérêts des autres pays sont piétinés par un pays membre qui exhorte ouvertement les garants des résolutions et de la charte de l’ONU à agir de la même manière.
Des armes russes fournies à temps à l’armée chinoise
La Russie fournit à la Chine des armes qui pourront être utilisées sur tous les terrains (terre, air, mer).
Des contrats ont été signés par la Chine et la Russie sur des livraisons d’armes tout-terrain, a rapporté Sputnik.
Le représentant de la compagnie d’armements russe Rostec, Viktor Kladov, a annoncé la nouvelle rappelant que des systèmes de missiles antiaériens russes Triumph S-400 et des avions de chasse Su-35 seront livrés à temps.
« Nous coopérons activement avec la Chine dans tous les domaines de coopération technico-militaire », a-t-il expliqué.
CERTAIN ASPECTS DU MORALE DU MESSAGER D'ALLAH(SAWAS)(du livre d'Ayatullah Amini: La Prophétie
La générosité
Pour décrire la morale du Messager de Dieu (sawas), son
Eminence Ali (as) il dit :
Quand il était de retour de la bataille d’Hanine, les bédouins l’entouraient et lui demandaient des butins de guerre ; de sorte qu’il fut obligé de se réfugier à un arbre. Ils lui tiraient son écharpe et il dit : O les gens ! Redonnez-moi mon écharpe. Si j’avais autant de chameaux que les pierres du désert, je les vous donnerai tous en qualité d’offrande et vous ne me trouverez jamais envieux, mensonger ou peureux.
Imam Jafar as-Sadiq (as) raconte : « Un homme se rendit chez le Messager de Dieu (sawas) et lui offrit douze drachmes. Confiant ces monnaies à Ali (as), le Prophète le sollicita à lui acheter un habit neuf. Ali se rendit au bazar et acheta un habit de douze drachmes et l’amena chez lui. Le Messager de Dieu dit qu’il ne l’aimait pas. Ali revint au bazar et le retourna au vendeur et reprit sa monnaie. Puis, ils revinrent tous les deux au bazar pour acheter un habit. Chemin faisant ils rencontrèrent une esclave pleurante qui dit au Prophète : Ma famille m’avait confié quatre drachmes pour faire des achats. Mais j’ai perdu mon argent et je n’ose point retourner à la maison. Le Messager de Dieu lui donna quatre drachmes et dit : Reviens à ta maison. Ensuite, ils se rendirent au bazar. Ils achetèrent un habit de quatre drachmes pour Son Eminence. Il porta l’habit et il dit : Je Remercie Dieu. On revint à la maison et chemin faisant, on rencontra un homme qui disait : Que Dieu vêtisse des habits du paradis quiconque me vêtit. Le Messager de Dieu enleva son habit et le rendit à ce pauvre.
Puis, ils allèrent au bazar et il acheta un habit de quatre drachmes disant : Je remercie Dieu. Sur leur chemin de retour vers la maison, ils retrouvèrent la même esclave assise encore au même endroit. Le Messager de Dieu lui demanda pourquoi elle n’était pas retournée chez elle : Car je suis en retard et j’ai peur d’être battue à mon retour. Le Prophète lui dit : Viens avec moi et j’intercèderai à ton profit. A la porte de leur maison, le Prophète appela : Salut à vous O les gens de la maison ! Personne ne répondit. Il appela de nouveau sans qu’une réponse vienne et la troisième fois, le maître de la maison répondit : Salut à vous O Messager de Dieu. Le Prophète (sawas) demanda : Pourquoi n’avez-vous pas répondu à mon premier appel ? Il dit : Nous vous avons entendu dès la première fois, mais nous nous sommes tus pour que vous appeliez encore et pour que nous puissions entendre votre voix à plusieurs reprises. Le Prophète dit : Votre esclave est en retard, ne la blâmez pas. L’autre dit : Pour l’honneur que vous nous donnez avec votre venu, nous l’affranchissons. Le Prophète dit : Louange à Dieu. Je n’ai jamais trouvé une monnaie aussi bénie que ces douze drachmes qui habillèrent deux nus et qui affranchirent une esclave.
Imam Mohammad Baqir (as) raconte : « Un pauvre se rend chez le Prophète et lui demande une aide. Le Messager de Dieu (sawas) n’ayant lui-même aucun moyen de le secourir, dit à ses compagnons : Est-ce qu’il y a quelqu’un qui peut me prêter une somme ? Un compagnon lui répond qu’il le peut. Le Messager de Dieu lui dit : Donne-lui 800 kg de dattes et je te paierai plus tard. Le compagnon fit autant et après un certain temps, il se rend chez le Prophète et lui demande de payer sa dette. Le Prophète lui dit : je paierai inch’allah. L’homme revient peu après et reçoit la même réponse. La troisième fois quand le Prophète lui répète qu’il paiera inch’allah, l’homme dit : Jusqu’à quand tu veux me donner de ces inch’allah ? Riant, le Prophète tourne vers ses compagnons : Est-ce qu’il y a quelqu’un qui peut me prêter une quantité de dattes ? L’un des compagnons est d’accord. Le Messager de Dieu (SDPSL) lui demande : Donne-lui 1600 kg de dattes à cet homme. L’homme dit : O Messager de Dieu ! Tu ne me dois que 800 kg ; mais il dit que l’homme peut recevoir 800 kg de dattes de plus.
L’imam Mahdi et la mosquée de Jamkaran, vu par Henry Corbin
Extrait du quatrième volume de « En Islam Iranien » d’Henry Corbin où ce dernier aborde entre autres l’histoire de la fondation de la mosquée de Jamkaran (près de Qom) en Iran et son importance dans la spiritualité chiite.
Appartenir au monde des compagnons de l’Imâm, c’est avoir la capacité de percevoir les Formes spirituelles, la capacité de « voir les choses en Hûrqalyâ ». Avoir cette capacité et la mettre en oeuvre, cela ne dépend ni de l’effort ni de la science de l’homme. En peut être favorisé un homme très simple, aussi bien qu’un shaykh, un grand spirituel ou un grand savant. Il appartient alors à l’Imâm de prendre l’initiative.
Ainsi l’éprouve la conscience shî’ite, et c’est ce qu’illustre de façon frappante l’origine du sanctuaire de Jam-Karân. Le sanctuaire de Samarra en Iraq est le lieu où l’Imâm s’est occulté au regard des hommes, au regard de leurs yeux de chair; le sanctuaire de Jam-Karân en Iran est un des lieux de ses apparitions aux yeux de cet organe subtil sans lequel une anthropologie reste incomplète, réduite ou bien à matérialiser le spirituel concret, ou bien à le réduire à l’imaginaire, à l’hallucinatoire, sinon à une simple vue de l’esprit (…).
Jam-Karân est une oasis, située à une lieue et demie environ au sud-est de la ville de Qomm, dans le désert, à proximité de montagnes qui, dans le crépuscule du soir, prennent des formes aussi fantastiques que celles des fragiles bâtiments de pisé composant la bourgade. C’est là qu’au IVe/Xe siècle, à la suite d’une épiphanie du XIIe Imâm à un shaykh qui y résidait, fut édifié le sanctuaire devenu un lieu de pèlerinage pour tous les shî’ites duodécimains. Ce sont surtout les circonstances de cette épiphanie qui nous intéressent, et c’est sur elles que nous insisterons. Nos informations concernant la fondation de la mosquée construite à Jam-Karân sur l’ordre du XIIe Imâm, remontent à l’un des nombreux ouvrages d’Ibn Bâbûyeh; l’ouvrage est aujourd’hui perdu, mais le récit avait été heureusement recueilli dans une « Histoire de Qomm » rédigée par un de ses contemporains. Nous l’avons retrouvée dans une des savantes compilations que l’on doit à un éminent érudit shî’ite iranien du siècle dernier, Mîrzâ Hosayn Nûri.
Le récit, à la première personne, rapporte les propres paroles du shaykh à qui il fut accordé une nuit du mois de Ramazan 373/février 984, d’être l’interlocuteur du XIIe Imâm. La date (tout extérieure, bien entendu) n’est séparée que par une quarantaine d’années de celle qui est assignée au début de la Grande Occultation. Le début du récit présente certains détails d’autant plus intéressants à relever qu’ils rappellent les rites symboliques bien connus dans les rituels d’initiation. Il y a en premier lieu le rite du changement de vêtement. Le même trait se retrouve dans d’autres récits qui ont, eux aussi, l’allure de récits d’initiation. C’est ainsi que dans le « récit du Nuage blanc » (supra liv. V, chap. III, 3), nous constations qu’à un moment donné l’Imâm apparaissait revêtu de deux robes dont la couleur symbolique annonçait que l’on était passé au monde du Malakût. Là même un épisode inséré dans son herméneutique par Qâzî Sa’îd Qommî, nous montrait le Ve Imâm, Mohammad Bâqir, qui, au moment d’introduire son disciple dans le Malakût, commençait par entrer dans certain oratoire pour y changer de robe; au retour, il reprenait l’ancienne robe. Dans le rituel des mystères de Mithra, le revêtement successif de robes correspondant au degré de l’ascension mystique, est un rite bien connu en histoire des religions. C’est qu’en effet, déposer un vêtement et en revêtir un autre, est le rite qui accompagne nécessairement le passage d’un monde à un autre, rite signifiant que l’on ne pénètre pas dans un monde supérieur avec la nature et les organes dont on dispose dans le monde d’un degré inférieur.
Comme on le constate dès le début du récit qui va suivre, les gestes qu’accomplit le shaykh de Jam-Karân, dans l’affolement que lui fait éprouver l’extraordinaire invité, correspondent trait pour trait au rituel initiatique bien connu. Bien qu’ils ne soient pas accomplis avec un cérémonial liturgique, leur signification est la même. A deux reprises le shaykh veut mettre ses vêtements ordinaires, et à deux reprises une voix impérieuse l’avertit qu’il se trompe. Ces vêtements ne sont pas les siens ; ce sont les vêtements de sa vie quotidienne extérieure, ce ne sont pas les vêtements de son âme, les seuls qu’il puisse porter pour entrer momentanément dans le Malakût, parce que ceux-là seuls sont les siens; le vêtement profane n’est ni le vrai ni le sien; le vêtement sacral est le vêtement de l’âme, celui du myste au moment de son initiation. Ici aussi le shaykh, averti de son erreur, trouve le vêtement qui est le sien, avec lequel seul il peut se présenter là où il en a reçu l’invite (et parce que c’est vraiment le sien, il le trouve alors spontanément, sans plus avoir à le chercher).
Autre détail : le shaykh cherche vainement la clef de sa maison pour sortir. La même voix l’avertit : point de clef pour sortir et pénétrer dans le monde où on l’attend (pas plus que l’exilé des récits d’initiation de Sohrawardî n’a besoin de clef pour s’ouvrir la voie, hors de sa prison, à la rencontre de l’Ange; d’autres lui ont ouvert la porte). Enfin, lorsque le shaykh a été conduit par ses mystérieux interlocuteurs en présence de l’Imâm, il voit celui-ci entouré d’un groupe de graves personnages, dont l’habillement annonce qu’ils sont au nombre des compagnons de l’Imâm. Tout proche de l’Imâm, un vénérable sage fait la lecture, et le visionnaire reconnaît Khezr (Khidr), le mystérieux prophète que l’on rencontre toujours dans les parages de la Source de la Vie, l’initiateur de tous ceux qui n’ont pas eu de maître humain ou d’autre maître que l’Imâm. Il est souvent intervenu et interviendra encore au cours des textes présentés ici. Compagnon du XIIe Imâm, il est même identifié par quelques-uns avec l’Imâm lui-même. Bref, il semble que tous les détails soient là bien en place, pour nous informer que la présence de l’Imâm arrache au monde de la perception commune, et pour nous suggérer en quel lieu est introduit le visionnaire, en quel lieu se produit la rencontre de l’Imâm. Alors suivons ici notre texte.
« Le shaykh ‘Afîf Sâlih (plus loin dénommé simplement Hasan) Jam-Karânî a raconté ceci : la nuit du mardi 17 du mois de Ramazan de l’année 373 de l’hégire (22 février 984)28, je dormais dans ma maison, lorsque quelques hommes frappèrent à la porte de la demeure. Il était minuit passé. Ils m’éveillèrent ainsi et me crièrent : Lève-toi, et réponds à l’invite de l’Imâm Mohammad al-Mahdî, Sâhib al-Zamân, qui t’appelle. Je me levai, tout en éprouvant une certaine inquiétude, et me préparai. Ils seront certainement partis, avant que je sois prêt, me disais-je. Je revêtis ma chemise. Mais une voix se fit entendre : retire cette chemise, ce n’est pas la tienne. Je perdais la tête et voulus mettre mes sarâwîl (hauts-de-chausses). De nouveau la même voix se fit entendre : ce n’est pas à toi. Prends les sarâwîl qui sont à toi. Je rejetai donc le vêtement, pris le mien et le revêtis. Alors voici que je me mis à chercher la clef de la porte de ma maison, afin de pouvoir sortir. De nouveau la voix se fit entendre : la porte est ouverte! Lorsque j’arrivai à la porte et la trouvai en effet ouverte, je vis là un groupe de nobles personnages. Je les saluai ; ils me rendirent mon salut en me disant : Bienvenue à toi ! Puis ils me conduisirent jusqu’à l’emplacement où s’élève maintenant la mosquée.
« Observant le lieu, je vis là un trône (takht) ; de magnifiques coussins y étaient disposés; un jeune homme d’une trentaine d’années était adossé à quatre de ces coussins. Devant lui était assis un pîr (un shaykh, un sage) ; il tenait un livre à la main et faisait la lecture pour le jeune homme. Plus d’une soixantaine de personnages étaient là, groupés autour du trône et faisaient la prière. Les uns portaient une robe blanche, les autres portaient une robe verte. Le pîr que je voyais faire la lecture, c’était Hazrat Khezr (Khidr). Alors voici qu’il me fit signe. »
Le moment est venu où nous allons apprendre les raisons qui ont motivé l’appel de l’Imâm : un spoliateur, un certain Hasan Moslem, a usurpé et profané cette terre qui est sainte. Le shaykh Hasan Jam-Karânî va être chargé d’un message pour cet homme. Il faut que celui-ci restitue cette terre et que l’on y construise un temple.
« A ce moment, l’Imâm m’appela par mon nom et me dit: Il faut que tu te rendes chez Hasan Moslem et que tu lui dises ceci : « Voici cinq ans que tu cultives cette terre; cette année encore tu as fait la récolte. Mais désormais il ne t’est plus permis de la cultiver. Il faut que tu restitues tout le profit que tu en as tiré, afin que l’on construise ici même une mosquée. » Dis encore ceci à Hasan Moslem : « Cette terre est une terre sainte, et Dieu l’a choisie entre autres terres. Mais toi, tu t’en es emparé comme si elle était à toi. Dieu t’a déjà repris deux jeunes fils, mais ta conscience ne s’est pas éveillée. Si tu ne te conformes pas à l’ordre qui t’est donné, d’autres fléaux te frapperont, jusqu’à ce que ta conscience s’éveille ». »
Le shaykh Hasan Jam-Karânî de dire alors à l’Imâm : « Ô mon seigneur et protecteur! pour cette mission il me faut un signe, car les gens n’écouteront pas mes paroles sans qu’il y ait un signe et une preuve, et ils ne donneront pas leur assentiment à ce que je dirai. — L’Imâm : Là-même nous te donnerons un signe, afin que l’on ajoute foi à tes paroles. Va maintenant, et porte notre message. Commence par aller trouver le Sayyed Abû’l-Hasan Rezâ. Dis-lui de se lever et d’aller se présenter à Hasan Moslem. Qu’il lui demande raison du profit qu’il a récolté pendant tant d’années; qu’il le lui reprenne et en dispose pour que l’on construise la mosquée. Qu’il convoque les notables de la contrée qui s’étend depuis Rahaq jusqu’à Ardahâl et qui est notre domaine, — et qu’il mène à terme la construction du temple. »
Là-dessus, l’Imâm précise les modalités du waqf (fondation pieuse) ; il formule les règles liturgiques que les pèlerins devront observer en accomplissant la Prière dans son sanctuaire (séquence des invocations, des textes, nombre des rak’at ou inclinations qui marquent les temps ou unités de la Prière) ; ces règles sont celles qui sont observées depuis dix siècles par les pèlerins venus à Jam-Karân. « Pour le pèlerin, dit l’Imâm, qui accomplira ainsi cette liturgie de deux rak’at, il en sera de sa Prière comme s’il l’accomplissait dans le Temple antique de La Mekke (c’est à-dire dans la Ka’ba même). » Le shaykh Hasan Jam-Karânî, sur un signe de l’Imâm, prend congé et se retire. Mais voici qu’à deux reprises, lorsqu’il a fait quelques pas, l’Imâm le rappelle. Une première fois, pour lui annoncer que dans le troupeau d’un berger nommé Ja’far Kâshânî, il trouvera un certain bouc à la toison abondante, noire et blanche, marquée de sept signes; ce bouc, il l’achètera pour l’offrir en sacrifice et distribuer sa chair aux malades et aux infirmes, qui alors guériront. Ce sacrifice est mis en correspondance avec le sacrifice de la vache dont parle la deuxième sourate du Qorân (2 : 63-69), comme expiation et purification (ces versets qorâniques sont une nette réminiscence du Livre des Nombres XIX, 1-10). Une seconde fois, l’Imâm rappelle le shaykh pour lui annoncer sa « présence » en ce lieu pendant sept jours, c’est-à-dire jusqu’à cette nuit du mois de Ramazân qui est dénommée « Nuit du destin ».
On voit que les symboles ne manquent pas dans le discours de l’Imâm. Le shaykh Hasan Jam-Karânî poursuit son récit; il sort du lieu et du temps théophaniques où il avait été témoin unique et privilégié, pour rentrer dans la durée continue et l’espace de la perception commune. La trame des faits quotidiens, suspendue par l’intervention surnaturelle qu’elle ne peut contenir, reprend son cours, et les conséquences qui vont s’y inscrire établiront le seul synchronisme qui soit à notre portée entre l’événement visionnaire et l’événement visible, historique; ces conséquences, ce seront l’accomplissement des faits annoncés par l’Imâm et la construction de la mosquée. « Je retournai chez moi, dit le shaykh, et passai le reste de la nuit, plongé en une profonde méditation, jusqu’à ce que le matin se levât. » Il va chercher alors un de ses amis; ensemble ils se rendent au lieu de l’apparition de l’Imâm. A leur stupeur, ils voient un ensemble de chaînes et de clous gisant sur le sol. Shaykh Hasan y voit le signe promis. Les deux amis se hâtent alors pour faire visite au Sayyed Abû’l-Hasan Rezâ, comme l’Imâm l’avait prescrit. Là même Shaykh Hasan s’aperçoit qu’il est attendu : « Tu es bien de Jam Karân ? » demande le Sayyed. Le shaykh lui raconte l’événement de la nuit précédente. « O Hasan, répond le Sayyed, cette nuit même, pendant mon sommeil, quelqu’un m’a dit en songe : un homme du nom de Hasan viendra de Jam-Karân chez toi au matin. Tu dois croire à ses paroles, faire confiance à ce qu’il te dira; son discours sera notre discours. Ne le récuse pas. — Je me suis éveillé alors, et voici que je t’ai attendu jusqu’à cette heure. »
A partir de ce moment, Sayyed Abû’l-Hasan Rezâ prend la direction des opérations, en se conformant aux instructions de l’Imâm transmises par le shaykh Hasan. Chevauchant ensemble, les trois compagnons commencent par rejoindre en bord de piste le berger Ja’far Kâshânî. Le bouc annoncé par l’Imâm est bien là, et il accourt de lui-même au-devant du shaykh Hasan. On conclut l’achat, mais, chose curieuse, le berger Ja’far déclare, serment à l’appui : « Je n’avais jamais vu ce bouc jusqu’à présent; il n’avait jamais fait partie de mon troupeau. Je l’ai vu ce matin pour la première fois et ai essayé en vain de l’attraper. Et maintenant voici qu’il accourt au-devant de vous. » Le sacrifice du bouc est consommé à l’endroit prescrit. On convoque Hasan Moslem le spoliateur de la terre sainte, et on l’oblige à restituer le bien qui n’était pas à lui. On convoque les notables de Rahaq. Bref, on fait tout ce qui est nécessaire pour la mosquée de l’Imâm. Les chaînes et les clous mystérieux sont transportés par le Sayyed Abû’l-Hasan Rezâ dans sa demeure à Qomm; fichés au portail de sa maison, leur attouchement produisait des effets extraordinaires. Mais il semble qu’après la mort du Sayyed, ils disparurent aussi mystérieusement qu’ils étaient apparus sur le sol de Jam-Karân, lorsque le matin s’était levé au terme de la nuit visionnaire.
Tels sont en bref les événements que nous rapporte la tradition de Jam-Karân. C’est là, à proximité de la bourgade, que dans un enclos de verdure s’élève maintenant, conformément aux prescriptions de l’Imâm, le sanctuaire qui, depuis bientôt dix siècles, est un lieu de pèlerinage de tous les shî’ites, particulièrement des shî’ites iraniens. Lieu de pèlerinage intensément fréquenté de nos jours encore, mais entouré d’une grande discrétion, comme tout ce qui concerne la piété envers l’Imâm caché. Par un tardif et splendide automne iranien (1962), au terme d’une journée passée au village de Kahak, dans une haute vallée de la proche montagne, là où Mollâ Sadrâ Shîrâzî avait cherché refuge pendant une dizaine d’années dans la solitude, nous eûmes l’occasion de nous rendre à Jam-Karân avec deux chers compagnons iraniens. L’un d’eux était celui dont nous rapporterons plus loin pour finir, le récit d’un songe témoignant, s’il en était besoin, de l’intense présence de l’Imâm dans les coeurs shî’ites. De ce pèlerinage nous gardons un souvenir extraordinaire, sans doute parce qu’en ce lieu à l’environnement géologique étrange, et où la mosquée de l’Imâm inscrit dans le sol un splendide défi que la foi dans les Invisibles porte à notre époque, il semble que tout soit possible. Dans ce paysage silencieux et immense, des récits comme ceux que nous proposons au cours de ce chapitre, prennent une tout autre évidence que lorsque nous les lisons dans nos pays, dans le tumulte de nos villes, ou à proximité de nos grand’routes. Dans le désert, rien ne ressemble plus à une piste qu’une autre piste. Ayant perdu notre chemin, l’un de nos compagnons interpella d’une voix forte un cavalier passant providentiellement à proximité : « Où est la route vers le sanctuaire de l’Imâm al-zamân (l’Imâm de ce temps) ? »
Ces mots Imâm al-zamân, vibrant dans le silence de la grande solitude, pure de la pureté du ciel immense, donnaient soudain à Celui qui est désigné ainsi avec tant d’espérance et de ferveur, depuis tant de siècles, la force d’un réel s’imposant le temps d’un éclair, mais bien réel… puisque nous étions tous les trois à la recherche du chemin vers lui, et que ce chemin on nous le montrait.
Nous disions ci-dessus que le récit de la fondation de la mosquée de Jam-Karân appartient à un type précis de manifestation de l’Imâm au temps de la Grande Occultation. Dans les récits de ce type, celui à qui est faite la faveur de cette manifestation, non seulement est conduit en présence de l’Imâm, mais est conscient qu’il se trouve en présence de l’Imâm. La présence de l’Imâm fait soudain irruption dans le lieu du visionnaire et l’enveloppe « comme une substance spirituelle enveloppe une substance matérielle ». Il en est d’autres où le pèlerin n’est pas conduit jusqu’en présence de l’Imâm; il est néanmoins « chez l’Imâm ». En outre, il lui faut parcourir les étapes d’une topographie mystérieuse que nous ne retrouverons jamais sur nos cartes, puisqu’elle appartient au « huitième climat ».
Quand l’imam Al-Hassan (as) se présente et se décrit aux gens !
1) Il est rapporté de l’imam Hassan d’avoir dit : « Je suis le [petit]-fils de celui qui apporta la Bonne Nouvelle; je suis le [petit]-fils de l’Avertisseur; je suis le [petit]-fils de l’Homme qui, avec la Permission de Dieu, appela les Gens à Dieu; je suis le [petit]-fils de la Lumière qui illumine le Monde; je suis de la Demeure que Dieu exempta de toute souillure et que Dieu purifia totalement; je suis de la Demeure pour laquelle Dieu a réclamé de faire preuve d’Affection dans Son Livre, lorsque Dieu Le Très-Haut demanda à Son Messager : [Dis: ‹Je ne vous en demande aucun salaire si ce n’est l’affection eu égard à (nos liens) de parenté›. Et quiconque accomplit une bonne action, Nous répondons par (une récompense) plus belle encore.] (Coran 42/23). La Belle Action est la preuve d’Affection envers nous, les Gens de la Demeure ». Extrait d’une Déclaration de l’Imam Al-Hassan (s) rapportée par Hichem Ibn Hassan ; voir aussi Bihar Al-Anwar, volume 10, page 99, ainsi que Al-Mas’udi.
2) Un matin, il a été demandé à l’Imam Al-Hassan (as) : « Comment vas-tu, ô fils du Messager de Dieu (sawas) ? ». Il répondit : « Je suis en compagnie d’un Seigneur au-dessus de moi; le Feu devant moi; la mort me réclamant et le compte me poursuivant. Je suis hypothéqué par mon œuvre. Je ne trouve pas ce que j’aime. Je ne peux repousser ce que je désapprouve. La situation est hors de ma portée et entre les mains de Dieu. Si Dieu le veut, IL me châtiera ou me pardonnera. Y a-t-il un nécessiteux plus nécessiteux que moi ? ». Bihar Al-Anwar, volume 78, page 113.
3) Après avoir loué et glorifié Dieu, il est rapporté de l’Imam Al-Hassan (s) d’avoir dit : « Il y a parmi vous ceux qui me connaissent; quant à ceux qui ne me connaissent pas, qu’ils sachent que je suis Al-Hassan, le [petit]-fils du Messager de Dieu, le [petit]-fils de l’Annonciateur de la Bonne Nouvelle et de l’Avertisseur, le [petit]-fils de l’élu pour [transmettre] le Message divin ; le [petit]-fils de celui pour lequel les Anges ont appelé les Bénédictions de Dieu ; le [petit]-fils de celui par qui la Umma a été honorée ; le [petit]-fils de celui vers qui l’Ange Gabriel a été envoyé comme émissaire de Dieu; le [petit]-fils de celui qui a été envoyé en tant que Miséricorde pour les Mondes, que les Bénédictions soient sur lui et sur sa Famille « . Extrait de la réponse de l’Imam Al-Hassan (s) à Mouawiyya qui se vantait de ses supposés mérites, citée dans Touhaf Al-Uqoul.
Hadiths compilés et traduits par Benabderrahmane dans « Florilège de paroles de Dieu et de vérités choisies des quatorze immaculés »
Comment expliquer la longévité d’Al-Mahdi ?(shiacity.fr)
Un extrait du livre « Le Mahdi (Le Messie) ou la fin du temps » du martyr Sayed Mohammad Baqer Al-Sadr (traduit par Al-Bostani)
Comment expliquer la longévité d’Al-Mahdi ?
Ou en d’autres termes, est-il possible qu’un homme puisse vivre plusieurs siècles, comme ce grand Guide dont on attend qu’il change le monde, et qui est censé être âgé de plus de 1140 ans, c’est-à-dire 14 fois plus âgé qu’un homme ordinaire qui traverse toutes les phases normales de la vie, de l’enfance à la vieillesse ?
Le mot possibilité peut signifier ici soit une possibilité pratique (appliquée), soit une possibilité scientifique, soit une possibilité logique ou rationnelle. Par possibilité pratique, j’entends : ce qui est réalisable pour des gens comme vous et moi ou pour tout homme ordinaire comme nous. Ainsi voyager à travers l’Océan, atteindre le fond de la mer, monter jusqu’à la lune… tout cela est devenu chose effectivement praticable, car il y a des gens qui le font réellement, d’une façon ou d’une autre.
Par possibilité scientifique, j’entends les choses que des gens, comme vous et moi, ne pourraient pas mettre en application par les moyens dont dispose l’humanité contemporaine, mais dont la possibilité de réalisation dans certaines conditions et par des moyens spéciaux – ne peut être écartée par la science et ses orientations changeantes.
Ainsi, rien dans la science n’autorise de récuser la possibilité pour l’homme de monter vers la planète Vénus. Au contraire, les indices scientifiques actuels militent en faveur d’ une telle éventualité, bien qu’un exploit de ce genre ne soit pas à la portée de tout le monde. Car, en fait, la différence entre l’ascension vers la Lune et l’ascension vers Vénus n’est qu’une question de degré, et ne représente que l’aplanissement de quelques difficultés supplémentaires, dues au supplément de distance entre la première et la seconde planète. Donc atteindre à Vénus est possible scientifiquement, bien que ce ne le soit pas effec-tivement. En revanche, atteindre le Soleil, en plein ciel, n’est pas possible scientifiquement, c’est-à-dire que la science n’a pas l’espoir d’y parvenir, puisqu’on ne peut concevoir scientifiquement ni expérimentale-ment la possibilité de fabriquer la cuirasse protectrice, capable de résister à la chaleur du Soleil qui représente une fournaise parvenue au plus haut degré que l’homme puisse imaginer.
Par possibilité logique ou philosophique, j’entends celle que la raison ne peut récuser, selon les lois qu’elle perçoit à priori. Ainsi on ne saurait diviser logiquement trois oranges en deux parties à la fois égales et sans fraction, car la raison perçoit préalablement à toute expérience que le nombre trois est impair et non pas pair, et qu’il ne peut être divisé en deux parties égales, une telle division nécessitant que le nombre soit pair; autrement ce nombre serait à la fois pair et impair, ce qui est contradictoire; or la contradiction est logiquement impossible.
En revanche, il n’est pas impossible, selon la logique, que l’homme puisse traverser le feu ou monter jusqu’au Soleil sans se faire brûler par la chaleur, car il n’y a pas de contradiction dans la supposition que la chaleur ne passe pas du corps le plus chaud vers le corps le moins chaud; alors que cette supposition est contraire à l’expérience, laquelle a démontré la transmissibilité de chaleur du corps le plus chaud vers le corps le moins chaud, jusqu’à ce que les deux corps deviennent d’une température égale.
De ce qui précède on peut conclure que la sphère de la possibilité logique est plus large que celle de la possibilité scientifique et celle-ci est à son tour plus large que celle de la possibilité pratique.
En ce qui concerne la possibilité d’une longévité s’étendant sur plusieurs milliers d’années, elle est sans doute logiquement concevable, car du point de vue rationnel abstrait, elle n’est pas contradiction, étant donné que la vie, en tant que concept, ne comporte pas une mort rapide, et cela est indiscutable.
De même, il est indiscutable que cette longue vie n’est pas possible sur le plan pratique, ni ne saurait être identifiée à la possibilité de descendre au fond de la mer ou de monter sur la lune; car la science, au stade où elle se trouve actuellement, et par les moyens et les instruments dont elle dispose effectivement jusqu’à présent, ne peut prolonger la vie de l’homme de plusieurs centaines d’années. La preuve en est que les gens les plus attachés à la vie et les plus qualifiés pour se servir des possibilités de la science, ne peuvent jouir d’ une vie plus longue que d’ habitude.
Quant à la possibilité scientifique d’une telle longévité, rien dans la science ne permet de la refuser théoriquement. En fait il s’agit là d’un problème en rapport avec la qualité physiologique du phénomène de la sénilité et de la vieillesse chez l’homme: ce phénomène traduit-il une loi naturelle qui impose aux tissus et aux cellules de l’homme une sénescence progressive, et une régression de fonctionnement, une fois qu’ils arrivent au terme de leur développement maximal, qui mène à un arrêt total de toute activité, même si on les mettait à l’abri de toute influence extérieure? Ou bien cette sénescence et cette régres-sion dans les tissus et les cellules du corps, découlent-elles d’une lutte qui oppose celui-ci à des facteurs extérieurs, tels que les microbes ou l’empoisonnement qui l’atteindraient à la suite d’une nutrition excessive, d’un travail excessif… ou de tout autre facteur?
On a là une question que la science se pose aujourd’hui et à laquelle elle se propose d’apporter des réponses sérieuses et nombreuses. Si nous nous en tenons au point de vue scientifique qui tend à interpréter vieillesse et sénilité comme le résultat d’une lutte ou d’un contact entre le corps et des facteurs extérieurs donnés, nous devons admettre qu’il est possible théoriquement que les tissus du corps puissent continuer à vivre, à survivre au phénomène de la vieillesse, et à le vaincre définitivement, si l’on parvenait à les mettre à l’abri de ces facteurs.
Et si nous prenons en considération un autre point de vue scientifique, celui qui a tendance à supposer que la vieillesse est une loi naturelle inhérente aux cellules et aux tissus vivants – c’est-à-dire que ceux-ci portent substantiellement le germe de leur périssement inévitable qui passe par la phase de la vieillesse et de la sénilité pour finir dans la mort – rien ne nous empêche d’exclure l’inflexibilité de cette loi. Si nous supposons que cette loi est cohérente, nous pensons du même coup qu’elle est sûrement flexible. Car aussi bien dans notre vie ordinaire qu’à travers les observations des savants dans les laboratoires scien-tifiques, on peut remarquer que la vieillesse, en tant que phénomène physiologique, est atemporel: elle peut survenir prématurément ou tardivement. Aussi n’est-il pas rare de voir un homme âgé possédant des membres souples et en état de jeunesse, comme les médecins l’affirment eux-mêmes. Les savants ont même pu profiter de la flexibilité de cette loi pour prolonger la vie de certains animaux des centaines de fois leur longévité ordinaire, en créant des conditions et des facteurs qui retardent l’effet de la loi de la vieillesse.
Il est donc établi par la science, que les effets de cette loi peuvent être scientifiquement retardés grâce à la création de conditions et de facteurs particuliers, bien que la science n’ait pu jusqu’à présent en faire l’application sur des êtres aussi complexes que l’homme. La différence entre la possibilité scientifique et l’application effective, traduit dans ce cas une différence de degré de difficulté entre l’application (de cette possibilité) sur l’homme et son application sur d’autres êtres vivants. Cela veut dire que sur le plan théorique, la science et ses orientations mobiles n’ont rien qui puisse permettre de récuser la possibilité de prolonger l’âge de l’homme, et ce aussi bien si nous interprétons la vieillesse comme étant le produit d’une lutte et de contacts entre les cellules humaines et des facteurs extérieurs, ou l’émanation d’une loi naturelle inhérente à la cellule elle-même, loi qui condamne celle-ci à s’acheminer vers l’anéantissement.
On peut donc conclure que la prolongation de la longévité humaine de plusieurs siècles est possible logiquement et scientifiquement, bien qu’elle ne le soit pas encore sur le plan de l’application, mais que l’orientation scientifique s’achemine vers la réalisation de cette dernière possibilité à long terme.
C’est à la lumière de ces données que nous abordons maintenant la question de l’âge d’al-Mahdî et l’étonnement et l’interrogation qu’elle soulève. Ayant démontré la possibilité scientifique et logique d’une telle longévité, ainsi que l’acheminement de la science vers la traduction progressive de cette possibilité théorique en une possibilité applicable et appliquée, il nous semble que l’étonnement n’a plus de raison d’être, sauf en ce qui concerne la difficulté d’admettre qu’al-Mahdî ait devancé la science en transformant la possibilité théorique en possibilité réelle, à travers sa propre personne et avant que la science n’atteigne le niveau requis pour pouvoir effectuer réellement cette transformation, car cela équivaudrait à dire que quelqu’un a devancé la science dans la découverte du cancer et de la méningite.
Si le problème réside dans la question de savoir comment l’Islam – qui a planifié cette longévité d’al-Mahdî – a pu devancer le mouvement scientifique en ce qui concerne cette transformation (de la possibilité théorique en possibilité réelle), la réponse est la suivante: l’Islam n’a pas devancé le mouvement scientifique seulement dans ce domaine, mais dans bien d’autres.
N’a-t-elle pas lancé des slogans, qui ont servi de plans d’action que la marche indépendante de l’humanité n’a pu concevoir que plusieurs siècles plus tard?
La Charî’ah (la législation islamique révélée), dans son ensemble, n’a-t-elle pas devancé de plusieurs siècles le mouvement de la science et du développement naturel de la pensée humaine?
N’avait-elle pas apporté des législations pleines de sagesse dont les secrets n’ont pu être saisis que depuis peu de temps? Le Message divin n’a-t-il pas dévoilé de secrets de l’Univers qui ne pouvaient effleurer l’esprit de personne, et que la science a fini par reconnaître? Si nous croyons à tous ces faits, pourquoi exclurions-nous que Dieu puisse devancer la science en ce qui concerne la longévité d’un homme, en l’occurrence Al-Mahdî?
Il ne s’agit là que des manifestations de prescience que nous pouvons percevoir directement. On peut y ajouter d’autres cas que le Message divin nous informe. Ainsi celui-ci nous révèle que le Prophète fut transporté pendant une nuit, de la Mosquée Interdite(12) à la Mosquée al-Aqçâ(13) !
Si nous voulons comprendre cet événement dans la cadre des lois naturelles, il traduit sûrement l’application de celles-ci plusieurs centaines d’années avant que la science n’ait pu y parvenir. Donc la même expérience divine qui a permis au Prophète de se déplacer si vite, bien avant que la science ne soit parvenue à un tel exploit, a permis également au dernier(14) des Successeurs « Prédésignés » du Prophète, d’avoir une vie prolongée avant que la science ne mette en application cette possibilité.
Certes, cette longue vie que Dieu a accordée au Sauveur Attendu paraît extraordinaire jusqu’a aujourd’hui, par rapport à la réalité de la vie des gens et aux expériences des savants. Mais le rôle transformateur décisif auquel ce Sauveur est préparé n’est-il pas aussi extraordinaire en comparaison avec la vie familière et ordinaire, et les diverses évolutions historiques que l’humanité a vécues? N’est-il pas chargé justement de transformer le monde et de reconstruire sa structure de civilisation sur des principes du bon droit et de la justice? Pourquoi s’étonner du fait que la préparation de ce rôle extra-ordinaire soit accompagnée de certains phénomènes extraordinaires et inhabituels, tel que la longue vie du Sauveur Attendu? Si extraordinaire et inhabituel que puisse paraître ce phénomène (la longue vie d’al-Mahdî), il n’est guère plus étrange que le rôle extraordinaire lui-même, que le Sauveur doit jouer le Jour Promis.
Si nous admettons la possibilité de ce rôle grandiose, unique en son genre dans l’histoire de l’humanité, pourquoi n’admettrions-nous pas une longévité qui n’a pas de semblable dans notre vie ordinaire?
Je ne sais pas si c’est par pure coïncidence que les deux seuls hommes chargés de vider l’humanité de son contenu corrompu et de la reconstruire soient dotés d’une longévité sans commune mesure avec la nature? Le premier, c’est Noé qui a joué son rôle dans le passé de l’humanité et dont le Coran dit qu’il a vécu « mille moins cinquante ans » parmi son peuple, et qu’il a pu, grâce au déluge, reconstruire le monde. Le second, c’est Al-Mahdî, qui a vécu jusqu’à présent plus de mille ans parmi son peuple, et qui devra jouer son rôle de Reconstructeur du monde, dans l’avenir de l’humanité, et le Jour Promis.
Pourquoi accepter Noé qui a vécu environ mille ans et refuser Al-Mahdî ?
Le miracle et la longue vie
Jusqu’à présent nous avons établi que la longue vie est scientifiquement possible. Mais supposons maintenant qu’elle ne le soit pas (sur le plan scientifique) et que la loi de la vieillesse et de la caducité se veuille rigoureuse, que l’humanité ne puisse la modifier ni en changer les conditions et les circonstances, ni aujourd’hui, ni à long terme. Dans ce cas, que signifie la longue vie d’al-Mahdî?
Elle signifie que la longue vie d’un homme – Noé ou Al-Mahdî – étendue sur plusieurs siècles est un défi aux lois naturelles dont la démonstration est faite par la science et les moyens modernes de l’expérience et de l’induction.
Il s’en suit que ce phénomène est considéré comme un miracle rendant caduque une loi naturelle dans un cas particulier, afin de permettre de préserver la vie d’une personne chargée de sauvegarder le message divin, et que ce miracle n’est ni unique en son genre, ni étranger à la doctrine musulmane émanant du texte coranique ou de la Sunna. Car en fait, la loi de la vieillesse et de la sénilité n’est pas plus rigide que la loi de la transmission de la chaleur d’un corps plus chaud à un autre moins chaud jusqu’à ce que leur température soit égale, loi qui fut mise en veilleuse pour protéger la vie d’Abraham à un moment où ce moyen était le seul adéquat pour y parvenir.
Ainsi, lorsqu’Abraham fut jeté au feu: «Nous dîmes: « Ô feu, sois sur Abraham, froidure et sécurité »»; et il en est sorti indemne. Beaucoup d’autres lois naturelles ont été suspendues pour protéger la vie des prophètes et des apôtres de Dieu sur la terre. C’était le cas lorsque Dieu a fendu la mer pour Moïse, ou lorsqu’il a fait croire aux Romains qu’ils avaient arrêté Jésus alors qu’ils ne l’avaient pas fait, ou lorsqu’il a sorti le Prophète Muhammad de sa maison à l’insu de ses ennemis Quraichites qui cernaient cette maison et le guettaient avec vigilance, en attendant le moment propice pour l’attaquer.
Tous ces exemples traduisent la suspension des lois naturelles en vue de protéger quelqu’un dont la Providence veut préserver la vie.
Que la loi de la vieillesse soit rangée parmi ces lois
De tout ce qui précède, nous pourrions déduire un concept ou une règle générale en vertu de laquelle chaque fois que la sauvegarde de la vie d’un Envoyé de Dieu sur la terre dépend de la suspension d’une loi naturelle, et que le maintien de la vie de cet individu est nécessaire à la réalisation d’une mission qui lui est confiée, la Providence intervient pour suspendre cette loi afin de permettre l’accomplissement de cette mission.
Et inversement, lorsque la mission d’un individu – à laquelle Dieu l’a prédestiné – est terminée, celui-ci passe de vie à trépas et meurt naturellement ou en martyr, selon les lois de la nature. A propos de cette règle générale, la question suivante pourrait se poser: comment une loi peut-elle être suspendue et comment la relation nécessaire qui s’établit entre les phénomènes naturels peut-elle être coupée? Une telle supposition ne contredit-elle pas la science qui a découvert ladite loi naturelle et déterminé ladite relation nécessaire, sur une base expérimentale et inductive?
La réponse à ces interrogations est fournie par la science elle-même qui a renoncé à l’idée de la nécessité dans la loi naturelle. Expliquons-nous là-dessus: la science découvre les lois naturelles sur la base de l’expérience et de l’observation régulière. Lorsque l’avènement d’un phénomène est toujours suivi d’un autre phénomène, on déduit de cette succession régulière une loi naturelle stipulant que chaque fois qu’un phénomène apparaît, un autre doit le suivre. Mais la science ne suppose pas l’existence, dans cette loi, d’une relation nécessaire entre les deux phénomènes et inhérente à l’un et à l’autre; car la nécessité est un état métaphysique que ne peuvent déceler ni l’expérience ni les moyens d’investigations inductives et scientifiques. Aussi, la logique scien-tifique moderne affirme-t-elle que la loi naturelle – en question – telle qu’elle est définie par la science, ne stipule pas l’existence d’une relation nécessaire, mais seulement d’une concomitance constante entre deux phénomènes.
C’est pourquoi si un miracle se produit qui sépare les deux phénomènes d’une loi naturelle, il ne s’agit pas là d’une rupture d’une relation nécessaire entre les deux phénomènes.
En réalité, le miracle dans son acception religieuse est devenu plus compréhensible à la lumière de la logique scientifique moderne que selon le point de vue classique des relations causales. Car ledit point de vue classique supposait que chaque fois que la conco-mitance entre deux phénomènes est constante il y a forcément une relation de nécessité entre eux. Or la nécessité signifie ici l’impossibilité de séparer les deux phénomènes l’un de l’autre. Mais cette relation s’est transformée, dans la logique scientifique moderne, en loi de concomitance ou de succession constante entre les deux phénomènes, qui ne suppose pas l’existence de la nécessité métaphysique.
De cette façon, le miracle devient un cas excep-tionnel à cette constance dans la concomitance ou la succession, sans se heurter à une nécessité ni conduire à une impossibilité.
Mais à la lumière des fondements logiques de l’induction, nous sommes d’accord avec le point de vue scientifique moderne, suivant lequel l’induction ne démontre pas une relation de nécessité entre les deux phénomènes; toutefois nous estimons qu’elle indique l’existence d’une explication commune à la constance de la concomitance ou de la succession continuelle entre les deux phénomènes. Cette explication commune peut être formulée aussi bien sur la base de la supposition d’une nécessité intrinsèque que sur celle d’une sagesse ayant conduit le Régulateur de l’univers à relier continuellement certains phénomènes à d’autres, et qui nécessite parfois l’exception; auquel cas le miracle se produit.
Pourquoi vouloir tant prolonger sa vie ?
Nous abordons maintenant la seconde question: pourquoi Dieu tient-IL tant à cet homme en particulier, au point de suspendre pour lui les lois de la nature? Pourquoi la direction du Jour Promis ne serait-elle pas confiée à un individu que l’avenir engendrerait et que les circonstances préludant à ce Jour rendraient assez mûr pour surgir sur la scène et jouer le rôle qu’on attend de lui? En un mot: pourquoi cette longue disparition et quelle est sa justification?
Beaucoup de gens posent ces questions et ne veulent pas entendre une réponse qui relève de la métaphysique. Certes, pour nous la réponse est évidente: nous croyons que les douze Imams – auxquels nous croyons – constituent un ensemble soudé dont aucune partie ne peut être remplacée(15). Mais les interrogateurs, eux, réclament une explication sociologique de cette question, explication fondée sur les vérités tangibles de la grande opération de changement qu’al-Mahdî devra mener le Jour Promis et sur les exigences concrètes de celui-ci.
Aussi, pour les satisfaire, laissons-nous de côté, provisoirement, notre croyance aux caractéristiques de cet ensemble de douze imams infaillibles – dont fait partie Al-Mahdî – et abordons la question de la façon suivante: dans la mesure où ladite opération de changement peut s’expliquer elle-même à la lumière des lois et des expériences de la vie, il nous reste à savoir si le prolongement de l’âge du dirigeant qui devra la conduire constitue un des facteurs de son succès et de son bon déroulement? (c’est ce qui nous permet de rester dans le domaine du concret).(16)
Nous répondons par l’affirmative à cette question, et cela pour plusieurs raisons: le grand changement radical nécessite que son dirigeant soit dans un état psychologique exceptionnellement favorable dans lequel il éprouve un sentiment de supériorité vis-a-vis des entités orgueilleuses que Dieu l’a préparé à détruire et à remplacer par une civilisation nouvelle et un monde nouveau. Car plus la civilisation que le guide combat, lui parait banale, et plus il est conscient qu’elle ne forme qu’un point infime sur la longue trajectoire de la civilisation humaine, plus il se sent psychologiquement apte à l’affronter, à lui résister et à poursuivre sa lutte contre elle jusqu’à la victoire.
Il est évident que la force de ce sentiment doit être proportionnelle à celle de l’entité et de la civilisation qu’on veut changer: plus cette entité est solide et plus cette civilisation est enracinée et orgueilleuse, plus ce sentiment doit être fort. Etant donné que le Message du Jour Promis vise à changer radicalement un monde imprégné d’injustice et d’iniquité, ainsi que toutes ses valeurs de civilisation et ses différentes entités, il est naturel qu’il (ce Message) exige un exécutant dont la volonté de changement soit plus forte que le monde à changer, et qui ne soit pas né sous la civilisation qu’on veut juguler et remplacer par une civilisation de justice et de bon droit. Autrement, un exécutant qui a grandi au sein d’une civilisation enracinée et couvrant le monde de son pouvoir, de ses valeurs et de ses idées, éprouve envers elle un sentiment d’infériorité, étant donné qu’il est né sous son règne, qu’il la voyait très grande depuis qu’il était tout petit, et qu’il ne percevait que ses différents aspects depuis qu’il avait ouvert les yeux.
En revanche la situation est tout autre pour quelqu’un – comme Al-Mahdî – qui s’est enfoncé dans les profondeurs de l’histoire et a vécu le monde avant que cette civilisation n’ait vu la lumière, quelqu’un qui a regardé les grandes civilisations régner sur le monde l’une après l’autre avant de s’écrouler chacune à son tour; quelqu’un qui, après avoir vu tout cela de ses propres yeux et non à travers les livres d’histoire, et vécu toutes les phases de formation de cette civilisation (que le sort a voulu faire le dernier chapitre de l’histoire de l’homme, laquelle doit s’achever sur l’avènement du Jour Promis) puisqu’il a assisté à sa naissance sous forme de petits germes presque invisibles, à sa première phase de formation dans les entrailles de la société humaine où elle guettait l’occasion pour en sortir et se développer, à sa phase de développement lorsqu’elle commença à grandir et à essayer de ramper en trébuchant, et enfin à sa phase de redressement alors qu’elle prospérait et tendait vers le gigantisme et la domination sur le sort du monde entier.
Oui, un tel individu qui a vécu avec une sagacité et une lucidité parfaites toutes ces phases, envisage ce géant – qu’il veut combattre – en homme qui a vécu tangiblement et non à travers les livres d’histoire, cette longue étendue historique.
Il ne considère ce géant ni comme inéluctable ni à la manière dont J. J. Rousseau regardait la monarchie en France. (En effet, on dit de Rousseau qu’il se sentait horrifié à l’idée d’une France sans roi, bien qu’il fût l’un des grands penseurs et philosophes qui appelaient à développer la situation politique en vigueur à cette époque-là; et ce parce qu’il avait vécu et grandi sous la monarchie).
Contrairement à Rousseau, l’homme dont les racines s’enfoncent dans l’histoire, a le prestige et la force de celle-ci, et a le net sentiment que l’entité et la civilisation qui l’entourent, sont les produits d’un jour de l’histoire où des circonstances propices ont favorisé leur naissance, qu’un autre jour viendra où d’autres circonstances les rayeront de la carte et effaceront toutes leurs traces du passé proche et lointain, et que l’âge historique des civilisations et des entités, si long soit-il, ne constitue que des jours comptés par rapport à la longue vie de l’histoire.
Avez-vous lu la sourate(17) de la « Grotte » qui relate l’histoire de ces jeunes gens à qui Dieu « a accru la guidée »(18) après qu’ils avaient cru en LUI ?
Savez-vous ce que Dieu leur a fait lorsqu’ils sont tombés dans le désespoir et la lassitude, après qu’ils s’étaient heurtés à une entité gouvernante païenne, impitoyable et déterminée à étouffer toute graine d’Unicité, et qu’ils s’étaient réfugiés dans la grotte pour implorer Dieu de résoudre leur problème, désespérés qu’ils étaient d’y trouver eux-mêmes une solution, et indignés de voir le Faux continuer à gouverner, à persister dans l’ injustice, à avoir raison du Bon Droit et à éliminer quiconque était épris du Vrai? Dieu les a endormis pendant 339 ans dans cette grotte; puis il les a réveillés et les a rendus à la vie, après que l’entité qui les avait impressionnés de sa force et de son injustice, s’était écroulée et était devenue un souvenir historique qui n’émeut ni n’effraie personne; et tout cela, pour que ces jeunes gens assistent à l’élimination de ce Faux dont ils ne supportaient pas l’étendue, la force et la continuation, et pour qu’ils voient de leurs propres yeux sa fin et constatent eux-mêmes sa banalité.
Si les « Jeunes de la Grotte » ont pu assister à cette scène – qui a suscité en eux tant d’impulsion et de fierté -à travers cet événement exceptionnel qui a prolongé leur vie de plus de trois siècles, la même chose peut se réaliser pour le Guide Attendu, à travers une longue vie qui lui permettra de voir le géant alors qu’il n’était qu’un nain, l’arbre colossal, alors qu’il n’était qu’une graine, le cyclone lorsqu’il n’était qu’un souffle.
En outre, l’expérience que le Guide du Jour Promis acquiert en assistant à la procession de tant de civilisations successives et en observant directement leur mouvement et leur développement, joue un rôle important dans la formation intellectuelle de ce Guide ainsi que dans l’expérience future qu’il doit mener, puisqu’elle le met au contact de beaucoup de situations qui comportent des points forts et des points faibles, des erreurs et des pertinences, et lui confèrent une plus grande capacité d’apprécier les phénomènes sociaux, étant parfaitement conscient de leurs causes et de leurs enchevêtrements historiques.
L’opération de changement assignée au Guide Attendu, repose sur un message déterminé, en l’occur-rence, l’Islam.
Il est donc naturel que cette opération exige un dirigeant proche des premières sources de l’Islam et ayant une personnalité forgée indépendamment et à l’abri de toutes les influences de la civilisation qu’il est destiné à combattre. Car un individu qui naît et grandit au sein de ladite civilisation et dont les idées et les sentiments se forment dans son cadre, ne saurait généralement se débarrasser des séquelles et des impacts qu’elle laisse sur lui, même lorsqu’il est décidé de mener un combat de changement contre elle.
Pour qu’un leader destiné à mener une bataille de changement dans une civilisation, ne soit sous l’influence de celle-ci, il faudrait que sa personnalité soit complètement formée dans une phase de civilisation antérieure et plus ou moins proche – dans l’esprit général et dans le principe – de celle qui doit être instaurée sous sa direction, le Jour Promis.
Notes de bas de page
12. La Mosquée Interdite (Al-Haram) est à la Mecque en Arabie Saoudite.
13. Alors que la Mosquée Al-Aqçâ se trouve à Jérusalem, en Palestine. Avec les moyens de transport (les chameaux) dont on disposait à l’époque, ce trajet nécessitait un voyage de plusieurs jours.
14. L’Imam al-Mahdî.
15. Par conséquent, Al-Mahdî, douzième Imam de cet ensemble soudé et indissociable, est irremplaçable et doit jouer le rôle que la Volonté Divine lui a fixé, le Jour Promis (N.D.T.).
16. N. D. T.
17. Chapitre du Coran.
18. La fait d’être placé dans le Droit Chemin, d’être bien guidé.