Un parcours sur l'histoire de la création d'État Sioniste / Le chiisme contemporain et la cause palestinienne

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Un parcours sur l'histoire de la création d'État Sioniste / Le chiisme contemporain et la cause palestinienne
Le chiisme contemporain et la cause palestinienne : 
 
La révolution iranienne et le Hezbollah libanais, deux freins du projet sioniste de Grand Israel.
Actualités, Cause Palestinienne / Par laye

Située au Proche-Orient, la Palestine est une zone charnière aux enjeux culturels, économiques et stratégiques énormes entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe. En effet, cette petite région est à la fois le berceau de trois religions révélées (Judaïsme, Christianisme et Islam) et abrite depuis l’antiquité le Croissant fertile (Palestine-Syrie-Irak), une oasis dans un immense désert. 
Aujourd’hui, à cause de ces enjeux, deux peuples différents (arabes musulmans et hébreux juifs) luttent pour un même territoire : la Palestine. 
La création de l’Etat d’Israël sur les ruines de l’empire turc ottoman a ouvert un cycle de conflits entre sionistes juifs et différents Etats arabes musulmans condamnant la population palestinienne à une vie en exil sous les yeux impuissants de la communauté internationale.
 Si les relations semblent se normaliser entre Israël et certains Etats arabes, les musulmans de par le monde partagent encore le chagrin du peuple palestinien. Cependant la plupart des recherches abordant la cause palestinienne mettent rarement l’accent sur l’apport de la révolution iranienne et ses effets. C’est dans ce sens que ce présent article prend son originalité dans la mesure où il se donne comme objectif de revenir sur une histoire séculaire de la Palestine avec ses différents rebondissements et ses incohérences accordant une place centrale à la branche chiite dont les efforts, ne semblent pas être reconnus ou appréciés à leur juste valeur, par la communauté musulmane et au-delà, celle internationale. 
Cet article est mise en place à la suite d’une solide littérature dans le cadre des cours et séminaires que nous assurons depuis presque une décennie. Ces informations sont soutenues par l’attention particulière que nous portons à l’actualité liée à la question palestinienne et la ville de Jérusalem (Al-Quds). Enfin, un voyage d’étude au Proche Orient en décembre 2018 nous a permis de découvrir des facettes nouvelles de cette hostilité historique dont l’issue déterminera sans l’ombre d’un doute l’avenir des relations internationales.

RAPPEL HISTORIQUE : la Palestine, territoire musulman envahi par les juifs  sionistes.
De l’empire ottoman au mandat Britannique : la Palestine change de ‘propriétaire’ Pour plus d’objectivité et sans nous embourber dans les preuves souvent partisanes ou fanatiques des interprétations conflictuelles d’écritures saintes (Thora, Bible, Coran) sur la Palestine, cet article pend en compte l’évolution politique durant ces derniers 100 ans, c’est-à-dire à partir de la chute de l’empire turc ottoman. En effet, vers la fin du XIX° siècle, la Palestine est composée de 85% de musulmans, 11% de chrétiens et seulement 4% de juifs vivant paisiblement dans l’empire musulman turc ottoman qui contrôlait l’essentiel du Proche-Orient. Elle était donc une terre musulmane. 
Mais l’empire est vaincu par la Grande Bretagne lors de la première guerre mondiale. En 1920, la Société Des Nations (SDN), place la Palestine et la Mésopotamie (Irak) sous le contrôle de la Grande Bretagne et confie la Syrie à la France. Cette dernière, sépare le pays en deux : la Syrie musulmane et le Liban chrétien. La Grande Bretagne donne l’indépendance à l’Irak mais elle prépare la Palestine pour la remettre aux Juifs dispersés dans le monde et qui ont fondé un mouvement appelé sionisme. 
La trahison du peuple palestinien par les britanniques : le sionisme, véritable vainqueur des deux guerres mondiales Le sionisme est un mouvement juif fondé par le journaliste juif d’origine hongroise Theodore Herzl et qui prônait la migration des juifs du monde vers la Palestine appelée Sion pour y créer un Etat organisé (Israël). En pleine guerre mondiale, (mars 1916), le ministre Britannique des affaires étrangères Arthur James Balfour écrit une lettre à Edmond James Rothschild, un éminent sioniste. Balfour, pour avoir le soutien des Etats-Unis d’Amérique (USA) dans la première guerre mondiale par le biais des sionistes (juifs), lui affirme que la Grande Bretagne accepte de favoriser la migration des juifs en Palestine (sous possession britannique) pour y fonder un foyer national juif. Cette lettre appelée déclaration de Balfour est rendue publique le 2 novembre 1917 : par le bais des sionistes, les Etats-Unis s’engagent et assurent la victoire aux Britanniques qui sont alors obligés de tenir leur promesse de conduire les juifs vers la Palestine hypothéquant ainsi les droits élémentaires des arabes de la région. La migration juive vers la Palestine s’accélère. Entre 1919 et 1939, les sionistes, aidés par les Anglais, favorisent la migration des Juifs d’Europe et d’Amérique vers la Palestine : 55000 en 1919 et 500.000 en 1946. Le phénomène s’accélère après la seconde guerre mondiale et le génocide juif par les nazis. Les juifs paient les meilleures terres en Palestine, forment des milices (Haganah, Irgoun, Stern…) contre les arabes nationalistes (musulmans et chrétiens) ou les britanniques qui essaient de s’opposer à la migration d’autres juifs vers la Palestine. Ne pouvant plus gérer ce problème qu’elle a elle-même créé, la Grande Bretagne décide de  ‘‘rendre’’ la Palestine à l’Organisation des Nations Unies (ONU), qui a remplacé la SDN. Cependant, vu l’influence des USA sur l’ONU et celle des juifs sionistes sur les USA, donner un dossier à l’ONU revient à le livrer aux USA ou aux juifs sionistes de l’époque.

LA PROCLAMATION DE L’ETAT SIONISTE D’ISRAEL, SUR LA TERRE DU PEUPLE PALESTINIEN : cause des guerres chaudes (hard power) avec les Etats arabes.
S’étant saisi du dossier palestinien, l’ONU décide le 29 novembre 1947 de la résolution 181 pour donner entre 55 et 56% de la Palestine aux juifs qui ne représentent que 34% de la population, créer aussi un Etat arabe avec Jérusalem (Al-Quds) comme une zone internationale.
 Voici les résultats du vote à l’ONU : 33 OUI dont les USA et L’Union soviétique (les deux superpuissances d’alors), 13 NON dont les Etats arabes et 10 ABSTENTIONS dont la Grande Bretagne. Contrairement aux arabes qui ont rejeté ce plan, les juifs l’ont accepté même s’il ne correspond pas à leur objectif final. Ils vont profiter notamment de quatre guerres pour agrandir leur territoire. En effet, le 14 mai 1948 après le retrait des Britanniques de la Palestine, le dirigeant juif David Ben Gourion déclare officiellement à Tel-Aviv la naissance de l’Etat d’Israël. Cette indépendance juive est pour les arabes la ‘‘Nakba’’ (catastrophe). Ils se mobilisent quelques heures plus tard (le 15 Mai) contre Israël, une installation provocatrice soutenue par les plus grandes puissances du monde. Même si les Palestiniens ne sont pas restés passifs en créant notamment l’Organisation de Libération de la palestinienne (OLP) en 1964, le combat contre l’Etat sioniste d’Israël a dès les premières heures été porté par les Etats arabes sous la direction de l’Egypte de Gamal Abdel Nasser, un pan arabiste convaincu. Par exemple : La première guerre israélo-arabe (Mai 1948) a vu les juifs sionistes gagner les pays arabes (la Syrie, l’Egypte et la Transjordanie soutenues par le Liban et l’Irak) et agrandir leur territoire de 6.000Km² expulsant 900 000 Palestiniens de leur territoire. La deuxième guerre (crise de Suez en 1956) mobilise une coalition occidentale (Grande Bretagne, France, Etat d’Israël) contre l’Egypte qui a nationalisé le canal de Suez. Israël a alors pris le Sinaï égyptien. 
La troisième guerre (guerre des six jours en 1967) permet aux sionistes de multiplier leur territoire de 1947 par 4 en occupant le Sinaï égyptien, la bande de Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le plateau syrien du Golan. La résolution 242 de l’ONU somme Israël à quitter les territoires agressés en vain. La quatrième guerre (guerre du Kippour ou du Ramadan juif en 1973), est encore une victoire juive même si les arabes ont gagné la première phase du conflit (2500 juifs tués). La résolution 338 de l’ONU réaffirme celle 242 en vain. III.
 
 LE RENOUVEAU DANS LA QUESTION PALESTINIENNE : la montée du chiisme La révolution islamique d'Iran et son antisionisme La plus part des textes historiques attribuent les négociations de paix et le recul relatif d’Israël aux conséquences de la guerre du Kippour suite au choc pétrolier (augmentation unilatérale du prix du pétrole) qui oblige l’Occident de chercher une paix au Proche Orient afin qu’une crise énergétique ne s’étale pas sur son économie et sa société. Mais la révolution islamique iranienne menée par l’Ayatollah Ruhollah Khomeiny (1902-1989) en 1979 basée sur le nationalisme islamique et surtout l’anti-impérialisme anglo-américain et l’antisionisme, menaçait fortement les intérêts des USA, de la Grande Bretagne et surtout l’existence de l’Etat sioniste d’Israël qui continue l’occupation et la colonisation de terres arabes.  Ayatullah Khomeiny a surtout initié en 1979 la Journée mondiale d’Al-Quds, un événement annuel célébré le dernier vendredi du mois de Ramadan et destiné à protester contre le contrôle israélien sur Jérusalem (dont le nom arabe est Al-Quds : القـُدْس) ainsi qu’à exprimer la solidarité avec le peuple palestinien, vivant dans l’occupation sioniste ou en exil. 
Pour les USA, l’exemple iranien ne doit pas être copié par les Etats arabes de la région (Egypte, Syrie, Irak, Jordanie, Liban par exemple). Il faut alors engager ou accélérer des négociations (en cours) pour que les Etats arabes acceptent Israël comme un Etat souverain qu’il ne faut plus attaquer. Prenons quelques exemples : Aux les accords de Camps David1 (1978), l’Egypte reconnait Israël (qui se retire du Sinaï) et pour cela elle est exclue de la ligue Arabe et son président Anouar Al Sadate est assassiné au Caire (Egypte) le 6 Août 1981 par les islamistes. Après les accords d’Oslo signés à Washington (1993), ce fut le tour de l’OLP de Yasser Arafat et du roi Hussein de Jordanie de reconnaitre Israël qui se retire de Gaza.
 
Plusieurs autres négociations ont été menées depuis lors mais forces est de reconnaitre que la stratégie sioniste en particulier et occidentale en général a changé depuis la révolution iranienne qui a accéléré et privilégié les négociations. En effet, Israël n’a pas encore atteint son objectif d’annexion appelé le grand Israel. L’inquiétude des occidentaux de voir la révolution iranienne hors de l’Iran prend forme avec le Hezbollah libanais dirigé par l’emblématique Saïd Hassan Nasrallah. L’extension de la toile chiite au Moyen Orient : Le Hezbollah libanais et sa politique antisioniste.
 
 En 1982, l’armée israélienne envahit le Liban alors en pleine guerre civile. Cette invasion sioniste favorise la naissance du Hezbollah (parti de Dieu en arabe), un groupe de résistants chiites pour libérer leur pays. Les sacrifices du Hezbollah finissent par payer avec le retrait des sionistes. Progressivement, le Hezbollah se structure davantage sur plusieurs plans sous l’égide d’Hassan Nasrallah. Sa notoriété est le fruit de leurs investissements militaires, sociaux, intellectuels, culturels, économiques et politiques au Liban. La révolution iranienne a inspiré les démarches du parti.
 
 En 2006, le Hezbollah fait échouer une nouvelle tentative d’invasion du Liban par Israël en un mois : c’est la guerre des 33 jours (12 juillet-14 Août). L’armée sioniste est obligée de battre en  retraite après la résolution 1701 de l’ONU. Cette fuite rappelle les mots du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah qui a affirmé le 25 Mai 2000, après avoir libéré le Liban des sionistes israéliens que : 
« Israël est plus fragile qu’une toile d’araignée », une sorte de géant aux pieds d’argile. 
 
Il vient peut-être de détecter le talon d’Achille de l’Etat sioniste. Au sud du Liban (vers la frontière avec la Palestine), le musée à ciel ouvert de Mleeta exposant à l’air libre le butin de guerre pris aux sionistes  de 1982 à 2006 symbolise la faiblesse de l’Etat sioniste d’Israël. Ce retrait juif en 2006 n’a pas affaibli l’antisionisme du Hezbollah et sa résistance face aux tentatives des USA, allié historique d’Israel. Enfin, depuis la naissance du Hezbollah, Israël n’a pas annexé de territoire des pays voisins de la Palestine et sans le Hezbollah, une bonne partie du Liban actuel, notamment le sud, serait certainement à l’intérieur de l’Etat sioniste d’Israël, à l’image du plateau syrien du Golan. Pour les sionistes, tout comme la révolution iranienne, l’exemple libanais du Hezbollah ne doit pas être copié par des peuples de la région notamment en Syrie avec le Golan (Région de la Syrie annexée par Israël lors de la guerre des 6 jours) et peut-être même en Palestine. 
La réaction américano-sioniste face à la montée du chiisme : entre désinformation, sanctions économiques et attaques militaires Les USA et Israël ont beaucoup activé leur force et influence sur la communauté internationale et sur la plus part des pays pour bloquer la force chiite dont les stratégies risquent de gagner d’autres pays ou peuples, même par la sympathie. Les moyens d’actions d’Israël et des USA sont entre autres les assassinats ciblés (Général Qasim Soleimani), les enlèvements de dignitaires du Hezbollah, des sanctions économiques (ciblées), les sabotages médiatiques, politiques, technologiques ou physiques (attaques technologiques, surveillance/espionnage) etc. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre que les USA et certains de leurs alliés considèrent le Hezbollah libanais et les gardiens de la révolution iranienne (une partie de l’armée iranienne dépendant directement du guide de la révolution, chef de l’Etat iranien) comme des organisations terroristes, l’Iran comme un Etat voyou. 
En effet, l’Iran et le Hezbollah sont peut-être un modèle réussi dans la lutte contre l’antisionisme au sens élargi, celui spoliant d’abord les terres palestiniennes, pour atteindre, avec l’inertie, la naïveté ou même la complicité de certains Etats musulmans, au projet de grand Israel, intégrant en plus de la Palestine une partie de plusieurs pays arabes (Egypte, Jordanie, Syrie, Liban, Arabie Saoudite), la colonisation de la Palestine n’étant qu’une étape initiale. 
 
CONCLUSION 
Si plusieurs Etats arabes ont montré un soutien sans faille au peuple palestinien dès la création de l’Etat sioniste par les anglo-saxons (Grande Bretagne et USA), aujourd’hui les musulmans semblent oublier ce peuple expulsé ou tout simplement soumis. La révolution iranienne et la naissance du Hezbollah sont un signe de la prise de conscience et d’une réorientation de l’antisionisme au Moyen Orient, face à des adversaires peu soucieux et immunisés contre les règles et sanctions internationales. 
Pour tous les Etats ou âmes sensibles à la cause palestinienne, qu’ils soient musulmans ou non, la journée mondiale commémorative d’Al-Quds célébrée un peu partout dans le monde reste la principale force subtile contre l’antisionisme israélien.

Article présenté par Monsieur NDIAYE Bacary Kèba : Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ED-ETHOS, Professeur d’Histoire et Géographie, chercheur en Géographie et en sciences islamiques. pour une publication à l’occasion de la journée mondiale d’Al-Quds organisée par le Conseil des Oulémas d’Ahlul-Bayt du Sénégal, Mai 2020.
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