Il y a quelques jours, les travaux parlementaires du Sénat américain ont été paralysés, pendant, exactement, douze heures et cinquante deux minutes, par le discours fleuve du sénateur républicain, Rand Paul, qui entendait bloquer, de cette manière, la confirmation de John Brennan, à la tête de la CIA.
En fait M. Paul a fait recours à ce sabotage, pour contraindre l’administration de Barak Obama à garantir, par écrit, que l'exécutif n'a pas le pouvoir d'ordonner une frappe, par drone, sur le sol américain contre un Américain «dans un café, à San Francisco ou un restaurant, à Houston», sans procès.
J’avoue tout de suite qu’il m’est difficile d’imaginer le gouvernement des Etats-Unis faire recours aux drones sur le territoire national pour exécuter tel ou tel malfaiteur ou traitre américain. Néanmoins, j’aurais été prêt à saluer la sollicitude, dont Rand Paul fait preuve vis-à-vis de la sécurité de ses compatriotes, si elle n’était pas aussi sélective.
Certes, je suis très content, pour les clients des cafés, bars et restaurants américains, qui n’auront pas, désormais, à scruter le ciel, avec angoisse, dans l’attente d’une attaque éventuelle des drones. Je pense, cependant, que c’est une piètre consolation, pour les Américains, qui se savent exposés, quotidiennement, à une mort beaucoup moins sophistiquée, non seulement, dans les bars, mais aussi, dans les écoles, dans la rue, dans les magasins et même chez eux, et cela, au gré des fous, des illuminés et autres justiciers de pacotille armés jusqu’aux dents.
Pourtant, le Parti républicain s’élève contre la limitation même partielle de la vente libre des armes à feu, aux Etats-Unis, avec le même acharnement que le sénateur Rand Paul déploie, pour interdire l’usage des drones, sur le sol américain.