« Des relations avec l'Iran sont, pour les Etats-Unis, comme étant des morceaux d'un puzzle qu'ils ne peuvent pas négliger, sur la donne régionale.C'est donc en étape par étape que les intérêts des deux parties se définissent, dans les conditions sensibles de nos jours». C'est en fait le très bref extrait d'une analyse publiée par le quotidien arabophone Al-Safir. Les lignes qui suivent le disent de façon plus détaillée.
''Iraniens et Américains, cherchent, les uns comme les autres, à bien observer la région, sans pour se précipiter à atteindre cet objectif. La raison en est claire : ils ont leurs propres questions internes à eux, des questions prioritaires à résoudre. Les deux parties se soucient également à maintenir les équations de pouvoir dans une situation convenable, sans se permettre la défaite et sans permettre à l'autre partie, des agissements et perturbations. La confrontation militaire y est ainsi proscrite ; et s'agissant du règlement de compte, ils connaissent bien quels éléments leur offrirait la donne régionale. Chacune des deux parties cherche à ne pas contrarier l'autre, sans, pour autant, lui permettre de nuire à ses acquis ni d'entraver son progrès.
En ce qui concerne l'affaire nucléaire, les Iraniens sont fiers de n'avoir jamais renoncé à leurs droits et d'avoir pu résister, malgré les sanctions. A son tour, les Etats-Unis disent qu'ils ont réussi à priver l'Iran d'environ 40% de ses revenus pétroliers, ce qui a été à l'origine de la dévalorisation de la monnaie nationale dans les taux de change. Sans permettre un optimisme absolu, les négociations tenues à Almaty entre l'Iran et les 5+1 ont montré qu'une solution pacifique serait toujours envisageable, mais pas du jour au lendemain.
Parlant de l'affaire syrienne, les Iraniens sentent qu'ils peuvent toujours camper sur leur position. S'il leur arrive de constater que les attaques occidentales ont définitivement visé l'axe de la résistance, ils mobiliseront tous leurs moyens, afin de neutraliser leurs efforts et de faire avancer leurs propres objectifs. Une fois réussi à le faire, l'ordre de la République islamique en sortira plus fort qu'auparavant, avec un poids régional renforcé. Ainsi, les Etats-Unis pourront-t-ils réaliser que la poursuite du bain du sang en Syrie nuirait à leurs intérêts et à ceux de leurs alliés surtout Israël. Ils n'auront donc d'autre choix que d'accepter l'Iran comme faisant partie de la solution à la crise syrienne.
Concernant le Liban, l'Iran a confiance en le mouvement Hezbollah, comme tous ses autres alliés régionaux. D'autre part, les Etats-Unis, aussi, savent qu'ils ne pourront pas ignorer le poids du Hezbollah. Sur ce fond, ils empêchent Israël d'entrer en confrontation avec ce mouvement. Ils sont aussi bien conscients de la capacité du Hezbollah libanais à déjouer les complots qu'ils concoctent à son encontre.
Pour ce qui concerne la récente visite du Président iranien, Mahmoud Ahmadinejad en Egypte, on ne pourrait pas dire qu'elle ait abouti à de grandes évolutions, en termes des relations bilatérales irano-égyptiennes, sauf pour le secteur de tourisme. On ne pourrait non plus parler d'une entente politique importante. Quoique la visite du Secrétaire d'Etat américain, John Kerry, non plus, n'ait eu aucun acquis, en vue de renforcer la place de Washington, dans la région, et surtout en Egypte. Cette visite, on pourrait l'évaluer dans le cadre du renforcement du partenariat régional, autour des Etats-Unis, en se focalisant sur l'affaire syrienne. Cette visite nous a, quand même, appris que Washington suit de près les évolutions en cours de la région, en ces conditions d'ailleurs très névralgiques et qu'il pourrait y intervenir, à moins qu'une évolution inattendue ne déjoue pas tout le calcul washingtonien.
En cette ère de vitesse en termes d'information, des relations avec l'Iran sont, pour les Etats-Unis, comme des morceaux d'un puzzle qu'on ne pourrait pas négliger sur la donne régionale. La stratégie dominante dans la région est, de nos jours, de telle que c'est en étape par étape que se définissent les intérêts des deux parties. Cette situation profiterait, pourtant, plus à Téhéran qu'à Washington.''