Génocide en Centrafrique, les évacuations de musulmans s’intensifient

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Coincés dans des enclaves protégées par les forces internationales, 1 300 musulmans ont quitté la capitale centrafricaine pour fuir vers le nord.

1 300 musulmans ont quitté le quartier PK-12 de Bangui, le 27 avril, pour être évacués vers le nord, près de la frontière tchadienne.

Organisée par l’ONU, l’évacuation a été dénoncée par le gouvernement centrafricain, qui craint une partition du pays.

L’insécurité règne toujours : 13 musulmans et trois employés locaux de Médecins sans frontières, ont été tués.

Selon l’ONU, l’opération était devenue inéluctable : harcelés depuis des mois dans le quartier PK-12 de Bangui, 1 300 musulmans ont été évacués vers le nord, près de la frontière tchadienne. Dix-huit camions, chargés de familles et de leurs bagages, ont pris la route, escortés par des militaires africains de la Misca. Menacés par des miliciens des quartiers environnants, les musulmans vivaient dans une sorte d’enclave sous protection des soldats français et africains.

Sans attendre, des centaines de leurs anciens voisins, des extrémistes chrétiens se sont mis à piller la mosquée. « Si elle n’a pas été détruite, c’est seulement parce que les soldats de la Misca étaient présents », précise Fatoumata Lejeune-Kaba, porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU.

Ont eu lieu des scènes de haine à la mesure de la tension qui règne entre les communautés à Bangui. Assimilés à la milice Séléka au pouvoir jusqu’en janvier, les musulmans étaient ciblés depuis décembre et le début de l’intervention française. Au PK-12, 18 musulmans seraient mortes par balles, grenade ou machette, et les blessés nombreux.

Des centaines de milliers d’habitants musulmans déplacés

Un transfert des habitants du PK-12 avait déjà eu lieu dimanche 20 et lundi 21 avril. Il concernait 90 habitants musulmans, réinstallés dans la ville de Bambari, en majorité chrétienne mais relativement épargnée par les violence contre les musulmans. Le HCR justifie ces relocalisations par la « radicalisation » des milices anti-balakas, acteurs de nombreuses exactions. Elles ont été créées pour combattre les ex-Séléka.

Représentant environ 15 % de la population avant le début de leur exode, les musulmans centrafricains sont les commerçants du pays. Avec leur départ, l’économie pourra difficilement se relancer et les marchés ne pourront être approvisionnés.

Quelques milliers de musulmans subsistent à Bangui, principalement dans le quartier PK-5. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers avant décembre 2013.

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