Vali Nasr, spécialiste du Moyen-Orient, estime que l’héritage du passé et les pactes des puissances colonialistes, pour se partager les possessions arabes de l’Empire ottoman, se sont effondrés, aujourd’hui. Le quotidien égyptien, "Al-Ahram", vient de publier un article portant sur la situation générale du monde arabe. Nous reproduisons ici un extrait de cet article.
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De nos jours, le monde arabe est le théâtre d’une grande vague de violence politique et religieuse, dont la réalité semble irréfutable, après plusieurs décennies d’instabilité et d’incertitude, dans les grands pays du monde arabe. Dans ce cadre, il semble, aussi, que douze ans après le déclenchement de la guerre, en Irak, les puissances occidentales sont en train de payer le retour des sociétés arabes à la situation qui existait, dans le monde arabe, avant la Première guerre mondiale, avec l’aggravation du conflit entre Sunnites et Chiites.
Ce qui s’est produit, au Liban, et dans d’autres pays arabes, pendant l’histoire contemporaine de la région, la destruction des infrastructures, dans les pays, comme l’Irak, la Syrie, la Libye et le Yémen, les conflits ethniques et tribaux ou les révolutions populaires, qui semblent s'être dévoyées, ont, tous, créé une situation favorable à l’intervention en profondeur des puissances non-arabes, dans la région, puissances, qui se servent, avant tout, de l’instabilité politique et sociale,au sein des pays arabes.
Mais pour changer la donne et mettre fin aux crises, dans les pays arabes, le monde arabe n’a pas besoin du levier militaire, mais d’une puissance capable de remédier aux problèmes politiques et sociaux des pays de la région, car ces problèmes ne peuvent plus être résolus par des solutions provisoires.
Nous devons rappeler que, depuis assez longtemps, les centres de recherche occidentaux parlent de la nécessité de la modification de la carte politique du Moyen-Orient. Le but de ces recherches était l’effondrement des gouvernements puissants, dans certains pays arabes. L’Egypte est, peut-être, le seul pays arabe à avoir gardé sa structure politique, malgré la révolution qui a eu lieu, dans ce pays.
Le quotidien américain, "Wall Street Journal" a publié, dimanche dernier, un article de Vali Nasr, professeur de relations internationales, à l’Université John Hopkins. Selon Vali Nasr, spécialiste du Moyen-Orient, l’héritage du passé et les pactes des puissances colonialistes, pour se partager les possessions arabes de l’Empire ottoman, se sont effondrés, aujourd’hui. Nas prévoit que le Moyen-Orient connaîtra une période d’agitations profondes et qu’un nouvel Ordre politique va, bientôt, apparaître, dans cette partie du monde.
Par exemple, désormais, il est difficile de croire que l’on puisse détruire, totalement, Daesh. Cette organisation est devenue une puissance militaire importante, qui tient tête aux armées classiques de la région. En outre, Daesh profite du soutien d’une partie de la population, dans certains pays arabes.
La guerre religieuse semble devenir l’élément, qui pourrait déterminer le sort des sociétés arabes. Selon ce scénario de conflits religieux, de nouveaux pays sunnites et chiites apparaîtront, au sein du Monde arabe. Ces conflits feront disparaître les frontières et créeront un immense espace, où se propageront des guerres ethniques et confessionnelles sanglantes.
Le danger de la division des pays, comme la Syrie, le Yémen ou la Libye, provient des problèmes internes, et aucune puissance étrangère ne sera en mesure de les régler de l’extérieur.