Bon nombre parmi les Etats que sidèrent la montée en puissance, les avancées de l'organisation djihado-terroriste et les horreurs dont elles s'accompagnent, déversent des larmes de crocodile sur une situation qu'ils n'ont pas peu contribué à créer.
Ceux à qui l'on fait référence sont les Etats-Unis et les pays de la région où sévit cette organisation terroriste, principalement, l'Arabie saoudite et les autres pétromonarchies, mais aussi, la Turquie. Ce sont ces puissances, qui ont donné naissance au monstre qu'elles dénoncent, aujourd'hui, et prétendent vouloir écraser. Les accuser d'être responsables que l'Etat islamique de groupuscule jihado-islamique qu'il fut à ses débuts, est devenu la machine de guerre, qui bouscule, présentement, les armées locales, et se taille d'immenses territoires, ne relève pas de l'addiction à la «théorie du complot». Le rôle des Etats-Unis et des pétromonarchies, dans la création de l'Etat islamique, s'est, désormais, démontré. L'émergence, en Irak, de cette organisation, puis, son implantation, en Syrie, répondaient à l'une des conditions que les concepteurs du plan du «Grand Moyen-Orient» ont mises, pour sa réussite. Que ce plan soit américain, c'est un fait, mais les pétromonarchies et la Turquie y ont acquiescé et ont mis la main à sa réussite. Après avoir été les pyromanes ayant allumé le brasier, qui consume, maintenant, le Moyen-Orient et menace de s'étendre plus loin que là où ils ont cru pouvoir le circonscrire, ils versent des larmes de crocodile sur les tragédies humaines et civilisationnelles qu'il occasionne, et se présentent en pompiers venant au secours des peuples qui les subissent. C'est la pire des mystifications, en même temps qu'une immonde hypocrisie. Ce qu'ils ont commis relève du crime contre l'humanité, et ce serait faire preuve de complicité que de vouloir les en absoudre, au motif qu'ayant «pris conscience» qu'ils sont dépassés par le monstre qu'ils ont créé et nourri, ils chercheraient à le neutraliser. Le combattent-ils, vraiment, ce monstre ? Rien n'est moins évident, par la façon dont ils font face à sa progression, et encore moins, au constat de la terrible connivence qu'ils persistent à lui marquer. Par où l'organisation de l'Etat islamique reçoit les renforts de Jihado-terroristes du monde entier, qui viennent gonfler ses rangs, et achemine-t-elle l'armement dont elle les dote ? De Turquie. Par où l'Etat islamique écoule les produits de ses «conquêtes», qui lui rapportent l'argent nécessaire à l'entretien de sa machine de guerre ? De Turquie, encore. Et qui profite de ce trésor de guerre dégoulinant de sang ? La Turquie, encore, mais aussi, Israël et des puissances occidentales et régionales. Ces mêmes puissances, qui proclament être déterminées à assécher les sources de financement et d'approvisionnement en armement, qui permettent à l'Etat islamique d'entretenir et de renforcer ses capacités combatives. Les pompiers pyromanes, qui ont enfoncé l'Irak et la Syrie, dans le chaos, n'entendent pas éradiquer, dans le court terme, l'organisation jihado-terroriste. Ils se sont entendus, pour en maîtriser le débordement au-delà de l'Irak et de la Syrie, mais en la maintenant, dans ces deux pays, en des capacités de nuisance propices à la concrétisation du plan du «Grand Moyen-Orient». Ce n'est que cet objectif atteint qu'ils s'attaqueront à la neutralisation effective du monstre qu'ils ont créé et lâché contre les peuples d'Irak et de Syrie. D'ici là, peu leur importe ce qu'endurent et subissent les peuples contre lesquels il a été lâché.
Les pompiers pyromanes
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