Assad est-il en train de perdre?, par Alexandre Latsa

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Assad est-il en train de perdre?, par Alexandre Latsa

Les événements, en Syrie, ont évolué, ces dernières
semaines, conformément au scenario prévu dans les colonnes de Sputnik, auparavant. Ce scénario envisageait une nouvelle réalité, sur le terrain, nouvelle réalité, qui s’est confirmée par un équilibre des forces renouvelé entre les différents acteurs du conflit. Au Sud du pays, l’offensive des rebelles continue le long d’un axe grand Sud, allant de Quneitra à la province de Soweida, en passant par Deraa. Ce front Sud, composé de plusieurs milliers de soldats, concentre, principalement, son offensive, sur la ville de Quneitra, en escomptant, ainsi, établir une connexion avec les périphéries Sud et Sud-Ouest de la capitale, Damas. Autour de Damas, justement, le Hezbollah poursuit son nettoyage des monts Qalamoun, au Nord de la capitale, afin d’assécher les routes d’approvisionnement vers l’Est de la capitale, (vers la Ghouta orientale), ainsi que les flux de combattants, (comme on peut le voir, sur cette carte). L’opération vise, également, à sanctuariser la zone frontière avec le Liban, depuis laquelle nombre d’attaques ont été lancées par des Jihadistes, ces derniers mois. Évolution du front, sur le mont Qalamoun Au centre du pays, dans la province d’Idlib, le long corridor terrestre, sous contrôle de l’Armée syrienne, a été, peu à peu, réduit à néant, le front se stabilisant, le long de la frontière de la province, et tout au long de la plaine du Ghab. On se souvient qu’entre 200 et 300 soldats et civils s’étaient retrouvés pris au piège, dans l‘hôpital de Jisr al-Shoghour, tombé aux mains des rebelles jihadistes. Apres avoir tenu un mois de siège et d’attentats-suicides, les forces syriennes ont réussi à organiser une opération d’évacuation d’une grande partie des survivants de l’hôpital, dont le récit est digne d’un roman de science-fiction. Cette prise de contrôle quasi-total de la province d’Idlib a été possible, militairement, par des livraisons de matériel militaire plus sophistiqué à l’opposition, mais aussi et surtout, par l’afflux d’un très grand nombre de combattants étrangers, (principalement du monde russophone d’Asie). On note, également, le soutien actif de la Turquie, que ce soit, sur le plan militaire ou logistique, notamment, via la livraison d’armes, ce qui a déclenché un scandale politique national au royaume d’Erdogan. À l’Est du pays, la zone sous contrôle et au contact avec l’Emirat a connu un nouveau développement tragique. Au milieu du mois de mai, Daech lançait une gigantesque opération militaire lui permettant de prendre le contrôle de la ville de Palmyre, au prix de combats coûtant la vie à plus d’une centaine de soldats loyalistes. Apres la prise de contrôle de la cité antique, le groupe y a massacré plusieurs centaines de civils, suspectés d’avoir des liens avec le pouvoir syrien, créant un sentiment mitigé de peur, de doute et une volonté lâche d’intervenir, avec plus de fermeté contre la nébuleuse terroriste, en relançant le débat consistant à savoir s’il ne fallait pas soutenir Assad «contre» l’État islamique. Cette victoire a eu des conséquences terribles, pour le régime, tant sur le plan psychologique que stratégique : elle a, totalement, isolé les positions loyalistes, à Deir ez-Zor, laissé le vide du désert entre les positions de l’EI et les villes de Homs et Hama, sous contrôle du régime, et, enfin, permis à l’EI de prendre le contrôle des champs pétroliers, situés a proximité de la ville, et 80% des ressources énergétiques de Syrie. Au Nord du pays, les forces kurdes continuent leurs offensives et ont réussi à unifier une large bande de territoire, tout au Nord du pays, le long de la frontière avec la Turquie, en prenant, majoritairement, des positions de l’État islamique, comme on peut le voir en jaune, sur cette carte. Les forces kurdes, lourdement, appuyées par la coalition militaire internationale, ont, ainsi, infligé leurs premières pertes sévères aux Jihadistes, et, peut-être, initié un certain ralentissement de leur expansion, du moins, dans le Nord du pays. Dans la zone d’Alep, seconde ville du pays, principalement, sous contrôle des loyalistes, et au sein de laquelle vivent près de deux millions de civils, la situation est critique. La ville fait face à une menace d’encerclement, par le Nord, où Daech affronte les rebelles, pour le contrôle de la dernière route d’approvisionnement militaire de Turquie, (après avoir perdu les autres, face aux forces kurdes), mais aussi, par le Sud, ce qui menacerait la dernière voie d’approvisionnement du régime. Alep va-t-elle connaître des prochains mois terribles ? On peut, malheureusement, l’imaginer. Et maintenant ? Au fur et à mesure que la situation évolue, la stratégie Assad consistant à maintenir des avant-postes, en zones hostiles, au Nord et à l’Est du pays, s’avère coûteuse en hommes, mais, également, risquée, d’un point de vue stratégique, pour le régime. Pour le pouvoir syrien, la bataille d’Alep devrait, dans les prochains mois, s’avérer cruciale, afin de prouver sa capacité à garder la main sur la majorité habitée du territoire syrien, tout en protégeant les millions de civils qui y résident. A ce titre, les avancées de l’EI vers la zone centrale menacent, directement, l’axe central du pays, soit l’axe Damas — Hama — Lattaquié, colonne vertébrale du pouvoir, aujourd’hui. Le régime va-t-il se replier sur cette zone ou au contraire, lancer un assaut pour : — Reprendre Palmyre, (que l’EI a, entièrement, miné, craignant une offensive de l’armée), et, donc, le contrôle de la route de Deir ez-Zor. — Accentuer son effort militaire sur Alep. Et, ainsi, affirmer sa volonté de présence/puissance, sur l’Est et le Nord du pays ? Beaucoup dépendra de l’Iran, dont des responsables militaires ont, récemment, promis de grandes surprises, en Syrie, et rappelé que Téhéran et le Hezbollah seraient au côté de Damas, «jusqu’au bout».

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