« Pas ça ! »

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« Pas ça ! »

La campagne électorale présidentielle française s’est transformée en un exercice de propagande. Les électeurs sont bombardés de messages abscons qu’ils n’ont pas le temps d’analyser, mais qui les imprègnent.
À titre d’exemple, lors de son meeting d’Amiens, Emmanuel Macron a accusé Marine Le Pen de s’être réfugiée auprès des Prussiens lors du siège de Paris… en 1870, puis d’avoir partagé l’idéologie destructrice de l’Allemagne… en 1914. Sur ce, il s’est exclamé avec exaltation : « Pas ça !, Pas ça !, Pas ça ! ». Bien sûr, vous n’avez pas écouté ce message, mais vous l’avez entendu : Marine Le Pen ne serait pas l’incarnation de la Nation qu’elle prétend être, mais de la Trahison. Vous devriez lui faire barrage et donc voter Macron.
Le sociologue Jean-Claude Paye nous explique pourquoi personne n’a réagit à ce délire soigneusement préparé et retransmis sans broncher par toutes les chaînes de télévision.+

 

Écoutez très attentivement cette vidéo : brandissant la médaille commémorative de la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette où reposent 45 000 combattants de la Première Guerre mondiale, Emmanuel Macron y affirme que celle-ci avait été déclarée par des dirigeants qui pensaient : « Nous allons mieux que le voisin, alors allons le détruire ». Puis, il accuse Marine Le Pen et ses amis, « réfugiés au château de Montretout », de partager la même idéologie que l’agresseur et de vouloir précipiter la France dans une guerre identique. Avec véhémence, il s’exclame : « Pas ça !, Pas ça !, Pas ça ! »
Le château de Montretout, où Marine Le Pen a été élevée, avait été pris par les Prussiens lors du siège de Paris, en… 1870. L’expression « réfugiés au château de Montretout » évoque donc un lien entre Marine Le Pen enfant et le roi de Prusse et empereur d’Allemagne Guillaume Ier.
Les héros de Notre-Dame-de Lorette sont tombés au champ d’honneur en… 1914-18. Et le but de guerre de l’empereur Guillaume II n’était certainement pas de détruire la France .
C’est la première fois que l’on invente un lien de causalité entre la guerre de 1870, la Première Guerre mondiale et le Front National. Marine Le Pen est née en 1968.

Lors d’un meeting à Arras, le 26 avril 2017, Emmanuel Macron a réutilisé une procédure habituelle, fonctionnant comme une compulsion de répétition. Il a fermement condamné le Front National comme un parti incarnant la guerre, la vraie : celle de 1914-18 et, dans un élan exalté, s’est emporté contre la perspective d’une venue au pouvoir de Marine Le Pen en s’écriant : « Pas ça !, Pas ça !, Pas ça ! ». Cette opposition à l’image de la guerre, dont le Front National serait l’incarnation, contraste avec sa volonté proclamée de s’engager dans la guerre actuelle, d’intervenir en Syrie, même sans mandat de l’Onu, en violation du droit international, pour renverser le président élu Bachar el Assad [1]. Ainsi, Macron propose la guerre réelle comme programme électoral, afin de conjurer le danger de l’image de la guerre.

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