Tebyan: Salamalaikum. Nous sommes réellement contents de vous voir. Ce qui nous a incité à vouloir vous voir est la réputation dont vous jouissez dans le monde de l’Islam, en particulier auprès des Chiites, et l’on peut dire qu’en vérité, rencontrer de semblables personnages dans le Monde de l’Islam est rare et tous ceux qui comptent parmi les gens de science et de culture aiment à vous connaître et à vous faire connaître. Bien sûr il y a chez vous une spécificité, la question de la conversion au Chiisme, et nous aimerions connaître la raison principale et le secret qui vous a poussé à vous convertir au Chiisme, de sorte que vous êtes devenu une personnalité importante dans le Monde chiite.
Dr.Tidjãni: Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux; en ce qui me concerne, dans tous les cas, je me raccroche à ce propos divin qui nous invite à dire en toute circonstance: «Louange à Dieu qui nous a guidé vers cela et nous n’aurions pas été guidés si Dieu ne nous avait lui-même guidés».
En réalité, tous ces événements sont une grâce de la part de Dieu le Très-Haut, et l’on peut le considérer comme un retour vers les fondamentaux et vers mes origines familiales car ma famille appartient à la famille des descendants de Ali, émigrée d’Irak, fuyant le pouvoir abbasside qui l’avait condamnée à mort, pour s’installer en Afrique du Nord, en Tunisie, et qui avec le temps, est progressivement devenue sunnite, en adoptant une attitude de «dissimulation» (taqiyya) et la volonté divine voulut que nous retrouvions nos origines afin de comprendre la vérité.
Mon voyage à la Mecque fut une réussite et sur le chemin du retour, Dieu voulut attirer notre attention sur l’Irak et il plaça sur mon chemin un homme chiite qui nous emmena en Irak. J’ai pris part à une réunion de savants chiites en présence de savants tels que Mohammad Baqer Sadr et Seyyed Hakim. Là-bas, avant d’entrer en contact avec leur doctrine et de m’en sentir influencé, j’ai été étonné par leur comportement. C’est peut-être cette éthique chiite qui m’a attiré et tout au long de mon séjour là-bas, c’est leur comportement qui nous a impressionnés. Au fil des discussions et des questions qui m’étaient posées, j’ai commencé à être travaillé par le doute, un doute d’une nature semblable à celui défini par Ghazzãli comme un chemin pour découvrir la vérité.
Quand je suis rentré dans mon pays, la Tunisie, j’ai remarqué qu’ils avaient tenu leur parole et qu’ils avaient envoyé gratuitement tous les livres que j’avais demandés, ce qui me surpris énormément et me poussa à faire des recherches pendant trois ans. Finalement, après moult recherches, précisions et comparaisons, j’ai compris qu’Ahl al-Bayt (paix sur eux) était le principe et la racine de l’Islam, et que ceux qui leur tournaient le dos étaient en réalité dans l’égarement; c’est pourquoi j’ai décidé de rédiger mon livre intitulé «Puis j’ai été guidé» car je me savais moi-même un musulman égaré.