Les dernières informations sur la situation du Sheikh Zakzaky ont été présentées lors d’une réunion virtuelle à Londres, en présence d’un groupe d'experts de la Commission islamique des droits de l'homme.
Au cours de cette réunion, le groupe d”experts a examiné les dimensions du massacre des chiites nigérians à Zaria et la situation du cheikh Ibrahim Zakzaky, chef du Mouvement islamique nigérian, et déclaré que le gouvernement devait être tenu responsable des violences à l’encontre des chiites de ce pays.
En décembre 2015, l'armée nigériane a attaqué le centre chiite de la ville de Zaria dans l'État de Kaduna, tuant des centaines d'adeptes du cheikh Zakzaky. Des centaines de personnes ont été arrêtées dans cette attaque dont le cheikh Zakzaky, chef du mouvement chiite Nigérian, et son épouse, Zinat Ibrahim, qui sont en prison depuis près de cinq ans. Les corps des martyrs ont été enterrés dans des fosses communes et les responsables de ces atrocités n’ont pas été interrogés ni arrêtés.
Un récent rapport de la Commission islamique des droits de l'homme sur le massacre de Zaria, envoyé à la Cour pénale internationale, soutient que le gouvernement nigérian cherche à éliminer les preuves des événements de décembre 2015, et a demandé à la CPI de faire la lumière sur cette affaire avant qu'il ne soit trop tard. En conséquence, l'Organisation islamique des droits de l'homme a tenu une réunion virtuelle le 26 juin 2020, pour examiner les dimensions et les développements de cette affaire.
Jumay Ahmad Karufi, représentante du Mouvement nigérian de résistance islamique et témoin de la tragédie, a raconté ce qu’il avait vu jour de l'attaque brutale de l'armée nigériane contre Zaria et les partisans du cheikh Zakzaky.
Mme Karufi a déclaré : « Ce jour-là, un grand nombre de soldats de l'armée ont attaqué le centre du cheikh Zakzaky. Ils ont tiré sur des jeunes femmes et des enfants. J'ai vu une fillette de 8 ou 9 ans et une fillette de 6 ans se faire tirer dessus. C'était effrayant. J'ai également été touchée deux fois. Un homme a voulu m'aider, mais il a été abattu et est tombé en martyr. Même maintenant, je suis terrifiée par ces souvenirs. Les forces armées incendiaient les maisons et n’épargnaient personne ».
Katrina Aina, auteure du rapport de la Commission islamique des droits de l'homme, a déclaré qu’il s’agissait d’un crime d’état contre les partisans du Mouvement islamique nigérian et leur chef.
« Cette situation se poursuit et il existe de nombreuses vidéos de manifestations chiites après cet incident, qui montrent que les soldats attaquent leurs manifestations pacifiques et leur tirent dessus. La Cour pénale internationale (CPI) a pris des mesures au cours des cinq dernières années, notamment en interrogeant le gouvernement nigérian sur cet incident et en appelant à une enquête ».
Femi Flana, militant pour le respect des droits de l’homme, représentant et avocat du cheikh Zakzaky et de sa femme dans plusieurs procès, a déclaré : « Les attaques contre des chiites et la famille du cheikh Zakzaky sont illégales ainsi que sa détention. En 2016, le tribunal les a déclarés non coupables et a annoncé leur libération. Le cheikh Zakzaky, sa femme et un groupe de ses partisans sont actuellement en prison sans charges spécifiques. L'État de Kaduna doit enquêter sur l'attaque militaire. Malgré l'épidémie de Corona, le cheikh n'a pas été libéré de prison. Ils l'ont gardé en prison alors qu'ils ne pouvaient pas s'occuper de lui et veulent le laisser mourir. Nous utilisons tous les moyens possibles pour prouver la responsabilité du gouvernement nigérian, en vertu du droit international. Il n'y a aucune base légale pour les actions de l'armée et du gouvernement nigérians contre le Mouvement islamique nigérian, et cette décision du gouvernement nigérian est contraire aux principes de la Constitution nigériane ».
Le Dr Kazem Dala, chef de l’équipe médicale chargée de la situation de santé du cheikh Zakzaky, se référant à la campagne de la Commission islamique des droits de l'homme à Londres, a déclaré qu’il fallait faire pression sur le gouvernement nigérian et se joindre à la campagne.
Concernant son état de santé, Dala a déclaré : « Lors de la dernière rencontre que j'ai eue avec le cheikh, je l'ai trouvé plus âgé et plus faible car il jeûnait pendant le Ramadan, mais le moral du cheikh était très bon. Pendant six jours, j'ai eu l'occasion de vérifier son état de santé. Dans toute ma vie professionnelle, je n'ai jamais vu une personne atteinte d’autant de maladies. Le cheikh a un problème de foie et suite aux balles qui sont dans son corps, il souffre d’un empoisonnement au plomb. De plus, ses deux yeux ont des problèmes de vision et son œil gauche est gravement endommagé. L'épouse du cheikh a également des problèmes aigus aux os et au foie, un taux de cholestérol élevé et un empoisonnement à l'arsenic et au plomb causé par les balles laissées dans son corps ».
À l'issue de la réunion, Soheila Zakzaky, la fille du cheikh Zakzaky, qui a été témoin de la tragédie, a déclaré : « Le 13 décembre 2015, les forces armées ont d'abord attaqué le centre islamique puis notre maison. Ils ont brutalement tué les gens. Trois de mes frères sont tombés en martyrs et de nombreux blessés ont été transportés à l'hôpital sans que nous sachions ce qui leur est arrivé. Nous ne connaissions pas la raison de cette attaque, ils tiraient sans donner aucune explication. Mon père avait parlé de divers problèmes dans le pays, et le gouvernement n'avait pas apprécié. Cependant les partisans du mouvement sont forts et les événements de 2015 ne les ont pas affectés ».