Les commentateurs politiques israéliens confirment ce que nous soupçonnions, depuis longtemps, c’est-à-dire que l’intervention militaire de la France, au Mali, est conçue, non seulement, pour protéger ses propres intérêts, dans la région, mais aussi, pour favoriser les intérêts d’Israël. L’aventure malienne a ouvert de nouvelles portes, pour Israël, sur le plan diplomatique, mais aussi, au profit de ses projets d’expansion, sur le continent africain, dans son intégralité. L’objectif d’Israël est de gagner de l’influence, en Afrique, en incitant les peuples et les gouvernements à la violence contre les populations arabes. En plus de cette campagne, sur le plan diplomatique, Israël vend des armes aux pays amis, fournit une expertise technique et étend, également, son influence, par la mise en œuvre de mégaprojets, sur le continent, en collaboration avec d’énormes institutions financières internationales.
Un éditorial récent, dans la presse israélienne se réfère à la «déception» du Président malien intérimaire, Dioncounda Traoré, sur le fait que les pays arabes n’auraient pas condamné les groupes islamistes, qui avaient pris le dessus sur la partie Nord du pays. Au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, le 27 janvier dernier, Traoré a parlé de son sentiment d’avoir été trahi, car les pays arabes ne s’étaient pas joints à la lutte du Mali contre les islamistes, mais avaient, au contraire, condamné la France, pour son intervention. Ces idées ont, ensuite, été reprises, par la presse malienne, et plusieurs éditoriaux très critiques vis-à-vis des pays arabes ont suivi. En réalité, les récriminations de Traoré sont malhonnêtes et ne sont que l’écho de la puissante machine à propagande d’Israël. Au Sommet de l’Organisation de Coopération islamique (OCI), qui s’est tenu, au Caire, au début du mois, une résolution a été adoptée, soutenue, par les 57 nations présentes, «condamnant le terrorisme», dans l’État de l’Afrique de l’Ouest, et soutenant, pleinement, les efforts du gouvernement malien, pour rétablir «l’unité et l’intégrité territoriale du Mali».
L’éditorial israélien mentionné ci-dessus liait la «déception» de Traoré au fait que son pays avait, déjà, coupé les liens avec Israël «sous la forte pression arabe». Un article paru dans Le Matin du Mali a affirmé que les islamistes sont soutenus par des pays arabes et musulmans et a lancé de nouvelles critiques envers les Palestiniens, en affirmant que l’ambassadeur de l’OLP, pour le pays, n’avait pas condamné les militants islamistes.
Couper les relations avec Israël est, avant tout, une position éthique. Israël est l’agresseur, et il occupe des territoires arabes, changeant leur identité démographique et déplaçant des millions de personnes. Et Israël a lancé de nombreuses guerres contre ses voisins. Pour le peuple malien et un grand nombre d’États africains, qui ont une majorité musulmane, l’occupation de (Qods)Jérusalem est une insulte au milliard et demi de Musulmans, dans le monde. Israël a pénétré, dans les pays du bassin du Nil, en finançant des projets massifs de construction de barrages et en les incitant à modifier les accords de répartition de l’eau, afin de réduire les quotas, pour les pays situés en aval, dont l’Égypte et le Soudan. Malheureusement, l’ancien régime égyptien avait collaboré avec cette injustice et la situation actuelle d’instabilité, dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, peut permettre une pénétration israélienne plus aisée, en Afrique, en raison d’un manque de vigilance.
L’Égypte est, actuellement, occupée par ses propres questionnements post-révolutionnaires, et la Tunisie fait face à une crise politique, sans précédent. La Libye est en échec total, le gouvernement central étant sous la coupe de l’OTAN, qui a renversé l’ancien régime. L’Algérie se méfie de la crise, au Mali, car elle craint des répercussions sur sa sécurité et sa stabilité. Non pas que la responsabilité de davantage résister à la pénétration israélienne devrait incomber, uniquement, aux pays afro-arabes. Mais comment la Syrie pourrait-elle y contribuer, alors qu’elle est déchirée par la guerre civile ? Et comment l’Irak pourrait-il intervenir, alors qu’il est brisé par le sectarisme ? Quel rôle peut jouer le Yémen divisé, sur l’avenir du continent africain ?
L’Arabie saoudite et d’autres États du Golfe sont trop occupés à intervenir, dans la crise syrienne, ou à tenter de renverser la révolution égyptienne, en soutenant l’opposition. Et dans tous les cas, ces pays-là ne croient absolument pas en la démocratie ou les droits de l’Homme...
Malheureusement, Israël a tout à gagner, alors que les Arabes sont, totalement, inactifs.