Comme par miracle, les Américains en sont depuis quelques heures à plaider en faveur de la "paix" au Yémen ! Et pourtant cette semaine ils ont commencé à évacuer leurs troupes basées en Afghanistan vers le Sud yéménite où ils occupent des bases par Émirats interposés et d'où ils envoient terroristes et formateurs vers al-Bayda afin de faire enliser Ansarallah et l'empêcher de gagner la sprinte finale à Maarib.
Au fait al-Bayda a été ces deux dernières semaines le théâtre du premier face-à-face US Army/Ansarallah, une armée américaine, désespérée de Riyad et se faisant aider par des terroristes daechistes ou d'Al- Qaïda venus d'Irak et de la Syrie. Mais la guerre d'al-Bayda, l'Amérique l'a perdue en à peine 72 heures en dépit des semaines de préparatifs et à l'heure qu'il est, Ansarallah continue à avancer. Après cette première défaite US, les USA ont-ils une quelconque chance de prendre pignon sur rue au Yémen et d'y dresser des bases en lieu et place de celles perdues en Afghanistan? Rien qu'un regard rétrospectif sur ce qui s'est passé ces dernières semaines sur le front de guerre nous pousse à répondre par NON.
Le département américain de la Défense a reconnu en effet que les troupes américaines sur le terrain avaient soutenu la coalition dirigée par les Saoudiens autour de Moukalla, port stratégique sur la côte ouest en 2016. Mais cette semaine il y a eu de nouveaux renvois de troupes. Pourquoi?
Les combattants d’Ansarallah au Yémen ont annoncé avoir abattu le mardi et mercredi 22 juin un drone-espion américain dans la province centrale de Maarib, le deuxième en deux jours. Le porte-parole des forces armées yéménites, le général de brigade Yahya Saree a tweeté que deux drones Scan Eagle avaient été abattus alors qu'il menaient des activités hostiles dans le district d'al-Mashjah, dans l'ouest de Maarib. Signe d'un vrai défi aerien contre la coalition.
Dans la foulée, le Conseil des ministres du gouvernement de salut national a salué l'opération d'al-Nasr al-Mobin ( al-Bayda) menée par les combattants yéménites contre des éléments d'Al-Qaïda soutenus par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite dans la province d’al-Bayda.
Lors d’une réunion du 14 juillet, le Conseil a affirmé que l'opération avait renforcé la confiance du peuple yéménite dans son armée et les combattants d’Ansarallah face à la tentative de la coalition et de ses éléments terroristes de saper la détermination du peuple yéménite.
Le cabinet a souligné que cette opération, qui s'inscrit dans le cadre d'une série de victoires qualitatives et stratégiques pour l'armée et les Comités populaires, (surnommés également Ansarallah) a clairement révélé l'étendue de l'harmonie et de la cohésion étroite entre la coalition et les terroristes d'Al-Qaïda, de Daech, appuyés par des armes et des frappes aériennes saoudiennes.
Le Conseil a salué aussi les tribus d’al-Bayda pour leur soutien aux combattants yéménites ayant réussi à dissuader les forces de la coalition et les éléments terroristes. Or al-Nasr al-Mobin, a changé le rapport de forces en faveur de l'axe de Résistance dans les régions d'al-Wadiyah, d'al-Bayda, de Maarib et d'al-Jawf.
Avec toutes ces évolutions les USA pouvaient-ils ne rien faire? Des derniers rapports indiquent que les troupes américaines ont pénétré la base d'al-Anad. Cette base est une pomme de discorde entre les forces du Conseil de transition du Sud affilié aux Émirats arabes unis et les mercenaires du gouvernement démissionnaire de Mansour Hadi soutenu par l'Arabie. Mais que cherche Washington ?
*Contrôle du réseau des ports de la mer d'Oman et de la mer Rouge ; Les îles et les ports yéménites revêtent une importance toute particulière pour les États-Unis en raison de leur domination sur le détroit de Bab el-Mandeb, la mer Rouge et la corne de l'Afrique. L'île de Mayyun (Périm) est située à environ 3,5 km au sud-ouest du Yémen. Les ports de Mokka, d'Aden, de Shahan et l'île de Socotra portent une importance toute particulière en termes de contrôle du réseau commercial maritime. Les Américains ont également posé leur griffe sur l’archipel Hanish, qui surplombe le port de Hudaydah et le détroit de Bab el-Mandab.
*Créer un nouveau front contre Ansarallah et l'axe de Résistance
Couper l'influence stratégique de l'Iran du golfe Persique à la mer Rouge et à la Méditerranée font partie des principaux objectifs des États-Unis de vouloir s’implanter dans la région. La domination sur le port stratégique de Hudaydah, l'île de Socotra, l'archipel Hanish et le détroit de Bab el-Mandeb bloquera également le lien logistique entre Ansarallah et l'axe de Résistance. La surveillance des renseignements par les Émirats arabes unis et Israël au Yémen, en Érythrée et en Somalie complètent également l'agenda.
La pénétration des États-Unis dans la région vise également à contrôler le fossé créé entre Riyad et Abou Dhabi et à empêcher Ansarallah de faire une progression vers le sud.
* Créer une rupture dans la route commerciale est-ouest
Les rives est et ouest de la mer Rouge fonctionnent de plus en plus comme une arène politique et sécuritaire commune dans laquelle les États-Unis ont des intérêts importants, notamment la libre circulation de 700 milliards de dollars de commerce et la concurrence pour l'influence de puissances extérieures comme la Chine et l’Iran. Le contrôle de cette route logistique dans la guerre commerciale contre la Chine est une nécessité incontournable pour les États-Unis. Washington considère également les actions de Pékin dans la mer Rouge et la corne de l'Afrique comme une grave menace. L'installation de la première base navale offshore de la Chine à la porte sud de la mer Rouge à Djibouti et l'emplacement de la côte yéménite le long de la route de la soie expliquent l’importance stratégique du Yémen. Aux marges désertiques du Baloutchistan dans le Sud-Ouest du Pakistan, la Chine développe d’importantes infrastructures portuaires à Gwadar. Ces aménagements s’intègrent dans ses stratégies de nouveau corridor sino-pakistanais CPEC par l’Himalaya et la nouvelle Route de la soie qui consistent à maîtriser les itinéraires terrestres et maritimes entre l’Asie orientale, le Proche-Orient et l’Europe. Dans ce contexte, le partenariat géostratégique avec le Pakistan, qui confère à la Chine une ouverture sur la mer d’Oman, prend tout son sens. Contraintes multiformes dans une région périphérique, longtemps restée sous-développée et instable.
* Main mise sur des ressources pétrolières du Yémen
Compte tenu de la progression d'Ansarallah sur le front de Maarib, les États-Unis cherchent à utiliser l'option militaire pour contrôler les ressources pétrolières. La relocalisation des troupes sur la côte yéménite, tout en facilitant les opérations en mer Rouge, dans le golfe d'Aden et en Afrique, complète l'objectif de Washington de prendre le contrôle des ressources stratégiques de la région. Comme la Syrie, les Américains cherchent à prendre le contrôle des ressources pétrolières de Maarib, Shebwa, al-Mahra et Hadramaout dans le sud du Yémen.
Mais est-ce gagné?
Marines et GI's ont perdu à al Bayda en 72 heures. Rien ne dit qu'ils pourraient se maintenir plus longtemp si Ansarallah mettait les attaquer par air et mer.
« La coalition dirigée par l'Arabie reçoit un coup dur à al-Bayda au Yémen », Ansarallah
Le porte-parole d’Ansarallah a déclaré que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite avait essuyé un coup dur à al-Bayda au milieu des gains territoriaux réalisés par les combattants yéménites.
« Une fois de plus et grâce à Dieu, l'ennemi reçoit un coup douloureux à al-Bayda » , s’est félicité mercredi Mohammed Abdulsalam dans un tweet.
« Les États-Unis se réveilleront sous l'impact d'une plus grande déception à al-Bayda », a-t-il assuré.
Les combattants yéménites ont pris le contrôle de grandes parties de deux grands districts de la province centrale du pays d'al-Bayda. Eg ils avancent toujours.