Certains pensent que l’affaiblissement de la dissuasion d’Israël puise dans la stratégie et les décisions des responsables de Tel-Aviv alors que des facteurs plus importants y pèsent.
Les récents développements de la région y compris la guerre de Gaza et les tensions sur les frontières du sud du Liban prouvent que l’affaiblissement de la dissuasion d’Israël est lié aux rapports de force dans la région qui, d’une part, contribuent au renforcement des capacités de l’axe de la Résistance, et de l’autre, affectent les stratégies et les plans d’Israël.
Concernant la crise en Syrie, Israël croit que la chute du gouvernement de Damas aboutirait à un divorce entre la Syrie et l’axe de la Résistance ; ce qui permettrait à Tel-Aviv d’assiéger la Résistance et le Liban. C’est sur la base de cette hypothèse que l’ancien Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a poussé, en 2016, Washington à accepter de mettre en application la stratégie de « guerre entre guerres ».
Mais la réalité est que la stratégie de « guerre entre guerres » n’est qu’un moyen militaire et qu’une solution temporaire pour les problèmes.
Lorsque la crise a été déclenchée en 2011 en Syrie, Israël a tenté d’abuser de l’implication de l’axe de la Résistance dans la guerre contre le terrorisme afin de réaliser ses objectifs assurant sa « suprématie » dans la région.
Israël n’a également lésiné sur rien pour faire sortir l’Iran de la Syrie et affaiblir la Résistance islamique au Liban via les frappes aériennes systématiques et les tentatives destinées à faire changer le gouvernement en Syrie.
L’un des autres aspects de cette stratégie de « guerre entre guerres » est « les cyberattaques » et « la politique de l’assassinat » contre les membres de la Résistance.
En 2019, nombreux étaient les analystes militaires et politiques israéliens qui ont mis en cause la faisabilité et l’efficacité de la stratégie de « guerre entre guerres » et réclamé sa révision pour voir à quel point cette stratégie pourra aider Israël à atteindre ses objectifs stratégiques.
Dès que Benjamin Netanyahu a été remplacé par Naftali Bennett, ce dernier a passé en revue la réalité de la sécurité stratégique d’Israël eu égard aux évolutions qui l’avaient affectée.
Avant de prendre les rênes du pouvoir à Tel-Aviv, Naftali Bennett estimait que la stratégie adoptée par Benjamin Netanyahu depuis 2016 pour neutraliser les menaces aux frontières du Nord avait tourné au fiasco. En plus, évoquant les attaques visant de temps à autre les navires israéliens, Bennett a conclu qu’Israël avait fait preuve d’une grande inefficacité pour déjouer les menaces.
Dès son arrivée au pouvoir, Naftali Bennett a procédé à la refonte des politiques de son prédécesseur et au remplacement des membres des services militaires et sécuritaires.
Le mois dernier, des dizaines de responsables de l’armée ont été limogés et des commandants des Forces aériennes, navales et terrestres ainsi que le chef du Conseil de sécurité intérieure et le chef d’état-major adjoint de l’armée ont été remplacés.
Naftali Bennett est même allé plus loin en décidant de changer de stratégie face à la République islamique d’Iran et l’axe de la Résistance.
En effet, le nouveau Premier ministre israélien entend prouver comment la dissuasion d’Israël a été affaiblie sous le mandat de Benjamin Netanyahu.
Naftali Bennett a essayé d’avancer l’échec des récentes frappes aériennes israéliennes contre des cibles en Syrie et les résultats humiliants acquis par Israël pendant la dernière guerre contre Gaza pour appuyer son idée selon laquelle les politiques de Benjamin Netanyahu étaient toutes inefficaces. Maintenant, Bennett entend changer les règles de jeu conformément à ses idées.
C’est dans le cadre de cette réforme qu’Israël a menée une frappe aérienne contre le Liban pour transgresser les lignes rouges de la Résistance, d’autant plus qu’il croyait que la Résistance ne serait pas en mesure de riposter à cette agression en raison des mauvaises conditions économiques et politiques au Liban.
Mais la riposte foudroyante de la Résistance et le discours de Seyyed Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, ont poussé les dirigeants israéliens à reconnaître que Tel-Aviv ne cherchait pas de guerre ; ce qui montre que le nouveau cabinet israélien devra réviser, une fois de plus, son niveau de dissuasion ainsi que les règles de confrontation.
Cela dit, l’affaiblissement de la dissuasion d’Israël n’émane pas uniquement des décisions ou du caractère d’un Premier ministre, ou bien même de sa perspective des évolutions de la région ; cette évolution est étroitement liée aux rapports de force de la région et au renforcement des capacités de l’axe de la Résistance.