Mads Gilbert, un médecin et militant norvégien, qui ne mâche pas ses mots et qui a traité cet été des patients à l’hôpital al-Shifa de Gaza au cours de l’attaque israélienne sur le territoire palestinien, se voit refuser l’accès à Gaza « indéfiniment » par les autorités israéliennes d’occupation.
Gilbert a déclaré à Al Jazeera ce vendredi qu’il a été refoulé au poste frontière d’Erez alors qu’il tentait de retourner à Gaza en octobre, bien qu’il avait à sa disposition tous les papiers nécessaires.« À ma grande surprise l’armée israélienne m’a refusé l’accès, » a-t-il dit. « Quand j’ai demandé quelle en était la raison, on m’a répondu que c’était pour une question de sécurité. »
Gilbert a dit que quand il a demandé une explication plus détaillée, il lui a été ordonné « de quitter les lieux, ou la police serait appelée ». Le médecin âgé de 67 ans, qui a été impliqué dans le travail de solidarité avec les Palestiniens depuis des décennies et est intervenu bénévolement à al-Shifa durant trois guerres israéliennes, a toujours été un critique virulent des campagnes militaires d’Israël et de son occupation du territoire palestinien.
Pendant le conflit de sept semaines lancé par Israël cet été et qui a fait plus de 2000 morts palestiniens, Gilbert parlait souvent aux médias internationaux, y compris Al Jazeera, sur la situation à l’hôpital al-Shifa, submergée par les blessés civils.
Pression de la Norvège
Gilbert a déclaré à Al Jazeera qu’il a été informé que l’interdiction était « pour une durée infinie, sans limite de temps ». Il a dit aussi qu’il avait été invité par le ministère de la Santé de Gaza, qui avait demandé son aide pour étudier l’impact sur la santé publique des bombardements israéliens et évaluer le travail réalisé durant cette période
L’ambassade de Norvège à Tel-Aviv a fait de nombreuses demandes d’explications au gouvernement israélien à propos de l’interdiction.Bard Glad Pedersen, secrétaire d’Etat au ministère norvégien des Affaires étrangères, a déclaré à Verdens Gang : « nous avons soulevé la question de l’exclusion de Gilbert de Gaza et demandé à Israël de revenir sur sa décision. La situation humanitaire dans la bande de Gaza est toujours difficile et elle nécessite tous les travailleurs du secteur de la santé. »
Medical Aid for Palestinians, un organisme de bienfaisance basé au Royaume-Uni - qui a travaillé dans la Cisjordanie occupée et à Gaza depuis plus de 20 ans et supporte l’hôpital al-Shifa - a qualifié l’interdiction de Gilbert « de très inquiétante » et a rappelé que, « suite au récent conflit, des milliers de Palestiniens de Gaza nécessitent un traitement chirurgical spécialisé et il est impératif que le droit à la santé soit respecté ».
« Je ne renoncerai pas »
Dénonçant son interdiction d’entrée comme une limitation de la liberté d’expression, Gilbert dit qu’il semble que le gouvernement israélien « ne veut pas que les effets de ses attaques continues contre la population civile dans la bande de Gaza soit connus dans le monde ». « Dire au monde quelles sont les souffrances des Palestiniens dans la bande de Gaza est considéré comme un risque pour la sécurité », a-t-il dit, ajoutant que dans une perspective plus large, l’interdiction ne le concernait pas que lui, mais impactait sur le droit à l’aide internationale pour les habitants de Gaza.
« Les autorités israéliennes ne sont, à mon avis, pas en position de refuser au peuple palestinien le soutien de la communauté internationale, » a-t-il déclaré à Al Jazeera. Il a promis de continuer à dénoncer Israël et il a appelé à l’application de pressions politiques pour imposer la levée du siège « sans limite dans le temps » de Gaza. « Il est impossible que nous acceptions que la population de Gaza soit privée de l’aide médicale et humanitaire, juste parce que le gouvernement israélien en a décidé ainsi. Je ne cesserai pas de me rendre à Gaza tant qu’il y aura des besoins médicaux », conclut-il.
Selon les chiffres des Nations Unies, le nombre de morts palestiniens a été, durant l’agression de cet été, de 2 131, dont 1 473 ont été identifiés comme des civils, avec parmi eux 501 enfants. Du côté israélien, 77 personnes, en très large majorité des soldats, ont été tuées.