Plus de 400 actes antimusulmans recensés en France en 2015

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Plus de 400 actes antimusulmans recensés en France en 2015

Ces chiffres ne disent pas tout sur l'ambiance générale en France, où les lendemains des attentats de janvier, puis de novembre, ont libéré la parole et les actes racistes et, surtout, islamophobes.

Plus de 400 actes antimusulmans ont été recensés en 2015 en France, soit une augmentation de 200% par rapport aux 133 comptabilisés l'année précédente, selon des chiffres rapportés hier par le quotidien Le Parisien. Tirant les enseignements de ses différentes études, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra) constate que «ces actes se résument en insultes, menaces et incendie de mosquées», mais elle s'inquiète cependant de l'augmentation de ces actes qui en une année à peine se sont multipliés par trois.
«C'est une hausse spectaculaire et très inquiétante, qui s'explique essentiellement par la flambée des actes qui ont suivi les attentats de janvier» (contre le journal Charlie Hebdo), note le directeur de cet organisme dont les données corroborent, à quelques écarts près, ceux de l'Observatoire de lutte contre l'islamophobie. Le point d'orgue de ces actes, qui témoigne de la forte recrudescence des actes antimusulmans, a eu lieu vendredi dernier à Ajaccio, en Corse, lorsque 300 manifestants islamophobes ont conduit une expédition soi-disant «punitive» pour attaquer et saccager une mosquée, où ils ont brûlé des exemplaires du Coran. Ainsi, en est-il du constat de l'Observatoire contre l'islamophobie qui a inventorié toute une somme d'atteintes aux lieux de culte, un millier d'entre eux sur les 2500 existants se trouvant depuis janvier dernier sous la surveillance des forces de l'ordre: graffitis, dépôt de têtes et abats de porc, jets de cocktails Molotov et incendies.
Les groupuscules identitaires n'hésitent plus à agresser dans les rues les hommes et les femmes au motif que leur tenue révèle leur appartenance à la religion musulmane. Un comble, puisque nombreux sont ceux qui ont été pris à partie alors même qu'ils ne sont pas membres de cette communauté.
Malheureusement, indique l'Observatoire, les victimes hésitent et même évitent de porter plainte, convaincues que cela ne sert strictement à rien et que dans tous les cas de figure les commissariats ont d'autres préoccupations que celles de lutter contre l'islamophobie.
Doux euphémisme. La Fontaine aurait sans conteste changé la morale de sa fable, en ces temps douteux, pour assurer que «selon que vous serez musulman ou pas, les jugements vous seront favorables ou contraires». Ainsi va la patrie des droits de l'Homme et...du citoyen! Le Parisien, en toute bonne foi, le relève quand il estime que ces chiffres ne disent pas tout sur l'ambiance générale en France, où les lendemains des attentats de janvier, puis de novembre, ont libéré la parole et les actes racistes et surtout islamophobes, aussi bien dans la rue que sur les réseaux sociaux, en toute impunité. La Dilcra a été dotée d'un budget de 100 millions d'euros pour lutter contre ce phénomène, en particulier sur Internet.
Mais il est à craindre que sa mission première consistera, avant toute chose, en la lutte contre l'antisémitisme et on sait ce que cela veut dire.
Dans un contexte caractérisé par 3000 perquisitions et 400 assignations à résidence, depuis l'entrée en vigueur de l'état d'urgence, dont 199 procédures pour des infractions à la législation sur les armes et 181 autres concernant les stupéfiants, on enregistre 127 personnes convoquées au tribunal à l'issue des procédures et 53 écrouées, soit en détention provisoire, soit en exécution de peine. Inutile de s'étendre sur les conditions particulières de toutes ces mesures sauf si ce n'est pour dire qu'elles concernent au premier chef les membres de la communauté musulmane.
L'exemple est intervenu voici deux jours avec l'incident de Pantin où une jeune femme a été violemment molestée, après que ses fils aient eux-mêmes subi des agressions, précédées par des provocations verbales et physiques, de sorte que la police des polices est contrainte de mener une enquête dont tout porte à croire qu'elle confirmera la version des policiers mis en cause. Ah, La Fontaine!

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