Gaz, tourisme: la Bulgarie veut profiter des opportunités de la crise russo-turque

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Gaz, tourisme: la Bulgarie veut profiter des opportunités de la crise russo-turque
Dépendante de la Russie pour son gaz, la Bulgarie cherche à profiter des opportunités économiques ouvertes par deux mois de crise diplomatique entre Moscou et Ankara, tout en veillant à ne pas se brouiller avec son voisin turc.
 
date de publication : Saturday 30 January 2016 18:32
Code d'article: 220124
 
Gaz, tourisme: la Bulgarie veut profiter des opportunités de la crise russo-turque
 
Une commission de coopération économique bulgaro-russe s'est réunie cette semaine à Sofia pour la première fois depuis la suspension du projet de gazoduc South Stream en 2014.

Sous la pression des Etats-Unis et de  l'Union européenne, la Bulgarie appartenant à l'Union européenne (UE) et à l'Otan, avait alors gelé à contre-coeur les travaux préliminaires de ce gazoduc russe conçu pour contourner l'Ukraine, et qui devait aboutir en Bulgarie après avoir traversé la mer Noire.

Moscou a par la suite opté pour un nouveau tracé arrivant en Turquie, TurkStream. Mais celui-ci est enterré depuis que l'aviation turque a abattu un bombardier russe le 24 novembre, déclenchant une grave crise entre les deux pays.

Sofia a immédiatement saisi la balle au bond en proposant de ressusciter South Stream sous une autre forme.

Nous avons présenté notre projet (...) que nous sommes en train de coordonner avec la Commission européenne, a annoncé jeudi la ministre bulgare de l'Energie Temenoujka Petkova à l'issue de la commission mixte.

Seul pays de l'UE sans alternative aux livraisons russes de gaz via l'Ukraine, la Bulgarie souhaite créer sur sa côte un centre de distribution de gaz nommé Balkan qui serait alimenté par du gaz russe arrivant par le tracé jadis prévu pour South Stream sous la mer Noire.

Seule différence: le débit de ce gazoduc serait limité à 20 milliards de mètres cubes par an, et le centre intégrerait également du gaz de la Caspienne via le futur gazoduc Tap.

Le chef de la délégation russe, Sergueï Guerassimov, a exprimé son intérêt pour le projet, soulignant toutefois attendre encore des assurances de la Commission européenne.

- Manne touristique -

La Bulgarie pourrait cependant bénéficier de la crise russo-turque à beaucoup plus court terme dans le domaine du tourisme, a-t-il fait valoir: Moscou pourrait ainsi rediriger les touristes russes de la Turquie vers la Bulgarie.

Cette manne potentielle est attendue avec impatience dans le pays, qui a subi en 2015 une baisse de 26% du nombre de touristes russes, principaux clients des stations balnéaires bulgares sur la mer Noire, en raison de la récession en Russie.

Sofia a d'ores et déjà promis d'alléger son régime des visas pour récupérer le marché russe.

Par ailleurs, des mesures spéciales seront prises pour garantir la sécurité des touristes russes, notamment après l'Egypte, a souligné le ministre bulgare de l'Economie, Bojidar Loukarski, dans une allusion à l'attentat contre un avion russe qui a fait 224 morts dans le Sinaï le 31 octobre.

Mais Sofia prend soin de respecter ses alliances, et ce d'autant plus que la Bulgarie dépend en grande partie de la Turquie pour la régulation du flux de migrants, les deux pays partageant 274 kilomètres de frontière terrestre.
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