Les opérations militaires françaises en Afrique se sont révélées une " catastrophe" pour l'ensemble du continent noir. Ces interventions, pour la plupart effectuées au Sahel, n'ont cessé d'alimenter l'instabilité régionale, marquant un "retour en force" de la France au Sahel, selon l'association Survie qui publie son rapport à quelques jours d'un sommet Afrique-France au Mali.
"Bien loin de résoudre les crises, ces opérations contribuent à les aggraver et à en créer de nouvelles", souligne l'association de lutte contre la "Françafrique". La Françafrique désigne ces réseaux d'influence et de pouvoir français sur le continent africain et qui continuent de préserver l'influence française en Afrique.
Selon le rapport intitulé "Cinq guerres pour un empire" et publié vendredi, le soutien français à l'autoritarisme est particulièrement préoccupant et contre-productif, car il crée le terreau sur lequel se développent les violences. Le texte passe en revue la situation en Libye, en Côte d'Ivoire, au Sahel et en Centrafrique de 2011 à 2016.
A une semaine du sommet Afrique-France qui se tiendra les 13 et 14 janvier à Bamako, Survie critique particulièrement les alliances nouées par Paris avec certains "régimes dictatoriaux" - elle cite le Tchad et le Niger - au nom de la lutte contre le terrorisme.
Quatre ans après le début de l'intervention militaire "Serval" au Mali, les groupes takfiristes, qui avaient pris le contrôle du nord du pays, ont été mis en échec mais des cellules dormantes continuent à attaquer régulièrement les forces maliennes, onusiennes et françaises. Les attaques terroristes se sont aussi étendues au sud du Mali et dans les pays voisins, au Niger et au Burkina Faso. Côté militaire, la force Barkhane (4.000 hommes) a remplacé en 2014 le relais de Serval sur cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger et Burkina Faso).
"Alors même que l'opération française coûte des centaines de millions d'euros aux citoyens français, poursuit Survie, la question se pose clairement pour savoir quelle en est son utilité". Le texte revient sur le positionnement des forces françaises et écrit : en quelques années, les forces françaises se sont repositionnées dans des pays historiquement réticents à la présence de l'ancienne puissance coloniale comme le Mali et le Niger. Tout cela "montre clairement la volonté de la France de réaffirmer son emprise sur les pays de son pré-carré".
Survie dénonce aussi les "jeux troubles" de la France, notamment au Mali, où "elle s'est appuyée sur le Mouvement (touareg) national pour la Libération de l'Azawad (MNLA), l'un des mouvements à la base de la crise malienne", un mouvement clairement séparatiste.