La Russie n'a aucune place dans le plan américain pour la Syrie

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La Russie n'a aucune place dans le plan américain pour la Syrie

Nezavisimaya Gazeta revient dans un article inédit sur le nouveau plan américain pour la Syrie et aborde la toute récente conversation téléphonique entre les présidents russe et américain.  

L’entretien montre bien, selon l’article, que les deux hommes veulent combattre le terrorisme, mais le président américain a presque en même temps signé un document qui engage l’état-major interarmées à lui présenter, sous trente jours, l’avant texte de ce qui devra être le plan américain de lutte contre Daech.

Ce plan, ajoute le journal, est censé « changer les règles du jeu en Syrie » et le président Trump a très clairement demandé à ses généraux « de changer d’alliés dans le cadre de la coalition antiterroriste ». Mais reste à savoir « quelle place serait accordée à la Russie dans cette nouvelle coalition ». Le journal poursuit : « En dépit des déclarations trop enthousiastes de M. Trump, rien ne dit que la Russie fasse partie de cette coalition. Certains experts se montrent trop pressés pour prévoir la “création d’une alliance Russie/USA” en Syrie. Ce n’est pas interdit d’espérer toujours, mais de là à voir dans cette hypothèse, un fait acquis, il y a un pas qu’il ne faudrait peut-être pas franchir. De toute évidence, le Pentagone n’a pas l’ordre de faire de l’alliance avec Moscou une priorité. 

Vendredi dernier, Trump a visité le Pentagone et le nouveau plan a vu le jour. On dit que les États-Unis sont décidés désormais à mieux compter sur leur propre puissance “pour combattre Daech”. 

Nouvel allié des États-Unis en Syrie ? 

Ceci étant dit, il existe d’ores et déjà des “partenaires” sur qui les Américains comptent. Il y a d’abord les Kurdes avec qui les États-Unis coopèrent déjà. Selon la VOA (Voice Of America), les États-Unis de Trump comptent renforcer les Kurdes de Syrie au point de leur livrer des » hélicoptères de combat « en prévision de l’offensive que ces derniers devraient “lancer contre la ville de Raqqa”. Parallèlement des sources affirment que le Pentagone évite “toute coopération active avec la Turquie”, car il entend “armer et de la manière la plus complète possible les Kurdes”. L’administration Trump a donc fait son choix : ses alliés les plus sûrs en Syrie seront les Kurdes et ceci est “la clé” du nouveau plan US. Cette décision n’ira pas sans faire réagir la Turquie qui voit à travers les Kurdes “des terroristes”. À cet égard, l’avenir des relations USA/Turquie est entouré de la plus grande incertitude. 

Le journal russe poursuit : “Tout ceci intervient alors que la Russie et la Turquie coordonnent depuis quelque temps leurs opérations militaires en Syrie. Les aspects de cette coopération ne sont pas connus dans les détails, car ce qui motive les Turcs de coopérer avec la Russie c’est surtout leur inimitié contre les Kurdes. 

L’autonomie des Kurdes 

Cette remarque, poursuit le journal nous amène à relever un point inclut par Moscou dans l’avant texte de ce qui est qualifié de ‘nouvelle Constitution syrienne’ : la Russie aurait proposé la reconnaissance d’une forme d’autonomie pour les Kurdes. Les analystes croient surtout que c’est pour laisser ouvertes les portes au dialogue avec les États-Unis et les Israéliens que Moscou a proposé une telle autonomie. Reste à savoir comment l’Iran et la Turquie réagiront à la position russe. 

La Russie laisse croire que ce qui lui importe pour le moment c’est Daech et sa défaite, mais aussi bien les Turcs que le gouvernement syrien s’inquiètent de voir les armes destinées aux Kurdes se retourner contre la Turquie ou encore l’État syrien. Ce point de divergence ne tardera pas à émerger et créer problème non seulement entre les États-Unis et la Turquie, mais aussi entre les États-Unis, la Turquie et la Russie. Même si Damas accepte d’accorder l’autonomie aux Kurdes, Ankara, lui, ne cédera pas. 

Trump ne se passera pas du pétrole syrien

Le journal souligne ensuite” les appâts de gain » qui animent l’administration américaine au Moyen-Orient, quelle qu’en soit la couleur. « Républicaine ou démocrate, l’administration US suit les mêmes objectifs géopolitiques dans la région. Le plan pour la libération de Mossoul en Irak ou Raqqa en Syrie date de l’époque d’Obama. On n’est pas dupe. La composition de l’instance dirigeante du Pentagone, telle qu’elle est décidée par Trump signifie que ce dernier entend coûte que coûte poursuive les mêmes méthodes bellicistes que ses prédécesseurs. Trump veut renforcer la présence militaire US au Moyen-Orient et la Russie n’aura, dans son optique, qu’un rôle annexe. La vision du monde de Trump est inhérente de sa conception de l’économie et en ce sens, la Syrie possède quelque chose qui rapporte de l’argent à savoir le pétrole. 

Si les forces gouvernementales syriennes parviennent à libérer les régions pétrolifères de la Syrie, ce ne sera pas l’Amérique de Trump qui en bénéficiera. Partant de là, l’administration républicaine cherchera à » libérer Raqqa, la pétrolifère", elle-même, pour pouvoir s’en accaparer par la suite. Que les Kurdes se séparent de l’État central, Trump et son équipe s’en moquent royalement. 

Entre 2015 et 2016, c’est-à-dire quand la Russie aidait l’armée syrienne à combattre les terroristes dits « modérés » dans le centre et l’ouest de la Syrie, Obama et ses alliés appuyaient les Kurdes pour qu’ils reprennent le contrôle des régions pétrolifères de l’est et du nord de la Syrie. Et justement ce même point a poussé Daech à quitter l’Irak pour se rendre en Syrie et à occuper Palmyre, Alep et Deir ez-Zor avec en toile de fond une complication sans précédente de la donne militaire sur le terrain. 

À l’heure qu’il est, les forces gouvernementales et leurs alliés cumulent les succès militaires contre les terroristes. La banlieue de Damas est désormais sous contrôle étatique. Les offensives et les contre-offensives sont de réels succès aussi bien à Palmyre, à Alep qu’à Deir ez-Zor. 

Reste une dernière chose : la Russie enfin désillusionnée, sera-t-elle oui ou non en mesure de libérer Raqqa aux côtés de ses alliés, avant que Trump, l’imposteur, lui damne le pion ? 

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