Printemps arabe se retourne contre les Etats-Unis

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Un extrait de dix minutes d’un film américain sous-titré en arabe, mis en ligne sur Youtube et clairement offensant pour le prophète Mahomet, a suffi pour réduire en poussière tous les efforts déployés par les Etats-Unis pour retourner à leur avantage le Printemps arabe.

La rue arabo-musulmane gronde et les foules expriment leur colère à travers le monde contre «Innocence of Muslims», un film-brûlot produit par un promoteur immobilier américano-israélien, Sam Bacile. Après la mort de l’ambassadeur américain en Libye, Christopher Stevens et de trois autres diplomates, les protestations continuent au Caire. Des affrontements opposent depuis mercredi après-midi des manifestants à la police, qui tente de les empêcher de s’approcher de la chancellerie. Les forces de l’ordre ont dépêché des véhicules blindés aux abords de l’ambassade pour prévenir tout débordement.

En Tunisie, la police a dispersé avec du gaz lacrymogène des centaines de militants salafistes qui ont tenté de forcer le périmètre de sécurité autour de l’ambassade américaine. Au Maroc, une foule en colère a également manifesté. Plusieurs centaines de personnes se sont en outre rassemblées devant l’ambassade des États-Unis à Khartoum. Dans la bande de Gaza, des dizaines de personnes ont manifesté contre les États-Unis, brûlant devant le siège de l’Onu des drapeaux américains et des photos de Terry Jones, le pasteur américain antimusulman qui a appuyé le film.

Malgré son caractère dramatique, cette affaire a très vite été exploitée par l’adversaire républicain de Barak Obama à l’élection présidentielle. Mitt Romney a jugé «honteuse» la réponse de la Maison-Blanche à ces violentes manifestations. Pour lui, le communiqué de l’ambassade du Caire condamnant le film donnait l’impression que Washington, censé défendre les «valeurs de l’Amérique» et notamment la liberté d’expression, présentait des excuses aux manifestants. À ses yeux, «la première réaction des États-Unis doit être l’indignation face aux atteintes à la souveraineté de notre nation». Barack Obama avait déclaré que «les États-Unis rejettent les efforts visant à dénigrer les croyances religieuses des autres, et nous devons tous, de façon non équivoque, nous opposer à ce genre de violence insensée qui coûte la vie à des fonctionnaires.» Il a aussi condamné «dans les termes les plus forts cette attaque (contre le consulat de Benghazi) scandaleuse et choquante.» «L’attaque ne rompra pas les liens entre les États-Unis et la Libye», a-t-il assuré. Le président américain a par ailleurs adressé une mise en garde aux autorités égyptiennes contre toute atteinte au personnel de l’ambassade au Caire. Il a estimé que les nouveaux dirigeants d’Egypte ne sont «ni les alliés ni les ennemis des Etats-Unis.»

Pour sa part, la secrétaire d’État Hillary Clinton a condamné un «attentat choquant pour toutes les consciences» et accusé «un petit groupe sauvage » de l’avoir mené. Le Pentagone a quant à lui annoncé le déploiement d’une équipe de marines spécialisés dans la lutte antiterroriste. Le chef d’état-major interarmes américain, le général Martin Dempsey, a par ailleurs téléphoné au pasteur Terry Jones pour l’exhorter à ne plus soutenir le film.

L’Iran a de son côté vivement dénoncé le film qui porte atteinte au prophète de l’islam et une importante manifestation doit avoir lieu ce jeudi à Téhéran.

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