Les chefs d’État de cinq pays du Sahel et le président français Emmanuel Macron se réunissent le dimanche 2 juillet à Bamako pour concrétiser leur projet de force conjointe contre les groupes terroristes.
Le dirigeant français est arrivé dans la nuit, rejoignant son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta, président en exercice du G5 Sahel, qui a accueilli samedi ses pairs Idriss Déby Itno (Tchad) Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et Mahamadou Issoufou (Niger).
La réunion vise à « lutter ensemble contre les attaques terroristes qui prennent pour cible le Mali et gagnent les États voisins, en permettant de poursuivre leurs auteurs au-delà des frontières d’ici à la fin de l’année ».
Déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la force du G5 s’ajoutera à l’opération française Barkhane qui traque les terroristes dans le Sahel et à la mission de l’ONU au Mali (Minusma).
L’idée d’une force régionale, soutenue par Paris, avait été relancée le 6 février lors d’un sommet à Bamako. Elle doit débuter avec environ 5 000 hommes fournis par les cinq pays, qui ambitionnent de doubler cet effectif à terme.
Le sommet de dimanche vise à définir concrètement ses modalités, et le président français devrait annoncer un soutien surtout en équipements, selon l’Élysée.
La France, qui cherche elle-même à faire des économies pour cause de déficit budgétaire aggravé, espère le soutien d’autres pays de l’Union européenne, en faisant valoir que son engagement militaire au Sahel protège l’Europe tout entière.
Avec M. Macron, le G5 Sahel devrait donc lancer un appel aux contributions internationales.
La question financière est d’autant plus sensible que le président tchadien, dont le pays est déjà engagé dans la Minusma et dans la force multinationale contre le groupe terroriste nigérian Boko Haram, a menacé de se retirer de ce projet pour des raisons budgétaires.
Pour compléter le volet militaire, les autorités judiciaires des 5 pays se réunissaient cette semaine à Bamako pour concrétiser un accord de coopération conclu en mai entre le Niger, le Tchad et le Mali.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes terroristes liés à al-Qaïda. Des zones entières y échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les terroristes. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au Centre et au Sud et le phénomène gagne les pays voisins.
Autre défi auquel est confronté la France dans la crise, c’est que le projet défendu par l’Élysée est sous-dimensionné à la réalité et à la complexité du terrain. Le Sahel est un vaste échiquier sur lequel jouent une multitude d’acteurs puissants qui ne sont pas directement associés au G5 comme l’Algérie et le Sénégal. Sans eux, il est impossible de pacifier la région.
À cela s’ajoute la crise libyenne. Tant que règne le chaos en Libye, il n’y a aucun espoir de voir la sécurité se rétablir au Sahel.
Autre handicap de fond, la fragilité des États membres du G5. Le Tchad menace de quitter la coalition s’il ne reçoit pas rapidement une aide financière substantielle pour le dédommager de son fort engagement dans la région. Or, avec le départ des Tchadiens, le G5 perdrait les soldats africains les plus efficaces de sa coalition. Le Mali est en train d’imploser sous les coups multiples des groupes terroristes, de la révolte peule et de l’incapacité de son administration à prendre pied dans le Nord. Le pouvoir de Bamako est de plus en plus faible, rappelant, à bien des égards, le scénario afghan.
La Mauritanie et le Niger sont confrontés à une poussée salafiste qu’ils n’arrivent pas à endiguer. Le Niger et le Burkina Faso sont, à leur tour, de plus en plus déstabilisés par des attaques extrémistes.