Washington prêt à affronter l'axe de la Résistance ?

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Washington prêt à affronter l'axe de la Résistance ?

En Syrie les Américains cherchent un repose pied mais sans trop savoir comment.  

L'expert iranien en géopolitique Mohammad Gheysari prévoit une escalade des violences au Moyen-Orient alors que "Daech se trouve sur la pente du déclin en Irak et en Syrie".

"La fin de Daech dans la région poussera les grandes puissances à se rivaliser davantage et cette rivalité se traduira à l'échelle régionale et internationale. La Turquie, très contrariée par la politique prokurde de la Maison Blanche, a presque perdu tout espoir et semble être prête à tout pour assurer ses intérêts. Quant à Damas et ses alliés iraniens et russes, force est de constater qu'ils ont le dessus sur le champ de bataille. En Irak, les forces de Mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) pèsent désormais de tout leur poids, ce qui ne va pas forcément dans l'intérêt des Américains", explique-t-il. 

"Les Américains semblent avoir misé tout sur Raqqa. Pourquoi ? Washington n'est pas en mesure d'engager les troupes au sol en Syrie encore moins de réunir les milices présentes sur place dans le cadre d'une force capable de combattre. S'il a choisi Raqqa, c'est pour éviter à combattre l'axe de la Résistance dans l'est syrien. Il est vrai que plusieurs face-à-face ont eu lieu ces derniers mois entre les Américains d'une part et Damas et ses alliés du Hezbollah de l'autre. Ces crashs ont eu pour le théâtre l'est et le sud-est de la Syrie, non loin du fameux point de passage frontalier d'al-Tanf. A vrai dire, aucune partie ne peut avancer dans l'est syrien sans avoir à sa disposition des troupes au sol. Déçu par leurs alliés arabes occupés à s’entre-déchirer (Qatar-Arabie saoudite), le Pentagone ne peut non plus compter sur les mercenaires takfiristes de ces derniers comme contingent au sol.

Or, le scénario le plus pessimiste consisterait à sauver les résidus de Daech en les transférant ailleurs qu'en Syrie et Irak avant qu'ils ne soient complètement anéanti dans ces deux pays. Ces pays pourront être l'Afghanistan et le Pakistan d'après les prédictions des experts."

Selon Gheysari, "cette perspective est particulièrement inquiétante pour l'Iran et la Russie: encerclé par les kurdes dans le nord syrien, Daech a perdu tout contact avec la Turquie. Dans l'est à savoir sur les frontières avec l'Irak, il se heurte aux forces de Mobilisation populaire irakiennes, ce qui lui bloque tout échappatoire dans l'est. Il ne reste à Daech que le passage du sud syrien, limitrophe des frontières jordaniennes et de la province irakienne d'al-Anbar. C'est une province pétrolifère placée sous le protectorat américain à la faveur d'une forte présence militaire. C'est d'ailleurs via cette province que les États-Unis pourraient être tentés par un transfert des terroristes de Daech vers l'Afghanistan. D'ailleurs, Daech s'implante de plus en plus largement en Afghanistan, ce qui cadre bien avec l'objectif non déclaré de Washington: harceler l'Iran sur ses frontières est et la Russie, sur ses frontières sud".  

Mais les Américains sont aussi contraints dans leurs manœuvres à Raqqa car les kurdes sont incapables d'élargir leur champ d'action pour s'orienter vers le sud de la Syrie.

En plus, estime Gheysari, "Raqqa n'est pas une ville à majorité kurde et si les combattants des Forces démocratiques syriennes ont réussi à y avancer, c'est en grande partie grâce au soutien logistique et militaire tous azimuts de Washington. Quand bien même les kurdes voudraient jouer le rôle de troupes au sol des Américains dans une éventuelle confrontation militaire avec l'axe de la Résistance à al-Tanf ou à Deir ez-Zor, ils seraient amenés à quitter le nord, soit leurs propres régions, et Ankara n'attend que ce moment pour envahir les villes kurdes du nord de la Syrie". 

Les Américains cherchent à s'implanter en Syrie

Selon l'expert, "les États-Unis se sentent plus ou moins pris de court par la rapide disparition de Daech: en Irak, le groupe est en voie d'extinction tout comme en Syrie où il sera très affaibli dans les semaines et mois à venir. La perspective d'une victoire de l'armée syrienne et de ses alliés effraie Washington qui se voit écarté d'emblée du jeu syrien.

Que faire donc ? En l'absence d'une stratégie syrienne claire chez les généraux du Pentagone, les États-Unis continueront à souffler chaud et froid: les prochaines semaines seront riches en péripéties. Un face-à-face direct avec l'axe de la Résistance, est-il la solution ? La trêve conclue avec les Russes et qui inclut le sud-ouest de la Syrie, n'en a pas écarté le risque".  

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