L’ONU dénonce une « fouille illégale » de l’armée dans un camp du Nigeria

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L’ONU dénonce une « fouille illégale » de l’armée dans un camp du Nigeria

Les Nations unies ont dénoncé une « fouille illégale » menée vendredi par les forces nigérianes dans leur camp de base de Maiduguri (Nord-Est) dans un climat de mésentente croissante avec les organisations internationales opérant dans la région.

« Nous sommes extrêmement inquiets », a expliqué à l’AFP Samantha Newport, dénonçant l’intrusion de membres des forces de sécurité dans la nuit de jeudi à vendredi dans le camp du Red Roof, où sont basés une grande partie des employés de l’ONU et des ONG internationales. 

« Cela peut mettre en danger le travail que nous réalisons » dans cette région en proie aux violences des terroristes takfiristes de Boko Haram, a poursuivi Mme Newport.

L’ONU estime que près de deux millions de personnes souffrent de malnutrition aiguë et que 6,9 millions ont besoin d’une assistance humanitaire dans le nord-est du Nigeria.

Selon un mémo interne des Nations unies obtenu par l’AFP, cette fouille fait suite à « des rumeurs qui se sont propagées hier (jeudi) sur les réseaux sociaux concernant la présence supposée d’Abubakar Shekau (le principal chef de Boko Haram) dans le camp ». 

L’armée nigériane a confirmé dans un communiqué l’envoi de militaires dans « une propriété qui a été ensuite identifiée comme occupée par les Nations unies, bien que cette propriété ne porte aucun signe de l’ONU ». 

Le Red Roof, situé près de l’aéroport, est un camp de base sécurisé composé d’une douzaine de containers transformés en dortoirs ainsi que d’un réfectoire. C’est le camp principal de l’organisation internationale dans l’État du Borno, d’où partent les missions humanitaires dans la région. 

L’opération conduite « pour intensifier le cordon de recherche contre Boko Haram », dont le Borno est le fief historique, a été un « succès », a déclaré le porte-parole militaire, Kingsley Samuel, « mais l’armée n’a procédé à aucune arrestation, car aucun suspect n’a été trouvé. »

Violation des lois internationales

Une source anonyme au sein de l’ONU a estimé auprès de l’AFP que cette fouille, « une violation des lois internationales », témoigne de la méfiance croissante des autorités nigérianes à l’égard de l’ONU et des ONG. 

Hasard du calendrier, le vice-président Yemi Osinbajo inaugurait vendredi un panel, composé de militaires et d’acteurs de la société civile, pour enquêter sur les exactions de l’armée. 

Les huit membres de ce panel auront le devoir « d’enquêter sur les accusations de violation des lois internationales humanitaires et des droits de l’homme » dont le Nigeria est signataire, a indiqué M. Osinbajo, président en exercice du Nigeria en l’absence de Muhammadu Buhari. 

L’armée nigériane est régulièrement critiquée pour son usage excessif de la force à l’encontre des civils par les défenseurs des droits de l’homme.

Source : AFP

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