Les 100 premiers jours de Macron à la loupe

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Les 100 premiers jours de Macron à la loupe

Macron a réussi son pari? Le bilan des 100 premiers jours de son mandat lui donne un bilan trop mitigé. 

Le début du quinquennat du président français Emmanuel Macron a été marqué par les affaires judiciaires.

C’était la première crise politique de l’ère Macron. Quelques jours après les élections législatives, lors desquelles La République en marche (LRM) a obtenu la majorité absolue à l’Assemblée nationale, trois ministres MoDem – François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard –, décident de quitter le gouvernement.

Cette annonce intervient peu de temps après que le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire, au début du mois de juin, sur l’emploi des assistants parlementaires européens du parti centriste.

Au cours d’une conférence de presse, au siège du MoDem, M. Bayrou est revenu sur son départ en expliquant qu’il ne souhaitait pas « exposer à des campagnes mensongères le gouvernement et le président de la République qu’il soutient ». Ces départs obligent M. Macron ainsi que son Premier ministre Edouard Philippe à revoir en profondeur la composition du gouvernement.

De gauche à droite et de haut en bas : la démission du ministre de la Justice, François Bayrou; le général De Villiers avec Emmanuel Macron; Donald Trump accueilli le 14 juillet; la réunion du Congrès à Versailles le 3 juillet.©AFP

 

Autre affaire judiciaire marquant les premières semaines de M. Macron à l’Elysée, celle visant Richard Ferrand, un proche du président français. Le député du Finistère (LRM) est notamment mis en cause dans une affaire immobilière à l’époque où il dirigeait les Mutuelles de Bretagne (1998-2012).

À la suite des révélations du Canard enchaîné et du Monde, le parquet de Brest a ouvert le 1er juin une enquête préliminaire visant M. Ferrand qui était alors ministre de la cohésion des territoires. Fragilisé, l’ancien socialiste a quitté le gouvernement au lendemain du second tour des élections législatives pour prendre la tête du groupe LRM à l’Assemblée nationale.
Le début de quinquennat a aussi été empoisonné par l’affaire concernant la ministre du travail, Muriel Pénicaud. Les faits remontent à janvier 2016, lors d’une soirée tenue à Las Vegas, en présence de M. Macron, alors ministre de l’Économie, dans le cadre du salon CES (Consumer Electronics Show). La justice soupçonne des dysfonctionnements dans l’organisation de la soirée confiée par Business France, alors dirigée par Mme Pénicaud, à Havas sans appel d’offres.

Une information judiciaire pour « favoritisme et recel de favoritisme » a ainsi été ouverte le 7 juillet par le parquet de Paris et expose la ministre du Travail à une future mise en examen si les juges d’instruction réunissent des « indices graves ou concordants » à son encontre. Cette procédure judiciaire fragilise la locataire de la Rue de Grenelle qui conduit le chantier de la réforme du code du travail, réforme phare souhaitée par M. Macron.

C’est l’autre grande crise de ce début de quinquennat : la démission, le 19 juillet, du chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers. Un fait sans précédent depuis 1958 qui couvait depuis plusieurs jours sur fond de désaccords avec M. Macron au sujet des nouvelles coupes budgétaires décidées par l’exécutif dans le budget de l’armée.
Pour justifier son départ, M. Villiers explique ainsi « ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel il croit pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays ».

Après plusieurs jours de suspense, M. de Villiers remet sa démission, ce qui suscite une grande émotion au sein de l’armée. Il sera remplacé dans les heures qui suivent par le général François Lecointre.

Les cent premiers jours de M. Macron ont également été marqués par les questions diplomatiques, notamment son désaccord avec son homologue américain, Donald Trump, sur l'accord de Paris. Les deux dirigeants se sont rencontrés à la fin mai à Bruxelles en marge du sommet de l’OTAN, puis à Paris pour les célébrations du 14 Juillet.

L’occasion pour les deux dirigeants d’évoquer leur entente sur des sujets comme la Syrie ou la lutte contre le terrorisme, mais également leurs désaccords à propos notamment de la sortie de l’accord de Paris sur le  climat, annoncée le 1er juin par M. Trump. Une décision alors vivement contestée par M. Macron.

Quelques minutes après l’annonce de l’occupant du bureau Ovale, le président français a accusé son homologue d’avoir « commis une faute pour l’avenir de notre planète ». Il avait ensuite lancé le fameux « Make our planet great again », paraphrasant alors le slogan de M. Trump (« Make America great again »).

Par ailleurs, Camel Bechikh, président de l'association «Fils de France», se montre plus critique à l'égard d’Emmanuel Macron, soulignant que rien n'a été fait par rapport à l'organisation du culte musulman en France. D'ailleurs, même des changements interviennent, M.Bechikh doute qu'ils soient substantiels.

«Malgré toutes les promesses que Macron peut faire, il ne pourra changer que la forme, certainement pas le fond. Parce que changer le fond ne peut résulter que de la volonté de la politique souverainiste. Ce qui paralyse l'islam de France, c'est l'ingérence des puissances étrangères tolérée par la France», juge-t-il.

«On ne peut pas pour l'instant donner de bons et mauvais points. Mais on dit que les 100 premiers jours donnent la tendance du quinquennat. Il faut voir comment il arrivera à impulser la dynamique pour faire les réformes voulues», conclut Alexandre Roux, secrétaire départemental Les Républicains de l'Isère.

Avec Le Monde et Sputnik

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