Plusieurs centaines de manifestants se sont réunis samedi dernier dans plusieurs villes d'Afrique francophone, à l'appel du mouvement Urgences panafricanistes, pour s'opposer au franc CFA (devise officielle des huit États membres de l'union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest depuis 1994).
Les manifestants africains croient que le franc CFA "empêche le développement", sur fond d'une polémique qui gagne notamment le Sénégal et le Bénin.
Deux cents personnes se sont réunies à Cotonou, la plus grande ville économique du Bénin, quatre cents à Dakar et un grand nombre à Libreville et à Bamako, capitales du Gabon et du Mali.
"On ne peut pas se dire souverains et dépendre d'une monnaie comme le franc CFA", a déclaré à l'AFP à Dakar, Simon Kouka, responsable de groupe de société civile sénégalaise Y'en a marre. "La souveraineté implique avoir sa propre monnaie."
"Le franc CFA est un handicap sociologique, économique, politique et social", a déclaré Amadidjè Sèmevo Mondésir, qui se réclame comme "premier ambassadeur" au mouvement anti-CFA. "Il s'agit du combat de la jeunesse et de l'Afrique". En effet, le mouvement populaire réunit essentiellement des jeunes qui dénoncent l'héritage colonial, même si dans le milieu des économistes les avis restent partagés sur ce vieux débat.
Le candidat échoué à la dernière présidentielle au Bénin, Lionel Zinsou, est à son égard l'un des défenseurs de la devise de l'Union monétaire de l'Afrique de l'Ouest. Le politicien béninois est pourtant accusé par ses détracteurs d'être trop proche de l'ancienne colonie française, a regretté que la question du franc CFA soit perçue comme "un tête-à-tête entre la France et l'Afrique, la dernière phase de la colonisation."
Selon lui, la stabilité d'une monnaie "commune" est plus importante que les débats "populistes" et les questions de "narcissisme politique", citant la Côte d'Ivoire comme succès économique.
Monnaie commune pour environ 155 millions d'habitants, le franc CFA est accusé par ses détracteurs de favoriser les intérêts de la France, ex-puissance coloniale, tandis que ses défenseurs soulignent l'importance d'une monnaie commune stable, à la différence du naira nigérian ou du rand sud-africain, monnaies flottantes, qui souffrent de la chute des cours des matières premières, calculées sur la base du dollar.
Avec le site Alterinfo et AFP