Syrie : Israël sans solution face à l’Iran

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Syrie : Israël sans solution face à l’Iran

L’un des hauts officiers israéliens vient de le reconnaître : « En Syrie, Israël n’est pas à même de faire face à l’Iran. » 

Le site Al-Ahed reprend les récents propos du général israélien Yair Golan, qui s’exprimait le 14 juillet devant le Washington Institute for Near East Policy, think tank proche du lobby juif AIPAC :

« Quand l’armée syrienne et ses alliés sont arrivés à l’aéroport militaire de Deir ez-Zor, quitte à briser les 14 mois de siège de Daech, le général Golan s’est exprimé devant les stratèges américains dans le cadre d’une conférence intitulée “La politique au Moyen-Orient”. Au cours de son allocution, le haut gradé israélien a évoqué la montée en puissance de l’Iran en Syrie, non loin des frontières d’Israël, tout en appelant à ce que “l’Iran soit au plus vite contré dans ses ambitions”.

Cet appel témoigne ni plus ni moins de l’incapacité d’Israël à affronter l’Iran seul, sans l’aide des Américains. Golan a d’ailleurs très clairement affirmé qu’Israël n’avait aucune chance de gagner sa guerre face à l’Iran et qu’il fallait que les États-Unis entrent en guerre contre les Iraniens. Golan a souligné : “Nous vivons dans un monde où on ne peut agir seul. Et ce n’est pas parce que nous ne disposons pas des forces militaires nécessaires ; des soldats, nous en avons pour envoyer combattre en Syrie, le Hezbollah ou les ‘miliciens’ qui s’en réclament. Mais l’Iran, nous ne pouvons pas le combattre. Certes, nous pourrions la guerre contre lui, mais cela nous épuiserait. Pour gagner quelque chose, il faut voir de tous les côtés. Nous devrions reconnaître que notre puissance est limitée.” » 

Israël, les limites de sa puissance

Dans la suite de l’article, Al-Ahed écrit :

« Cet aveu israélien intervient alors que l’armée syrienne a accéléré sa progression dans le désert de Syrie sur fond d’évacuation des chefs terroristes de Daech hors de cette région par les hélicoptères US. Ce fut d’ailleurs dans la foulée de cette évacuation que Daech a lancé de violentes offensives contre l’armée syrienne et ses alliés dans le désert de Syrie, signe que les Américains ont largement apporté leur appui logistique et informationnel aux terroristes, sans quoi Daech n’aurait jamais pu lancer de telles attaques. » 

Les objectifs US/Israël dans l’Est syrien

« Mais que cherchent les États-Unis dans l’est de la Syrie ? Ce qu’ils cherchent dans l’Est syrien, et qu’Israël soutient largement, peut être résumé en deux points : 

1. Prendre le contrôle des frontières syro-irakiennes et contrer la présence iranienne dans cette région, ce qui reviendrait à empêcher l’émergence de ce que Tel-Aviv qualifie de “corridor reliant l’Iran au Liban”. 

2. Prendre le contrôle de grands champs pétrogaziers de l’Est syrien, quitte à empêcher l’État syrien d’en reprendre le contrôle et d’en utiliser les ressources pour se restructurer. 

Ces deux objectifs ont poussé le Pentagone à déployer ses forces de façon quelque peu précipitée dans l’est de la Syrie. Les propos du général Golan à Washington le laissent penser : Israël ne veut pas du tout que Trump retire ses troupes de Syrie. Une présence militaire US sur la rive orientale de l’Euphrate garantit les intérêts d’Israël et c’est dans cette direction que Tel-Aviv tente de pousser Washington. »


Et la Russie ? 

Selon les sources françaises interrogées par Al-Ahed, une présence militaire US « symbolique » en Syrie arrangerait bien la Russie, car elle pousserait Washington à « coordonner toutes ses démarches avec Moscou ».

« D’ailleurs depuis son engagement militaire en Syrie, la Russie n’a cessé de vouloir contraindre Washington à passer par elle pour le moindre de ses agissements. Les sources françaises, qui suivent d’ailleurs de près la question “kurde”, affirment que Massoud Barzani se préparerait d’ores et déjà à la “présidentielle” et “aux législatives”. Le coup du référendum sur l’indépendance lui permettra de devenir pour la troisième fois président, ce que lui interdisait la Constitution irakienne. Or, parachuté de la sorte à la tête du soi-disant “État kurde”, Barzani ne perdra pas un seul instant pour exhorter “les Kurdes syriens” à suivre son exemple. D’ici là, les Américains auront réuni toutes les conditions pour que les Kurdes syriens obtiennent d’abord une autonomie puis une annexion au Kurdistan d’Irak : le pétrole de Deir ez-Zor, une armée (FDS)... Cette perspective fait évidemment peur à la Turquie, pays qui n’a cessé d’aller de concession en concession face aux Russes et qui n’a vraiment pas besoin d’une nouvelle bataille qui la mettrait face aux Américains. »

Mais quelles sont les chances de succès des États-Unis ? 

Les sources françaises croient avoir la réponse :

« Il semblerait que l’administration US ne veuille d’un face à face ni avec l’Iran ni avec la Russie, et ce, dans une conjecture où les batailles militaires sont gagnées les unes après les autres par Assad et ses alliés. Certes, Daech lance quelque action par-ci par-là qui retardent la victoire finale, mais il est incapable de vaincre l’armée syrienne. Or, en Syrie, le talon d’Achille des Américains est qu’ils ne peuvent compter que sur les Kurdes. Cette absence d’un allié de poids a fait que les Américains naviguent à vue sans réellement savoir ce qu’ils ont à faire en Syrie. À vrai dire, la stratégie du Pentagone consiste à vouloir rester en Syrie, à faire avancer progressivement ses pions et à “conquérir” sans avoir à faire à l’Iran et à la Russie. Cette stratégie a du plomb dans l’aile. Dans le camp d’en face, la situation est complètement inverse : Nasrallah l’a très bien dit, le Hezbollah et ses alliés savent ce qu’ils veulent et leur stratégique leur fournit de multiples cartes qu’ils n’ont pas encore jouées. »

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