Carte gazière de Poutine à Téhéran

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Carte gazière de Poutine à Téhéran

Au seuil de la visite mercredi du président russe Vladimir Poutine à Téhéran, visite qualifiée de « hautement stratégique », les spéculations vont bon train sur les « objectifs patents et latents » de ce déplacement qui intervient alors que toutes les analyses prévoient la victoire de l’armée syrienne et de ses alliés en Syrie.

Or, l’alliance militaire irano-russe nouée en Syrie se complétera d’un volet économique qui inquiète profondément l’Occident.

Un expert iranien des questions évoque la création du « corridor nord-sud » comme l’un des principaux objectifs de la visite de 24 heures du président russe à Téhéran. Ce serait peut-être même le plus important quand on pense que le « gaz » s’est trouvé au cœur de la guerre lancée contre la Syrie, pays que les Américains voulaient voir intégrer le « trajet gazier » rival à celui transitant le gaz russe vers l’Europe.

Mais ce n’est pas seulement le gaz russe qui inquiète les États-Unis. L’Iran possède après la Russie les plus grands gisements gaziers du monde, Pars Sud, que les Américains ont tout fait pour en restreindre l’exploitation.

Mais depuis que l’axe Syrie-Iran-Russie s’est formé et qu’il s’étend depuis les régions gazières de l’Iran jusqu’à la Méditerranée, de nouveaux paramètres apparaissent qui rendent bien plausible l’idée d’un transit du gaz iranien vers l’Europe. Mais en attendant la concrétisation de ce vaste projet éminemment politique, la Russie de Poutine se porte candidate pour servir d’appui à un autre projet gazier iranien, mais aussi saboté par Washington : le « gazoduc de la paix » qui devrait transférer le gaz iranien à l’Inde via le Pakistan.

Alors que le Pakistan s’éloigne de plus en plus des États-Unis, il est grand temps pour l’Iran et la Russie de renforcer leur présence gazière sur les marchés du sous-continent. Surtout que l’ombre des interférences US plane toujours sur les relations gazières Russie-Europe depuis la crise de la Crimée.

À Téhéran, Poutine ferait donc part de sa disponibilité à mettre sur pied avec ses interlocuteurs iraniens les préparatifs de la construction d’un gazoduc supra-côtier reliant l’Iran à l’Inde tout en longeant le port de Gwador.

Le trajet du gazoduc de la paix changerait un peu, ce qui permettrait aussi à Moscou d’y participer à sa manière. Les Russes auraient obtenu le feu vert des Pakistanais, au grand dam de Washington et de Riyad qui sabotent le projet irano-pakistanais depuis près de 15 ans. « L’OPEP gazier » a de bien beaux jours devant elle.

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