Les négociateurs de l'Afrique de l'Ouest rencontrent les islamistes du nord du Mali au Burkina Faso.
Lançant une initiative susceptible de stopper une possible intervention militaire au Mali, les islamistes et les médiateurs ouest-africains se sont rencontrés le dimanche ۴ novembre au Burkina Faso.
"Les choses avancent bien", a déclaré le chef de la délégation d'Ansar al-Din Algabass Ag Intalla à l'AFP à l'issue de sa rencontre avec le ministre burkinabé des Affaires étrangères Djibrill Bassole.
Selon Magharebia, le Président du Burkina Faso Blaise Compaoré, médiateur en chef de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour le Mali, devrait également avoir des entretiens avec les envoyés d'Ansar al-Din.
Selon Bassole, Compaoré présentera une nouvelle fois la demande de la CEDEAO de voir les islamistes "renoncer au terrorisme et au crime organisé" et "revenir dans le processus politique".
Ces négociations sont considérées par beaucoup comme une étape en vue de la solution à la crise malienne et comme un encouragement adressé à ce groupe islamiste pour rompre ses liens avec les terroristes présents au Mali, en particulier al-Qaida et le Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO).
La CEDEAO a demandé qu'Ansar al-Din mette fin "au terrorisme et au crime organisé" dans la région, rompe ses liens avec AQMI, le MUJAO et les autres factions islamistes, et entame un dialogue politique destiné à rétablir l'unité du Mali.
Mais selon Sanad Ould Bouamama, porte parole d'Ansar al-Din, d'autres questions "doivent faire l'objet d'un dialogue, notamment le droit au développement des habitants du nord du Mali, à vivre dans la dignité et à bénéficier de la sécurité et de la stabilité".
Ces efforts de médiation ne devraient pas s'attacher à des choses "qui n'ont rien à voir avec la crise actuelle, comme l'application de la charia", a-t-il ajouté.
Ce dialogue de Ouagadougou ne s'est fondé sur aucune promesse de la part de son groupe de mettre fin à la charia, d'accepter un régime laïc et de chasser al-Qaida, a-t-il précisé.
"La relation que nous entretenons avec eux est semblable à celle que nous entretenons avec tous les autres Musulmans" a-t-il déclaré à Magharebia. "Nous ne les chasserons pas et ne leur demanderons pas de partir, parce que cela est contraire aux habitudes des Musulmans."
Cette visite de la délégation d'Ansar al-Din au Burkina Faso coïncide avec une initiative lancée mercredi dernier à Abuja par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Ce plan annoncé dans la capitale nigériane "permettrait la coordination entre les Etats membres et les organisations de la société civile pour mettre en oeuvre la volonté du groupe de parvenir à la paix et à la sécurité dans toutes les régions des pays de l'Afrique de l'Ouest", a indiqué Sahara Media citant le responsable des affaires politiques de la CEDEAO Abdel-Fatau Musah, le ۱er novembre.
"Il s'agit d'une initiative prise parallèlement à l'approche militaire de la CEDEAO, et qui traduit le désir des Etats membres de renforcer les aspects politiques et pacifiques pour éviter la guerre, ou au moins pour donner à la voix de la sagesse une chance de reporter une possible intervention militaire", a expliqué le journaliste et politologue mauritanien Zain Al-Abidin Ould Mohamed.
Pour sa part, le réalisateur mauritanien Mohamed Idoumou s'est félicité des efforts visant à renforcer le processus de paix dans les pays de la CEDEAO, mais a déclaré que l'initiative annoncée à Abuja devait être élargie.
"L'un des problèmes que connaissent les pays africains est la marginalisation du rôle vital des forces civiles et l'accent mis sur les aspects militaires", a-t-il souligné.
Les organisations de la société civile jouent un rôle essentiel, a-t-il déclaré, "pour mettre un peu de joie sur les visages des victimes des guerres et des confllits".