Syrie: les dessous de l’invective contre la France

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Syrie: les dessous de l’invective contre la France

Le ton continue de monter entre la France et la Syrie. Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef de Rai al-Youm se penche sur la passe d’armes entre Emmanuel Macron et Bachar al-Assad qui intervient après l’échec des dernières négociations à Genève.

Passe d'armes diplomatique entre Bachar al-Assad (G) et Emmanuel Macron. ©FMT

La déclaration de dimanche du président français était à prendre avec des pincettes : il a estimé que la guerre en Syrie contre Daech serait « gagnée d’ici mi, fin février », reconnaissant la victoire de son homologue syrien et le besoin de la communauté internationale de négocier avec lui au terme du conflit. Le lendemain, le président syrien avait clamé :

« La France a été le porte-étendard du soutien au terrorisme en Syrie dès les premiers jours du conflit. Elle n’est pas en position de donner une évaluation d’une conférence de paix. Celui qui soutient le terrorisme n’a pas le droit de parler de paix et n’a même pas le droit de s’ingérer dans les affaires syriennes. »

Emmanuel Macron brandit le drapeau blanc et reconnaît la victoire de l’axe Russie-Syrie-Iran et l’échec américain en Syrie. La France cherche désormais à ouvrir les canaux du dialogue avec le gouvernement de Damas et veut impliquer ses entreprises dans la reconstruction du pays pour s’approprier une part du gâteau. « Bachar al-Assad sera là, il faudra parler avec lui et ses représentants », a précisé M. Macron, dans un entretien diffusé le 12 décembre sur France 2.

Assad se trouve en position de force. D’où les prises de bec et son désir du retrait de la délégation des négociateurs syriens, dirigée par Bachar al-Jafaari, du huitième tour des pourparlers de Genève qui ont fait long feu. La raison de ce fiasco : le refus de négociations directes entre les représentants du gouvernement de Damas et la délégation de l’opposition, à moins qu’elle n’annule la demande du retrait de Bachar al-Assad du pouvoir formulée avant son départ de Riyad.

Lors d’une rencontre, à Genève, avec une délégation économique russe, le président syrien a estimé que le groupe de l’opposition ne représentait aucune couche de la population syrienne.

Les pays occidentaux dont la France, sous l’égide des États-Unis, prête la main au terrorisme et accroît la violence en Syrie. Quand eux-mêmes ont été frappés en plein cœur par le terrorisme, ils ont changé de politique et donné la priorité à la lutte antiterroriste.

Le mois de février sera sans doute un mois déterminant dans le conflit syrien. Macron prévoit la fin de Daech et le rétablissement du contact avec le gouvernement d’Assad. Par ailleurs, le Congrès pour le dialogue national en Syrie a été reporté au mois de février et se tiendra à Sotchi, en Russie. L’initiative du Congrès appartient à Vladimir Poutine qui a avancé l’idée d’un congrès réunissant tous les groupes ethniques et confessionnels de Syrie dans le cadre d’un processus de reconstruction du pays, et remplaçant la Conférence de Genève.

« Un collègue égyptien s’est marié avec une Syrienne. Ils sont revenus d’un voyage en Syrie où ils ont visité Damas, Alep, Homs et Lattaquié. Il m’a dit que dans ces villes, il y régnait le calme et la stabilité et a surtout insisté sur le fait que la vie y avait repris son cours normal. Les habitants, en particulier à Alep, ont pris l’initiative personnelle de rénover leur propre ville. Ce sont surtout des réfugiés qui sont rentrés chez eux ou qui préparent leur retour », m’a-t-il confié.

« J’ai souvent entendu les mêmes remarques d’amis ou de connaissances partis en Syrie. Certains étaient, au début de la crise, des opposants farouches au gouvernement d’Assad », rapporte Atwan dans son article.

La Syrie, comme le Liban ou l’Irlande, ne fait pas fuir sa population. Le lien qui unit le peuple à son pays est très fort et il ne faudra pas s’étonner de voir une vague d’immigration des réfugiés syriens.

Bachar al-Assad s’est empressé de se rendre à Sotchi pour le Congrès national. La rencontre doit déboucher sur la mise en place d’une commission constitutionnelle et l’adoption de nouvelles résolutions. Cela marquera un nouveau et différent départ pour la démocratie, l’entente, la fraternité, la coexistence et la souveraineté de la Constitution.

« Le peuple vaillant de la Syrie qui a souffert des massacres, de l’exil et de la destruction, mérite une vie stable, saine et en parfaite harmonie avec sa dignité et sa liberté. L’avenir nous le dira… Dieu est grand », conclut l’article de Rai al-Youm.

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