Mali: AQMI utilise ses otages comme moyen de pression

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Souhaitant à tout prix éviter une action militaire, les terroristes présents au Mali menacent maintenant d'exécuter leurs otages algériens et européens.

Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) tentent d'utiliser leurs otages algériens et européens pour empêcher une intervention dans le nord du Mali.

"Nous nous opposerons à la menace internationale qui est brandie contre nous en engageant le combat et le djihad", a déclaré Ahmed Ould Amer, l'émir de la brigade Oussama ben Laden du MUJAO et membre du Conseil de la sharia du groupe, le lundi 3 décembre.

Les terroristes basés au Mali "tentent de faire pression sur le gouvernement algérien en exploitant les souffrances des familles des diplomates enlevés", a expliqué l'analyste Abderrehman Ould Dah, "notamment dans la mesure où l'exécution du vice-consul d'Algérie Taher Touati n'a pas eu l'influence escomptée sur la position du gouvernement algérien, et ne l'a pas poussé à accepter leurs conditions".

"Le MUJAO craint que l'Algérie ne réponde pas aux appels à la négociation, ce qui pourrait pousser d'autres gouvernements de la région à adopter la même approche ; cela entraînerait indubitablement l'échec du commerce de prise d'otages", a-t-il conclu.

Le MUJAO n'est pas le seul groupe terroriste présent au Mali à tenter d'utiliser les otages pour empêcher une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

AQMI s'efforce également de jouer la même carte, comme le montrent les propos tenus par son leader Abdelmalek Droukdel (alias Abou Moussaab Abdelouadoud) à Sahara Media, samedi dernier.

S'adressant aux familles des otages français, Droukdel a en effet déclaré : "Le Président Hollande met en danger les vies des otages français en adoptant la politique de la fuite en avant." Il a ajouté que le chef de l'Etat français "prépare une intervention militaire, et creuse ainsi la tombe des otages français qui sont détenus par notre groupe."

"Si l'un de ses proches se trouvait parmi ces otages, il ne mettrait pas leur vie en danger en s'aventurant dans une guerre dans le désert brûlant", a ajouté le leader terroriste.

Selon Magharebia, le journaliste Ibrahim Ould Nafie a expliqué que les déclarations de Droukdel étaient juste "de la propagande et l'exploitation des sentiments des familles des otages", ajoutant qu'il s'agissait d'une tentative pour opposer les familles des victimes au gouvernement français.

Selon Jidou Ould Sidi, journaliste spécialisé dans les questions de sécurité, la situation sécuritaire au Sahel s'est détériorée ces derniers mois, et les habitants de la région en paient le prix.

"Même les travailleurs humanitaires sont contraints de quitter la région, qui est devenue très dangereuse", a-t-il ajouté.

Un sentiment partagé par le professeur de politique Ba Mamadou, qui explique que "depuis plusieurs mois maintenant, un certain nombre d'organisations humanitaires internationales ont mis fin à tous les déplacements de leurs personnels occidentaux dans la région de Gao, dans le nord-est du Mali."

"Certaines ONG internationales agissent dans la plus grande discrétion, utilisant des véhicules sans plaque d'immatriculation pour poursuivre leurs opérations avec plus de sécurité dans la région", a-t-il ajouté. "C'est à Gao que la situation est actuellement la plus préoccupante, mais des alertes ont également été lancées dans d'autres régions du Mali."

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