
تقي زاده
Hadith du jour
إِيَّاكُمْ وَ فُضُولَ اَلنَّظَرِ فَإِنَّهُ يَبْذُرُ اَلْهَوَى وَ يُوَلِّدُ اَلْغَفْلَةَ
Méfiez-vous des regards futiles car ils introduisent des inclinations lubriques et produisent une inattention
Uddat al-Da'i, p. 294
Même si ton ami parvient à gagner ta confiance, garde pour toi-même certaines de tes affaires et dissimule à ses yeux certains de tes secrets, de peur de regretter à l’avenir (car on ne sait jamais, tu peux avoir des divergences avec celui-ci et pour bafouer ta dignité, il divulgue tes secrets).
Pour toute chose, il y a une difficulté et la difficulté de votre existence est l'amitié avec l’ennemi.
# Ghurar ul-Hikam Wa Durar ul-Kalim
Imam Ali ar-Reza :
La foi a quatre piliers :
▪️ [à savoir] la confiance en Dieu,
▪️la satisfaction du jugement divin,
▪️l'acceptation de la loi divine,
▪️et la délégation de Dieu.
Tohaf Al-Oqoul, p 469
Une Autre Vision d'al-Mahdî : La question d'al-Mahdî disséquée par Henri Corbin
Dans le livre I, son Éminence Mohammad Bâqer al-Sadr, s'est soucié de répondre aux dogmatiques du scientisme et à tous ceux qui, entichés de "rationnel" et de "réalité scientifique", se montrent sceptiques relativement à l'occultation et à la parousie de l'Imam al-Mahdî. Maintenant, il nous semble opportun de changer complètement de registre et d'amener le lecteur vers un autre chercheur dont le souci principal est d'étudier la croyance à al-Mahdî comme un fait purement religieux et spirituel, en dehors de toute considération historique non immanente à ce fait.
En effet, Henri Corbin, après avoir disséqué, pendant 20 ans, tous les Hadîths et Récits hagiographiques sur les Douze Imams d'Ahl-ul-Bayt en général, et sur l'Imam al-Mahdî en particulier, et après avoir recueilli et examiné, en tant que chercheur objectif, les témoignages de tous ceux qui affirment avoir rencontré l'Imam Caché, en songe ou en état d'éveil, a écrit un monument de quatre volumes sur ce sujet1, en s'appliquant tout au long de sa recherche, à replacer la question d'al-Mahdî dans son contexte spirituel, et en s'employant à étudier et à expliquer cette question phénoménologiquement, ou en d'autres termes en s'efforçant de "rencontrer le fait religieux en laissant montrer l'objet religieux tel qu'il se montre à ceux à qui il se montre" (c'est-à-dire à ceux qui croient fermement à al-Mahdî).
"Cet oeil de l'âme qui jamais ne sommeille"
«L' "histoire" du XIIe Imâm, écrit Henri Corbin, est une hagiographie dont nous essayerons d'indiquer ici les principaux événements. Mais prévenons d'emblée qu'une fois franchi le seuil de l'hagiographie du XIIe Imâm, il apparaîtra au lecteur que ce que l'on appelle communément critique historique, a perdu la quasi-totalité de ses droits. En revanche, si nous acceptons de déposer devant ce seuil les revendications de cette critique en faveur d'une perception des choses véritable-ment phénoménologique, nous nous rendrons disponibles pour percevoir et comprendre, avec l'organe approprié, la signification des événements qui adviennent «entre les temps» et l'ordre de réalité supérieure que ces événements annoncent, parce qu'ils appartiennent à cet ordre supérieur ».
Toute hagiographie a des témoins à produire, souvent en grand nombre, comme dans le cas du XIIe Imâm. Elle ne peut pour autant produire des certificats, attestations et documents du genre de ceux qu'exige notre obsession de l'historicité matérielle exotérique, laquelle a fini par ne plus se représenter qu'un seul plan de réalité admissible pour qu'il y ait "événement".
« Pour exiger de l'hagiographie qu'elle produise ses documents critiques, il faut commencer par dégrader l'ordre de réalité qui est propre aux événements que rapporte l'hagiographie. Il y a longtemps, sans doute, que le travail de dégradation se poursuit. Moins l'on est apte à percevoir qu'il y a des «événements dans le Ciel», plus l'on exigera des preuves d'historicité matérielle. Plus on perd le sens des événements dont la réalité est essentiellement mysterium liturgicum, plus on effacera de fêtes du calendrier. Ce que l'on appelle aujourd'hui «matérialisme historique» a de lointains précurseurs, jusque dans la théologie. Il est donc possible que tout ce que nous rapporterons ici concernant l'hagiographie du XIIe Imâm, apparaisse à l'historien comme reposant sur des documents sans valeur objective. Et pourtant les événements sont arrivés! Mais les documents qui gardent la seule trace que puissent laisser des événements accomplis dans le malakût, ne sont que des dépouilles, des chrysalides, si l'on n'en a pas la clef. En revanche pour tout philosophe professant un minimum de «réalisme spirituel», ces documents apparaîtront comme inappréciables.
Autrement dit, l'organe de perception doit être ici «cet oeil de l'âme qui jamais ne sommeille», comme dit Philon d'Alexandrie. Les événements qui se situent dans le temps du XIIe Imâm, qu'ils soient relatés dans des documents qui appartiennent au passé, au présent ou à l'avenir, ces événements, eux, ne peuvent pas être saisis par un autre organe que les «sens spirituels» dont parlent tous nos théosophes. Aussi bien l'Imâm, absent pour la perception sensible, serait encore invisible comme tel, même s'il était là en personne, pour tous ceux qui sont incapables de voir autrement que de la manière dont ils perçoivent un objet quelconque dans le monde extérieur. Or l'épiphanie de l'Imâm, sa parousie, ne peut se produire tant que la conscience des hommes n'y est pas éveillée.
Elle ne peut advenir «entre temps» que pour le petit nombre de ceux qu'il choisit lui-même, ceux qui peuvent en avoir la conscience spirituelle (ma'rifat), non pas la simple connaissance extérieure dont même l'animal est capable. C'est ce que nous ont enseigné les textes qui, en nous rappelant ce que signifie «voir l'Imâm en Hûrqalyâ», sous-entendaient que le monde suprasensible de Hûrqalyâ et le monde matériel sensible coexistent, s'interpénètrent, se contiennent l'un l'autre; Hûrqalyâ est à la fois au-dessus de nous, autour de nous et à l'intérieur de nous. »
Quand, par notre inscience, il n'est pas à l'intérieur de nous, il ne peut être ni connu ni reconnu de nous «nulle part», car rien ne peut être connu extérieurement que grâce à une modalité correspondante qui soit en nous. Extérieurement, pour comprendre la présence occulte de l'Imâm caché, demeurant invisible en ce monde, on peut encore se référer à la manière dont le bouddhisme mahayaniste se représente la personne du bodhisattva qui renonce à quitter ce monde, et diffère d'entrer dans le nirvana avant d'avoir sauvé tous ceux dont il a la charge.
»Intérieurement, on pensera à la manière dont Mollâ Sadrâ, par exemple, professe que toute âme, toute entité spirituelle, porte en elle-même son ciel ou son enfer. Simples indications en vue d'un modus intelligendi qui comporte sa rigueur propre; sinon, autant passer un aveu d'impuissance à comprendre tout ce qui est hiérognose, perception des mondes invisibles et des événements visionnaires dont se compose la hiérohistoire. Au chercheur qui «sauve les phénomènes» en procédant comme un pèlerin au cœur sincère, les événements révéleront, mieux que tout exposé théorique, le secret de l'âme shî'ite, un secret dont la force défie victorieusement, depuis dix siècles, les puissances du doute et du refus.»2
Les témoignages détaillés et très précis de tous ceux qui, depuis l'occultation de l'Imam al-Mahdî racontent comment ils l'ont rencontré, le plus souvent, en songe visionnaire, paraissent tellement concordants et tellement saisissants qu'Henri Corbin les déclare comme "continuant l'hagiographie du XIIe Imam"et leur consacre une place prépondérante dans sa recherche.
Comment, quand, où et à qui al-Mahdî peut être visible depuis son occultation, d'après l'examen de ces témoignages? En voici quelques éléments de réponse que nous extrayons de l'exposé exhaustif fait par Henri Corbin sur ce sujet:
«L'Imâm caché, jusqu'à l'heure de sa parousie, ne se rend visible qu'en songe ou bien en certaines manifestations personnelles qui ont alors le caractère d'événements visionnaires (....) Les récits de ces visions théophaniques sont nombreux dans les livres shî'ites; il y aurait à en opérer le classement typologique. Le plus souvent, le XIIe Imâm apparaît sous la forme d'un jeûne enfant ou d'un adolescent d'une grande beauté. Il se manifeste dans les cas de détresse matérielle ou de tourment spirituel, au détour d'un chemin, par exemple, ou dans une mosquée où le fidèle se trouve solitaire. Le plus souvent, celui-ci comprend sûrement après coup que c'est l'Imam qui s'est montré à lui. Chaque fidèle shî'ite sait qu'il peut l'appeler à son aide. On connaît même la typo-graphie du lieu secret où il réside. (....)»3.
«Si la hiérohistoire du shî'isme est remplie de ces visions théophaniques, celles-ci ne se produisent jamais que sur l'initiative de l'Imâm, et si l'Imâm apparaît presque toujours sous la forme d'un jeune homme d'une très grande beauté, presque toujours aussi, sauf exception (nous en verrons plus loin un cas) celui à qui fut donné le privilège de cette vision, ne prend conscience que plus tard de celui qu'il a vu. Sauf exception, un strict incognito enveloppe ces manifestations, ce même incognito qui préserve la chose religieuse de toute socialisation.
«Beaucoup d'hommes, écrit l'un de nos théologiens, 'Alî Asghar Borûjardî4, ont vu la beauté parfaite de cet Élu (le XIIe Imâm), mais ils ne l'ont reconnu qu'ensuite, après qu'il les eut quittés», en comprenant que l'action bénéfique produite, matérielle ou spirituelle, n'avait pu être l’œuvre que de l'Imâm. Certains l'ont vu au temps du pèlerinage de La Mekke; d'autres en la mosquée de Koufa (l'ancienne cité shî'ite par excellence); d'autres en quelque lieu saint shî'ite, mais jamais il ne s'agit d'une vision collective, car même si les hommes le "voient", ils sont incapables de le reconnaître. C'est cela justement la Grande Occultation. L'Imâm va et vient dans tous les lieux du monde, sans immaner à un lieu, sans être fixé, contenu, dans un lieu.»5.
«Parmi les multiples récits concernant les apparitions de l'Imâm au «temps de la Grande Occultation», les quatre textes dont nous proposons ci-dessous6 la traduction, appartiennent à des types différents. Deux d'entre eux (le premier, récit de la fondation de Jam-Karân, et le quatrième, rencontre dans le désert) mettent le fidèle en présence de l'apparition de l'Imâm en personne. Les deux autres (le second, récit du voyage à l'Ile Verte, et le troisième, le voyage aux cinq îles) conduisent le fidèle en présence des compagnons ou des fils de l'Imâm.
Chaque fois, certes, la rencontre résulte d'une décision secrète de l'Imâm; à l'homme de s'y rendre apte, mais ce n'est pas à l'homme de décider qu'il veut le rencontrer et encore moins d'y réussir (une anecdote nous le rappellera ci-dessous). En outre, il peut arriver que la présence de l'Imâm fasse irruption dans le lieu où se trouve le fidèle ou le pèlerin, et là même le transfère au lieu de sa présence (quatrième récit).
Et il peut arriver que l'épisode visionnaire commence soit par la manifestation de personnes «appartenant au monde de l'Imâm» et qui progressive-ment font pénétrer le pèlerin dans ce monde (premier et deuxième récits), soit par un pro-logue initiatique, une navigation par exemple, qui à l'insu des intéressés, les mène dans un monde inconnu (troisième récit).
« Tous les récits ont ce trait commun et caractéristique que le passage de la topographie du monde sensible à celle du monde inconnu, s'accomplit sans que les sujets aient conscience du moment précis où s'opère la rupture. Ils ne s'en aperçoivent que lorsqu'ils sont déjà «ailleurs».
Détail encore caractéristique: l'irruption du monde de l'Imâm dans notre monde peut se prolonger par quelque trace matérielle (v. g. un édifice construit sur son ordre); ou, fait plus troublant, le pèlerin peut rapporter de sa rencontre un objet témoin (un livre, une bourse, par exemple). Il arrive aussi que la portée de l'événement fasse du récit un véritable récit d'initiation, c'est-à-dire d'initiation à la doctrine shî'ite, au secret de l'Imâmat (deuxième et troisième récits)»7
Il est à noter qu'ici, Henri Corbin a mis l'accent, essentiellement, sur la tendance mystique "'irfânî" dans le Chî'isme. Les personnes qui aspirent à rencontrer l'Imam caché, agissent à la façon d'un soufi en quête d'un maître ou d'un guide spirituel. Mais au lieu de rechercher, à travers une tarîqah (congrégation soufie) un maître soufi, aux pouvoirs nécessairement limités, le mystique choisit comme "pôle spirituel directement l'Imam lui-même sans intermédiaire", lequel étant le seul à même de dévoiler toutes les révélations prophétiques, permet au fidèle d'atteindre à l'épanouissement spirituel auquel il aspire.
Ceci dit, ces récits et ces témoignages multiples, sont racontés avec une telle force de conviction qu'elle ébranle l'incrédulité ou les réserves de tout esprit sceptique. Loin d'être usés à la longue et à travers les âges, ils paraissent plutôt renouvelables et toujours d'actualité.
Conscient que cette vérité pourrait laisser perplexes certains lecteurs, Henri Corbin après avoir posé la question inévitable "qui vient spontanément à l'esprit du lecteur informé de l'évolution de l'Orient contemporain: que signifie, par exemple, pour la jeunesse iranienne de nos jours, la mystérieuse figure du XIIe Imâm?", il y répond en rapportant un témoignage significatif à cet égard:
«Et cela donne justement son importance au témoignage que j'eus l'occasion de rapporter ailleurs et qu'il m'apparaît opportun de reproduire ici, parce qu'il émanait d'un jeune Iranien de mes amis (un "moins de trente ans"), éminemment représentatif de la jeunesse étudiante formée en Occident pour laquelle sont en général réunies toutes les conditions du déracinement spirituel (nous pourrions dire: toutes les conditions qui mènent à l'oubli de ses origines le jeune prince parthe du «Chant de la Perle» des Actes de Thomas). Il achevait ses études dans une université de Suisse.
Il eût pu être comblé en ce pays, et pourtant il passait la plupart de ses soirées à évoquer avec nostalgie, en la compagnie d'un jeune compatriote étudiant comme lui, les vastes déserts de l'Iran et le pèlerinage de la ville sainte de Qomm (à 140 km au sud de Téhéran).
Et voici qu'une nuit, le pèlerinage qu'il attendait de pouvoir accomplir en réalité, il le fit en songe. Le récit qu'il m'en fit portait si typiquement les traits d'un songe initiatique, la puissance archétype s'y fait sentir avec une telle force que je lui demandai de le mettre par écrit. Avec sa permission, tout en ne le désignant discrète-ment que par ses initiales H. B., je reproduis ici son récit:
"Une nuit, j'ai rêvé qu'avec mon ami nous nous étions mis en marche, partant de Téhéran pour aller à Qomm. Nos vêtements n'étaient pas ceux de tous les jours, mais ceux que portent chez nous les derviches (les soufis). Nous avions suivi à travers champs les sentiers qui, dans la direction du sud, mènent vers Qomm.
Nous allions aborder le désert du sud de Téhéran, lorsque soudain, apparurent devant nous des créatures de taille immense, quelque chose comme des dragons. Brusquement je cessai de voir mon ami. Il me sembla qu'il avait rebroussé chemin et était retourné vers le nord. Je sentis que j'étais seul. Mais voici qu'entre mes mains il y avait quelque chose comme une lance, si longue que je n'en ai jamais vu de pareille dans la réalité. Je combattis avec les dragons longtemps, longtemps. Finalement je dus réussir à les mettre en pièces, car je vis qu'un torrent qui passait là, emportait les dragons disloqués, et moi-même je fus immergé dans ce torrent. Je sortis de ce bain, et je sentis que j'étais nu.
Mais voici qu'on jeta sur mes épaules une longue pièce d'étoffe. A ce moment-là, j'avais l'impression que le terrain où je marchais exhalait de la vapeur ou du brouillard; on ne voyait rien. Soudain la ville sainte m'apparut au loin, avec le dôme d'or étincelant et les minarets de l'enceinte sacrée. M'étant dirigé vers la ville, j'arrivai à un carrefour plafonné en voûte. Là on me désigna la maison de l'Imâm attendu. La porte en était grande ouverte.
Une courte distance de quelques centaines de pas me séparait de la maison de l'Imâm... A ce moment-là je m'éveillai de mon rêve. Mais j'en ai gardé une impression profonde. L'essentiel m'en apparaît comme étant la distance qui me séparait de la porte ouverte de la maison de l'Imâm; car depuis lors, le sentiment que j'ai de ma vie, en songe ou à l'état de veille, c'est qu'elle consiste à parcourir cette distance, parce qu'elle est la mesure exacte de ma vie; elle règle le temps et l'harmonie de mon existence tout entière; elle est le temps et l'espace réels que j'éprouve sur cette Terre"»8.
- 1."En Islam Iranien: Aspects spirituels et philosophiques", Henri CORBIN, Édition nrf, Gallimard, Tome I, Tome II, Tome III, Tome IV, 1971-1972, à Paris.
- 2."En Islam Iranien: Aspects spirituels et philosophiques", Henri Corbin, op. cit., Tome IV, pp. 307 – 309.
- 3."En Islam Iranien: Aspects spirituels et philosophiques", Henri Corbin, op. cit. p. 330.
- 4.'Alî Asghar Borûjardî, Nûr al-Anwâr (en persan), Téhéran, 1347/1928, p. 177, ainsi que Majlisî, Bihâr, vol, XIII, p. 143.
- 5."En Islam Iranien: Aspects spirituels et philosophiques", Henri Corbin, op. cit., Tome 4, p. 333.
- 6.Ils s'agit de: 1- "Le Sanctuaire de Jam-Karan", pp. 338 - 346 2- "Le Voyage à l'Ile Verte en la Mer Blanche", pp. 346 - 367 3- "Les îles aux cinq cités", pp. 367 - 374 4- "Rencontre dans le désert ou ubiquité de Nâ-kjâ-âbâd", pp. 374 - 376, op. cit., Tome 4, éd, nrf, Gallimard, 1978.
- 7."En Islam Iranien: Aspects spirituels et philosophiques", Henri Corbin, op. cit., Tome 4, p. 336.
- 8."En Islam Iranien: Aspects spirituels et philosophiques", Henri Corbin, op. cit., Tome 4, pp. 455 – 456.
Les Signes et les circonstances de l'apparition de l'Imam al-Mahdî
L'apparition du Réformateur universel, l'Imam al-Mahdî (p) constitue l'un des événements majeurs de l'Histoire de l'Humanité. Il était donc normal que le Prophète (P), ainsi que ses successeurs légitimes, les Imams d'Ahl-ul-Bayt (p) informent la Umma de la venue de ce "Grand Réformateur et Sauveur de l'Humanité" ainsi que des circonstances et des signes annonciateurs de l'approche de son apparition, afin que les gens soient avertis et que les esprits soient préparés à l'accueil de cet événement.
Beaucoup de Hadîths et de Récits, rapportés du Prophète et des Imams d'Ahl-ul-Bayt nous décrivent ces signes et ces circonstances, lesquels sont de deux natures: cosmique et sociale.
L'un des signes sociaux les plus évidents qui annonce l'approche de l'avènement d'al-Mahdî est la dégradation de la civilisation et du mode de vie humain, et sa rétrogradation vers les stades obscurantistes de l'humanité, stades qui précèdent normalement la venue d'un Prophète réformateur. En effet, c'est lorsque l'Humanité sombre dans l'obscurantisme et que les croyances, les coutumes, les normes, les mœurs et les relations sociales obscurantistes prévalent dans la vie de cette Humanité, que la situation économique et la sécurité se dégradent, que la peur, l'inquiétude, les guerres, l'injustice et l'iniquité se généralisent que l'Humanité éprouvent un besoin impérieux d'un grand Réformateur qui change le cours de l'Histoire et opère une révolution radicale pour la ramener vers la Voie prophétique et la Marche monothéiste.
De même, les récits hagiographiques soulignent comme signe précurseur de cet événement le haut degré de progrès scientifique et technologique que l'Humanité atteint, ainsi que la maturité de l'esprit humain.
Un autre signe avant-coureur de la venue d’al-Mahdî signalé par les hadîths est la naissance d'un noyau de partisans et de mouvement social, politique et militaire qui prépare son arrivée.
Ainsi, on peut résumer les signes sociaux, annonciateurs du Sauveur Attendu comme suit:
1- La prédominance de l'injustice et de l'iniquité;
2- La renaissance de la vie, des mœurs et des croyances de l'obscurantisme anté-islamique;
3- Le progrès scientifique remarquable;
4- Les guerres et les troubles destructeurs, qui vont de pair avec l'absence de sécurité et de paix;
5- L'apparition d'imposteurs et de faux réformateurs;
6- La cherté de la vie et la détérioration de la situation économique;
7- L'apparition de mouvements de réforme, de dirigeants et de courants réformateurs qui aplanissent le terrain pour l'accueil du Sauveur.
Citons à présent quelques-uns des hadîths qui nous parlent de ces signes:
Selon al-Çadûq dans son "Man Lâ Yah-dhurhu-l-Faqîh", citant al-Açbagh Ibn Nabâtah, l'Imam 'Alî Ibn Abî Tâleb (p) a dit:
«À la Fin des Temps et à l'approche de l'Heure - qui constitue la pire des époques - apparaissent des femmes dévoilées, nues, courant vers les plaisirs et légalisant ce qui est illégal. Leur demeure éternelle sera la Géhenne"1.
Selon al-Majlicî dans "Bihâr al-Anwâr", citant une chaîne de transmission remontant à l'Imam al-Sâdiq, le Prophète (P) a dit:
«Ma Umma connaîtra une époque où les gens font montre d'un fond perfide et des apparences bonnes, par désir avide de ce bas-monde. Ils ne recherchent pas (en ce temps) ce qu'il y a chez Allah - IL est Très-Haut et Sublime - . Ils sont marqués par une hypocrisie sans scrupules. Allah leur envoie alors un châtiment, à la suite duquel ils se mettent à L'implorer à la façon d'un naufragé, mais leur appel de détresse n'aura pas de réponse»2.
Et selon la même source, le Prophète (P) a dit:
«Ma Umma connaîtra une époque où il ne restera du Coran que son dessin, et de l'Islam que son nom. Les gens s'en réclameront tout en en étant les plus éloignés. Leurs mosquées seront très fréquentées, mais la piété y sera absente. Les Faqîh (ulémas, jurisconsultes) de cette époque seront les pires des faqîh sous le ciel. C'est d'eux que les troubles sortiront et c'est vers eux qu'ils retourneront»3.
Selon l'Imam Mohammad al-Bâqer (p):
«al-Mahdî ne paraîtra que lorsque les tyrans auront été élévés»4.
Selon l'Imam 'Alî (p), le Prophète (P) a dit:
«L'Islam a commencé expatrié et il redeviendra expatrié. Mais bien-heureux seront les expatriés».
On lui a demandé alors:
- Ô Messager d'Allah, qui sont-ils?
Le Prophète (P) a répondu:
«Ceux qui se réformeront, lorsque les gens se seront pervertis. Un bon croyant n'éprouve jamais ni l'affliction ni le sentiment d'être expatrié. Il n'y a pas un bon croyant qui meure expatrié sans que les Anges ne pleurent sur lui, par compassion, là où les gens qui le pleurent se font rares, et sans que sa tombe ne s'élargisse par une lumière qui brille depuis le lieu de son enterrement jusqu'au lieu de sa naissance»5.
Selon Abî Imâmah al-Bâhilî, rapporté par Ibn Mâjah dans ses "Sunan" (Tome II), le Prophète (P) nous a dit à propos d’al-Dajjâl6:
«Il n'y a pas un trouble sur la terre, depuis qu'Allah a créé la postérité d'Adam, plus terrible que celui d’al-Dajjâl. Allah n'a jamais moissonné un Prophète sans mettre en garde sa nation contre al-Dajjâl. Or, je suis le dernier des Prophètes, et vous êtes la dernière des nations. Donc, il sortira inévitablement parmi vous»7.
L'Imam al-Sâdiq (p), décrivant le haut niveau technologique et scientifique auquel sera parvenue l'Humanité lors de l'apparition d'al-Mahdî, dit:
«Lorsque notre Qâ'im (le Résurrecteur, l'Annonciateur de la Résurrection) sera suscité, Allah développera tellement la vue et l'ouïe de nos partisans qu'ils n'auront pas besoin de courrier entre eux et lui. Il leur parlera et ils l'entendront et le verront alors qu'il reste à sa place»8.
L'Imam al-Sâdiq (p) a dit également:
«À l'époque du Qâ'im, le croyant qui se trouverait en Orient pourra voir son frère qui se trouverait en Occident et vice versa»9.
(On peut dire que ces deux Hadîths indiquent le progrès technologique et le développement des moyens de communication de nos jours, tels le téléphone, la Radio, la Télévision. Et il est évident que ces deux technologies (la vue et l'ouïe à distance) annoncées comme signes matériels de l'apparition d'al-Mahdî, n'existaient pas à l'époque de l'Imam al-Sâdiq (p), ni même il y a deux siècles. Par conséquent, les deux Hadîths pourraient être considérés comme des documents matériels corroborant la vérité de l'apparition d'al-Mahdî).
Dans son livre "al-Ghaybah", Cheikh al-Tûcî rapporte le témoignage suivant de Mohammad Ibn Muslim et Abî Baçîr qui affirment avoir entendu l'Imam al-Sâdiq (p), dire:
«Cette affaire (la venue de l'Imam al-Mahdî) ne se réalisera pas avant que ne disparaissent les deux tiers de l'Humanité».
Sur ce, ils (les deux témoins) lui ont demandé:
- Mais si les deux tiers de l'humanité disparais-saient, qui restera-il?
L'Imam al-Sâdiq a répondu:
«N'accepteriez-vous pas de faire partie du tiers restant?»10.
Selon Abû Na'îm dans "al-Burhân fî 'Alâmât Çâhib al-Zamân", l'Imam 'Alî (p) a dit:
«Le Mahdî ne sortira que lorsqu'un tiers des gens auront été tués et un autre tiers morts et que le troisième tiers aura survécu»11.
Selon un hadîth rapporté par al-Çadûq et attribué à l'Imam al-Kâdhim (p):
«Deux signes annonceront la venue d'al-Mahdî, qui démentiront les calculs des astrologues: une éclipse lunaire qui se produira le 5 du mois (lunaire) et une éclipse solaire, le 15, ce qui ne s'était produit depuis la descente d'Adam (p) sur la terre»12.
Notons enfin que les hadîths qui évoquent la venue d'al-Mahdî affirment qu'il surgira à la Mecque, qu'il y proclamera son Imamat et la constitution de son État, et que les gens lui prêteront serment d'allégeance à l'endroit situé entre le Rukn et le Maqâm au Masjid al-Harâm13.
- 1.Cité par Lutfallah al-Çâfî dans"Muntakhab al-Athar", 3e édition, p. 42.
- 2.Cité par Lutfallah al-Çâfî dans"Muntakhab al-Athar", 3e édition, p. 42.
- 3.Cité par Lutfallâh al-Çâfî dans "Muntakhab al-Athar", Op.cit., p. 427.
- 4.Lutfallâh al-Çâfî, "Muntakhab al-Athar", p. 435, citant "al-Malâhim wa-l-Fitan".
- 5.Lutfallah al-Çâfî dans"Muntakhab al-Athar", op. cit., p. 436, citant "al-Ja'fariyyât wa-l-Ach'athiyyât".
- 6.L'Antéchrist.
- 7.Cité par Lutfallah al-Çâfî dans"Muntakhab al-Athar", op. cit., p. 436.
- 8.Rapporté al-Kulaynî dans "al-Kâfî", Tom. II, pp. 240-241.
- 9.'Abdullâh Chubbar dans "Haqqul-Yaqîn", Tom. I, p.229.
- 10.Cité par Lutfallâh al-Çâfî dans "Muntakhab al-Athar", op.cit., p. 452.
- 11.Cité par Lutfallah al-Çâfî dans "Muntakhab al-Athar", op. cit., p. 435.
- 12."Kamâl al-Dîn", d'al-Çadûq", op. cit., p. 455, Section 57.
- 13.Voir, pour plus de détails sur ce chapitre: "al-Mahdî al-Muntakhab", Série "Ahl-ul-Bayt", No 15, Éd., Mo'assat al-Balâgh, 1990.
Les hadîths sur les "Douze Imams (p)" clarifient le contenu des hadîth sur les "Douze Califes"
Nous avons tenu, jusqu'ici, à ne reproduire, toujours par souci d'objectivité, que les hadîths du Prophète (P), notoirement connus, largement diffusés et universellement admis sur les "Douze Califes", bien que ces hadîths, dans la version présentée, soient vagues et sujets à diverses interprétations, du moins lorsqu'on les juge sur les apparences. Nous allons présenter maintenant sur le même sujet, une série d'autres hadîths, plus explicites et plus précis, mais qui, bien qu'ils soient aussi authentiques et aussi incontestables que les précédents, sont peut-être moins connus et partiellement rapportés, pour des raisons politico-historiques évidentes auxquelles nous avons déjà fait allusion brièvement et que nous expliquerons plus en détail par la suite. Ces hadîths sont:
a)- Selon le Compagnon 'Abdullâh Ibn 'Abbas, cité par Sa'îd Ibn Jubayr, cité par al-Juwînî dans "Farâ'id al-Samtayn": «Le Prophète (P) a dit:
"Mes Successeurs (Kholafâ'î),et mes Héritiers présomptifs (awçiyâ'î), (qui seront) les Preuves d'Allah après moi, sont au nombre de douze: le premier d'entre eux est mon frère et le dernier est mon fils".
On lui a demandé alors:
- Ô Messager d'Allah! Qui est donc ton frère?
- 'Alî Ibn Abî Tâlib, a-t-il répondu.
- Et qui est ton fils?, lui a-t-on demandé encore.
- C'est al-Mahdî, lequel la (la terre) remplira d'équité et de justice après qu'elle aura été remplie de tyrannie et d'injustice, a-t-il répondu1.
b)- Jâbir Ibn 'Abdullâh témoigne que le Prophète (P) lui a dit:
«Ô Jâbir! Mes héritiers présomptifs et les Imams des Musulmans après moi commencent par 'Alî, puis al-Hassan, puis al-Hussain...».
Puis il a mentionné nommément les neuf descendants d'al-Hussain, à commencer par 'Alî Ibn al-Hussain et en terminant par al-Mahdî Ibn (fils de) al-Hassan al-'Askarî (p)2.
c)- Selon al-Çadûq (décédé en l'an 381 H.) dans "Kamâl l-Dîn wa Tamâm al-Ni'mah", citant une chaîne de transmetteurs qui remonte à l'Imam Ja'far al-Sâdiq (p) qui cite son père, citant ses prédécesseurs, les Imams d'Ahl-ul-Bayt (p), le Messager d'Allah (P) a dit:
«Jibrâ'îl (l'archange Gabriel) m'a informé que le Seigneur de la Puissance - que Sa Majesté soit Grande - avait dit: "Quiconque vient à savoir qu'il n'y a de Dieu que Moi Seul, que Mohammad est Mon Serviteur et Mon Messager, que 'Alî Ibn Abî Tâlib est Mon Lieutenant, et que les Imams parmi ses descendants sont Mes Preuves, Je le ferai entrer dans Mon Paradis, par Ma Miséricorde, Je le sauverai de l'Enfer, par Mon Pardon...».
Lorsque le Prophète (P) termina sa parole, Jâbir Ibn 'Abdullâh al-Ançârî lui demanda:
- Quels sont les Imams parmi les descendants de 'Alî Ibn Abî Tâlib?
Le Prophète répondit:
"al-Hassan et al-Hussain, les deux Maîtres de la Jeunesse du Paradis, puis le Maître des adorateurs (Zayn al-'Âbidîn) de son époque, 'Alî Ibn al-Hussain, puis al-Bâqer Mohammad Ibn 'Alî que tu rencontreras, ô Jâbir - et lorsque tu le rencontreras, transmets-lui mes salutations - puis al-Sâdiq Ja'far Ibn Mohammad, puis al-Kâdhim Mûsâ Ibn Ja'far, puis al-Redhâ 'Alî Ibn Mûsâ, puis al-Taqî Mohammad Ibn 'Alî, puis al-Naqî 'Alî Ibn Mohammad, puis al-Zakî al-Hassan Ibn 'Alî, puis son fils al-Qâ'im Bi-l-Haq, le Mahdî de ma Umma, qui remplira la terre d'équité et de justice après qu'elle aura été remplie de tyrannie et d'injustice. Ceux-là sont, ô Jâbir, mes Successeurs (kholafâ'î), mes Héritiers présomptifs (awçiyâ'î), mes Fils (awlâdî) et ma Progéniture. Quiconque leur obéira m'aura obéi, et quiconque leur désobéira m'aura désobéi..."»3.
d)- al-Qandûzî al-Hanafî rapporte dans "Yanâbî' al-Muwaddah, citant al-Khawârizmî "Kitâb al-Manâqib" d'al-Khawârizmî al-Hanafî, citant l'Imam al-Redhâ (p) qui cite la chaîne de transmission des Imams d'Ahl-ul-Bayt (p), un Hadîth du Prophète (P) qui mentionne nommément les douze Imams en commençant par Amîr al-Mo'minîn 'Alî Ibn Abî Tâlib et en terminant par l'Imam al-Mahdî Ibn al-Hassan al-'Askarî (p). al-Qandûzî affirme que ce même Hadîth est rapporté par al-Juwînî al-Hamwînî al-Châfi'î, auteur de "Farâ'id al-Samtayn"4.
De même al-Qandûzî rapporte un autre hadîth du Prophète rapporté par deux chaînes de transmission remontant à Ibn 'Abbâs, mentionnant également les noms des Douze Imams5,
et un autre encore remontant à Jâbir Ibn 'Abdullâh al-Ançârî6.
e)- Dans "Kifâyat al-Athar fî-l-Naç 'Alâ-l-A'immah al-Ithnâ 'Achar", al-Khazzâz (l'un des uléma notoire du IVe siècle de l'Hégire) consacre tout son livre aux hadîths qui mentionnent les noms des Douze Imams (p).
Mais estimant qu'il n'est pas nécessaire de les reproduire ici, nous nous contentons d'extraire et de citer une partie de son introduction:
«Je commence par énumérer les Récits (Hadîths) qui mentionnent nommément les douze Imams (p) et qui sont rapportés par les Compagnons les plus connus du Prophète (P), tels que 'Abdullâh Ibn 'Abbâs, 'Abdullâh Ibn Mas'ûd, Abî Sa'îd al-Khodrî, Abû Tharr al-Ghifârî, Salmân al-Fârecî, Jâbir Ibn Sumrah, Jâbir Ibn 'Abdullâh, Anas Ibn Mâlek, Abû Hurayrah, 'Omar Ibn al-Khattâb, Zayd Ibn Thâbit, Zayd Ibn al-Arqam, Abî 'Omâmah Wâthilah Ibn al-Asqa', Abû Ayyûb al-Ançârî, 'Ammâr Ibn Yâcer, Huthayfah Ibn Osayd, 'Omrân Ibn al-Haçîn, Sa'd Ibn Mâlek, Huthayfah Ibn al-Yamân, Abû Qutâdah al-Ançârî, 'Alî Ibn Abî Tâlib (p) et ses deux fils al-Hassan et al-Hussain (p).
»Et parmi les femmes: Om Salamah, Â'ichah, et Fâtimah fille du Messager d'Allah(P)»7.
Ce genre de hadîths, rapportés avec encore plus de détails sur les Douze Imams, dont l'Imam al-Mahdî, et mentionnés avec tous les maillons de leurs chaînes de transmission, vérifiés et examinés à la loupe par des ulémas et des spécialistes qui font autorité, sont abondants dans les livres de référence chî'ites, mais plutôt rares dans les corpus sunnites.
On assiste ainsi à un contraste révélateur à cet égard, lorsqu'on examine les deux séries ou groupes de hadîth sur les "Douze Califes" et les "Douze Imams". Alors que les hadîth de la première série (les Douze Califes) qui sont plutôt concis, vagues et équivoques, et sujets à différentes interprétations, se trouvent normalement diffusés dans les corpus et d'autres ouvrages sunnites traitant des Traditions, ceux de la seconde série (les Douze Imams) qui sont détaillés et très explicites quant à leurs significations, apparaissent surtout dans les corpus de tendance Chî'ite.
Pourtant, un chercheur neutre qui étudie objectivement l'ensemble de ces hadîths et examine selon les règles des Sciences des Traditions leur valeur documentaire, conclurait sûrement à l'authenticité des hadîths des deux séries, et surtout constaterait qu'ils traitent tous d'un même et seul sujet. Si malgré un tel constat d'unité de sujet et de source, ces hadîth sembleraient, de prime abord, appartenir à deux séries distinctes, cela tient sans doute au contexte historique et politique dans lequel ils ont été rapportés.
En effet, on sait que malgré la volonté du Prophète (P), maintes fois exprimée devant des milliers de Musulmans, de voir, conformément à la Volonté divine, les Ahl-ul-Bayt (p), à commencer par l'Imam 'Alî (p) lui succéder, ce dernier fut écarté du califat, après le décès du Messager d'Allah(P). Après la disparition de l'Imam 'Alî, ses descendants, les autres Imams d'Ahl-ul-Bayt seront également systématique-ment mis à l'écart du Califat. Si l'Imam 'Alî et ses successeurs, se sont résignés devant le fait accompli, se contentant de diriger spirituellement leurs adeptes et de mener une opposition généralement pacifique au pouvoir califal, il va de soi qu'ils n'ont jamais renoncé à leur droit inaliénable, comme seuls successeurs légitimes du Prophète (P). Évidemment la présence permanente de cette légitimité ne manquait pas d'inquiéter les différents califes officiels qui se sont succédé au Pouvoir. Il était naturel dès lors qu'ils toléraient difficilement la diffusion de toute référence prophétique de nature à rappeler ou à évoquer cette légitimité bien embarrassante. Lorsqu'ils ne pouvaient pas interdire une telle diffusion, du moins faisaient-ils tout ce qui était en leur pouvoir pour la décourager.
Citons à cet égard l'exemple de Mu'âwiyah qui non seulement a fermement interdit qu'on rapporte des hadîths du Prophète (P) mettant en évidence les vertus de l'Imam 'Alî et des Ahl-ul-Bayt (p), mais il a décrété à l'adresse des imams de Prière et de ses gouverneurs, l'obligation "hérétique", selon l'expression d'Abû-l-A'lâ al-Mawdûdî, de maudire l'Imam 'Alî (p) du haut de leurs chaires.
Écoutons ce qu'écrit à ce sujet, l'un des dirigeants modernes les plus éminents du Sunnisme, 'Abû-l-A'lâ al-Mawdûdî que nous venons d'évoquer:
«Une autre hérésie hideuse est apparue sous Mû'âwiyah. Celui-ci et avec lui et - sur ses ordres - ses gouverneurs injuriaient notre maître 'Alî du haut de leurs chaires. Ce qui est plus grave encore, ils le maudissaient - lui qui était l'être le plus aimé parmi ses proches parents, et le plus proche de son noble cœur - du haut de la chaire de la Mosquée même du Prophète, devant la maison du Prophète et en présence des fils et des plus proches parents de notre maître 'Alî, lesquels entendaient ces injures».
Et al-Mawdûdî d'ajouter:
«Injurier quelqu'un après sa mort est, en soi, une chose contraire à l'éthique humaine, et ce, sans compter qu'elle est aussi contraire à la Charî'a. Pis, mêler le Prône de la Prière du Vendredi à de telles bassesses était du point de vue religieux et moral une action grossière et trop détestable»8.
Poussant cette haine irréductible jusqu'à son paroxysme, Mu'âwiyah n'a pas hésité à assassiner, décapiter et mutiler les cadavres de ces Musulmans pieux, de ces Compagnons augustes qui avaient pour seul tort de s'opposer à cette pratique abjecte et contraire à l'esprit et aux préceptes de l'Islam que constituait là le fait de proférer des injures à l'égard de la Famille du Prophète lors de la Prière du Vendredi.
Là encore citons Abû-l- A'lâ al-Mawdûdî en gage d'impartialité:
«Cette pratique nouvelle - l'assassinat des Com-pagnons qui refusaient d'injurier l'Imam 'Alî a été inaugurée par Mu'âwiyah avec l'assassinat, en l'an 41H. de Hojr Ibn 'Ady, un Compagnon auguste, un adorateur ascète, l'un des plus grands, pieux de la Umma. En effet lorsque la pratique d'injures et d'invectives proférées du haut de minbar (chaire) contre l'Imam 'Alî fut instituée, les Musulmans des quatre coins du monde s'en étaient affligés tout en se taisant douloureusement. Toutefois, notre maître Hojr, n'a pu le supporter. Aussi s'est-il mis à louer l'Imam 'Alî et à critiquer sévèrement Mu'âwiyah (...). Un jour, Ziyâd, le Gouverneur omayyade de Kûfa et de Basrah ayant retardé la prononciation du Prône du Vendredi (parce qu'il était occupé à injurier l'Imam 'Alî), Hojr protesta contre ce retard. Il fut tout de suite arrêté avec douze de ses compagnons. On les transféra tous au siège de Mu'âwiyah. Celui-ci ordonna qu'on les tue. Les bourreaux dirent à Hojr:
- Mu'âwiyah nous a donné l'ordre de vous proposer de renier 'Alî et de le maudire. Si vous acceptez, vous serez libres; sinon nous vous tuerons.
Hojr et ses Compagnons refusèrent et dirent:
- Nous ne ferons pas ce qui courrouce Dieu.
Sur ce, Hojr fut exécuté avec sept de ses compagnons. Mu'âwiyah renvoya un autre des compagnons de Hojr à Ziyâd avec une lettre dans laquelle il lui demandait de le tuer de la façon la plus horrible. Ziyâd s'exécuta et l'enterra vivant!»9.
Commentant cette atrocité de Mu'âwiyah, 'Abû-l- A'lâ al-Mawdûdî écrit:
«Cet événement a fait trembler d'indignation tous les hommes pieux et bouleversa toute la Communauté musulmane»10.
Ceci dit, dans un tel climat de haine et de terreur, où le pouvoir califal n'hésitaient pas à opprimer de la sorte des Compagnons aussi prestigieux et vénérés que Hojr Ibn 'Ady ou les petits-fils du Prophète, les "Deux Maîtres de la Jeunesse du Paradis", selon l'expression du Prophète (P) lui-même, n'était-il pas normal que des hadîths qui mentionnent et désignent nommément les Imams d'Ahl-ul-Bayt, dont al-Mahdî, promis pour mettre fin à la tyrannie et l'injustice, comme Successeurs légitimes du Messager d'Allah se fassent rares aussi bien dans la transmission orale que dans les ouvrages en vue. Les seuls hadîths de cette catégorie qui pouvaient survivre à cette censure étaient ceux qui échappaient au contrôle du pouvoir. Seuls - ou presque - les Imams d'Ahl-ul-Bayt (et leurs adeptes) qui étaient mis souvent au ban de la société pouvaient se permettre discrètement, ce "luxe" ou ce "privilège" et de préserver ainsi une bonne partie des traditions du Prophète, qui dérangeaient les autorités califales.
En outre dans cette conjoncture, le terrain était tout à fait propice à toutes sortes d'inventions et de déformations du Hadîth.
- 1.Cité par al-Majlicî dans "Bihâr al-Anwâr" (Tom.51, p. 71) qui cite "Kamâl al-Dîn..."
- 2."Yanâbî' al-Mawaddah", 3/170 Section 94.
- 3."Kamâl al-Dîn" d'al-Çadûq, Bâb (Section) 24, Hadîth 3, page 258, éd. Mo'assat al-Nachr al-Islâmî, Qom, 3e édition, 1416 de l'hégire.
- 4."Yanâbî' al-Mawaddah", 3/161 Section 93.
- 5.Voir: "Yanâbî' al-Mawaddah", 3/99, 3/12/99.
- 6."Yanâbî' al-Mawaddah", 3/170/94.
- 7."Kifâyat al-Athar" d'Ibn al-Khazzâz, Introduction, pp. 8-9.
- 8."al-Khilâfah wa-l-Mulk" (Le Califat et le Royaume), A. A'lâ al-Mawdûdî, Dâr al-Qalam, Kuwait, 1e édition, 1398 H (1978), p. 113.
- 9."al-Khilâfah wa-l-Mulk" (Le Califat et le Royaume), A. A'lâ al-Mawdûdî, Dâr al-Qalam, Kuwait, 1e édition, 1398 H (1978), p. 105.
- 10."al-Khilâfah wa-l-Mulk" (Le Califat et le Royaume), A. A'lâ al-Mawdûdî, Dâr al-Qalam, Kuwait, 1e édition, 1398 H (1978), p. 105.
D'autres Hadîths confirment l'existence d’al-Mahdî et qu'il est bien le XIIe Imam d'Ahl-ul-Bayt
A- «Quiconque meurt sans avoir connu l'Imam de son temps, mourra en jâhilite»
«Quiconque meurt sans avoir connu l'Imam de son temps, mourra en jâhilite»1.
Ce Hadîth rapporté du Prophète (P) avec des variantes dans la formulation - mais exprimant toutes le même sens et le même contenu - est relaté dans les principaux et les plus célèbres ouvrages de Hadîth, et par les rapporteurs de Hadîth les plus notoires, sunnites et chî'ites confondus. Il serait trop long de les énumérer ici2.
Contentons-nous donc d'en citer quelques-uns dont l'autorité est universellement reconnue: "Çahîh al-Bukhârî" et "Çahîh Muslim"3 parmi les Sunnites; al-Kulaynî, al-Çadûq et son père, ainsi qu'al-Humayrî et al-Çaffâr parmi les Chî'ites4.
La signification de ce Hadîth est claire. Il rend obligatoire à tout Musulman de connaître l'Imam légitime de son époque, sous peine d'une fin horrible. Cela implique donc forcément qu'il y a un Imam légitime à toute époque et pour toute génération. Seule explication possible, plausible et cohérente à ce Hadîth est l'existence de l'Imam al-Mahdî et sa survie depuis le décès de son père, l'Imam al-Hassan al-'Askari, en 260 de l'Hégire, et jusqu'à sa réapparition annoncée par le Prophète et confirmée par ses prédécesseurs les Onze Imams d'Ahl-ul-Bayt, les Successeurs légitimes du Messager d'Allah. D'ailleurs les hadîths suivants ne font que confirmer la signification de ce Hadîth.
Certes, d'aucuns diraient que l'expression «l'Imam de son temps» couvrirait ou désignerait tout gouvernant (calife, roi ou président de la république), fût-il injuste, dévié, corrompu ou pervers, (et le monde musulman n'en manque pas et n'en a pas manqué)! Mais qui pourrait croire un instant à une telle interprétation insensée et absurde de ce Hadîth?! Qui pourrait concevoir que l'Islam ou le Noble Prophète vouerait une telle révérence à un gouvernant même corrompu ou tyran, pour imposer à tout Musulman l'obligation et "l'honneur" ou "la bénédiction" de le connaître?!
B- «La terre n'est jamais vide d'un Guide qui, répondant pour Allah, maintient Ses témoignages ...»
Ce Hadîth, rapporté lui également par les ulémas aussi bien sunnites que chî'ites, en citant différentes chaînes de transmetteurs5, corrobore le Hadîth précédent et commande l'existence nécessaire de l'Imam al-Mahdî.
Autrement, l'énoncé: «la terre n'est jamais vide d'un Guide ... » ne s'explique pas, si l'on n'admet pas sa naissance et sa survie. Ledit Hadîth est rapporté directement de l'Imam 'Alî (p) par Kumayl Ibn Ziyâd al-Nakh'î à qui il a été adressé:
«Ô Kumayl Ibn Ziyâd: Apprends de moi par cœur ce que je te dis: (...) Oui, certes, par Allah! La terre n'est jamais vide d'un Guide qui maintient les Preuves d'Allah. Il assume cette tâche soit à découvert soit tout en étant caché. Et ce afin que les Preuves divines et leurs significations ne soient pas anéanties»6.
Ibn Hajar al-'Asqalânî a compris ce Hadîth comme allusion à l'Imam al-Mahdî, lorsqu'il a déclaré:
«Le fait que 'Îssâ (p) priera derrière un Homme de cette Umma, bien qu'on soit vers la Fin du Temps et à l'approche de la résurrection de l'Heure indique que "la terre n'est jamais vide d'un Guide qui, répondant d'Allah, maintient Ses Preuves"»7.
Ibn Abî Hadîd a compris la même chose de ce Hadîth8.
C- Les Hadîths du Prophète sur les «Douze Califes-Successeurs»
al-Bukhârî a rapporté le témoignage suivant de Jâbir Ibn Samrah: «J'ai entendu le Prophète (P) dire: "Il y aura douze Amîrs ..." et d'autres mots que je n'ai pas pu entendre. Mon père m'a informé alors qu'il avait dit "ils seront tous issus de Quraych"»9.
Selon "Çahîh Muslim", le Prophète (P) a dit:
«La Religion se maintiendra jusqu'à l'arrivée de l'Heure ou jusqu'à ce que Douze Califes, issus tous de Quraych, vous eussent dirigés»10.
"Musnad Ahmad", cite le témoignage suivant de Masrûq: «Nous étions assis chez 'Abdullâh Ibn Mas'ûd qui récitait le Coran. Un homme demanda alors à ce dernier: «Ô Abû 'Abdul-Rahmân! N'avez-vous jamais demandé au Messager d'Allah (P) combien de Califes vont régner sur cette Umma?» 'Abdullâh Ibn Mas'ûd a répondu: «Personne, avant toi, ne m'a posé cette question depuis que je suis venu en Irak». Et d'ajouter: «Si! nous l'avons posée au Messager d'Allah (P) et il y a répondu: "Douze, comme le nombre des Chefs (noqabâ') de Banî Isrâ'îl"»11.
Il ressort de cette série de hadîths admis unanimement par les sources sunnites et chî'ites, ce qui suit:
1- Le nombre de "Calife ou d'Émirs" qui ont la charge de la Umma (la Communauté musulmane) après la disparition du Prophète (P) et jusqu'à la fin des Temps, est douze et ils sont tous issus de Quraych.
Ceci est conforme à la croyance du Chî'isme qui veut que les seuls successeurs légitimes du Prophète (P) soient ses Douze Descendants, les Douze Imams d'Ahl-ul-Bayt (p), dont le douzième est l'Imam al-Mahdî, occulté et toujours vivant jusqu'à la Fin des Temps.
Certes, on peut objecter que l'expression "Émirs ou Califes" ne s'applique pas à la réalité des Douze Imams, lesquels, à l'exception de l'Imam 'Alî, n'ont pas accédé au pouvoir. Mais, la réfutation de cette objection est simple et évidente: le Prophète (P) a désigné par "Califes ou Émirs" ceux qui sont dignes de lui succéder ou qui méritent légitimement le pouvoir et sa succession, et non point ceux qui, à l'instar de Yazîd, Marwân ou Mu'âwiyah, ont transformé le Califat-Bien-Dirigé en monarchie héréditaire et qui au lieu de se plier aux exigences de la Charî'ah ont plié celle-ci aux caprices de leur règne et de leur pouvoir, comme l'a bien démontré, l'une des figures de proue du Sunnisme moderne, Abû-l-A'lâ al-Mawdûdî, dans son excellent livre "al-Khilâfah wa-l-Mulk"12.
Si les Imams d'Ahl-ul-Bayt ont été systématique-ment écartés du pouvoir, ils n'ont pas moins exercé leur fonction de diriger spirituellement leurs adeptes, de transmettre les enseignements authentiques du Prophète (P), d'attirer l'attention de la Umma chaque fois que le pouvoir califal commettait une entorse évidente à la Charî'ah.
2- Ces douze Chefs sont désignés par Allah puisque le Hadîth les compare aux "Douze Chefs de Banî Isrâ'îl" choisis par la Volonté divine, comme l'affirme le Coran: «Allah a contracté une alliance avec les Banî Isrâ'îl et Nous avons suscité douze chefs parmi eux»13.
3- Les Hadîth précités impliquent la présence de l'un des douze à toutes les époques et tant que la Religion existe, et ce jusqu'a l'occurrence de l'Heure. En effet "Çahîh Muslim" rapporte, dans le même chapitre précité (note 72), un hadîth explicite à cet égard:
«Cette affaire (le califat ou la succession) demeurera au sein de Quraych même s'il ne restait dans le monde que deux personnes».
Or ceci est tout à fait conforme à la croyance du Chî'isme qui veut que le Douzième Imam, l'Imam al-Mahdî soit toujours vivant et qu'il réapparaisse forcément à la Fin des Temps pour remplir la terre de justice et d'équité, de même qu'elle aura été pleine d'injustice et de tyrannie, comme l'a annoncé le Noble Prophète (P).
Notons que personne n'ignore que les uléma sunnites ne se sont jamais accordés sur les noms des "Douze Califes" mentionnés dans les hadîths authentiques qu'ils rapportent eux-mêmes, au point que certains d'entre eux ont été obligés d'impliquer dans ce chiffre les noms de Mu'âwiyah, Marwân, 'Abdul-Malik et 'Omar Ibn 'Abdul-'Azîz pour compléter le quota de douze14.
Mais une telle interprétation des "Douze Califes" ne tient pas debout et ne concorde pas avec le texte du Hadîth, car elle couvre la période allant jusqu'à l'époque de 'Omar Ibn 'Abdul-'Aziz, alors que le Hadîth dit clairement que la Religion existera avec leur existence jusqu'à l'avènement de l'Heure.
Donc les hadîths de "Douze Califes" demeurent inexplicables tant qu'on ne les applique pas sur les Douze Imams d'Ahl-ul-Bayt et la survie du dernier d'entre eux, l'Imam al-Mahdî. Car si on l'applique aux califes quraychites (Omayyades et Abbassides) qui se sont succédé effectivement au Pouvoir, on se heurte au fait que leur nombre était plusieurs fois le double du chiffre de 12 indiqué dans les Hadîth concernés. De plus ils ont tous péri d'une part, et aucun d'entre eux n'a été désigné par la Volonté divine, selon l'unanimité des Musulmans.
Écoutons ce que dit à cet égard le Traditionniste hanafite al-Qandûzî:
«Selon certains chercheurs (Mohaqqiqîn), les hadîths indiquent que les Califes après le Prophète (P) sont notoirement connus grâce aux nombreuses chaînes de transmission qui les ont rapportés. Et si l'on tient compte du temps, de l'univers et du lieu, on comprend de ces Hadîths qu'ils visent "les douze Imams, faisant partie de la Famille et de la Progéniture du Prophète (P)". Car on ne saurait les appliquer à ses Compagnons15 qui ont accédé au califat, leur nombre étant inférieur à douze, ni aux rois omayyades, leur nombre étant supérieur à douze d'une part, et en raison de leur injustice flagrante - 'Omar Ibn 'Adul-'Aziz, mis à part - d'autre part; et enfin parce qu'ils ne sont pas issus de Banî Hâchim, alors que le Prophète (P), avait précisé: "Ils appartiendront tous aux Banî Hâchim", selon le récit de 'Abdul-Malek rapportant le témoignage de Jâber (...). On ne saurait les appliquer non plus aux rois abbassides, leur nombre étant là encore supérieur au chiffre fixé (...). Ce qui corrobore, cet avis (ce sont les douze Imams d'Ahl-ul-Bayt qui sont désignés par lesdits Hadîth), c'est Hadîth al-Thaqalayn»16.
Rappelons enfin, et c'est très important, ce que son Éminence Mohammad Bâqer al-Sadr a souligné dans le Livre 1 de cet ouvrage, à savoir que le Hadîth du Prophète sur les Douze Califes, dans toutes ses variantes, avait été rapporté et enregistré dans les Corpus de hadîth (les Çihâh) chronologiquement avant que ne s'achève le cycle de douze Imams d'Ahl-ul-Bayt. Il n'est donc nullement le reflet d'une réalité vécue, mais plutôt l'expression d'une vérité divine annoncée par celui "qui ne prononce rien sous l'effet de la passion"17 et qui ne fait que transmettre la Parole d'Allah, le Prophète (P), en affirmant: «Les Califes après moi seront au nombre de douze», afin que les gens qui ont le privilège d'être bien guidés constatent la concrétisation de cette vérité dans la réalité historique qui a commencé avec l'Imam 'Alî et qui se termine par l'accession de l'Imam al-Mahdî à l'Imamat, c'est-à-dire à la succession légitime du Noble Prophète. Telle est la seule application plausible et logique de ce Hadîth.
- 1."Jâhilite" : obscurantiste, non Musulman, de l'époque du préislam.
- 2.Voir surtout: "Musnad Ahmad", 2/83, 3/446, 4/96; "Musnad Abî Dâwûd al-Tayâlîcî", 259; "al-Mu'jam al-Kabîr" d'al-Tabarânî, 10/350/10687; "Mustadrak al-Hâkem", 1/77; "Hulyat al-Awliyâ'", 3/224; "al-Kunâ wa-l-Asmâ' ", 2/3; "Sunan al-Bayhaqî", 8/156,157; "Jâmi' al-Uçûl", 4/70; "Charh Çahîh Muslim" d'al-Nawawî, 12/440; "Talkhîç al-Mustadrak" d'al-Thahabî, 1/77 et 177; "Majma' al-Zawâ'id" d'al-Haythamî, 5/218, 219, 223, 225, 312; "Tafsîr Ibn Kathîr", 1/517, etc...
- 3."Çahîh al-Bukhârî", 5/13, Section "al-Fitan"; "Çahîh Muslim", 6/21-22/1849.
- 4."Uçûl al-Kâfî" d'al-Kulaynî, 1/303/5, 1/308/1, 2, 3, et 1/378/2; "Rawdhat al-Kâfî", 8/129/123 ; "Kamâl al-Dîn", 2/412-413/10, 11, 12, 15, Section 39; "al-Imâmah wa-l-Tabçirah", 219/69, 70, 71; "Qorb al-Isnâd", 351/1260 ; "Baçâ'ir al-Darajât", 259, 509, 519.
- 5.Ce hadîth est rapporté, en effet, par le Mu'tazilite al-Iskâfî dans "al-Mi'yâr wa-l-Mawâzanah'", p. 81; Ibn Qutaybah dans "'Uyûn al-Akhbâr": p. 7; al-Ya'qûbî dans son "Ta'rîkh", 2/400; Ibn 'Abd Rabbih dans "al-'Aqd al-Farîd", 1/265; Abû Tâlib al-Makkî dans "Qût al-Qulûb fî Mu'âmalat al-Mahbûb", 1/227; al-Bayhaqî dans "al-Mahâsin wa-l-Masâwi'", p. 400; al-Khatîb dans son "Ta'rîkh": 6/479 (Tarjamat Ishâq al-Nakh'î); al-Khawârizmî al-Hanafî dans "al-Manâqib": p. 13; al-Râzî dans "Mafâtîh al-Ghayb", 2/192; Ibn 'Abd al-Birr dans "al-Mukhtaçar", p. 12; al-Taftazânî dans "Charh al-Maqâçid", 5/241; Ibn Hajar dans "Fat-h al-Bârî Charh Çahîh al-Bukhârî", 6/385; al-Kulaynî dans "Uçûl al-Kâfî", 1/136/7, 1/274/3; al-Çadûq dans "Kamâl al-Dîn", 1/2874, Section 25 et 1/289-294/2 Section 26 etc…
- 6."Nahj al-Balâghah", Hadîth de l'Imam 'Alî adressé à Kumayl Ibn Ziyâd al-Nakh'î, No. 147, édition commentée par Dr. Subhi al-Sâlih, Beyrouth, 1967.
- 7."Fat-h al-Bârî Charh Çahîh al-Bukhârî", 6/385.
- 8.Charh Nahj-al-Balâghah" d'Ibn Abî Hdîd, 18/351.
- 9."Çahîh al-Bukhârî", 4/164, "Kitâb al-Ahkâm", Bâb al-Istikhlâf. Le même témoignage est cité également par al-Çadûq dans "Kamâl al-Dîn", 1/272/19 et dans "al-Khiçâl", 2/469 et 475.
- 10."Çahîh Muslim", 2/19; "Kitâb al-Imârah", Bâb al-Nâs Tabi' Quraych (rapporté selon 9 chaînes de transmetteurs).
- 11."Musnad Ahmad", 5/90, 93, 97, 100, 106, 107. Il est cité également par al-Çadûq dans "Kamâl al-Dîn", 1/270/16.
- 12."al-Khilâfah Wa-l-Mulk" (Le Califat et le Royaume), Abû-l-A'lâ al-Mawdûdî, Dâr al-Qalam, Kuwait, 1978-1398 H.
- 13.Sourate al-Tawbah: 5/12.
- 14.Voir à ce sujet: "Kitâb al-Sulûk li-Ma'rifat al-Dewal wa-l-Mulûk" d'al-Maqrîzî, 1/13-15, Première Partie; Ibn Kathîr, dans le tafsîr (interprétation) du 12e verset de la Sourate al-Mâ'idah; "al-Hâwî li-l-Fatâwâ", 2/85; "Charh al-Hâfidh Ibn al-Qayyim 'Alâ Sunan Abî Dâwûd, 11/263, Charh Hadîth 4259 etc
- 15.Ils s'agit d'Abû Bakr, 'Omar, 'Othman et 'Alî. (NDT)
- 16."Yanâbî' al-Mawaddah", 3/105, Bâb (Section) 77.
- 17.Verset coranique parlant du Prophète (P), Sourate al-Najm, 53:3.
Hadîth du Prophète (P) sur l'identité d’al-Mahdî (p)
1- al-Mahdî est Kinânite, Quraychite, Hâchimite
al-Maqdicî al-Châfi'î, dans "'Aqd al-Dorar" (de même qu'al-Hâkem dans "al-Mustadrak"), a rapporté le Hadith suivant de Qutâdah, lequel témoigne:
«J'ai demandé à Sa'îd Ibn al-Musayyab: - La question d'al-Mahdî est-ce une vérité?
- Oui, répondit-il, c'est une vérité.
- De qui descend-il? lui ai-je demandé.
- De Kinânah, dit-il.
- Et puis?
- De Quraych.
- Et ensuite?
- De Banî Hâchim, affirma-t-il.
- etc....»
Et al-Maqdicî al-Châfi'î de commenter: «Ce Hadîth a été rapporté par l'imam Abû 'Omar 'Othmân Ibn Sa'îd al-Moqrî dans ses "Sunan", et l'imam Abu-l-Hussain Ahmad Ibn Ja'far al-Manâwî ainsi que l'imam Abû 'Abdullâh Na'îm Ibn Hammâd»1.
(Il est à noter ici que tout descendant de Hâchim descend forcément de Quraych, et tout descendant de Quraych descend forcément de Kinânah, car selon l'avis unanime des généalogistes, Quraych est al-Nadhr fils de Kinânah).
2- al-Mahdî, descendant de 'Abdul-Muttalib
Selon Ibn Mâjah, citant Anas Ibn Mâlek, le Prophète (P) dit:
«Nous, les descendants de 'Abdul-Muttalib, sommes les Maîtres des gens du Paradis: Moi, Hamzah, 'Alî, Ja'far, al-Hassan al-Hussain et al-Mahdî»2.
Et selon une autre version de ce Hadîth, légèrement nuancée, le Prophète (P)dit:
«Nous les Sept des Banû 'Abdul-Muttalib, sommes les Maîtres des gens du Paradis: Moi, mon frère 'Alî, mon oncle paternel, Hamzah, Ja'far, al-Hassan, al-Hussayn et al-Mahdî».
Et l'auteur de commenter ainsi ce Hadîth: «Un groupe d'imams de hadîth l'ont rapporté dans leurs livres. Citons parmi eux: l'imam Abû 'Abdullâh Mohammad Ibn Yazîd Ibn Mâjah al-Qazwînî dans ses "Sunan", Abul-Qâcim al-Tabarânî dans son "Mo'-jam", al-Hâfidh Abû N'îm al-Içbahânî etc.»3.
(Notons que ce Hadîth ne contredit pas le précédent, mais le restreint et le précise, puisque 'Abdul-Muttalib, le grand-père du Prophète, est le descendant de Hâchim, donc ses descendants, dont al-Mahdî, sont aussi les descendants de Hâchim, descendants de Quraych, descendant de Kinânah).
3- Les Hadîths déclarant qu'al-Mahdî descend du Prophète (P)
- Selon Abû Sa'îd al-Khidrî, le Prophète (P) a dit:
«al-Mahdî descend de moi. Il aura le front haut, le nez aquilin. Il remplira la terre d'équité et de justice de même qu'elle aura été remplie d'injustice et de tyrannie. Il régnera pendant sept ans».
al-Hâkem4 déclare ce Hadîth comme authentique (çahîh), selon les critères de Muslim et d'al-Bukhârî. De même l'ont classé parmi les hadîths authentiques al-Kanjî al-Châfi'î, al-Suyûtî, Cheikh Mançûr 'Alî Nâçif, et Abûl-Faydh5.
Et selon l'Imam 'Alî (p), le Prophète (P) a dit:
«al-Mahdî sera au nombre de mes descendants (min wildî). Il aura une absence et une occultation pendant laquelle les peuples seront égarés. Il réapparaîtra avec les munitions des Prophètes (p). Il la (la terre) remplira de justice et d'équité, de même qu'elle aura été remplie de tyrannie et d'injustice».
Ce Hadîth est rapporté par Cheikh al-Çadûq dans "Kamâl al-Dîn", et adopté comme référence par al-Juwanî al-Châfi'î dans "Farâ'id al-Samtayn" et par al-Qandûzî al-Hanafî dans "Yanâbî' al-Mawaddah"6.
4- Les hadîth affirmant qu'al-Mahdî fait partie des Ahl-ul-Bayt (les 14 Infaillibles)
A- «Les jours ne se terminent ni le temps ne prend fin avant que ne règne sur les Arabes un homme de ma Famille (Ahlu-Baytî), dont le nom sera mon nom».
Ce Hadîth a été rapporté par Ahmad Ibn Hanbal dans son "Musnad", citant le témoignage d'Ibn Mas'ûd transmis par plusieurs chaînes de transmetteurs. Il est rapporté également par Abû Dâwûd dans ses "Sunan", et al-Tabarânî dans "al-Mo'jam al-Kabîr". al-Tirmithî et al-Kanjî al-Châfi'î l'ont déclaré authentique (çahîh)7.
B- «S'il ne restait à ce monde qu'un seul jour de durée, Dieu suscitera un Homme de ma Famille qui remplira la Terre de justice, comme elle aura été remplie de tyrannie».
Ce Hadîth est rapporté du Prophète (P) par l'Imam 'Alî (p). Il est transmis par AHMAD dans son "Musnad", ainsi que par Ibn Abî Chîbah, Abû Dâwûd, et al-Bayhaqî. al-Tabrasî en a dit que les Sunnites et les Chî'ites s'accordent sur son authenticité8.
Quant à Abûl-Faydh al-Ghimârî, il souligne que "Ce Hadîth est authentique sans aucun doute et aucune contestation"9.
C- «L'Heure ne sera suscitée avant qu'un Homme de ma Famille dont le nom sera mon nom ne soit suscité».
Ce Hadîth rapporté du Prophète (P) par Ibn Mas'ûd est transmis par AHMAD et al-Tirmithî, al-Tabrânî selon plusieurs chaînes de transmission. Il est transmis également par al-Cheikh al-Tûcî et par al-Kanjî qui le déclare authentique10.
D'autre part, Abû Ya'lî al-Muçilî l'a rapporté dans son "Musnad" d'un autre Compagnon, Abû Hurayrah, et dans "al-Dur al-Manthûr", il noté que "al-Tirmithî a rapporté ce Hadîth relaté par Abû Hurayrah et en a dit qu'il est authentique"11.
D- «al-Mahdî fait partie de nous, les Gens de la Maison (Ahl-ul-Bayt). Il a le nez aquilin et le front haut. Il remplira la terre d'équité et de justice de même qu'elle aura été remplie d'injustice et de tyrannie».
Ce Hadîth est rapporté du Prophète (P) par Abî Sa'îd al-Khidrî, et il est transmis par 'Abdul-Razzâq. al-Hâkem l'a déclaré authentique selon les critères de Muslim. al-Arballî l'a mentionné dans "Kach al-Ghummah"12.
5- Les Hadîth déclarant qu'al-Mahdî fait partie de la Progéniture " 'itrah " (du Prophète (P))
De nombreux hadîths dans ce sens ont été rapporté par les principaux "traditionnistes" (spécialistes des Sciences du hadîth). Nous en citons un ci-après à titre d'illustration:
«L'Heure ne sera pas suscitée avant que la terre ne soit remplie d'injustice et d'agression. Et là un Homme de ma progéniture - ou de ma Famille (Ahlu-Baytî) selon une autre version13 - apparaîtra et la (la terre) remplira d'équité et de justice, de même qu'elle aura été remplie d'injustice et de tyrannie».
Ce Hadîth rapporté du Prophète (P) par Abû Sa'îd al-Khidrî, est cité par Ahmad, Ibn Habân, et par al-Hâkem qui l'a déclaré "authentique" selon les critères d'al-Bukhârî et de Muslim, ainsi que par al-Çâfî dans "Muntakhab al-Athar"14.
6- Hadîth de «al-Mahdî, descendant de Fâtimah»
Selon Om Salamah: «J'ai entendu le Prophète dire:
«al-Mahdî est une vérité. Il descend de Fâtimah».
Ce Hadîth est rapporté par Abû Dâwûd, Ibn Mâjah, al-Tabarânî, et al-Hâkem. Il est à noter à cet égard, et c'est un détail révélateur et significatif, que quatre éminents uléma sunnites15, ont rapporté ce Hadîth de "Çahih Muslim", alors que les éditions de ce livre, disponibles de nos jours, ne le mentionnent pas! D'autres "traditionnistes" sunnites ont reconnu son authenticité, et d'autres encore ont affirmé la concordance (tawâtor)16 de ses chaînes de transmission17.
D'autre part, Na'îm Ibn Hamâd rapporte cette parole de l'Imam 'Alî: «al-Mahdî est un Homme des nôtres. Il descend de Fâtimah»18 et cette autre citée par al-Zohrî:«al-Mahdî est un descendant de Fâtimah»19.
Enfin reprenons le récit de Qutâdah cité au début de ce chapitre pour le compléter, car il réunit la plupart des éléments contenus dans les différents hadîths que nous venons d'énumérer. Qutâdah a relaté:
«J'ai demandé à Sa'îd Ibn al-Musayyab:
- La question d'al-Mahdî est-ce une vérité?
- Oui, répondit-il, c'est une vérité
- De qui descend-il? lui ai-je demandé
- De Quraych
- De quelle branche de Quraych?
- De Banî Hâchim, affirma-t-il.
- De quelle branche de Banî Hâchim?
- Les descendants de 'Abdul-Muttalib, dit-il
-Des quels descendants de Abdul-Muttalib?
- Les descendants de Fâtimah, précisa-t-il»20
7- Les Hadîth précisant qu'al-Mahdî sera un descendant de l'Imam al-Hussain
Les Compagnons, Salmân al-Fârecî, Abî Sa'îd al-Khidrî, Abû Ayyûb al-Ançârî, Ibn 'Abbâs, 'Alî al-Hilâlî ont rapporté du Prophète (P) le Hadîth suivant avec des nuances dans la formulation:
«Ô Fâtimah! Nous les Ahl-ul-Bayt, sommes favorisés par sept qualités dont n'a été favorisé aucun parmi les premiers et que n'atteindra aucun des derniers (....) De nous sera issu al-Mahdî de la Umma, derrière lequel priera 'Îssâ (Jésus)».
Et posant sa main sur l'épaule d'al-Hussain (p), le Prophète (P) a ajouté:
«C'est de lui que sera issu al-Mahdî de la Umma»21.
Il y a beaucoup d'autres hadîths semblables rapportés par des chaînes de transmetteurs sunnites dont nous citons:
- Selon Huthayfah Ibn al-Yamân: «Le Prophète nous a dit un jour:
«... S'il ne restait à ce monde qu'une seule journée, Allah - IL est Puissant et Élevé - l'allongera jusqu'à ce qu'IL suscite un Homme de mes descendants dont le nom sera le mien».
Là, Salmân al-Fârecî demanda: «Ô Messager d'Allah! Duquel de tes descendants sera-il? Le Prophète (P) répondit:
«De celui-là», en posant sa main sur al-Hussain»22.
- L'Imam al-Hussain (p) (cité dans "Yanâbî' al-Mawaddah", citant "al-Manâqib" d'al-Khawârizmî, témoigne:
«Un jour lorsque je suis entré chez mon grand-père, le Messager d'Allah (P), il m'a fait asseoir sur sa jambe et m'a dit:
«Allah a choisi de ton épine dorsale, ô Hussain!, neuf Imams dont le neuvième sera leur Résurrecteur (Qâ'im). Ils seront tous égaux dans la préséance et la position auprès d'Allah»23.
- Salmân al-Fârecî (cité dans "Yanâbî` al-Mawaddah" qui cite "al-Manâqib" d’al-Khawârizmî) témoigne : «Un jour je suis entré chez le Messager d'Allah (P) et je l'ai vu en train d'embrasser les yeux d'al-Hussain, qui était assis sur sa jambe, et le baiser sur la bouche, en lui disant:
«Tu es Maître (Sayyed), fils de Maître et frère de Maître! Tu es Imam, fils d'Imam et frère d'Imam! Tu es Hujjah (Preuve d'Allah) et père de Hujjah et tu es le père de neuf Hujjah dont le neuvième sera leur Résurrecteur»24.
8- al-Mahdi est le fils de l'Imam al-Hassan al-'Askarî
Selon al-Qandûzî dans "Yanâbî' al-Mawaddah" citant "Kitâb al-Arba'în" d'Abî Na'îm al-Içbahânî, l'Imam 'Alî al-Redhâ (p), le VIIIème Imam d'Ahl-ul-Bayt a dit:
«Le successeur pieux parmi les fils d’al-Hassan al-'Askarî sera le Maître du Temps (Çâhib al-Zamân), al-Mahdî. Que la Paix d'Allah soit sur eux»25.
Toujours selon "Yanâbî' al-Mawadah" citant "Farâ'id al-Samtayn d'al-Hamwînî al-Châfi'î, l'Imam al-Redhâ (p) a dit:
«L'Imam qui me succédera est mon fils Mohammad (al-Taqî), et celui qui lui succédera sera son fils 'Alî (al-Naqî, dit al-Hâdî) dont le fils, al-Hassan (dit al-'Askarî) lui succédera. Après al-Hassan l'Imamat reviendra à son fils al-Hujjah al-Qâ'im (La Preuve d'Allah, le Résurrecteur), dont on attend la réapparition après son occultation et à qui on obéira après sa réapparition. Il remplira la terre d'équité et de justice après qu'elle aura été remplie de tyrannie et d'injustice. Quant à savoir quand (il surgira)? C'est comme pour l'Heure! En effet selon mon père, citant ses ancêtres, le Messager d'Allah a dit à ce propos: «Il (al-Mahdî), c'est comme l'Heure, elle ne vous surviendra que subitement»26.
- 1."'Aqd al-Dorar", 42-44 d'al-Bâb al-Awwal. Voir aussi:"Mustadrak al-Hâkem", 4/553; "Majma' al-Zawâ'id", 7/115.
- 2."Sunan Ibn Mâjah", 2/1368, Bâb Khurûj al-Mahdî (Section de "La Sortie d'al-Mahdî"); Mustadrak al-Hâkem", 3/211; "Kitâb al-Ghaybah" d’al-Cheikh al-Tûcî, 113; "Jam' al-Jawâmi`" d'al-Suyûti, 1/851.
- 3."'Aqd al-Dorar", 195, al-Bâb al-Sâbi'.
- 4."Mustadrak al-Hâkem", 4/557.
- 5.Respectivement dans "al-Bayân" d'al-Kanjî, p. 500; "al-Jâmi' al-Çaghîr", 2/672/9244; "al-Tâj al-Jâmi' Il-l-Uçûl", 3/343; Ibrâz al-Wahm...", p.508.
- 6."Kamâl-al-Dîn": 1/287/5 Section 25; "Farâ'id al-Samtayn": 2/335/587; "Yanâbî' al-Mawaddah": 3, Section 94.
- 7."Musnad Ahmad", 1/376, 377, 430, 488; "Sunan Abî Dâwûd", 4/107/4283; "al-Mo'jam al-Kabîr" d'al-Tabarânî, 10/164-165/10218; "Sunan al-Tirmithî", 4/505/2230; "al-Bayân fî Akhbâr Çâhib al-Zamân", 481, Bâb 1.
- 8."Musnad Ahmad", 11/99; "al-Muçannaf", d'Ibn Abî Chaybah, 15/198/19494; "Sunan Abî Dâwûd", 4/107/4283; "al-I'tiqâd", d'al-Bayhaqî, 173.
- 9."Ibrâz al-Wahm al-Maknûn min Kalâm Ibn Khaldûn", p.495.
- 10."Musnad Ahmad, 1/376; "Sunan al-Tirmithî", 4/505/3231; "al-Mo'jam al-Kabîr" d'al-Tabârânî, 10/165/10220, 101221, et 10/167/10227; "al-Bayân", d'al-Kanjî, p.148; "Kitâb al-Ghaybah", d'al-Cheikh al-Tûcî, p. 113; "Musnad Abî Ya'lâ al-Mûçilî", 12/19/6665.
- 11."al-Dur al-Manthûr", 6/58.
- 12."al-Muçannaf", de 'Abdul-Razzâq, 11/372/20773; "Mustadrak al-Hâkem", 4/557; "Kachf al-Ghummah", 3/259.
- 13.L'hésitation entre les deux versions vient du rapporteur de ce Hadîth.
- 14."Musnad Ahmad", 3/36; "Çahîh Ibn Çabçan", 8/290/6284; "Mustadrak al-Hâkem", 4/557; Muntakhab al-Athar, 148/19.
- 15.Ce sont : 1- Ibn Hajar al-Haythamî dans "al-Çawâ'iq al-Muhriqah", p. 163, Section 11, Chapitre I; 2- al-Muttaqî al-Hindî dans "Kanz al- 'Ummâl", 14/264/38662; 3- Cheikh Mohammad Ibn 'Alî al-Çabbân dans "Is'âf al-Râghibîn", p. 145; 4- Cheikh Hassan al-'Adwî al-Hamzâwî al-Mâlekî, dans "Machâriq al-Anwâr", p. 112.
- 16.Tawâtor (concordance) et motawâter, concordant: On dit qu'un hadîth est motawâter (concordant), lorsqu'il est transmis par de très nombreuses chaînes, et comme universellement admis. Voir: Louis Gardet, "L'Islam, Religion et Communauté", Ed. Desclée de Brouwer, Paris, 1992, p. 176.
- 17.al-Kanjî l'a jugé authentique dans "al-Bayân" (486, Section 2) , et al-Suyûtî a fait de même dans "al-Jâmi' al-Çaghîr" (2/672/92410) et dans "Hâmich al-Tâj al-Jâmi' Li-l-Uçûl"(5/343), alors que al-Baghwî l'a considéré comme "bon" dans "Maçâbîh al-Sunnah" (3/492/4211). Quant à Abû-l-Faydh qui s'était attaché a en vérifier minutieusement la chaîne des transmetteurs, il l'a déclaré "authentique" et tous ses transmetteurs intègres, dans "Ibrâz al-Wahm...", p. 500.
- 18."al-Fitan" de Na'îm Ibn Hamâd, 1/375/1117, cité également dans "Kanz al-'Ummâl", 14/591/39675.
- 19."al-Fitan" de Na'îm Ibn Hamâd, 1/375/1114.
- 20.Aqd al-Dorar", p. 44 de la Section 1; "al-Fitan", de Na'îm Ibn Hammâd, 1/368-369/1082
- 21.Cité dans "al-Fuçûl al-Muhimmah" d'Ibn al-Çabbâgh al-Mâlekî : 295-296, Chapitre 120; "Fadhâ'il al-Çahâbah" d'al-Sam'ânî, citant "Yanâbi' al-Mawaddah", 49 Chapitre 94 etc…
- 22.Voir: "al-Manâr al-Munîf" d'Ibn al-Qayyim, 148/329, Chap. 50, citant al-Tabarânî dans "al-Awsat"; "Thakhâ'ir al-'Oqbâ" de Mohib al-Dîn al-Tabarî, 136; "Farâ'id al-Samtayn", 2/325/575, Section 61; "al-Qawl al-Mukhtaçar" d'Ibn Hajar, 7/37, Section 1; "al-Sîrah al-Halabiyyah", 1/193; "Yanâbî' al-Mawaddah", 3/63, Section 94 etc…
- 23."Yanâbi' al-Mawaddah", 3/168, Section 94.
- 24."Yanâbî' al-Mawaddah", 3/167, Section 94.
- 25."Yanâbî' al-Mawaddah", 3/166, Section 94.
- 26."Yanâbî' al-Mawaddah", 3/115-116, Section 80.
Imam Mahdi L'authenticité des Hadîths sur al-Mahdî
Ci-après sont énumérés, à titre d'exemple et d'illustration, quelques-uns des plus célèbres des ulémas et des spécialistes des Sciences du Hadîth sunnites, qui ont déclaré comme authentiques (sain, çahîh) des hadîths du Prophète sur l'Imam al-Mahdî (p):
Ibn Taymiyyah (décédé en l'an 782 de l'Hégire): Il dit dans "Minhâj al-Sunnah" à propos des hadîths sur al-Mahdî, rapportés par al-'Allâmah al-Hillî: «Les hadîth qu'il rapporte sur al-Mahdî sont des Hadîths authentiques»1.
al-Imâm al-Termithî (décédé en 297): Il note à propos de trois Hadîths sur l'Imam al-Mahdî: «C'est un Hadîth bon (hasan) et authentique»2.
al-Hâkem al-Nîsâpûrî (décédé en l'an 405 H.): Il souligne l'authenticité de la chaîne de transmission de quatre Hadîths sur al-Mahdî, tout en faisant remarquer qu'ils n'ont pas été rapportés par al-Bukhârî et Muslim3.
Et à propos de trois autres Hadîths, il souligne qu'ils sont authentiques selon les critères de Muslim, tout en faisant remarquer que ni ce dernier ni al-Bukhârî ne les ont rapportés4, et concernant huit autres, il note qu'ils sont authentiques selon les critères des deux Cheikh (al-Bukhârî et Muslim) tout notant qu'ils ne les ont pas rapportés5.
al-Imâm al-Bayhaqî (décédé en 458 H.): Il déclare «Les hadîth sur la sortie d'al-Mahdî sont à la chaîne de transmission authentique»6.
al-Baghwî (décédé en 510 ou 516 H.): Il a rapporté dans son livre "Maçâbîh al-Sunnah", un hadîth sur al-Mahdî dans le chapitre de "Hadîths authentiques"7 et cinq autres dans le chapitre de "Hadîths bons (hasan)"8.
Ibn Kathîr (décédé en 774 H.): Il a dit à propos de la chaîne de transmission d'un hadîth sur al-Mahdî «C'est une chaîne solide et authentique (saine)»,9 puis il a transmis un autre hadîth rapporté par Ibn Mâjah en le commentant ainsi: «C'est un hadîth bon qui a été rapporté du Prophète (P) par plus d'une source»10.
al-Hâfidh Ibn al-Qayyim (décédé en 751 H.): Il est parmi ceux qui confirment la concordance des hadîths rapportés sur al-Mahdî. Il a rapporté et trans-mis certains de ces hadîths en déclarant "authentiques" certains d'entre eux et "bons" (crédibles ou dignes de confiance) certains autres11.
al-Suyûtî (décédé en 911 H.): Il a marqué certains hadîths rapportés sur l'Imam al-Mahdî par les lettres (çh) c'est-à-dire çahîh (authentique, sain)12, et certains autres par la lettre (h) c'est-à-dire hasan (bon, digne de foi)13.
- 1."Minhâj al-Sunnah", d'Ibn Taymiyyah, 4/211.
- 2."Sunnan al-Tirmithî", 4/505/2230, 2232, et 4/506/2233.
- 3."Mustadrak al-Hâkem", 4/429, 465, 553, 558.
- 4."Mustadrak al-Hâkem", 4/450,557,558.
- 5."Mustadrak-al-Hâkem", 4/429, 442, 457, 464, 502, 520, 554, 557.
- 6."al-I'tiqâd wal-Hidâyah ilâ Sabîl al-Rachâd" d'al-Bayhaqî, p.127
- 7."Maçâbîh al-Sunnah"d'al-Baghwî, 488/4199.
- 8."Maçâbîh al-Sunnah"d'al-Baghwî,, 492-493/4210-4213 et 4215.
- 9."al-Nihâyah fil-Fitan wal-Malâhim" d'Ibn Kathîr, 1/55.
- 10."al-Nihâyah fil-Fitan wal-Malâhim" d'Ibn Kathîr, 1/56.
- 11."al-Manâr al-Monîf" d'Ibn al-Qayyim, 130-135/326, 327, 329, 331.
- 12."al-Jâmi' al-Çaghîr" d'al-Suyûtî, 2/672/9241, 9244, 9245.
- 13."al-Jâmi' al-Çaghîr" d'al-Suyûtî, 2/672/9243 et 2/438/7489.
Imam Mahdi, La Croyance du Sunnisme à al-Mahdî l'Attendu
Vu le nombre de Hadîths authentiques sur al-Mahdî, rapportés par des sources sunnites1 et chî'ites concordantes, la croyance à al-Mahdî devient une nécessité de la Religion et une obligation pour tous les Musulmans, puisque une telle concordance de hadîths apporte une quasi certitude que cette croyance fait partie de la Sunna du Prophète (P).
Malheureusement beaucoup de Musulmans non avertis considèrent à tort que cette croyance est propre au courant chî'ite de l'Islam et pensent par conséquent qu'ils n'ont pas l'obligation d'y souscrire. Cette fausse impression est sans doute due au fait que les Chî'ites, ayant accordé une attention particulière à ce sujet à cause de l'identité et la personne d’al-Mahdî qu'ils croient faire partie des Douze Imams d'Ahl-ul-Bayt (p) qu'ils considèrent comme étant les seuls successeurs et représentants légitimes du Saint Prophète (P), ils ont en conséquence compilé et regroupé tous les hadîth sur al-Mahdî et consacré et rédigé d'innombrables ouvrages sur ce sujet, alors que chez les Sunnites de tels hadîths restent parsemés ça et là, noyés et estompés dans un tas de divers autres hadîth que les corpus des Traditions prophétiques renferment. Et si quelques livres ont été rédigés par des uléma sunnites, ils restent méconnus des masses des Musulmans2.
D'autre part, si le sujet d'al-Mahdî n'est pas aussi développé chez les Sunnites que chez les Chî'ites, c'est peut-être aussi pour des raisons politiques. En effet, on sait que les Ahl-ul-Bayt ont été écartés du pouvoir califal depuis Mu'âwiyah. Les Omayyades et les Abbassides qui se sont succédé au califat en en excluant les Ahl-ul-Bayt, les successeurs légitimes du Prophète (P), se sentaient toujours menacés par ces derniers et ont tout fait pour les isoler et conjurer leur influence en les maintenant autant que faire se peut à l'écart des masses des Musulmans. Ils les ont sauvagement et durement réprimés, ainsi que tous leurs partisans et adeptes, sans hésiter à sévir également sans pitié contre quiconque défendait leur cause ou tout simplement diffusait un hadîth qui mettait en évidence leur légitimité et leurs mérites.
Il était donc normal que l'idée de la venue d'un Mahdî Sauveur (un descendant du Saint Prophète, donc faisant partie de ces mêmes Ahl-ul-Bayt tant craints et combattus), pour éradiquer l'injustice et la tyrannie, n'était nullement tolérée par le pouvoir califal qui se sentait visé et menacé par la diffusion de cette croyance.
Or la plupart des corpus et des ouvrages de hadîth ont été rédigés à cette époque-là et dans une telle conjoncture défavorable. Et si le pouvoir califal n'était pas à même d'empêcher l'enregistrement des hadîths sur al-Mahdî, parmi tous les autres hadîth, du moins le climat général, était de nature à décourager la mise en évidence ou le développement de ce sujet sensible.
Aussi essayons-nous de donner ici quelques points de repère qui permettent au lecteur de faire des recherches lui-même et de constater que les hadîths sur l'Imam al-Mahdî sont mentionnés dans presque toutes les sources sunnites.
Citons tout d'abord l'attestation d'une personnalité éminente contemporaine du Sunnisme, faite à ce sujet. Il s'agit du président de l'Université Islamique à Médine (Arabie Saoudite), 'Abdul-'Azîz Ibn Bâz qui a déclaré:
«La question d’al-Mahdî est une évidence. Les hadîths sur ce sujet sont très répandus ou plutôt concordants et conjugués, ce qui montre justement que la question de cette personne promise est établie et que son apparition est une vérité indéniable»3.
L'éminent Professeur Cheikh 'Abdul-Mohsin al-'Abbâd, membre du corps enseignant de cette même Université Islamique de Médine, dit dans une conférence intitulée "La croyance du Sunnisme à al-Mahdî l'Attendu":
«Parmi les noms des Compagnons qui avaient rapporté du Prophète (P), des Hadîth sur al-Mahdî, j'ai pu en recenser 26. Ce sont:
1- 'Othmân Ibn 'Affân (R4)
2- 'Alî Ibn Abî Tâlib (R)
3- Talhah Ibn 'Obaydullâh (R)
4- 'Abdullâh Ibn 'Awf (R)
5- al-Hussain Ibn 'Alî (R)
6- Om Salamah (R)
7- Om Habibah (R)
8- 'Abdullâh Ibn 'Abbâs (R)
9- 'Abdullâh Ibn Mas'ûd (R)
10- 'Abdullâh Ibn 'Omar (R)
11- 'Abdullâh Ibn 'Amr (R)
12- Abû Sa'îd al-Khidrî (R)
13- Jâber Ibn 'Abdullâh (R)
14- Abû Hurayrah (R)
15- Anas Ibn Mâlek (R)
16- 'Ammâr Ibn Yâser (R)
17- 'Awf Ibn Mâlek (R)
18- Thawbân Mawlâ Rasûlollâh5(R)
19- Qorrah Ibn Ayâs (R)
20- 'Alî al-Hilâlî (R)
21- Huthayfah Ibn al-Yamân (R)
22- 'Abdullâh Ibn al-Hârith Ibn Hamzah (R)
23- 'Awf Ibn Mâlek (R)
24- 'Omrân Ibn Huçayn (R)
25- Abul-Tufayl (R)
26- Jâber al-Çadfî (R)».
Le Professeur Cheikh 'Abdul-Mohsin passant par la suite aux plus célèbres transmetteurs du hadîth et auteurs des Corpus sunnites, constate:
«Les Hadîths sur al-Mahdî ont été transmis par beaucoup d'imams dans les Çihâh (les corpus de Hadîth, dits sains ou authentiques), Sunan (recueils des Traditions), Glossaires, Musnads (chaînes de transmission de hadîth) etc. Parmi ceux dont j'ai examiné les ouvrages ou vu leur transmission (de hadîth sur al-Mahdî), j'ai pu en recenser 38. Ce sont:
1- Abû Dâwûd, dans ses "Sunan" ["Sunan Abû Dâwûd"]
2- al-Termithî, dans son "Jâmi'" ["Jâmi' al-Termithî"]
3- Ibn Mâjah dans ses "Sunan" ["Sunan Ibn Mâjah"]
4- al-Nasâ'î, mentionné par al-Safârînî dans "Lawâmi' al-Anwâr al-Bahiyyah" et al-Manâwî dans "al-Faydh al-Qadîr"...
5- Ahmad dans son "Musnad" ["Musnad Ahmad Ibn Hanbal"]
6- Ibn Habân dans son "Çahîh" ["Çahîh Ibn Habân"]
7- al-Hâkem dans "al-Mustadrak" ["Mustadrak al-Hâkem"]
8- Abû Bakr Ibn Abî Chaybah dans "al-Moçannaf"
9- Na'îm Ibn Haddâd dans "Kitâb al-Fitan"
10- al-Hâfidh Abû Na'îm dans "Kitâb al-Mahdî" et dans "al-Hulyah"
11- al-Tabarânî dans "al-Kabîr", "al-Awsat" et "al-Çaghîr"
12- al-Dâr Qutnî dans "al-Afrâd"
13- al-Bârûdî dans "Ma'rifat al-Çahâbah"
14- Abû Ya'lâ al-Mûçilî dans son "Musnad"
15- al-Bazzâz dans son "Musnad"
16- al-Hârith Ibn Abî Osâmah dans son "Musnad"
17- al-Khatîb dans "Talkhîç al-Motachâbeh" et dans "al-Motaffaq wa-l-Muftaraq"
18- Ibn 'Asâker dans son "Ta'rîkh" ["Ta'rîkh Ibn 'Asâker"]
19- Ibn Mandah dans "Ta'rîkh Içbahân"
20- Abû-l-Hasan al-Harbî dans "al-Awwal min-al-Harbiyyât"
21- Tamâm al-Râzî dans son "Fawâ'id"
22- Ibn Jarîr dans "Tah-thîb al-Âthâr"
23- Abû Bakr al-Moqrî dans son "Mo'jam"
24- Abû 'Omar al-Dânî dans son "Sunan"
25- Abû Ghonm al-Kûfî dans "Kitâb al-Fitan"
26- al-Daylamî dans "Musnad al-Firdaws"
27- Abû Bakr al-Iskâf dans "Fawâ'id al-Akhbâr
28- Abû-l-Hussain Ibn al-Manâwî dans "Kitâb al-Malâhim"
29- al-Bayhaqî dans "Dalâ'il al-Nubuwwah"
30- Abû 'Omar al-Moqrî dans ses "Sunan"
31- Abû-Jawzî dans son "Ta'rîkh"
32- Yahyâ Ibn Abdul-Hamîd al-Hamânî dans son "Musnad"
33- al-Rawyanî dans son "Musnad"
34- Ibn Sa'd dans ses "Tabaqât" ["Tabaqât Ibn Sa'd"]
35- Ibn Khuzaymah
36- al-Hasan Ibn Sufyân
37- 'Omar Ibn Chabah
38- Abû 'Awânah
À propos de ces quatre derniers, al-Suyûtî dit dans "al-'Orf al-Wardî" qu'ils ont rapporté les hadîths sur al-Mahdî, mais sans mentionner dans quel livre»6.
Bien évidemment ces deux listes sont loin d'être exhaustives. Il y a des dizaines d'autres Compagnons7 qui avaient rapporté du Prophète des Hadîths sur al-Mahdî, mentionnés dans des sources sunnites, que le Professeur 'Abdul-Mohsin n'a pas cités dans la première liste, et des dizaines d'autres uléma ou d'ouvrages sunnites8 qui avaient enregistré de tels hadîths, mais que l'auteur de la conférence n'a pas mentionnés dans la seconde liste.
- 1.On recense plus de 150 Hadîths sur al-Mahdî (p) dans les livres sunnites crédibles et plus de mille dans l'ensemble des ouvrages de référence des différentes écoles juridiques musulmanes. Voir: "Haqq-ul-Yaqîn" de 'Abdullâh Chubbar, Tom. I, p. 222.
- 2.al-'Allâmah Thabîh-ullâh al-Mahallâtî a mentionné dans son livre "Mahdî Ahl-ul-Bayt" (pp. 18-21) les titres de 40 livres avec les noms de leurs auteurs écrits sur l'Imam al-Mahdî par des Uléma sunnites.
- 3.Voir: "Majallat al-Jâmi'ah al-Islâmiyyah"(La Revue de l'Université Islamique), No. 3, pp. 161-162.
- 4.(R): Abréviation de la formule: "Radhiya-llâho 'anho" (Que Dieu soit satisfait de lui).
- 5.Thawbân, le serviteur du Prophète (P). NDT.
- 6.'Abdul-Mohsin al-'Abbâd, "Conférence sur l'Imam al-Mahdî et commentaire sur cette Conférence", p. 26
- 7.Tels que Fâtimah al-Zahrâ' (p), Abû Tharr al-Ghifârî, 'Omar Ibn al-Khattâb, Abû Ayyûb al-Ançârî, Salmân al-Fârecî, l'Imam al-Hasan Ibn 'Alî (p), Zayd Ibn Arqam, Abû Salmâ, le berger du saint Prophète, Zarârah Ibn 'Abdulâh, 'Abduulâh Ibn Ja'far al-Tayyâr, 'Othmân Ibn 'Othmân etc
- 8.Tels que al-Qortobî al-Mâlekî (Décédé en l'an 671 de l'Hégire), al-Thahabî (D. en 748 H.), al-Tabarânî (D. en 360 H.), Ibn Qutaybah al-Daynûrî (D. en 276 H.), al-Barbahârî (le chef de file des Hanbalites à son époque) (D. en 329 H.) dans son "Charh al-Sunnah", al-Maqdicî (D. en 355 H.), Ibn 'Abdul-Berr al-Mâlekî (D. en 463 H.), al-Khawârizmî al-Hanafî (D. en 586 H.) etc... et ce sans parler des modernes tels que Abû-l-Faydh al-Ghimârî al-Châfi'î (D. en 1380 H.), Cheikh Mohammad Fo'âd 'Abdul-Bâqî (D. en 1388), Abû-l-A'lâ al-Mawdûdî, Nâçer al-Dîn al-Albânî etc... Voir également Note No 1. de ce chapitre.
Imam Mahdi, Quelle sera la Méthode de Changement le Jour Promise?
Nous voilà enfin devant la dernière question de la série: de quelle façon ce représentant de Dieu pourra-t-il remporter la victoire décisive de la justice sur les entités injustes?
Une réponse précise à cette question dépendrait de la connaissance de la période ou de la phase historique où l'Imam al-Mahdî réapparaîtra sur la scène de la vie, et de la possibilité de concevoir ou de supposer les caractéristiques et les péripéties de cette phase, afin que l'on puisse se faire une idée de la forme que prendrait l'opération de changement et de la voie qu'elle emprunterait.
Tant que nous ignorons tout de cette phase, de ses circonstances et péripéties, nous ne pourrons prévoir scientifiquement ce qui se passerait le Jour Promis; et si nous le faisons, ce serait de la spéculation qui repose plutôt sur des opérations purement intellectuelles que sur des fondements réels et concrets.
La seule supposition qu'on puisse admettre à la lumière des hadîths relatifs à ce sujet, et des expériences de grandes opérations de changement qui se sont produites à travers l'histoire, c'est celle selon laquelle al-Mahdî réapparaîtrait à la suite d'un grand vide dû à un revers et à une crise aiguë de civilisation, que l'humanité subirait.
C'est ce vide-là qui permettra au nouveau Message de voir le jour; et c'est ce revers qui créerait l'ambiance (ou le terrain) propice à son acceptation. Mais le revers en question ne se produirait pas accidentellement par un pur hasard de l'histoire de la civilisation humaine.
Il serait plutôt le résultat naturel des contradictions historiques (dans lesquelles il n'y aurait pas d'Intervention Divine) qui, ne pouvant pas conduire à une solution décisive, déclencheraient le feu qui anéantirait tout, avant que ne jaillisse la lumière qui permettrait d'éteindre ce feu et d'établir la Justice céleste sur la terre.
Je me contente de ce bref exposé des idées qui sont détaillées dans l'ouvrage méritoire et encyclopédique sur al-Mahdî, ouvrage pour lequel j'ai rédigé cette préface et qui est écrit par l'un de nos chers fils et disciples, le savant chercheur, Sayyed Muhammad al-Sadr1. Il s'agit d'une encyclopédie inégalée dans l'histoire de la bibliographie chiite sur "al-Mahdî", quant à son intégralité, aux connaissances étendues qu'elle renferme, à la largeur d'esprit, et la longue haleine scientifique dont elle témoigne, et quant aux mots adéquats et aux observations pertinentes qu'elle contient; c'est dire combien d'efforts louables l'auteur a déployés pour réaliser cette ouvre unique en son genre. Je ne peux qu'être comblé de bonheur en pensant au vide que son ouvrage remplira, au service inestimable qu'il rendra et à l'auteur brillant et intelligent qu'il révélera.
J'implore Dieu de me donner le plaisir de voir celui-ci devenir l'une des célébrités de l'Islam.
Louange à Dieu, Seigneur des mondes.
Que le Salut soit à Mohammad et aux Membres purifiés de sa Famille.
J'ai commencé la rédaction de ces quelques pages le 13 Jamâd al-Thâniyah 1397 de l'Hégire, et je l'ai terminée l'après-midi du 17 du même mois.
Que Dieu me guide sur le Droit Chemin.
Mohammed Bâqer al-Sadr
Najaf - IRAQ
- 1.A ne pas confondre avec l'auteur, Ayatollâh Sayyed Muhammad Bâqer al-Sadr dont il est parent.
Imam Mahdi, Un Seul Individu peut-il jouer un si grand Rôle?
Venons-en à l'avant-dernière question de la série: un individu, si grand soit-il, est-il capable de jouer ce rôle extraordinaire?
Le grand homme en question serait-il autre que l'individu que les circonstances choisissent comme façade pour réaliser leur mouvement?
L'idée que comporte cette question est liée à une conception précise de l'histoire, conception selon laquelle l'homme est un facteur secondaire dans l'histoire alors que les forces objectives qui l'entourent en constituent le facteur essentiel.
Dans ces conditions, l'individu ne serait, au mieux, que l'expression intelligente de l'orientation de ce facteur essentiel.
Quant à nous, nous avons expliqué dans nos autres ouvrages que l'histoire a deux pôles: d'un côté l'homme, de l'autre, les forces matérielles qui l'entourent, que de même que les forces matérielles, les conditions de la production et la nature affectent l'homme, de même celui-ci affecte à son tour celles-là, et qu'il n'y a aucune raison de supposer que le mouvement commence par la matière et finis par l'homme, sans supposer du même coup le contraire. L'homme et la matière se trouvent à la longue en interaction.
Aussi l'homme peut-il être plus qu'un perroquet dans le cours de l'histoire, surtout lorsqu'on tient compte de son lien avec le Ciel, lequel lien intervient comme une force orientant le mouvement de l'histoire.
C'est du moins ce qui s'est produit déjà à travers l'histoire des Missions Prophétiques en général, la Mission prophétique finale en particulier, où le Messager Muhammad, en vertu de son lien de missionnaire avec le Ciel, a détenu lui-même les rênes du mouvement historique, et effectué une montée de civilisation que les conditions objectives qui l'entouraient n'auraient pu en aucun cas réaliser, comme nous l'avons expliqué dans la seconde introduction de notre ouvrage "al-Fatâwâ al-Wâdhi-hah" (Les Décrets Religieux Clairs).
Ce qui s'est produit avec le Grand Messager, pourra se reproduire avec son descendant, le Guide Attendu dont il a annoncé, lui-même, la venue et le grand rôle.