Les événements qui se sont produits au « Moyen-Orient élargi » depuis 2001 suivent une logique implacable. La question actuelle est de savoir si le moment est arrivé d’une nouvelle guerre en Turquie ou en Arabie saoudite. La réponse dépend notamment de la relance des hostilités en Libye. C’est dans ce contexte que doit être interprété le Protocole additionnel négocié par les présidents Erdoğan et Poutine pour résoudre la crise d’Idleb.

تقي زاده
Un F-16 américain de l'armée de l'Air pakistanais a fait un crash à Islamabad
« Des équipes de secours ont été dépêchées sur les lieux de l’accident », indique le communiqué, ajoutant « qu’une commission d’enquête a été ordonnée par le siège du Pakistan Air Force pour déterminer la cause de l’accident ».
Irak: drones US sortent de leur trou et bombardent Qaëm/Abou Kamal
Mercredi 11 mars, au soir, 15 missiles Katioucha ont été tirés contre la base aérienne Tajji au nord de Bagdad qui abritent un contingent américano-britannique et Fox News dit que deux militaires et un « contractor » de la « coalition » ont été tués. Il s’agirait d’un GI's, d’un soldat britannique, le contractor étant lui aussi de nationalité américaine.
L’attaque, non revendiquée, a eu lieu vers 10 heures du soir, heure locale et Fox News, visiblement bien au fait des capacités militaires de Daech, affirme que ce dernier « ne disposerait pas d’une telle puissance de feu » pour pouvoir lancer une telle attaque, ce qui veut dire que les États-Unis en accusent implicitement les Hachd.
Ciel syrien: US/Turquie risquent d'être bien surpris par la Russie mais aussi par l'Iran
Les appels à l’aide d’Erdogan à ses alliés européens de l'OTAN pour faire face aux systèmes de brouillage électromagnétiques russes à Idlib, lesquels ont réussi pour le moment à mettre au pas "le kit anti-avion", système Koral + drones de guerre électronique et d’attaque Anka S et de meutes de drones d’attaque Bayraktar TB2 armés de redoutables missiles Air-Sol MAM-L n'ont rien donné, Ankara ayant trouvé en revanche un soutien auprès des va-t-en guerre américains.
Mardi des avions cargos US ont atterri à Aïn al-Asad à al-Anbar en Irak faisant semblant de vouloir y déployer les Patriot, des sources bien informées soulignent que les avions US contenaient en effet des systèmes "ABM " et "SAM tandis que l'Amérique vient de livrer à l'armée turque des systèmes de guerre électronique "conséquents".
Syrie/Libye: l’Algérie rejoint l’axe de la Résistance-Russie
« Une nouvelle alliance, composée de l’Égypte, de la Syrie et de l’Algérie, est sur le point de se former, l’alliance qui aura pour mission de mettre fin à la domination des monarchies arabes du golfe Persique sur la Ligue arabe », indique le quotidien Rai al-Youm.
Le quotidien en ligne rapporte que le gouvernement égyptien sort de son isolement politique et sécuritaire qui lui avait été infligé, pendant les dernières années, sur fond de la crise du barrage de la Renaissance. Là où les États-Unis et leur allié israélien ont poignardé l’Égypte dans le dos.
« Pendant les dernières années, Le Caire se sentait au banc des nations arabes. D’où sa décision de récupérer graduellement sa position et son poids. Vient à l’appui de cette affirmation la visite secrète du général de brigade Abbas Kamel, chef du service de Renseignement égyptien, la semaine dernière, à Damas, pour rencontrer son homologue syrien, le général de brigade Ali al-Mamlouk, président du Conseil de sécurité national de la Syrie. Les deux hommes ont discuté des tensions régentant dans le nord de la Syrie ainsi que des évolutions en Libye ».
Selon Rai al-Youm, « Le Caire prête une attention toute particulière au dossier libyen et craint le ralliement des groupes terroristes au gouvernement d’union nationale, dirigé par Fayez al-Sarraj et soutenu par le président turc Recep Tayyip Erdogan ».
Pétrolier US/british: Ansarallah déclenche sa grande offensive pour libérer Maarib
La stratégique bataille de Maarib vient de commencer : Selon le site ypagency.net, parallèlement aux frappes intenses de la coalition contre Hudaydah où la mobilisation générale est en cours et où les unités de la DCA d'Ansarallah ont lancé la chasse aux drones et aux avions agresseurs, la Résistance yéménite a lancé l'opération pour la libération de Maarib, cette localité stratégique et bastion des pro-Hadi qui regorge du pétrole et du gaz et dont la libération signifie l'expulsion des sociétés pétrolières américaines et britanniques.
Ce mercredi, les combattants d'Ansarallah l'ont commencé très fort en faisant de très nettes avancées sur le front de Sirwah à Maarib au nord-est de la province de Sanaa. Sirwah surplombe la ville de Maarib. Un premier assaut commencé mardi au soir, s'est soldé par la libération de deux localités stratégiques de Tabat al-Bara et d’al-Talaah al-Hamra et si les opérations se poursuivent au même rythme, de mauvaises surprises attendront au tournant la "coalition". Surtout que plus à l'est, non loin des frontières omanaises, soit dans une autre province pétrolifère, al-Mahra, les ressentiments anti-US se radicalisent.
Le chef du mouvement populaire contre l’occupation saoudienne d’al-Mahra dans l’est du Yémen, a averti que « les manifestations pacifiques se transformeront désormais en affrontements armés ».
« Assez de frappes menées par les hélicoptères Apache saoudiens, les manifestations pacifiques qui se tiennent depuis deux ans à al-Mahra deviendront dorénavant des affrontements armés », a averti le leader du mouvement populaire contre l’occupation saoudienne d’al-Mahra. Un ralliement avec Ansarallah? Bien possible. Le dirigeant du mouvement poursuit : « Après que la coalition saoudienne a violé la souveraineté yéménite en s'en prenant aux aéroports et aux ports du pays et en pillant nos richesses, al-Mahra n'a aucune raison de la tolérer. L'heure est à la lutte armée".
Le 17 février, les Apache saoudiens ont pris pour cible les rassemblements pacifiques à al-Mahra à l’entrée de Chahan frontalière avec Oman.
Alger avertit l'axe Israël/Émirats/France, l'ANP met en garde
C'est inouï et rare par sa clarté et par sa violence : le ministre algérien de l’Intérieur vient de dénoncer dans les termes les plus clairs le couple Israël/Émirats, aidé par l'OTAN, pour avoir cherché à déstabiliser l'Algérie : « Il y a des éléments connus et qui sont soutenus par certaines régimes étrangers, à l’instar d’Israël, un État européen et un État arabe aussi qui tenteraient à travers le Hirak de détruire l’Algérie », a déclaré le ministre algérien de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud.
La mise en garde du commandant en chef de la Force Qods à l'axe USA/Israël/OTAN
Certaines sources officieuses ont fait état ces derniers jours de la visite du commandant en chef de la Force Qods, le général de brigade Esmaïl Qaani à Alep où il aurait visité certaines régions dans la banlieue sud de cette province. "Il s’agirait en effet de la première visite du commandant en chef de la Force Qods en Syrie, depuis le lâche assassinat du général du corps d’armée, Qassem Soleimani, le 3 janvier à l’aéroport de Bagdad. Il va sans dire que la visite traduit le fait que l’Iran est en Syrie à la demande de l’État et qu’il compte y rester jusqu’à la libération totale des territoires occupés syriens.
L’analyste militaire Amin Hotheit commente cette visite, effectuée loin des médias et : « Le commandant Qaani tenait surtout à envoyer un ferme message aux parties qui spéculent sur un retrait iranien de Syrie, ou un changement de la politique syrienne de Téhéran concernant ce pays qui est et restera un pilier de l’axe de la Résistance. Ni les frappes israéliennes ni les récentes manœuvres turques ne sauront pousser l’Iran à changer de cap ».
La chasse syrienne se prépare aux combats aériens à venir. Le rôle de l'Iran?
A l'heure des grands combats dans le ciel syrien face à une armée de l'air USA/OTAN qui ne montre aucun signe de flexibilité, faut-il penser à refaire la flotte aérienne syrienne? La destruction dans le ciel d'Idlib de trois avions de deux Su-24 et un L-39 syriens avec en toile de fond la mort tragique de deux pilotes en a fait peser la nécessité.
S'il est vrai que la puissante industrie militaire russe est fermement présente aux côtés de l'armée syrienne en vue des combats aériens à venir, l'armée de l'air iranienne n'en est pas du reste. Et à preuve, ces récentes innovations: Le radar APQ-120 "Bayenat" peut être installé sur les chasseurs F-4E de l’armée de l’air iranienne. Un saut considérable de l'armée de l'air iranienne dans ses capacités de combat.
Un million d'Américains pourraient mourir suite à l'aggravation de la crise du coronavirus
Tom Frieden n’exclut pas la mort d’un million d’Américains suite à la dégradation de la crise du coronavirus.
Dans un article, publié sur le site web du Conseil des Relations étrangères (Council on Foreign Relations), le docteur Tom Frieden, spécialisé dans le domaine des maladies infectieuses et directeur du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies pendant l’administration Obama, n’a pas exclu la mort d’un million d’Américains lors de la pandémie de la COVID-19.
« Si les responsables du secteur de la santé ne peuvent pas faire ce qu’il faut, ça sera la société qui sera touchée », a déclaré Tom Frieden, ajoutant que la COVID-19 constituait une menace sans précédent.
Quelle cible après la Syrie ?
Le président George W. Bush décida de transformer radicalement les missions du Pentagone, ainsi que l’expliqua, le 13 septembre 2001, le colonel Ralph Peters dans la revue de l’Armée de Terre, Parameters. Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, nomma l’amiral Arthur Cebrowski pour qu’il forme les futurs officiers. Celui-ci passa trois ans à faire le tour des universités militaires de sorte qu’aujourd’hui, la totalité des officiers généraux ont suivi ses cours. Sa pensée a été vulgarisée pour le grand public par son adjoint, Thomas Barnett.
Les zones touchées par la guerre US seront livrées au « chaos ». Ce concept doit être compris au sens du philosophe anglais Thomas Hobbes, c’est-à-dire comme l’absence de structures politiques capables de protéger les citoyens de leur propre violence (« L’homme est un loup pour l’homme »). Et non pas au sens biblique de faire table rase avant la création d’un ordre nouveau.
Cette guerre est une adaptation des Forces armées US à l’ère de la mondialisation, au passage du capitalisme productif au capitalisme financier. « La guerre est un racket » (War is a racket), disait avant la Seconde Guerre mondiale le général le plus décoré des États-Unis, Smedley Butler [1]. Désormais, les amis et les ennemis ne compteront plus, la guerre permettra une simple gestion des ressources naturelles.
Cette forme de guerre suppose de nombreux crimes contre l’humanité (notamment des nettoyages ethniques) que les Forces armées US ne peuvent pas commettre. Le secrétaire Donald Rumsfeld engagea donc des armées privées (dont Blackwater) et développa des organisations terroristes tout en prétendant les combattre.
Les administrations Bush et Obama ont suivi cette stratégie : détruire les structures étatiques de régions entières du monde. La guerre US n’a plus pour objectif de vaincre, mais de durer (la « guerre sans fin »). Le président Donald Trump et son premier conseiller de Sécurité nationale, le général Michael Flynn, ont remis en cause cette évolution sans parvenir à la changer. Aujourd’hui, les tenants de la pensée Rumsfeld/Cebrowski poursuivent ses objectifs non pas tant au travers du secrétariat à la Défense que de l’Otan.
Après que le président Bush a lancé la « guerre sans fin » en Afghanistan (2001) et en Iraq (2003), une forte contestation surgit au sein des élites politiques de Washington à propos des arguments qui avaient justifié l’invasion de l’Iraq et du désordre qui y régnait. Ce fut la Commission Baker-Hamilton (2006). Jamais, la guerre ne cessa ni en Afghanistan ni en Iraq, mais il fallu attendre cinq ans pour que le président Obama ouvre de nouveaux théâtres d’opération : la Libye (2011), la Syrie (2012) et le Yémen (2015).
Deux acteurs extérieurs ont interféré avec ce plan. En 2010-11, le Royaume-Uni a lancé le « Printemps arabe », une opération calquée sur la « Révolte arabe » de 1915 qui permit à Lawrence d’Arabie de placer les wahhabites au pouvoir dans la péninsule arabique. Il s’agissait cette fois de placer les Frères musulmans au pouvoir avec l’aide non pas du Pentagone, mais du département d’État US et de l’Otan.
En 2014, la Russie est intervenue en Syrie, dont l’État ne s’était pas effondré et qu’elle a aidé à résister. Depuis lors, les Britanniques —qui y avaient tenté d’en changer le régime durant le « Printemps arabe » (2011-début 2012),— puis les États-Uniens —qui cherchaient à y renverser non pas le régime, mais l’État (mi-2012 à aujourd’hui)— ont dû s’en retirer. La Russie, qui poursuit le rêve de la Tsarine Catherine, se bat aujourd’hui contre le chaos, pour la stabilité —c’est-à-dire pour la défense des structures étatiques et le respect des frontières—.
Le colonel Ralph Peters, qui avait révélé en 2001 la nouvelle stratégie du Pentagone, publia en 2006 la carte des objectifs de l’amiral Cebrowski. Elle montrait que seuls Israël et la Jordanie ne seraient pas atteints. Tous les autres pays du « Moyen-Orient élargi » (c’est-à-dire du Maroc au Pakistan) seraient progressivement privés d’État et tous les grands pays (dont l’Arabie saoudite et la Turquie) disparaîtraient.
Constatant que son meilleur allié, les États-Unis, prévoyait de couper son territoire en deux afin de créer un « Kurdistan libre », la Turquie tenta vainement de se rapprocher de la Chine, puis adopta la théorie du professeur Ahmet Davutoğlu : « Zéro problème avec ses voisins ». Elle se distancia d’Israël et commença à négocier la paix avec Chypre, la Grèce, l’Arménie, l’Iraq, etc. Malgré le différend territorial sur le Hatay, elle créa un marché commun avec la Syrie. Cependant, en 2011, alors que la Libye était déjà isolée, la France convainquit la Turquie qu’elle pourrait échapper à la partition si elle se joignait aux ambitions de l’Otan. Le président Recep Tayyip Erdoğan, un islamiste politique de la Millî Görüş, adhéra à la Confrérie des Frères musulmans dont il ne faisait pas partie, en espérant récupérer à son profit les fruits du « Printemps arabe ». La Turquie se retourna contre l’un de ses principaux clients, la Libye, puis l’un de ses principaux partenaires, la Syrie.
En 2013, le Pentagone adapta la « guerre sans fin » aux réalités rencontrées sur le terrain. Robin Wright publia deux cartes rectificatives dans le New York Times. La première portait sur la division de la Libye, la seconde sur la création d’un « Kurdistan » ne touchant que la Syrie et l’Iraq et épargnant la moitié orientale de la Turquie et l’Iran. Elle annonçait aussi la création d’un « Sunnistan » à cheval sur l’Iraq et la Syrie, la partition de l’Arabie saoudite en cinq et du Yémen en deux. Cette dernière opération débuta en 2015.
Très heureux de ce rectificatif, l’état-major turc se prépara aux événements. Il conclut des accords avec le Qatar (2017), Koweït (2018) et le Soudan (2017) pour y installer des bases militaires et encercler le royaume saoudien. Lequel finança en 2019 une campagne de presse internationale contre le « Sultan » et un coup d’État au Soudan. Simultanément, la Turquie soutint le nouveau projet de « Kurdistan » épargnant son territoire et participa à la création du « Sunnistan » par Daesh sous le nom de « Califat ». Cependant, les interventions russe en Syrie et iranienne en Iraq firent échouer ce projet.
En 2017, le président régional Massoud Barzani organisa un référendum d’indépendance au Kurdistan iraquien. Immédiatement, l’Iraq, la Syrie, la Turquie et l’Iran comprirent que le Pentagone, revenant à son plan initial, s’apprêtait à créer un « Kurdistan libre » en charcutant leurs territoires respectifs. Ils se coalisèrent pour y faire échec. En 2019, le PKK/PYG annonça qu’il préparait l’indépendance du « Rojava » syrien. Sans attendre, l’Iraq, la Syrie, la Turquie et l’Iran se concertèrent à nouveau. La Turquie envahit le « Rojava », pourchassant le PKK/YPG, sans grande réaction des armées syrienne et russe.
En 2019, l’état-major turc acquit la conviction que le Pentagone, ayant renoncé provisoirement à détruire la Syrie, du fait de la présence russe, s’apprêtait désormais à détruire l’État turc. Pour repousser l’échéance, il tenta de réactiver la « guerre sans fin » en Libye, puis de menacer les membres de l’Otan des pires calamités : l’Union européenne de subversion migratoire et les États-Unis d’une guerre avec la Russie. Pour ce faire, il ouvrit aux migrants sa frontière avec la Grèce et attaqua les armées russe et syrienne à Idleb où elles bombardaient les jihadistes d’Al-Qaïda et de Daesh. qui s’y étaient réfugiés. C’est cet épisode que nous vivons aujourd’hui.
- La carte rectificative du projet de « remodelage du Moyen-Orient élargi », publiée par Robin Wright.
Le Protocole additionnel de Moscou
L’armée turque a occasionné des pertes russes et syriennes en février 2020, tandis que le président Erdoğan multipliait les coups de téléphone à son homologue russe, Poutine, pour faire baisser d’une main la tension qu’il provoquait de l’autre.
Le secrétaire d’État US, Mike Pompeo, s’est engagé à contenir les appétits du Pentagone si la Turquie aidait ce dernier à relancer la « guerre sans fin » en Libye. Ce pays est divisé en un millier de tribus qui s’affrontent autour de deux leaders principaux, agents patentés de la CIA, le président du Conseil présidentiel, Fayez el-Sarraj, et le commandant de l’Armée nationale, Khalifa Haftar.
La semaine dernière, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour la Libye, le professeur Ghassan Salamé, a été prié de démissionner pour « raison de santé ». Il a obtempéré, non sans avoir exprimé sa mauvaise humeur lors d’une conférence de presse. Un axe a été constitué pour soutenir al-Sarraj par la Confrérie des Frères musulmans autour du Qatar et de la Turquie. Une seconde coalition est née autour d’Haftar avec l’Égypte et les Émirats arabes unis, mais aussi l’Arabie saoudite et la Syrie.
C’est le grand retour de cette dernière sur la scène internationale. La Syrie est auréolée de ses neuf années de Résistance victorieuse à la Confrérie et aux États-Unis. Deux ambassades libyenne et syrienne ont été ouvertes en grande pompe, le 4 mars, à Damas et à Benghazi.
Par ailleurs, l’Union européenne, après avoir solennellement condamné le « chantage turc aux réfugiés », envoya la présidente de la Commission observer le flux de réfugiés à la frontière gréco-turque et le président du Conseil sonder le président Erdoğan à Ankara. Celui-ci confirma qu’un arrangement était possible si l’Union s’engageait à défendre l’« intégrité territoriale » de la Turquie.
- Avec un malin plaisir, le Kremlin a mis en scène la reddition de la Turquie : la délégation turque se tient debout, contrairement à l’habitude où l’on fournit des chaises aux invités ; dans son dos, une statue de l’impératrice Catherine la Grande rappelle que la Russie était déjà présente en Syrie au XVIIIème siècle. Enfin, les présidents Erdoğan et Poutine sont assis devant une pendule commémorative de la victoire russe sur l’Empire ottoman.
C’est donc sur cette base que le président Vladimir Poutine a reçu au Kremlin, le président Recep Tayyip Erdoğan, le 5 mars. Une première réunion, restreinte, de trois heures a été consacrée aux relations avec les États-Unis. La Russie se serait engagée à protéger la Turquie d’une possible partition à la condition qu’elle signe et applique un Protocole additionnel sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Idleb [2]. Une seconde réunion, également de trois heures mais ouverte aux ministres et conseillers, a été consacrée à la rédaction de ce texte. Il prévoit la création d’un corridor de sécurité de 12 kilomètres de large autour de l’autoroute M4, surveillé conjointement par les deux parties. En clair : la Turquie recule au Nord de l’autoroute qui est rouverte et perd la ville de Jisr-el-Chogour, bastion des jihadistes. Surtout, elle doit appliquer enfin le mémorandum de Sotchi qui prévoit de ne soutenir que l’opposition armée syrienne, censée être démocratique et non pas islamiste, et de combattre les jihadistes. Or, cette « opposition armée démocratique » n’est qu’une chimère imaginée par la propagande britannique. De fait la Turquie devra soit tuer elle-même les jihadistes, soit poursuivre et terminer leur transfert d’Idleb (Syrie), vers Djerba (Tunisie), puis Tripoli (Libye) comme elle avait commencé de le faire en janvier.
En outre, le 7 mars, le président Poutine a contacté l’ancien président Nazerbayev pour étudier avec lui la possibilité de déployer sous les auspice de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) des « chapkas bleues » kazakhs en Syrie. Cette option avait déjà été envisagée en 2012. Les soldats kazakhs ont la particularité d’être musulmans et non pas orthodoxes.
L’option de s’en prendre désormais à l’Arabie saoudite plutôt qu’à la Turquie a été activée par le Pentagone, croit-on savoir à Riyad, bien que le président Trump lui impose de délirantes commandes d’armement en échange de sa protection. La dissection de l’Arabie saoudite avait été envisagée par le Pentagone dès 2002 [3].
Des missiles ont été tirés cette semaine contre le palais royal à Riyad. Le prince Mohamed ben Salmane (dit « MBS », 34 ans) a fait arrêter son oncle, le prince Ahmed (70 ans), et son ancien concurrent et ex-prince héritier, le prince Mohamed ben Nayef (60 ans), ainsi que divers autres princes et des généraux. La province chiite de Qatif, où plusieurs villes ont déjà été rasées, a été isolée. Le prix du baril de pétrole a chuté à 31 dollars, menaçant la viabilité de l’industrie du pétrole de schiste aux USA. Les explications officielles sur les querelles de succession et le coronavirus ne suffisent pas [4].
[1] « J’ai effectué 33 ans et 4 mois de service actif, et durant cette période, j’ai passé la plupart de mon temps en tant que gros bras pour le monde des affaires, pour Wall Street, et pour les banquiers. En bref, j’étais un racketteur, un gangster au service du capitalisme. J’ai aidé à sécuriser le Mexique, plus particulièrement la ville de Tampico, au profit des groupes pétroliers américains en 1914. J’ai aidé à faire de Haïti et de Cuba un endroit convenable pour que les hommes de la National City Bank puissent y faire des profits. J’ai aidé au viol d’une demi-douzaine de républiques d’Amérique centrale au bénéfice de Wall Street. J’ai aidé à purifier le Nicaragua au profit de la banque américaine Brown Brothers de 1902 à 1912. J’ai apporté la lumière en République dominicaine au profit des entreprises sucrières américaines en 1916. J’ai livré le Honduras aux entreprises fruitières américaines en 1903. En Chine, en 1927, j’ai aidé à ce que l’entreprise Standard Oil fasse ses affaires en paix. » in War Is a Racket, Smedley Butler, Feral House (1935)
[2] “Additional Protocol to the Memorandum on Stabilization of the Situation in the Idlib De-Escalation Area”, Voltaire Network, 5 March 2020.
[3] "Taking Saudi out of Arabia", Powerpoint de Laurent Murawiec pour une réunion du Défense Policy Board (July 10, 2002).
[4] “Two Saudi Royal Princes Held, Accused of Plotting a Coup”, Bradley Hope, Wall Street Journal ; “Detaining Relatives, Saudi Prince Clamps Down”, David Kirkpatrick & Ben Hubbard, The New Yok Times, March 7, 2020.