À l’occasion de la Journée mondiale contre la traite des êtres humains, Unicef France dénonce l’exploitation criminelle des mineurs, un phénomène ignoré touchant majoritairement des mineurs non accompagnés.
Dans son rapport du 30 juillet et intitulé Victimes avant tout : Protéger les enfants contre l’exploitation criminelle, Unicef France affirme qu'en France, l’exploitation criminelle des mineurs, bien que largement sous-estimée, constitue une réalité alarmante.
Il n'existe pas de chiffres officiels en France, mais sur le terrain, des associations repèrent de plus en plus d'enfants exploités par des adultes pour commettre des infractions, telles que le transport de drogue, des vols ou encore des actes de violence. Et quand ils sont arrêtés pour un délit ou un crime, ces enfants, qui sont avant tout des victimes, sont condamnés et pas ceux qui les exploitent.
L’UNICEF appelle à une stratégie nationale urgente pour protéger ces enfants vulnérables.
Des doubles peines qu’Unicef France dit vouloir éviter en appelant à mieux identifier les mineurs contraints à commettre des infractions. « Ce qu'on recommande, c'est un changement de regard sur des enfants victimes d'exploitation criminelle, explique Noémie Ninnin, chargée des plaidoyers Unicef France. L'idée est de prendre ces jeunes en charge au niveau civil pour les aider à conscientiser leur statut de victime, et non plus au pénal comme c'est le cas aujourd'hui. »
Selon la Miprof (Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains), 68 % des victimes identifiées sont mineures, dont 92 % sont non accompagnées, originaires d’Afrique (81 %) ou d’Europe (19 %).
Ces chiffres, basés sur les données des associations, ne reflètent qu’une partie du problème, faute de dispositifs d’identification efficaces.
En 2023, seules 236 victimes ont été recensées, contre 2 891 au Royaume-Uni, qui dispose d’un mécanisme national.
Ces enfants, souvent en situation de précarité, de rupture scolaire ou placés dans des institutions inadaptées, sont des cibles privilégiées pour les exploiteurs.
Recrutés via les réseaux sociaux, dans la rue ou même au sein de leur entourage, ils sont contraints à des actes illégaux comme le trafic de drogue, le vol ou la facilitation de passages migratoires, parfois sans en comprendre les enjeux.
À lire : France : deux mineurs de 14 at 15 ans lourdement condamnés
Beaucoup subissent plusieurs formes d’exploitations, mêlant violences physiques, sexuelles et psychologiques, les piégeant dans un cercle vicieux de dépendance.
L’UNICEF pointe du doigt une réponse judiciaire inadéquate : trop souvent, ces mineurs sont traités comme des délinquants, soumis à des gardes à vue, des poursuites ou des incarcérations, sans solutions durables à leur sortie.
Pourtant, des engagements internationaux, comme la Convention des droits de l’enfant ou le Protocole de Palerme, imposent de les considérer comme des victimes.
L’organisation, qui avait alerté il y a un an sur le fait que plus de 2 000 enfants dorment dans la rue en France, formule 75 recommandations, plaidant pour une stratégie nationale fondée sur trois piliers : prévention, identification et protection.