Découvrir l’Iran : Naqsh-e Jahan, l’immense place au cœur magnifique de la capitale safavide Ispahan

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Découvrir l’Iran : Naqsh-e Jahan, l’immense place au cœur magnifique de la capitale safavide Ispahan

Par Ivan Kesic

La place Naqsh-e Jahan à Ispahan est l’un des espaces urbains historiques les plus remarquables au monde, incarnant la grandeur de la dynastie safavide et servant de pièce maîtresse culturelle et architecturale.

La place mesure environ 560 mètres de long et 160 mètres de large, ce qui en fait l’une des plus grandes places publiques historiques au monde, deuxième après la place Tiananmen de Pékin en termes de superficie.

Les principaux monuments autour de la place comprennent deux mosquées spectaculaires, le palais royal et la porte du bazar, tous entourés d’arcades à deux étages abritant des boutiques du bazar.

La place Naqsh-e Jahan est une grande place publique au cœur d’Ispahan, l’une des plus grandes places urbaines du monde et un chef-d’œuvre de l’architecture iranienne et islamique.

Commandée par le Shah Abbas Ier safavide au début du XVIIe siècle, la place est bordée d’arcades à deux étages et flanquée de quatre édifices monumentaux.

Ces bâtiments comprennent la mosquée Cheikh Lotfollah à l’est, le palais Ali Qapu à l’ouest, la porte Qeysariyeh au nord et la mosquée de l’Imam au sud.

Cet ensemble architectural minutieusement conçu représente l’apogée de l’urbanisme safavide et formait le noyau culturel, politique de la capitale safavide.

Outre son nom traditionnel, Naqsh-e Jahan (qui signifie « image du monde »), elle est aussi appelée Place du Shah en référence à Abbas Ier. De son nom officiel actuel, elle est désormais connue sous le nom de Place de l’Imam.


Palais Ali Qapu sur la place Naqsh-e Jahan

Le cœur de la nouvelle capitale

La place Naqsh-e Jahan, le cœur d’Ispahan, est devenue la pièce maîtresse du projet urbanistique du shah Abbas Ier lorsqu’il a fait de la ville sa nouvelle capitale dans les années 1590.

Alors que l’ancien bazar de la ville prospérait depuis des siècles autour de la vieille place (Meydan-e Kohneh), la vision urbanistique ambitieuse du Shah Abbas Ier opéra une transformation radicale en déplaçant le centre névralgique du commerce et du pouvoir vers sa nouvelle place magistralement conçue, Naqsh-e Jahan.

Initiée en 1602, cette réalisation architecturale s’articulait autour d’une majestueuse arcade à un étage composée d’arches et de portiques ouvrant sur la place royale.

La place elle-même était ceinturée par environ 200 boutiques sur deux niveaux, chacune d’environ cinq mètres de haut. Le niveau inférieur abritait deux boutiques par unité, tandis que l’étage supérieur (bala khaneh) en comptait quatre plus petites. Originellement pavées de marbre, ces surfaces ont progressivement agrémentées de carreaux colorés et de pierres décoratives lors de modifications ultérieures.

Contrairement à l’ancien marché qui servait la population générale, ce nouveau complexe commercial ciblait délibérément la cour safavide, les dignitaires de l’élite et les fonctionnaires en visite, ce qui lui valut l’appellation distinctive de « bazar royal ».


Vue aérienne de la place Naqsh-e Jahan 

Chef-d’œuvre architectural et urbain

La place défie les schémas urbains iraniens traditionnels, qui manquent généralement de vastes espaces ouverts et sont souvent constitués d’un ensemble de bâtiments densément regroupés le long de bazars linéaires.

D’une superficie de 560 mètres sur 160 mètres, son vaste espace de 9 hectares est orné de carreaux émaillés et de peintures, élevant même ses galeries commerciales au rang de merveilles artistiques.

La mosquée Imam, orientée vers la Mecque, illustre la brillance architecturale de l’époque safavide avec ses mosaïques vibrantes et son imposant iwan doté de deux minarets.

Le palais Ali Qapu, porte d’entrée des jardins royaux et de Chaharbagh, possède un portail élancé et une terrasse ombragée soutenue par de fines colonnes.

La porte Qeysariyeh s’ouvre sur le vaste bazar d’Ispahan, tandis que la mosquée Cheikh Lotfallah, autrefois sanctuaire royal privé, est aujourd’hui vénérée comme un joyau architectural.

Au fil du temps, à mesure que la place Naqsh-e Jahan prospérait, le bazar de l’ancienne place perdait de son importance, ses fonctions étant entièrement absorbées par le grand centre commercial d’Abbas Ier.

Aujourd’hui, ce bazar reste l’un des exemples les mieux préservés des marchés urbains islamiques d’avant le XXe siècle, son histoire étant profondément liée à l’essor de la place emblématique d’Ispahan.


Mosquée Imam sur la place Naqsh-e Jahan

Centre de vie culturelle et sociale

La place Naqsh-e Jahan était animée par la vie safavide, accueillant des matchs de polo (chogân), des défilés militaires et des cérémonies publiques. Sous ses arcades s’activaient des marchands, tandis que des musiciens animaient les balcons surplombant le bazar.

Les récits historiques, comme ceux de Jean Chardin du XVIIe siècle, le décrivent comme un centre dynamique de commerce, d’art et d’interaction sociale, où convergent marchands, poètes et voyageurs.

Le talar d’Ali Qapu était relié aux salles du trône où les dirigeants recevaient les dignitaires, consolidant ainsi le rôle de la place comme épicentre socioculturel de l’Iran.

La conception de la place a mis à mal les structures de pouvoir décentralisées, renforçant l’autorité d’Abbas Ier par sa grandeur et son accessibilité.

Aujourd’hui, il sert de lieu de rassemblement pour les habitants et les touristes, qui viennent profiter de ses jardins et de ses fontaines, avec des festivals culturels occasionnels et d’autres événements.

Depuis 1979, il est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, comme premier site iranien avec Persépolis et Chogha Zanbil, reconnu pour son importance historique et architecturale.                  

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