La grande leçon de patriotisme d'Hassan Nasrallah, par Ghaleb Kandil

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Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a donné une bonne leçon de civisme et de patriotisme à tous ses détracteurs et adversaires qui le soupçonnent des plus mauvaises intentions et l'accusent des pires maux. Dans un discours qui peut être considéré comme le couronnement d'une série de prises de position, le chef du Hezbollah a proclamé son attachement à l'Etat et au Liban en tant que patrie définitive. S'adressant aux membres du parti, il a reconnu que par le passé, le Hezbollah a pu voir le Liban comme une création du colonialisme et une partie de l'Oumma. "C'était à l'époque la guerre civile, et aujourd'hui nous avons changé et nos priorités ne sont plus les mêmes, a-t-il dit. Nous voulons maintenant protéger le Liban et y préserver l'Etat. Ce pays est le notre et le drapeau estampillé du cèdre est notre drapeau".

Ces propos d'un franchise sans pareil constituent une gifle à tous ceux qui accusent le Hezbollah d'être une marionnette de l'Iran, de ne pas croire au Liban et de se comporter comme un Etat dans l'Etat.

Sayyed Nasrallah a également donné une preuve de sa bonne foi à ses partenaires et alliés politiques, notamment chrétiens, en levant toute ambigüité au sujet de ses options législatives en annonçant que son partit votera en faveur du projet de loi électorale orthodoxe parce qu'il faut "écouter et comprendre les craintes des chrétiens".

Dans un discours prononcé vendredi à l'occasion de la fête de la naissance du Prophète, le leader Hezbollah a affirmé "comprendre les appréhensions" qui animent les chrétiens et les poussent à rechercher une parité parfaite avec les candidats musulmans". "Le choix d’une loi électorale dans les circonstances actuelles est très délicat, plus délicat que jamais auparavant, en raison des circonstances que traversent le pays et la région et affectent tout particulièrement le Liban, a dit Hassan Nasrallah. Et tout naturellement, les appréhensions des chrétiens sont plus fortes, en particulier quand ils voient ce qui se passe dans la région, ce qui s’est passé avec les chrétiens d’Irak. Ils ont le droit d’avoir peur et de considérer que les événements sont déterminants et loin d’être ordinaires. C’est pourquoi ils abordent ces élections avec des idées fondatrices."

Les principales forces chrétiennes appuient le projet orthodoxe qui, pensent-elles, permet aux chrétiens de choisir leurs représentants authentiques. "Une fois que la chambre sera convoquée nous le disons sans détour, nous voterons pour le projet de loi orthodoxe", a assuré le chef du Hezbollah. "Les chrétiens affirment que le projet orthodoxe leur donnera l’occasion d’être représentés pleinement. Offrons-leur, comme musulmans, cette occasion et élisons un Parlement où personne ne pourra affirmer qu’il n’est pas équitablement représenté en fonction de son véritable poids électoral, et ce Parlement offrira peut-être au Liban l’occasion de corriger le système en place", a-t-il dit.

Hassan Nasrallah a qualifié de "fondamental" le mode de scrutin proportionnel, qui est le plus à même de donner aux différentes forces politiques "leur véritable poids électoral" et de permettre au maximum de forces significatives d’accéder au Parlement.

Pour Hassan Nasrallah, le découpage des circonscriptions vient en second lieu, du moment que le mode de scrutin proportionnel est adopté. "Le parti acceptera tous les projets basés sur ce mode de scrutin, que le Liban soit adopté comme circonscription unique où que le découpage soit au niveau des mohafazats, a-t-il dit, en soutenant également l'option du projet mixte, alliant la proportionnel au mode de scrutin majoritaire.

Hassan Nasrallah a réfuté les arguments avancé par le Courant du futur pour rejeter la proportionnelle, selon lesquels les armes avaient été utilisées pour influer sur l’issue du scrutin, en 2009. "Le type d’armes qui peut influer sur un vote ce ne sont pas les missiles, mais les kalachnikovs qui sont aux mains de tous", a déclaré Hassan Nasrallah. Selon lui, il existe, en revanche, une arme bien plus significative qui peut fausser les résultats du scrutin: celle de l’argent. "J'ai entendu dire de ma propre oreille un haut responsable, dont je tairai le nom, affirmer que lors de la campagne de 2009, l’autre camp a dépensé 3 milliards de dollars", a-t-il dit.

Sayyed Hassan Nasrallah a mis en garde les forces politiques contre le discours confessionnel et les a appelé à ne plus parier sur un effondrement du régime syrien. Selon lui, les conflits qui secouent le monde arabe sont d'ordre politique avant tout. "Ne jouons pas avec le feu, ne prenons pas le risque de libérer le génie de la discorde confessionnelle de sa lampe; nous ne pourrions plus l’y faire rentrer!", a-t-il conclu.

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