Djibouti: Développer la microfinance islamique pour lutter contre la pauvreté

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Faire de la microfinance islamique un levier stratégique pour combattre la précarité, tel est le pari audacieux du gouvernement djiboutien pour cette nouvelle année qui s'inscrit dans un marasme économique mondial.Pour y arriver, la Banque Centrale de Djibouti a déjà adopté un ensemble de dispositifs réglementaire afin d'encadrer la finance islamique et compléter le texte de loi en vigueur.

Contrairement aux financements classiques, la finance islamique ne pratique pas des méthodes spéculatives et ne propose pas non plus des prises d'intérêts pour rémunérer les prêts. Les banques islamiques ont recours à d'autres leviers pour se faire rémunérer.

Dans le modèle de la finance islamique, l'on distingue essentiellement, "la Moucharaka", participation aux bénéfices, "la Mourabaha", un contrat de vente avec marge bénéficiaire, "la Moudaraba", forme d'association entre un financier et un promoteur qui mettent en commun l'un les fonds nécessaires et l'autre le savoir-faire et le labeur, "le Istisnae", qui est plutôt un contrat de sous-traitance où le financier s'engage à financer la production d'un bien ou d'un service dont le prix de vente sera payé à terme par le promoteur.

"La finance islamique est fondée sur cinq principes dont les interdictions de prise d'intérêt, de l'incertitude liés aux spéculations et des actifs illicites comme l'alcool, les jeux de hasards ou le tabac, tous prohibés par la Charia. Elle repose sur le partage des pertes et profits, et l'existence d'un actif sous- jacent. Elle n'exige aucune garantie en revanche et se consacre exclusivement aux besoins vitaux du pays. De même, elle est tenue de fournir assistance et accompagnement au promoteur", a expliqué le directeur général de l'Agence Djiboutienne de Développement Social (ADDS). Le gouvernement djiboutien, qui a reçu récemment une enveloppe d'un million USD par la Banque Islamique de Développement (BID), a démarré à travers l'unité pilote de micro-finance islamique de l'Agence Djiboutienne de Développement Social (ADDS) un vaste programme qui favorise l'accès de 10.000 ménages sans sources de revenus au financement islamique.

Il s'agit de petits crédits à taux zéro grâce auxquels des femmes et hommes sans ressources financières pourront se lancer dans des activités génératrices de revenus et réaliser des projets de micros entreprises. "Sur les 241 promoteurs qui se sont portés volontaires pour demander des prêts, une centaine de dossiers sont à l'étude auprès des comités de validation des crédits. Les différents projets dont les financements sont sollicités sont principalement des boutiques et épiceries, des restaurants et des petits commerces", a déclaré le gérant de l'unité du projet de microfinance islamique de l'ADDS, M. Amin. A en croire les responsables de l'ADDS, un plan d'action est en cours pour soutenir et développer ce projet de microfinance islamique dans tous les quartiers populaires de Djibouti. Celui-ci serait axé sur une vingtaine de points dont la réussite de la première face du projet pilote ainsi que l'assistance à la création et à la réalisation d'activités génératrices de revenus. "Aujourd'hui, les utilisateurs de la microfinance ont un nouvel outil qui est mis à leur disposition et qui accroit sensiblement leurs opportunités et leurs chances d'obtenir des financements faciles et simplifiés. Il faut tout de même garder à l'esprit que le développement de ce nouveau genre d'activité tend à soutenir le travail de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. En cela, il mérite toute l'attention des acteurs impliqués", a fait savoir pour sa part, le responsable de la microfinance à la Banque Centrale de Djibouti, M. Mohamed Robert Carton.

"C'est pourquoi, nous devons avoir une détermination à toute épreuve pour mener à bon port ces projets pilotes de microfinance islamique afin de les voir prospérer et gagner d'autres zones touchés par la vulnérabilité. C'est une lutte pour la survie des gens et un travail profondément humain qui se joue ici quand on sait que près de 60% de la population est touchée par le phénomène de la précarité. Je pense que cela doit suffire à nous motiver tous pour aller de l'avant", a-t-il dit. L'encours de la finance islamique est aujourd'hui estimé à 1. 000 milliards USD et a enregistré une croissance de plus de 20% sur les dix dernières années. Cependant, elle reste encore faible en Afrique malgré les 412 millions musulmans qui constituent plus de 50% de la population globale estimée à 850 millions d'habitants.

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