Depuis le début du conflit, les médias ont la plus grande difficulté à s'approcher des zones d'affrontement.
Seuls les journalistes embarqués à bord des blindés français ont droit à une visite guidée. Depuis plus de deux semaines, «il y a une guerre au Mali mais on ne le voit presque pas. Il y a une guerre au Mali mais on ne la comprend pas», lance l’envoyé spécial du Figaro Tanguy Berthemet. Les médias ont la plus grande difficulté à s'approcher des zones où se déroulent des affrontements. Certains journalistes sont à 30 kilomètres des fronts. Ils devinent de loin la marche des «armées françaises et maliennes vers le nord, vers Douentza, Gao puis bientôt Tombouctou». Seuls ceux qui ont pu «embarquer» avec les troupes françaises ont pu avoir une petite idée de la réalité de l'offensive. Les autres sont à plusieurs centaines de kilomètres des villes reprises aux Islamistes. Privés d’informations et livrés aux rumeurs invérifiables.Et le journaliste de raconter son vécu sur le terrain. Tenter de suivre l'avancée des troupes par ses propres moyens, c'est quasi mission impossible. L’armée malienne dresse des barrages étanches sur les routes. Pour éviter les infiltrations de djihadistes en déroute et les risques d'enlèvement d'Occidentaux. Même tenter de se rendre à Sévaré (à 580 kilomètres de Gao), une ville qui n'est jamais tombée entre les mains des islamistes, relève déjà de la gageure. Il faut parfois contourner les points de contrôle par la brousse et négocier des heures de passage. Que dire pour Konna, la ville que les forces spéciales françaises avaient reconquise aux Islamistes le 18 janvier dernier. Les journalistes ont pu y aller bien encadrés. En visite guidée.«On conduit donc le cortège de presse devant la préfecture, l'éphémère QG local des islamistes », relate Tanguy Berthemet qui détaille les mises en scène du dispositif de communication. Avec l’arrivée, tombant à pic pour la presse, de témoins des combats entre l'armée malienne et les islamistes. Ils racontent leur terreur face aux injonctions moyenâgeuses des Islamistes, puis enfin la «libération» avec l’entrée des soldats français. Soudain, l’ordre «est vite donné de partir». Et le cortège de journalistes reprend la route, avec une histoire à raconter. Rarement, nous dit encore Tanguy Berthemet, «une guerre aura été aussi peu accessible. Pourquoi? Nul ne le sait. (...) Il n'empêche, les blocages font que la guerre au Mali est pour l'instant très mystérieuse».