Depuis que les Américains ont exploité l’affaire des ADM en Irak, en allusion aux armes de destruction massive, pour harceler ce pays, lui imposer des sanctions pour finalement l’envahir, de nombreux analystes sont totalement persuadés que la question des armements chimiques (AC) en Syrie sert les mêmes objectifs, mais avec Damas.
Au début de la crise syrienne, les Occidentaux se sont vite mis à la tache de mettre en garde contre le recours des forces gouvernementales à cet armement, menaçant d’intervenir militairement. Si ce n’étaient les avertissements sérieux de la Russie, puis le double véto sino-russe, l’Otan serait depuis longtemps dans la capitale syrienne.
Dernièrement, cette affaire est martelée de nouveau. Depuis l’attaque chimique perpétrée à Khan al-Assal à Alep, au lendemain de sa reconquête par les forces gouvernementales.
Pourtant, la logique des évènements et des réalités sur le terrain, (15 militaires y ont été tués) sans oublier les menaces proférés en vidéo au préalable, permettent de pencher beaucoup plus vers l’accusation des rebelles, et de soupçonner de surcroît des parties occidentales et turques par derrière de les y a avoir assistés. D’autant plus que dans l’enceinte onusienne, Français et Britanniques se sont mis de concert pour les couvrir, entravant l’envoi d’une commission d’enquête onusienne, et s’attelant à accuser le gouvernement syrien de l’avoir entravé.
En même temps, et pour la première fois depuis l’éclatement du conflit syrien, les Britanniques, suivis par les Français, se sont mis à marteler qu’ils détiennent des preuves sur un recours limité des forces gouvernementales à l’arme chimique, spécifiant le gaz de sarin.
Raison en est-il que leurs assertions ont été inscrites dans le cadre de la campagne de couverture du bombardement chimique de Khan al-Assal.
Curieusement, cette campagne de matraquage s’est poursuivie, escortant les avancées importantes de l’armée syrienne régulière à Homs et Damas. Récemment, les Israéliens ont suivi le pas. Durant la visite à Jérusalem occupée du secrétaire d’Etat américain à la guerre Chuck Hagel, et par la voix du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Or, devant ce dernier, Hagel a fait la sourde oreille. Jeudi, il a quelque peu fléchi. "La communauté américaine du renseignement conclut, avec différents degrés de certitude, que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à petite échelle en Syrie, en particulier du sarin", a affirmé Hagel face aux journalistes à Abou Dhabi.
Mais sans changer de position: ses propos ont hâtivement été suivis par les explications d’un haut responsable du Pentagone: « différents degrés de certitude signifie dans le jargon du renseignement américain que ses agences ne sont pas toutes du même avis ». Et par une annonce de la Maison Blanche, selon laquelle « les indices ne constituaient pas encore une preuve formelle à ses yeux».
Selon le quotidien libanais AsSafir, quoique la position américaine est « confuse, elle n’en constitue pas moins une tentative occidentale de cristalliser une accusation chimique contre Damas ». Alors que le quotidien alAkhbar estime qu’elle constitue « une soumission américaine à la vision israélienne ».
Inversement, le rédacteur en chef du quotidien arabophone londonien Al-Quds Al-Arabi, Abdel Bari Atouane va plus loin, estimant que ces accusations sont les prémisses d’une guerre qui se prépare.
Dans l’introduction de son édition d’infos du jeudi 19h30, la chaine de télévision al-Manar a expliqué les déclarations de Netanyahou comme étant le reflet d’une volonté d’impliquer militairement les Américains en Syrie.
Au minimum, il serait question pour les Israéliens de la création d’une zone sécuritaire au sud de la Syrie, aux confins avec la Jordanie et la Palestine occupée. Ce qui permettrait de calmer les esprits de certains des experts israéliens lesquels craignent que le chaos en Syrie ne permettent la prolifération de groupes anti israéliens.
Ce vendredi, les ténors de l’insurrection syrienne, désespés par leurs pertes, ont repris à leur compte ces revendications, espérant agiter ce qu’ils considèrent être « la paralysie du Conseil de sécurité ».
Prenant pour prétexte les soupçons de Washington, un membre de la Coalition des forces de l’opposition et de la révolution en Syrie a réclamé via l’AFP une intervention des Nations Unies, ou au moins de l’Otan. Le but minimum étant d’imposer "une zone d’exclusion aérienne", pour l’aviation syrienne.
Comme si la campagne britannique leur a donné de nouveau espoir.
Alors que les autorités syriennes ne sont pas du tout dupes et gardent à l’esprit l’exemple irakien: « ceux qui ont utilisé des armes chimiques à Khan al-Assal sont bel et bien les terroristes. La Syrie a collaboré avec les Nations Unies pour l’envoi d’experts pour savoir qui et comment ces armes ont été utilisées et quelles sont leurs séquelles. Mais les Nations Unies et leur secrétaire général ont commencé à parler de la nécessité d’une enquête dans plus d’une région syrienne sous prétexte que les forces syriennes avaient auparavant utilisé des armements chimiques. Sachant que personne ne s’était plaint auparavant. Sauf lorsque la Syrie a exigé une enquête qu’ils ont commencé à demander une enquête un peu partout. Pour deux raisons : la première est qu’ils voudraient que cette délégation se transforme en une commission d’inspection, similaire à celle de l’Irak, et qui a fini par le détruire. Et deuxièmement, parce qu’ils veulent que les groupuscules terroristes échappent à leur crime en dilapidant cette affaire », a déclaré le ministre syrien de l’information Omrane al-Zoebi, dans une conférence de presse ce vendredi, rapporte par Sana.
L'exemple de l'Irak semble tout aussi vivant chez l'administration américaine . Non point parce qu’il lui a coûté cher en soldats, comme ce fut le cas au Vietnam, mais parce qu’il ne lui a pas fourni les résultats escomptés. Sans oublier le trou économique dans lequel elle s’est engouffrée de par son cout astronomique. Et le constat désolant qu'elle s'est obligée de faire: celui que l'Iran, son ennemi juré en est sorti renforcé.
Au vu des déclarations officielles sur le cas syrien, les réserves de Washington ont le dessus, et sont l’expression d’une fin de non-recevoir à toute velléité de guerre directe. Au rythme des contrats d'armes conclus avec ses alliés, aussi bien arabes qu'israélien, il est clair qu'elle privilégie toujours les guerres par procuration.
Israël en est le premier lésé: depuis 2006, il a bati sa stratégie de guerre sur un va-t-en guerre américain à ses souhaits. Ce qui ne semble plus être le cas.