Pendant qu’il joue au golf, le président Obama est tenu constamment informé : l’énième alarme terrorisme a sonné. D’un instant à l’autre la fantomatique Al-Qaïda peut attaquer des objectifs reliés aux intérêts étasuniens, en particulier au Proche-Orient et en Afrique du Nord. L’état d’alerte se déclenche pour les citoyens étasuniens en voyage à l’étranger. De nombreuses ambassades USA sont temporairement fermées, tandis que les Marines sont prêts à intervenir depuis Sigonella pour protéger celles qui sont en Europe méridionale.
Le mérite de cette opportune alarme revient à la Communauté du Renseignement. Elle est formée de 17 organisations fédérales. En plus de la CIA on y trouve la DIA (Agence de renseignement de la défense), mais chaque secteur des forces armées –armée de terre, de l’air, marine, infanterie de marine- a son propre service secret. Comme l’ont aussi le département d’État et celui de la Sécurité de la patrie.
Parmi ces services, en dure compétition entre eux pour s’accaparer appuis politiques et fonds fédéraux, il y a l’Agence pour la sécurité nationale. Celle-ci est spécialisée dans les interceptions téléphoniques et informatiques (celles qui auraient permis de découvrir le dernier complot terroriste), à travers lesquelles sont espionnés non seulement les ennemis mais aussi les amis des États-Unis, comme le confirme le « datagate » suscité par les révélations de l’ex-contractuel Edward Snowden. En dix années l’Agence a accru d’un tiers son personnel civil et militaire en le portant à 33 000 personnes, elle a doublé son budget et plus que triplé ses compagnies privées sous-traitantes, en les augmentant de 150 à 500. Son quartier général à Fort Meade (Maryland), déjà plus grand que le Pentagone, est sur le point d’être amplifié de 50 %. Sont en même temps développés ses autres centres, chacun ayant son propre domaine d’intervention. Le centre qui est au Texas espionne l’Amérique centrale et méridionale ; celui de Georgie, le Proche-Orient ; celui des Iles Hawaï, les pays de la façade pacifique, y compris la Russie et la Chine ; celui en Australie, toute l’Asie. Le centre en Angleterre (dont le personnel va être augmenté d’un tiers, à 2 500 personnes) espionne l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. Et dans l’Utah on vient à peine de construire un nouveau centre pour la cyber guerre, c’est-à-dire pour les attaques contre les réseaux informatiques d’autres pays.
Mais la guerre dans laquelle est spécialisée l’Agence n’est pas qu’informatique. L’agence indique au Commandement des opérations spéciales, qui opère dans plus de 70 pays avec environ 70 000 spécialistes, et à d’autres unités spécialisées pour des opérations secrètes, quelles sont les personnes considérées comme dangereuses pour les États-Unis, à éliminer par des attaques de drones et des actions de commandos. À travers un réseau informatique crypté spécial, le Real Time Regional Gateway, l’Agence fournit aux chefs des forces armées et des services secrets la liste des « objectifs » et toutes les informations permettant de les trouver et de les abattre avec des drones ou des commandos.
Elle dispose dans ce but des technologies les plus avancées, parmi lesquelles celle qui permet de localiser quelqu’un par son téléphone portable même quand il est éteint. Ces « actions létales ciblées » -souligne le président Obama (23 mai)- sont « légales » puisqu’elles « font partie d’une guerre juste, menée par autodéfense ». En font aussi partie les opérations psychologiques, renommées « Military Information Support Operations », conduites par des unités spéciales pour « influencer l’opinion publique internationale pour qu’elle soutienne les intérêts et les plans militaires étasuniens ».
Comme l’alarme terrorisme actuelle (à laquelle pourrait succéder quelque attentat signé Al-Qaïda), pour montrer que les USA sont sous attaque et ont ainsi le droit à l’ « autodéfense ».