Selon le quotidien "Al-Hayat",chaque leader politique cache un petit drapeau, sous le grand drapeau national. Les gens ne meurent pas, pour le grand drapeau, mais pour les petits.
Le quotidien "Al-Hayat" a publié un article, sur la possibilité de la reprise de l’expérience irakienne, en Syrie, en ce qui concerne le sort des citoyens kurdes. L’auteur de l’article rappelle plusieurs phrases d’un entretien du président de la région autonome du Kurdistan iranien, le 5 avril dernier, c’est-à-dire, deux mois après l’occupation de Mossoul, par les terroristes de l’Etat islamique, (Daesh), tandis que tous les indices laissaient envisager un effondrement total de la Syrie et de l’Irak. Ce jour-là, Massoud Barzani disait : «Malheureusement, l’Irak est en train de s’effondrer… Le processus politique de l’Irak sera, probablement, voué à l’échec… Malheureusement, le conflit entre les Sunnites et les Chiites perdurent, en Irak… Nous ne pouvons pas espérer qu’un pays fondé sur les bases démocratiques et sur le respect des droits de tous les groupes puisse être créé… Tous les pays, qui ont été créé après la Première Guerre mondiale, peuvent s’effondrer, pour retrouver leur statut d’autrefois… En Syrie, l’effondrement de l’Etat est tout proche… Il est difficile d’imaginer que l’on puisse retourner en arrière, après les événements qui se sont produits, ces dernières semaines… »
Les événements, qui se sont produits, récemment, nous remettent en mémoire les propos de Barzani, le 5 avril dernier :
1) le Parlement du Kurdistan irakien a autorisé Barzani à envoyer les Peshmergas, en Syrie, pour soutenir les défenseurs de Kobani, face aux assauts des terroristes de Daesh.
2) Les Kurdes de Syrie et le gouvernement de Damas se sont mis d’accord, sur la création d’une entité politique autonome, pour gérer les affaires des régions kurdes, en Syrie.
Le fait que la région autonome du Kurdistan irakien décide d’envoyer ses Peshmergas, en Syrie, pour soutenir les défenseurs de Kobani, prouve que la crise syrienne est devenue, bel et bien, un enjeu, qui dépasse les frontières nationales de la Syrie.
En outre, la conclusion d’un accord entre les Kurdes de Syrie et le gouvernement de Damas, pour la création d’une entité politique autonome, pour gérer les affaires des régions kurdes, est une évolution très importante, dans le sens de l’autonomie des Kurdes, sur le territoire syrien. C’est, peut-être, la reprise d’une expérience irakienne, en Syrie, en ce qui concerne l’autonomie des Kurdes.
En Irak, la région autonome du Kurdistan irakien a été constituée, en conformité avec la Constitution de 2005. Mais il est certain que les Kurdes, qui vivaient, en Turquie ou en Syrie, avaient un regard différent, sur le Kurdistan irakien, qui devenait autonome, avec son président, son gouvernement et son parlement. Pour eux, la naissance d’un Kurdistan autonome irakien pourrait avoir un sens particulier, leur permettant d’imaginer la même chose, pour eux. Le Kurdistan irakien autonome devenait plus séduisant, pour eux, quand ils voyaient que les autres régions de l’Irak étaient le théâtre de violence et d’agitation. Cet aspect séduisant du Kurdistan irakien autonome peut inquiéter les voisins de l’Irak. Il y a quelques années, le gouvernement de Damas avait invité Massoud Barzani à visiter la Syrie, mais non pas, comme Président du Kurdistan irakien, mais en tant que le leader du Parti démocrate du Kurdistan irakien. Barzani avait rejeté cette condition et il a renoncé à visiter la Syrie.
En tout état de cause, l’expérience des Kurdes d’Irak ne s’est pas répétée, en Syrie. Pourtant, Barzani n’est pas le seul leader politique qui se tient debout, sous deux drapeaux. Aujourd’hui, les experts politiques parlent, souvent, des accords Sykes-Picot, qui avaient tracé les frontières du nouveau Moyen-Orient, sans tenir compte des appartenances et des sentiments des habitants de cette région. Chaque leader politique cache un petit drapeau, sous le grand drapeau national. Les gens ne meurent pas, pour le grand drapeau, mais pour les petits. On nous dit que nous vivons l’époque de la faiblesse des gouvernements centraux et que, désormais, les citoyens vivront sous le drapeau des entités locales, qui seraient défendues, par des forces armées formées par des gens, qui ont la même langue et la même religion. Cela s’est, pratiquement, produit, en Irak, et certains experts estiment que cela arrivera, aussi, en Syrie, au Yémen ou en Libye. Derrière toutes ces nouvelles tendances, on peut, peut-être, trouver l’influence de l’expérience libanaise, là où tous les leaders politiques portent deux drapeaux avec eux : le drapeau national et celui de leur clan.