Netanyahu et les dirigeants de certains pays arabes du sud du golfe Persiques’opposent un accord nucléaire entre les 5+1 et l’Iran, quel que soit son contenu.
A moins de vingt jours au délai du 24 novembre pour un accord nucléaire entre l’Iran et les 5+1, Robert Hunter, ancien diplomate américain qui était autrefois représentant de Washington auprès de l’OTAN et responsable des affaires du Moyen-Orient et de l’Europe occidentale au Conseil de la sécurité nationale des Etats-Unis, a écrit que si les six puissances et l’Iran n’arrivent pas à un accord global sur le programme nucléaire iranien avant le 24 novembre, il est possible qu’ils prolongent les pourparlers au-delà de cette date au lieu d’abandonner les discussions. « J’ai travaillé pendant plus de trente ans dans le domaine des évolutions politiques du Moyen-Orient, et j’ai appris que la réussite de ces négociations dépendent, en grande partie, du fait que les dirigeants israéliens cessent de croire que pour bénéficier du soutien de Washington, il faut qu’il y ait un ennemi commun pour les Etats-Uis et Israël », a-t-il déclaré.
Selon lui, les négociations nucléaires entre l’Iran et les 5+1 ont des enjeux très importants : écarter l’option d’une confrontation militaire en raison du dossier nucléaire de l’Iran, mettre fin aux inquiétudes des Israéliens concernant une éventuelle attaque nucléaire iranienne. En outre, il croit que la réussite des pourparlers nucléaires rapprochera l’Iran de la communauté internationale. Selon Robert Hunter, si l’équipe de la sécurité nationale du président Barack Obama réussissait à arriver à un bon accord nucléaire avec l’Iran, cela renforcera en même temps la sécurité nationale des Etats-Unis et du régime israélien. Mais selon cet ancien diplomate américain, le régime sioniste et les pays arabes du sud du golfe Persique ont des points de vue différents, notamment en ce qui concerne l’Arabie saoudite. Les dirigeants de ces pays arabes veulent que l’Iran reste éternellement isolé du monde extérieur. La propagation des pensées révolutionnaires de l’Iran dans la région soulèvent sérieusement une question importante sur la position et la puissance régionales de Téhéran. Comment ces pays arabes pourront-ils rivaliser la puissance iranienne si Téhéran voulait vraiment entrer dans la logique des rivalités régionales ?
La réponse du Premier ministre du régime sioniste à cette question est simple et claire : D’après Benyamin Netanyahu, il faut se passer de tout accord nucléaire avec l’Iran, même si cet accord assurerait, en partie, la sécurité des autres. L’Arabie saoudite et les autres partenaires silencieux de Netanyahu sont parfaitement d’accord avec le Premier ministre israélien. Dans ce sens, le régime sionistes et les pétromonarchies du sud du golfe Persique espèrent que le congrès américain soutienne leur position anti-iranienne en entravant le processus de la conclusion d’un accord nucléaire éventuel avec la République islamique d’Iran. En outre, Tel-Aviv fait tout pour empêcher l’allégement des sanctions imposées à Téhéran. Cependant en dépit de l’influence des lobbies pro-israéliens sur les congressistes américains, le président Barack Obama dispose d’une liberté d’action assez importante dans ce domaine.
Cependant, il faut dire que les Etats-Unis ne disent pas le dernier mot en ce qui concerne la levée des sanctions contre l’Iran, car dès la conclusion d’un accord éventuel avec Téhéran, les portes s’ouvriront sur les investisseurs et les hommes d’affaires qui attendent l’autorisation des autorités politiques pour reprendre leurs activités économiques et commerciales en Iran. Ce sont surtout les hommes d’affaires européens qui attendent ce moment, tandis que le secteur privé américain soutient à son tour la levée des sanctions qui les interdisent d’entrer sur le marché iranien. Il est certain que ce processus changera beaucoup l’opinion de la communauté internationale sur l’Iran. Pourtant, il faut admettre qu’un accord nucléaire avec l’Iran ne mettra pas définitivement fin aux inquiétudes des dirigeants américains. Si l’Iran et les Etats-Unis ont des points de vue qui les rapprochent l’un de l’autre à propos de la stabilité de l’Afghanistan ou la lutte contre les terroristes extrémistes de Daech, ils ont des positions radicalement opposés au sujet de la Syrie et le Hezbollah libanais. En outre le président des Etats-Unis Barack Obama doit rassurer le plus vite possible le régime israélien et les gouvernements arabes du sud du golfe Persique quant à leur sécurité. Si le monde était rassuré que l’Iran ne cherche pas à se doter de l’arme atomique, tout le monde comprendra que la très grande quantité d’armements que les pays arabes du sud du golfe Persique ont achetés aux Etats-Unis n’ont aucune utilité. Ce qui inquiète particulièrement ces pays c’est le dynamisme économique intérieur de l’Iran. De ce point de vue, aucun pays de la région ne peut rivaliser l’Iran. En outre, le pays a un très grand potentiel pour exporter sa culture au-delà du monde chiite.
La dépendance que les Israéliens ressentent par rapport aux Etats-Uins remonte à il y a plusieurs décennies. En 1979, quand l’Egypte et Israël ont signé l’accord de paix de Camp David, tout le monde a compris que l’éventualité d’une guerre éclair de la part des Arabes contre le gouvernement israélien était exclue pour toujours. C’est là que les Israéliens se sont inquiétés quant à l’avenir de leurs liens stratégiques avec les Etats-Unis. Dans ce sens, les Etats-Unis ont essayé de trouver une alternative au danger arabe pour renforcer leurs relations stratégiques avec Washington. Les Israéliens ne veulent pas que les Etats-Unis soutiennent Tel-Aviv et s’engagent à assurer la sécurité des Israéliens uniquement pour les questions culturelles, l’Holocauste, la religion ou les valeurs démocratiques. Les Israéliens souhaitent que le soutien à Israël devienne un principe de la stratégie militaire et défensive des Etats-Unis. Selon cette logique, les Etats-Unis et Israël doivent avoir les intérêts nationaux similaires.
Robert Hunter écrit : « Après l’accord de paix de Camp David en 1979, quand les forces de l’armée israélienne se sont retirées du Sinaï, une réunion stratégique entre les responsables américains et israéliens a été annulées. Le Premier ministre israélien a vivement protesté auprès du secrétaire d’Etat américain. A cette époque-là, j’accompagné le secrétaire d’Etat lors de sa visite en Israël. Il m’a demandé de trouver la raison de la colère des Israéliens. J’ai compris que le Premier ministre israélien était furieux car le Pentagone n’avait pas accueilli convenablement les officiers de l’armée israélienne à Washington. Après la conclusion de la paix entre Israël et l’Egypte. Les Israéliens sentaient qu’il fallait qu’il y ait un ennemi commun pour Tel-Aviv et Washington. Ils ont trouvé cet ennemi commun en la personne de Saddam Hussein, ancien dictateur de Bagdad. C’est pourquoi quand les Etats-Unis ont renversé le régime de Saddam Hussein en 2003, les Israéliens exprimé un double sentiment de joie et de regret ; car la chute de Saddam Hussein les privait de l’élément qui devaient rapprocher les intérêts américains et israéliens. Plus tard, les dirigeants israéliens ont décidé que cet ennemi commun pour les Etats-Unis et le régime de Tel-Aviv doit être cherché dans le programme nucléaire de la République islamique d’Iran.
Robert Hunter ajoute que pour des raisons politiques, Israël prétend toujours que son existence est un bien stratégique pour les Etats-Unis. Les Américains sont constamment préoccupés par les réactions et les comportements particuliers des dirigeants israéliens, mais ils évitent de le dire ouvertement car ils savent que cela vexera psychologiquement les Israéliens qui ont besoin de sentir qu’ils sont importants pour les Etats-Unis. Selon cette logique, si le président des Etats-Unis Barack Obama arrive à conclure un accord nucléaire global avec l’Iran, il se sentira obligé de donner quelques concessions aux Israéliens aussi : la vente de plus d’armements aux israéliens, des consultations régulières avec les autorités de Tel-Aviv à propos des questions régionales, et de donner une marge de manœuvre plus large à Benyamin Netanyahu au sujet de la bande de Gaza et l’avenir de la question palestinienne.